À l'est d'Éden
  • Date de parution 25/06/1974
  • Nombre de pages 640
  • Poids de l’article 380 gr
  • ISBN-13 9782253005971
  • Editeur LGF
  • Format 178 x 110 mm
  • Edition Livre de poche
Anglo-Saxon Romans étrangers

À l'est d'Éden

4.50 / 5 (3279 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

Dans cette grande fresque, les personnages représentent le bien et le mal avec leurs rapports complexes. Adam Trask, épris de calme, Charles, son demi-frère dur et violent, Cathy, la femme d’Adam, un monstre camoußé derrière sa beauté, leurs enfants, les jumeaux Caleb et Aaron. En suivant de génération en génération les familles Trask et Hamilton, l’auteur nous raconte l’histoire de son pays, la vallée de la Salinas, en Californie du Nord.John Steinbeck a reçu le prix Nobel de littérature pour l’ensemble de son œuvre.

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  • Date de parution 25/06/1974
  • Nombre de pages 640
  • Poids de l’article 380 gr
  • ISBN-13 9782253005971
  • Editeur LGF
  • Format 178 x 110 mm
  • Edition Livre de poche

l’avis des lecteurs

Dans cette grande fresque, les personnages représentent le bien et le mal avec leurs rapports complexes. Adam, épris de calme. Charles, son demi-frère, dur et violent, Cathy, la femme d’Adam, un monstre camouflé derrière sa beauté, ses enfants les jumeaux Caleb et Aaron.

En suivant de génération en génération les familles Trask et Hamilton, l’auteur nous raconte l’histoire de son pays, la vallée de la Salinas, en Californie du Nord.

Pour cette œuvre généreuse et attachante, John Steinbeck a reçu le prix Nobel de littérature.

Ma lecture

Dès que j’ai eu connaissance du thème de ce mois-ci : De l’écrit à l’écran pour le challenge Les classiques c’est fantastique 2ème édition, aucune hésitation : c’est ce roman que je voulais lire car le film d’Elia Kazan vu il y a très longtemps m’avait fortement marquée sans que j’en garde tous les détails et parce que John Steinbeck est un des écrivains de mon panthéon, parce qu’avec lui je ne risquais pas d’être déçue, parce que James Dean a marqué mon adolescence, donc la lecture du roman dont il est inspiré était donc une évidence.

Les monstres ne sont que des variations à un degré plus ou moins grand des normes usuelles. (…) Au monstre, le normal doit paraître monstrueux, puisque tout est normal pour lui. (…) Au monstre, le normal doit paraître monstrueux, puisque tout est normal pour lui. Et pour celui dont la monstruosité n’est qu’intérieure, le sentiment doit être encore plus difficile à analyser puisque aucune tare visible ne lui permet de se comparer aux autres. Pour l’homme né sans conscience, l’homme torturé par sa conscience doit sembler ridicule. (…) N’oubliez pas que le monstre n’est qu’une variante et que, aux yeux du monstre, le normal est monstrueux. (p99)

Salinas – Fin des années 1800 – jusqu’en 1917 : Dans ce roman John Steinbeck traite du thème tant traité du bien et le mal, de la rivalité fraternelle, à travers une famille, celle d’Adam Trask et ses deux fils : Caleb et Aaron, nés de son mariage avec Cathy mais en revenant préalablement sur la génération précédente, celle de l’enfance d’Adam, car il faut souvent aller chercher les racines des comportements dans le passé. Celle d’Adam (le bien) lui-même issu d’une famille où une rivalité fratricide avec son demi-frère Charles (le mal) l’a obligé à fuir et à s’installer à Salinas avec sa femme Cathy. Celle-ci tout au long du roman joue un rôle capital et représente le mal absolu dans ses pensées et ses actes. De leur union naîtront des faux-jumeaux : Cal (Caleb) : le mal et Aaron (le bien).

L’auteur implante son histoire à Salinas, en Californie, sa ville natale dont il connaît les paysages, l’ambiance et s’intégrant lui-même dans l’histoire puisqu’il est le narrateur car ses propres origines familiales font partie du roman, se situant lui-même dans le récit puisque descendant de Sam Hamilton, son grand-père maternel et famille omniprésente dans l’ouvrage, témoin de l’histoire qui nous est relatée.

Tout au long de celle-ci, que ce soit au niveau des personnages principaux mais également de ceux qui les entoure, c’est la lutte et la confrontation des caractères avec toutes leurs complexités qui sont traités : réactions, désirs, ambition. Car, et c’est toute la richesse du roman, rien n’est tout noir (ou presque) ou tout blanc car l’auteur y intègre à la fois les questionnements de chacun, la dualité de leurs sentiments partagés qu’ils sont entre amour, fraternité, violence.

Rien de trancher car les deux frères jumeaux dizygotes (nés de deux œufs), Caleb et Aaron portent en eux les mêmes gênes, le même sang et pourtant réagissent de manière opposée : l’un plus affirmé que l’autre, plus réactif et envieux mais en manque d’amour alors que son frère ne demande rien et a tout : beauté, douceur et amour. Car le nœud de l’histoire est l’amour : l’amour d’un père, seul lien familial, mais également l’amour maternel absent et l’image que chacun en a ou se créée.

Pourtant il y a dans la famille Trask une autre forme de présence maternelle à travers Lee, le domestique de la famille, à la fois cuisinier et nourrice, médecin des âmes et des corps et philosophe attentionné, sacrifiant ses ambitions au bonheur de la famille, mais également Sam Hamilton, le voisin inventeur visionnaire, fidèle à ses projets et refusant toute compromission. Et puis il y a Cathy, la femme représentant le mal et image du pécher originel peut-être, que ce soit en tant qu’épouse mais également en tant que mère, que rien n’arrête dans son ascension jonchant son parcours de crimes impunis.

Mais d’autres sujets sont abordés : la famille, le rôle des parents et de leur influence sur le devenir des enfants, de la violence des sentiments, des images faussées, de l’exploitation de certaines minorités (chinoise dans le cas présent à travers Lee), des blessures occasionnées par le mensonge : faut-il tout avouer, l’absence et surtout la sensibilité de chaque être face à son vécu, son contexte, au passé et les aléas de la vie.

Chacun cherche à trouver sa place à la fois dans le paysage mais également dans le cœur des autres et au-delà des faits, John Steinbeck s’attache à décortiquer la complexité des sentiments partagés et parfois si proches qu’ils se mêlent : haine/amour, vengeance/abnégation/sacrifice. Car Cabel aime son frère mais tout le pousse à lui faire du mal, à le blesser jusqu’à se sentir attirer par Abra, celle qu’Aaron aime depuis l’enfance et dont il veut faire sa femme.

Cabel/Caïn – Aaron/Abel – Adam : le père, le géniteur : tout est référence à la Génèse, à l’idée du pécher, de la culpabilité, Cathy étant celle par qui le mal s’introduit et pervertit tout ce qu’il touche, le ver dans le fruit et sera l’outil de la blessure ultime. A l’image des sentiments l’auteur confronte également la beauté alliée au bien, à l’ange blond fragile et le tourmenté au brun, plus fougueux, plus tempétueux, plus sombre et en quête perpétuelle d’amour qu’il soit filial ou sentimental.

Avec tout ce qu’il faut de romanesque mais également de constatations sur la société américaine avec ses croyances, son histoire mais également les valeurs ancrées dans la religion, l’auteur dessine une fresque qui analyse la complexité de l’âme humaine, de ce qui fait que l’on se sent aimé ou rejeté, que l’on aspire au mal pour obtenir ce que l’on désire, du déchirement quand la jalousie, les rancœurs rongent l’esprit et vous poussent à meurtrir ceux que vous chérissez.

Il fait de Cathy son arme maléfique absolue, elle ravage tout ce qu’elle touche, approche, sombre dans la perversité totale car elle deviendra une tenancière d’un bordel, symbole du lieu de perdition, mais lui offre une sorte de rédemption en fin de roman, démontrant que tout être peut révéler une part d’inconnu.

Je n’hésite pas une seconde à le dire : ce roman est un chef-d’œuvre à la fois dans sa construction, sa cohérence, la qualité de l’écriture mais également par les messages dont l’auteur parsème le récit. A l’Est d’Eden est à la fois une saga familiale, historique, géographique, sociétale, religieuse, psychologique de grande ampleur et un tel roman ne pouvait que faire l’objet d’une adaptation cinématographique lointaine dans mes souvenirs, avec James Dean dans le rôle majeur de Caleb pour lequel il a d’ailleurs été nominé aux Oscar comme Elia Kazan.

J’ai savouré ce pavé, je me suis immergée au milieu de cette famille, partagée que j’étais entre compassion, compréhension, dégoût, admiration avec une mention pour un second rôle celui de Lee, l’ombre chinoise qui tient la famille Trask, lui inculque la tolérance, la bienveillance mais sans jamais intervenir au-delà de ce que sa fonction ne lui autorise. C’est l’âme, le juste qui détient les réponses aux questions même quand celles-ci ne sont pas posées. Il sait, il sent. Et comment ne pas être attirée par Caleb et Aaron, car chacun détient une part de luminosité et d’obscur.

J’avais déjà eu des coups de cœur pour Les raisins de la colère et Des souris et des homme (lu également dans une magnifique adaptation graphique de Rebecca Dautremer, j’avais beaucoup aimé La Perle et Tendre Jeudi et quand j’aime je ne compte pas, j’ai dans ma PAL En un combat douteux…. (et les points de suspension font partie du titre). J’avais vu il y a quelques temps (2017) un très beau documentaire sur le voyage qu’effectua John Steinbeck seul avec son chien Charley, parcourant l’Amérique sur 16 000 kms pour s’imprégner et observer au plus près son pays.

Si on vous demande une saga familiale qui va au-delà du superficiel, qui vous plonge dans un pays, ses hommes et femmes avec ce qu’ils peuvent avoir de plus enfouis en eux : sans hésiter il faut lire A l’Est d’Eden parce qu’il y a tout ce qui fait un grand roman : l’amour, la haine, la fraternité, la volonté, les intrigues, les rebondissements avec du fond, de la matière, une observation minutieuse de la psychologie des humains et de leurs tourments, une plume vive, alerte, sans temps mort. Un roman publié en 1952 et dont l’adaptation cinématographique date de 1955.

Coup de coeur absolu pour le roman, j’ai avalé le pavé sans m’étrangler et je l’ai même refermé à regret, un de plus dans ma mémoire et mon panthéon mais avec (comme souvent) une préférence pour le roman car plus fouillé, plus intime que le film. Mention pour la couverture : Adam’s house (!) (détail) de Edward Hopper, artiste que j’associe totalement à l’œuvre de Steinbeck.

Pour info j’ai trouvé certaines similitudes dans l’histoire avec le film de Robert Redford : Et au milieu coule une rivière surtout dans le personnage de la mère et la relation entre les deux frères…..

Sous sa carapace de lâcheté, l’homme aspire à la bonté et veut être aimé. S’il prend le chemin du vice, c’est qu’il a cru prendre un raccourci qui le mènerai à l’amour (p549)


Je m’étais promis depuis longtemps de relire "À l'est d'Éden", un de ces titres dont j’avais quasiment tout oublié, ne gardant que la certitude que sa découverte bouleversa ma vie de lectrice. Voilà qui est fait, avec le double plaisir de retrouvailles à la hauteur de mes espoirs, et de les avoir effectuées en compagnie de Marie-Claude. Étonnant, ce que les lectures laissent en nous… Je n’avais gardé de ce texte pourtant dense, riche en personnages et en événements qu’une seule image, celle d’une femme terrifiante aux mains percluses d’arthrite…


Avant d’en arriver là, j’ai refait connaissance avec l’exubérant et généreux Samuel Hamilton, venu de la verte Irlande pour s’échiner à cultiver une terre sans eau en Californie du Nord. Samuel l’amoureux des livres, à la fois fermier et érudit, robuste et délicat, créateur d’inventions dont il ne sut jamais tirer profit, au grand dam de son épouse Liza, austère presbytérienne sans une once d’humour qui considéra toujours avec mépris les "rêveries" de son mari, et géra avec abnégation, de son infatigable poigne, leur famille de neuf enfants. Drôle de couple, lui rêveur, drôle et progressiste, elle conservatrice, sèche et réaliste, et pourtant une union stable et affectueuse qui fit de leur foyer, malgré les conditions parfois difficiles, un havre solide et animé.


J’ai de nouveau rencontré Cyrus Trask, fermier lui aussi, mais dans le Connecticut, veuf et père de deux garçons, Charles et Adam, demi-frères dont la dualité annonce l’un des fils rouges qui traverseront le récit. Adam est aussi doux et sensible que Charles est brutal et retors. Non pas qu’Adam soit faible, mais la violence lui répugne. Lorsqu’il sera appelé pour se battre contre les indiens, bien que ne faisant jamais preuve de lâcheté, il se débrouillera pour ne tuer aucun homme, du moins volontairement…  La préférence du père pour ce fils plus tendre, bien que dissimulée, est cruellement ressentie par Charles, que la jalousie rend violent envers son frère. Adam lui manque pourtant profondément lorsqu’il part à la guerre puis vagabonde sur les routes, réticent à retrouver un foyer où ne vit plus que Charles depuis que Cyrus est parti faire de la politique à Washington. Quelques années plus tard, après des retrouvailles chaotiques, et l’inattendu héritage que leur laisse la mort de leur père, Adam part pour la Californie, où il compte s’installer en compagnie de Cathy, mystérieuse jeune femme qui s’est traînée jusqu’à leur porte après avoir été battue et laissée pour morte plusieurs mois auparavant. La vulnérabilité et la beauté de la victime a éveillé la compassion d’Adam, qui a l’a soignée, et s’en est épris, malgré les réticences de Charles, méfiant face à cette femme dont la beauté lui semble dissimuler malveillance et manipulation. Le couple échoue dans la Vallée de Salinas, y acquiert une vaste et fertile propriété. Adam veut bâtir une vie confortable et tranquille, faire de ce nouveau territoire un jardin d’Eden pour sa femme et leur futur enfant. Car Cathy est enceinte…


J’ai, enfin, renoué avec les jumeaux Aron et Caleb, fils d’Adam dont les personnalités et les rapports rappellent étrangement ceux de leur père et d’un oncle qu’ils ne connaîtront jamais, tout comme leur mère, dont on leur a dit qu’elle était morte à leur naissance…  


"À l'est d'Éden" déploie ainsi sur trois générations l’histoire de ces hommes et dans une moindre mesure celles des femmes qui les entourent, entrelace leurs secrets, entrechoque leurs désespoirs et leurs courages, fixant les racines de leurs dérisoires et pourtant passionnants destins individuels dans l’universel terreau où prolifèrent la vie et la mort, les rages et les passions, la vieillesse et la maladie…


C’est également l’histoire d’un territoire. Celui, certes, de la californienne Vallée de la Salinas où se déroule la majeure partie du récit, mais aussi celle d’un pays que l’on croit neuf, dont on occulte la genèse, d’une nation bâtie sur un siècle de luttes assassines, de terres conquises par le sang… En cette fin de XIXème siècle, ne reste que la fierté d’avoir défriché un sol souvent hostile, soumis à l’alternance de saisons généreusement pluvieuses, et d’années sèches inspirant la terreur. Après celles des fermiers, hommes forts et braves mais vulnérables, l’arrivée des hommes d’affaires puis des hommes de loi, celle enfin des lieux de culture, de cultes et des maisons closes -ces deux facettes d’un même besoin, celui de l’oubli- ont parachevé l’appropriation et la transformation d’un espace jusqu’alors quasiment nu.



Ma première lecture est un peu lointaine pour que je la compare à cette nouvelle expérience, mais ce dont je suis sûre, c’est que j’ai de nouveau été complètement emballée par le foisonnement et l’intensité tragique de l’intrigue, le destin de ses héros, et même par ce qui a été reproché à John Steinbeck à propos de ce titre, c’est-à-dire la dimension caricaturale de certains des protagonistes, et le manque de subtilité dans le traitement de la principale thématique qui traverse "À l'est d'Éden", cette lutte entre le Bien et le Mal à laquelle renvoie des références bibliques qu’on peut, oui, c’est vrai, trouver trop évidentes, et conférant aux héros une empreinte symbolique susceptible d’amoindrir leur complexité et leur crédibilité. Et en même temps, comme pour démontrer sa capacité à faire aussi dans la nuance, John Steinbeck sème dans son récit des éléments qui viennent compenser l’aspect parfois manichéen de son propos, démontrant ainsi que ce dernier est volontaire, et assumé. Ainsi, il place aux côtés de ses héros les plus "marqués" (l’exemple le plus flagrant en est incontestablement Cathy, ô combien monstrueuse incarnation du Mal) des personnages secondaires qui à l’inverse défient les codes, nous surprennent par leur complexité, tel l’attachant Lee, fidèle homme à tout faire instruit et philosophe. Par ailleurs, en évoquant à quelques reprises un narrateur mystérieux qui se révèle être l’auteur lui-même, petit-fils de Samuel Hamilton (son aïeul du côté maternel), il ancre son récit dans le réel.



Ce symbolisme patent ne m’a personnellement pas gênée, parce qu’il contribue en grande partie à donner au roman son souffle et sa puissance, et parce que la richesse de l’intrigue le rend finalement accessoire.


Un texte qui remue, qui passionne, qui fait frémir… bref, un indispensable !


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