
La Femme du deuxième étage
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l’avis des lecteurs
« Dans un mois et cinq jours, elle bénéficiera d’une libération conditionnelle, au titre de l’article 59 du Code pénal.
Quand elle est entrée dans ce complexe, Bruna avait vingt-six ans. Quand elle en sortira, elle en aura trente-huit. L’âge où débute la crise du milieu de la vie, où les hommes s’achètent des coupés rouges et les femmes se ruent sur le yoga et la pilates. L’âge où les hommes commencent à tromper leur femme, et où les femmes se demandent si elles n’ont pas commis une erreur quand elles ont lié leur destin à cet âne égoïste et bedonnant avachi sur le canapé. Quand elle sortira d’ici, Bruna n’aura pas à subir ces désagréments. Elle a été mariée une fois, mais elle ne l’est plus. Elle ne l’est plus et croit profondément qu’elle ne le sera plus jamais.
Bruna travaille à la prison comme cuisinière. »
Les présentations sont faites, Bruna est emprisonnée pour meurtre avec préméditation. Le milieu carcéral féminin est rarement évoqué, tout y est réglé à l’avance, les tâches de Bruna sont les mêmes de jour en jour, elle cuisine pour les détenues. Ce fonctionnement libère son esprit, et lui permet de reprendre le fil de son histoire dans sa tête. De reprendre depuis le début jusqu’à son incarcération.
Ces passages nous ramènent au début des années 2000, à Split sur la côte dalmate. Bruna et Frane, un jeune marin, sont amoureux, se marient. Ils finissent par emménager dans l’appartement au-dessus d’Anka Šarić, mère de Frane.
Doucement, insidieusement, un enfer quotidien, familial, pavé de petits riens, se met en place entre Bruna et Anka ; Frane lui, navigue pendant de longues périodes. Cette grisaille entre belle-mère et belle-fille se transforme en une lutte pour déterminer qui des deux a le pouvoir.
On sait à peu près tout dès le début, la quatrième de couverture est assez révélatrice. On sait qui a tué et qui est mort, rapidement on va savoir comment. « La femme du deuxième étage » n’est pas du tout un whodunit, on n’y trouve pas de mafias ou de tueur en série, pas plus que des rebondissements à chaque fin de chapitre, à peine une enquête. Alors qu’est-ce qui rend ce roman sombrement addictif ?
Tout le roman tient sur cette simple et unique question : pourquoi ? Pourquoi Bruna a tué et se trouve t-elle dans une prison loin de la côte adriatique, à Požega, sur le versant est de ce pays à la géographie si particulière?
« Elle remonta dans sa voiture et rentra à la maison. Elle grimpa à l’étage en douce, sans un bruit, pour ne pas attirer l’attention d’Anka. La maison des Šarić était grande, sombre et glacée, comme un château endormi. Elle s’allongea dans les draps froids, à l’écoute de la nuit noire. Un malaise indéfinissable l’empêcha de dormir.
Le lendemain, de retour du travail, elle se changea, enfila un jogging et descendit comme d’habitude déjeuner avec Anka. »
En plus d’être un roman sur la violence ordinaire, intrafamiliale, La femme du deuxième étage est également un roman sur la vieillesse, la maladie, le handicap, la dépendance, et le poids pesant lourd sur les épaules des aidants.
Les descriptions sont âpres et méticuleuses, sans être longues ; le vocabulaire y est précis. Lors des nombreux flash-backs, Jurica Pavičić cherche des prémonitions, des signes avant-coureurs de la catastrophe annoncée, de la véritable tragédie qui couve. Il fait preuve d’une rare empathie envers son héroïne qui m’a rappelé certaines nouvelles de Stefan Zweig. Jamais il ne juge Bruna, il reste toujours d’une objectivité sans faille, si bien qu’un doute subsiste, s’agit-il vraiment d’un assassinat ?
Ce qu’on avait entrevu dans L’eau rouge se confirme ici, à partir d’un fait divers familial Jurica Pavičić bâtit à nouveau une histoire solide.
C'est peu dire que Jurica Pavičić a emporté tant l'adhésion du public que de la critique avec une myriade de prix célébrant L'Eau Rouge (Agullo 2021), premier ouvrage publié en France pour cet auteur croate qui n'a rien d'un débutant puisqu'il a déjà écrit sept romans ainsi qu'une pièce de théâtre et quelques recueils de nouvelles. Avec un tel succès, bon nombre de lecteurs attendaient l'auteur au tournant en se demandant s'il allait réitérer ce coup d'éclat qui s'incarnerait donc avec La Femme Du Deuxième Etage, un roman intimiste publié en Croatie deux ans avant L'Eau Rouge. Les spéculateurs en seront donc pour leur frais mais retrouveront avec un certain plaisir de nombreux thèmes chers au romancier à l'instar du tourisme et de ses excès, notamment dans sa ville natale de Split où se déroule l'ensemble d'un récit qui prend des allures de roman noir autour d'un fait divers somme toute assez ordinaire mais qui transcende pourtant les codes du genre.
Cela fait maintenant onze ans que Bruna purge sa peine à la prison de Pozega, en Croatie, pour le meurtre de sa belle-mère qu'elle a empoisonnée. Elle dort peu, travaille à la cuisine du centre de détention et prend le temps de se remémorer ce destin qui a fait basculer sa vie. Elle se souvient de la ville de Split où elle a toujours vécu, de sa rencontre avec Frane qui aspire à devenir marin. Un coup de foudre suivi du mariage puis de l'emménagement au deuxième étage de la villa des parents de Frane où vit Anka sa belle-mère qui régente encore la vie de son fils. Puis soudainement, il y a cette crise cardiaque dont Anka est victime et qui la rend partiellement handicapée en bouleversant la vie de Bruna qui doit s'en occuper tandis que son mari vogue sur les flots. Peu à peu, le poids devient trop lourd. Et puis il y a cette boîte en fer de mort-aux-rats qui devient la seule lueur d'espoir pour s'extraire de cet enfer quotidien. Bruna se remémore tout cela à un mois de sa sortie de prison. Que va-t-il advenir d'elle ?
Avec La Femme Du Deuxième Etage on change complètement de registre en quittant la dimension du roman chorale qui prévalait avec L'Eau Rouge pour s'immerger dans l'intimité du destin ordinaire de Bruna qui va éclater avec ce fait divers devenant ainsi le point névralgique d'un récit envoûtant où l'on se plait à découvrir les reliefs de cette vie terne que l'auteur égrène avec talent au gré d'une écriture soignée et immersive. Même si l'on connaît dès le début les contours du fait divers qui va conduire Bruna en prison, Jurica Pavičić se concentre dans la première partie du récit sur les raisons qui ont entraîné son personnage central à commettre un tel acte, tandis que la seconde partie du roman s'intéresse au devenir de Bruna à sa sortie de prison avec cet espèce d'exil sur l'île de Dvrenik Veli à proximité de Split. Il émerge ainsi du texte des sentiments ambivalents comme l'empathie que l'on éprouve pour Bruna, cette femme meurtrie qui empoisonne peu à peu sa belle-mère qui n'a pourtant rien d'un monstre. C'est l'intérêt de ce récit bien construit où l'auteur prend soin de rester mesuré en présentant dans l'entourage de Bruna tout une galerie de personnages aux caractères mesurés qui font que l'on évite ainsi l'écueil du récit larmoyant en adoptant la tonalité du fait divers qui se construit autour d'existences banales auxquelles on ne manque pas de s'attacher à l'instar de Suzana, la meilleure amie de Bruna ou de Frane ce mari trop souvent absent qui ne se rend compte de rien avec un mélange d'amour et de lâcheté. Puis au gré de ces décennies qui s'égrènent autour de l'existence de ses protagonistes, Jurica Pavičić ne manque pas d'évoquer, en arrière-plan, quelques péripéties de l'histoire de la Croatie contemporaine qui bouscule parfois, par petites touches, la vie rangée et troublante d'une meurtrière qui aspire davantage à l'oubli qu'au pardon en s'éloignant définitivement de son entourage qui lui rappelle son passé. Un beau roman noir aux accents poétiques qui ne manquera pas de fasciner le lecteur.
Autopsie d'un meurtre
Le pitch
Bruna a tué sa belle-mère, avec préméditation. Elle l’a empoisonnée, lentement, sûrement, résolument. Ou autrement présenté, La femme du deuxième étage est l’histoire d’une femme prise au piège, qui a passé sa vie d’une prison à l’autre, et qui cherche sa liberté.
Un roman noir, sobre et sans effet de manche, sur le destin d’une femme ordinaire en prise avec une société conservatrice, patriarcale, liberticide. Le deuxième roman traduit en français du phénomène croate, Jurica Pavičić, recèle déjà cette sobriété, cette forme de mélancolie policière qui conjugue magnifiquement tension romanesque et émotion intime. Décidément, un auteur à suivre de près.
Pourquoi je vous le conseille ?
Car tout paraît modeste et tout nous interpelle pourtant dans ce roman noir qui décrit le destin d’une femme d’apparence ordinaire et les lentes mutations de la société croate. Parce qu’en refermant La Femme du deuxième étage, on s’interroge encore sur la manière dont le romancier est parvenu à nous attacher à cette héroïne lambda qui se laisse piéger et emporter dans une situation extraordinaire. Franchement, c’est arrivé sans prévenir. C’est sans doute le propre de la bonne littérature.
CHRONIQUE D’UNE MORT ANNONCÉE. Il suffit de petits riens pour que tout finisse par basculer. Presque sans y penser. Au départ, un coup de foudre. Entre Bruna, jeune employée modeste, et Frane, futur marin. Rapidement, le couple se marie et emménage au deuxième étage de la maison des parents de Frane où sa mère, Anka, veuve, vit toujours. Raisons financières obligent. Anka, règne en despote sur les lieux. Une bâtisse de béton, grise et massive, comme une prison. La jeune épouse ressent immédiatement le malaise de cette situation qu’elle n’a jamais souhaitée, et la vie quotidienne tend de plus en plus les relations entre les deux femmes. Quelques années plus tard, leur vie bascule lorsque Bruna est emprisonnée pour le meurtre de sa belle-mère. Il n’y a apparemment aucun mystère dans ce livre puisqu’on sait, dès les premières pages, que l’héroïne est en prison pour meurtre. Mais l’essentiel n’est pas là. Il est dans la tentative de comprendre ce qui s’est passé, de démêler le mystère de cette femme lambda qui n’aspirait qu’à une « vie normale » et s’est retrouvée à la une des journaux qui l’ont surnommée « la belle-fille fatale ».
SOUS EMPRISE. À quel cauchemar peut ressembler une société où une jeune femme ne voit comme seule issue à son enfermement le meurtre de sa belle-mère ? S’il met en scène une poignée de personnages, l’auteur s’attache au point de vue de Bruna qui passe de prison en prison. Jeune épouse enfermée au deuxième étage, puis condamnée à douze ans de réclusion, elle n’a jamais connu d’espace de liberté, de choix, ni de parole. Le romancier décortique le destin de cette héroïne presque ordinaire, explorant au passage la société croate et l’évolution des femmes naturellement soumises qui avancent lentement vers la liberté de penser et d’agir.
LE MYSTÈRE BRUNA. « Une fois, bien plus tard, Suzana lui a dit : tout aurait été différent si on n’était pas allées là-bas ce jour-là. » Vraiment ? La question reste entière. Bruna a empoisonné sa belle-mère, prenant son temps pour que personne ne se doute de son geste quotidien, au point qu’elle-même semble en oublier les conséquences. Et rétrospectivement, quand elle repense à ses actes depuis sa prison, à l’enchaînement des évènements, Bruna prend conscience qu’elle n’a jamais rien choisi vraiment, ni désiré, ni décidé. Elle n’a jamais su dire non, quand il était encore temps, et les choses se sont faites toutes seules, conformément aux habitudes, aux usages, aux routines sociales… Pourtant, à un moment donné tout de même, elle va prendre une décision : éliminer sa belle-mère. Mais l’a-t-elle vraiment décidé ? Le roman, et c’est ce qui le rend passionnant, ne tranche pas. Le lecteur sait précisément comment les évènements se sont produits, mais à la fin, Bruna garde sa part irréductible de son mystère. Jusqu’au bout.
Après L’eau rouge, revoilà Jurica Pavičić : La femme du deuxième étage.
Bruna est en prison. Elle termine de purger une peine d’une douzaine d’années pour meurtre. Comme le dit la seule amie qui vient la voir de temps en temps, tout aurait été différent si elles n’étaient pas allées à cette fête d’anniversaire. Celle où Bruna a rencontré Frane, beau marin qui va devenir son mari. Et l’amener à cohabiter avec sa belle-mère Anka.
C’est ce soir-là que tout a commencé. Et bientôt une page va se tourner avec la sortie de prison de Bruna.
Ce qui impressionne dans ce roman, c’est comment au travers d’une histoire très intime, limitée à quelques personnages, centrée sur celui d’une jeune femme en prison, l’auteur arrive à en dire autant sur l’état et l’évolution de son pays. Sans jamais, bien au contraire, négliger de nous passionner pour le sort de Bruna, dont la vie est pourtant pour le moins étriquée et répétitive.
Quand on y repense, une fois le roman refermé, la richesse de thématiques et la finesse avec lesquelles elles sont abordées sont assez époustouflantes. Relation familiale toxiques, lâcheté, enfermement domestique, fragilité de ceux qui vivent de leur travail, évolution du capitalisme en Croatie, bouleversement du tourisme, peur du vieillissement … et j’en oublie.
Et tout cela au travers de la seule « petite » histoire d’une jeune femme en prison, sans grand coup de théâtre, sans grande scène dramatique, par petites touches qui nous rendent Bruna aussi proche que si elle vivait à côté de nous.
Chapeau l’artiste.
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