Liv Maria
  • Date de parution 19/08/2020
  • Nombre de pages 270
  • Poids de l’article 310 gr
  • ISBN-13 9782378801540
  • Editeur ICONOCLASTE
  • Format 186 x 138 mm
  • Edition Grand format
famille Romans français

Liv Maria

3.83 / 5 (1975 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

D'une certaine façon, la distance n'était plus la question, où qu'elle vive à la surface de la Terre, elle ne pourrait échapper au rayonnement du passé, aux conséquences de ses actes."Née sur une petite île bretonne, Liv Maria grandit au milieu des livres. À dix-sept ans, elle est envoyée à Berlin où, le temps d'un été, elle fait une rencontre qui bouleversera le cours de son existence. Éprise de liberté, elle deviendra tour à tour une amoureuse, une aventurière, une libraire, une mère, et connaîtra mille vies. Mais laquelle est véritablement la sienne ?Julia Kerninon brosse le portrait éblouissant d'une femme qui, malgré un secret inavouable, cherchera sans cesse à réécrire son histoire.

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  • Date de parution 19/08/2020
  • Nombre de pages 270
  • Poids de l’article 310 gr
  • ISBN-13 9782378801540
  • Editeur ICONOCLASTE
  • Format 186 x 138 mm
  • Edition Grand format

l’avis des lecteurs

Quatrième de couverture


Son nom est Liv Maria Christensen.

Elle fut l’enfant solitaire, la jeune fille fiévreuse, l’amoureuse du professeur d’été, l’orpheline et l’héritière, l’aventurière aux poignets d’or. Maintenant la voici mère et madone, installée dans une vie d’épouse. Mais comment se tenir là, avec le souvenir de toutes ces vies d’avant ? Faut-il mentir pour rester libre ?


Mon avis


Et dans ma clairière -  je vivrai seule.


Dans ce roman intimiste, Liv Maria est d’abord une fillette, puis une adolescente, une femme…. On l’accompagne sur plusieurs années et on comprend très vite qu’elle est insaisissable. Lorsque le destin ou la vie choisissent pour elle, elle essaie de mettre en place des stratégies pour continuer d’être libre, de décider, de choisir….


Elle est née en 1970, d’un père norvégien et d’une mère insulaire. Un couple surprenant, atypique, l’épouse parlait peu. Pourtant, Liv Maria a toujours senti ce qui liait ses parents. Elle a pris leur histoire, s’en est nourri. A son tour elle a voulu transmettre.


Mais le poids du passé est parfois lourd, l’âme jamais ne s’apaise….


Sous nos yeux, Liv Maria, au prénom soigneusement réfléchi, a vécu plusieurs vies. Était-elle en recherche d’un idéal, n’arrivant pas à se poser, ou cultivait-elle l’art de la fuite pour garder sa liberté ? Elle était capable de se taire pour échapper aux questions, aux routines, aux « codes » qui pouvaient la cantonner dans un rôle dont elle ne voulait pas….


C’est avec une écriture emplie de pudeur, limpide, lumineuse, pleine de douceur, que Julia Kerninon évoque son personnage. Elle démontre combien il est difficile de trouver sa place, de se détacher de ce qu’on a vécu pour avancer. Elle rappelle que la communication entre les êtres qui s’aiment n’est pas forcément limpide. Chacun a son jardin secret. Et les mots peuvent faire mal parfois. Même un message très clair peut être mal interprété.

« Pourtant, dans ce que nous taisons en croyant le dire, ce que nous disons en croyant le taire, nous sommes dans notre vérité, d’un coup. »


J’ai énormément apprécié cette lecture. J’ai aimé cette femme qui se rebelle sans en avoir l’air, qui choisit l’amour, qui refuse de se soumettre. Le phrasé de l’auteur donne une place particulière aux mots et cela influe un rythme comme si chaque phrase écrite ou prononcée était « actrice », faisant bouger les lignes de la vie. Il a plusieurs symboliques, sur la place des expressions, des livres, dans la destinée des uns et des autres, puis celle, plus difficile, des oiseaux que trouve Liv Maria. Quand on tient ce recueil entre nos mains, on sent son coeur qui bat, c’est elle qui est la « vie » ….. Je ne connaissais pas Julia Kerninon et j’ai été conquise par l’histoire qu’elle a écrite.

L’amour, comme un boomerang

Avec Liv Maria Julia Kerninon raconte la vie mouvementée d’une femme qui va parcourir le monde pour oublier sa première histoire d’amour. Et finit par la retrouver…

L’histoire de Liv Maria commence le jour de sa conception, lorsque sur une île bretonne le spermatozoïde de Thure Christensen, un marin norvégien, prend la direction de l’ovule de la tenancière du seul café de l’endroit. Comme son père lui avouera quelques années plus tard, il fut très heureux que cet amour puisse se développer sur ce petit coin de terre : «J’ai eu de la chance qu’elle m’épouse, tu sais. Je n’étais vraiment rien du tout, à l’époque. Je suis arrivé ici sans prévenir, mes mains étaient vides, mon cœur était plein. Elle aurait pu trouver beaucoup mieux que moi. Elle le savait très bien. Elle m’a tout appris. Elle m’a donné mon enfant. Et pour ça, je lui suis éternellement reconnaissant.»

Un enfant qui va s’épanouir entre parties de pêche et lectures. À 14 ans, Liv parcourt déjà l’île au volant d’une vieille Volvo, servant de taxi et de transporteur pour des habitants qui ne se formalisent pas plus qu’elle de l’âge légal pour conduire. Questionnée sur son avenir à l’école, elle répond qu’elle entend continuer «tout pareil». Mais en 1987 – elle a alors 17 ans – elle sera victime d’une tentative de viol, alors qu’elle transportait un homme dans sa voiture à la nuit tombée. Ses parents décident de l’envoyer à Berlin, chez sa tante Bettina Christensen.

Dans la ville séparée par le mur de la honte, elle va parfaire ses connaissances linguistiques et chercher l’étymologie des mots avec le professeur irlandais Fergus O’Shea qui, dix jours après avoir fait sa connaissance, lui fera aussi découvrir ce que deux corps qui se frottent parviennent à produire comme étincelles. Mais leur amour incandescent ne durera pas 100 jours. Fergus ayant rempli son contrat retourne auprès de sa femme et de ses enfants en Irlande, avec la promesse de ne pas l’oublier et de de lui écrire.

Liv ne recevra pas de lettres de Fergus. En revanche, on lui annonce la mort accidentelle de ses parents.

De retour sur son île pour les obsèques, elle se sent un peu perdue, avant de décider de relever la tête et de transformer le café familial en hôtel. Mais très vite, elle va se sentir à l’étroit sur son île et l’envie de voyager va prendre le dessus. La voilà partie pour un périple sud-américain qui la conduira du Chili au Guatemala, passant dans les bras de différents amants, accumulant les expériences professionnelles jusqu’à se constituer un joli magot. Quand elle rencontre Flynn dans une librairie, elle est loin de se douter que quelques mois plus tard elle sera sa femme, qu’elle retournera avec lui dans son Irlande natale, enceinte de leur fils.

Julia Kerninon, avec un art consommé du suspense, va alors dévoiler le secret qui va bouleverser la vie de Liv Maria et lui donner la dimension d’une héroïne de tragédie grecque. Derrière le petit bureau de la librairie qu’elle a accepté de reprendre, elle revoit sa vie défiler. Et cherche quelle femme elle est vraiment :

«Je suis la fille unique du lecteur et de l’insulaire, je suis le bébé Tonnerre, l’orpheline, l’héritière, je suis la jeune maîtresse du professeur, la femme-enfant, la fille-fleur, la chica, la huasa, la patiente de Van Buren, la petite amie, la pièce rapportée, la traîtresse, l’épouse et la madone, la Norvégienne et la Bretonne. Je suis une mère, je suis une menteuse, je suis une fugitive, et je suis libre. Elle ne pouvait pas rester là. Elle ne savait pas exactement pourquoi, mais elle ne pouvait pas. Mon nom est Liv Maria Christensen. Je suis ce que je suis.» Mais surtout une femme qui vous n’oublierez pas de sitôt !

C’est le récit d’une trajectoire, parfois fulgurante, parfois tâtonnante, qui finit par un retour de boomerang… 

Ça commence un peu comme un conte, avec l’histoire d’une union jugée improbable entre deux êtres singuliers, un colosse norvégien amoureux des livres et une fille de l’île (que l’on devine bretonne) sur laquelle il finit par poser ses bagages de marin. Elle est issue d’une lignée d’insulaires qui a toujours fait la loi sur ce bout de terre océanique, et tient le café dont on hérite de génération en génération.

Liv Maria est leur fille unique. Même elle ne sait pas très bien ce que ces deux êtres si différents peuvent trouver à se dire. Elle les entend pourtant murmurer jusque tard dans la nuit. Son père fait d’elle une lectrice, lui apprend la pêche et la conduite. Elle pratique la première avec ses oncles maternels, engoncée dans d’immenses cuissardes, et la seconde au volant d’une vieille Volvo avec laquelle, dès l’âge de quatorze ans, elle parcourt l’île.

C’est une jeunesse d’insouciance, de liberté et de sécurité. Jusqu’à un incident, pas si grave pour Liv Maria, mais qui incite sa mère à l’exiler, à Berlin, chez sa tante paternelle Bettina. Liv Maria a dix-sept ans. Elle visite Berlin, s’occupe des enfants de sa tante, prend des cours d’allemand, connaît un premier amour foudroyant.

Berlin n’est que la première étape d’une existence composée de plusieurs vies. Du l’Amérique latine à l’Irlande, en repassant -bien que de plus en plus rarement- par la Bretagne, Liv Maria se forge un destin protéiforme, semble sillonner les continents, vit de petits boulots puis devient riche femme d’affaires, brûle sa vie dans les excès avant de se poser et de fonder une famille. Est-ce alors la fin de son périple ? 

C’est une histoire d’intranquillité, de questionnement permanent sur soi-même, sur le sens de ce que l’on bâtit, sur la difficulté à composer avec le souvenir de ses vies contradictoires. Après quoi, après qui Liv Maria court-elle ? Où se considérera-t-elle enfin chez elle ? Et chez soi, est-ce un lieu concret ou un territoire intérieur ? Est-il compatible avec celui d’un autre qui ne connaîtra jamais vraiment tout de nous ?

Julia Kerninon dresse avec ce roman le beau et complexe portrait d’une femme aux prises avec le tourment du mensonge. Je me souviendrai longtemps de Liv Maria, jeune fille naïve et déconcertante par sa capacité à s’ouvrir à l’inconnu, fougueuse aventurière, mère et épouse attentive, entière et forte et pourtant torturée par le doute. Une amoureuse des mots enfin, sensible à leur élasticité et à leur richesse, déterminants ses élans, ses affections. Et l’auteure ne pouvait lui rendre plus bel hommage que d’évoquer son héroïne et son destin dans cette langue vive et précise, qui à la fois nous entraîne et nous émeut.



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