Les marécages
  • Date de parution 07/06/2018
  • Nombre de pages 400
  • Poids de l’article 215 gr
  • ISBN-13 9782072789939
  • Editeur FOLIO
  • Format 180 x 112 mm
  • Edition Livre de poche
Thriller Romans noirs Psychopathe, Tueur en série États-Unis

Les marécages

4.14 / 5 (527 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

Texas, 1933. La Grande Dépression s'éternise. Quand le jeune Harry Collins et sa petite soeur découvrent le cadavre sauvagement mutilé d'une femme noire dans un marais, la peur s'empare de leur village. Et quand le corps d'une Blanche est retrouvé peu après, Harry ne peut qu'assister impuissant au lynchage d'un innocent par les membres du Klan local. Aidé de sa soeur, Harry décide de partir à la recherche du vrai meurtrier et s'enfonce dans les profondeurs du bayou, là où les ténèbres règnent...

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  • Date de parution 07/06/2018
  • Nombre de pages 400
  • Poids de l’article 215 gr
  • ISBN-13 9782072789939
  • Editeur FOLIO
  • Format 180 x 112 mm
  • Edition Livre de poche

l’avis des lecteurs

Découvert dans une librairie au rayon des occasions, il y a de cela environ une année, j’avais évoqué Le Sang Du Bayou, un recueil composé de trois romans emblématiques de Joe R. Lansdale que l’on connaît davantage pour sa série de polars déjantés mettant en scène Hap Collins et Léonard Pine, deux enquêteurs atypiques qui se retrouvent embringués dans des affaires pour le moins détonantes et parfois hilarantes avec cet humour grinçant qui caractérise la série. Auteur prolifique, Joe R. Lansdale a également marqué son lectorat avec des récits beaucoup plus sombres à l’instar de ceux qui composent ce recueil débutant avec Un Froid d’Enferse poursuivant avec Les Marécages pour s’achever avec Sur La Ligne Noire. Se déroulant dans les années 30 en empruntant les codes du thrillers avec cette série de prostituées noires sauvagement assassinées, un bon nombre d’aficionados de Lansdale considère Les Marécages comme l’un des chefs-d’oeuvre de l’auteur qui a d’ailleurs obtenu le prix Edgar Allan Poe avec cet ouvrage se déroulant comme les deux autres du côté de la Sabine, une rivière située dans la région de l'East Texas et qui fait office de frontière naturelle avec l'état de la Louisiane.

Durant la Grande Dépression des années 30, à Marvel Creek, un petit comté de l’East Texas, le jeune Harry et sa soeur Tom découvrent, au bord de la rivière Sabine, le corps affreusement mutilé d’une femme noire. Les deux enfants pensent qu’il s’agit de la victime de l’Homme-Chèvre, une entité maléfique qui rôde dans les marécages de la région. Pour le père de Harry, constable du comté, ce serait plutôt l’oeuvre d’un rôdeur que la pauvreté a jeté sur les routes. Mais lorsque l’on découvre un second cadavre dénudé, accroché à un arbre et portant les mêmes stigmates, les esprits des habitants s’échauffent ce qui les poussent à s’en prendre à un homme noire qu’ils lynchent sans autre forme de procès. Harry tout comme son père sont persuadés qu’il ne s’agit pas du meurtrier et chacun va enquêter de son côté pour découvrir l’identité de cet étrange assassin qui fait sans nul doute partie de la communauté.

D’entrée de jeu, on salue les qualités d’un narrateur talentueux qui joue avec nos nerfs au gré des trois premiers chapitres avec cette poursuite de nuit dans les travées d’un églantier géant, jouxtant les marécages de la Sabine où deux enfants, après avoir découvert un cadavre mutilé, tentent d’échapper à une présence inquiétante qui entreprend de les traquer. Entité maléfique, rôdeur ou tueur en série, Joe R. Lansdale instaure le doute avec les codes du thriller pour nous livrer un récit à la fois solide et original puisqu’il adopte le point de vue du jeune Harry qui s’est mis en tête de faire la lumière sur cette succession de meurtres qui secoue cette petite communauté de l’East Texas. Avec l’atrocité des exactions qui sont commises et ce point de vue enfantin, le texte oscille entre le fantastique incarné par cet Homme-Chèvre, sorte de légende rurale qui fait frissonner les enfants, et l’enquête policière initiée par le père de Harry qui tente laborieusement, avec le peu de moyen dont il dispose, d’identifier l’auteur de ce qui apparait au fil de l’intrigue comme une série de meurtres sauvages dont les victimes sont principalement des prostituées noires. D’ailleurs la typologie des victimes n’a rien d’anodin puisqu’elle permet à Joe R. Lansdale d’aborder le thème de la discrimination raciale avec toute l’horreur et la violence qui en découle à l’instar de cette scène de lynchage atroce qui n’a rien à envier aux exactions commises par un meurtrier qui a au moins le mérite d’avoir perdu la raison. Mais dans cette logique de ségrégation, ce sont ces vexations quotidiennes que l’on perçoit tout au long d’un récit où l’on distingue la terreur qui anime la communauté noire de Pearl Creek vis à vis de la communauté blanche de Marvel Creek. Se distançant de ces pratiques ségrégationnistes, la famille Crane apparaît comme une exception ce qui permet à Harry tout comme Jacob d’évoluer dans ces deux diasporas afin de mener à bien leurs investigations respectives. C’est l’occasion de rencontrer des personnages comme la vieille Miss Maggie qui en connaît un rayon sur les légendes de la région ou le docteur Tinn possédant quelques notions de médecine légale au grand dam de son homologue blanc qui n’a cesse de le fustiger et de l’humilier. Toute cette colère, cette haine et cette rancoeur apparaissent donc au rythme d’une intrigue riche en tensions et en rebondissements avec cette atmosphère lourde, presque vénéneuse qui enrobe un texte passionnant, restituant à la perfection ce climat poisseux des années 30 qui prévalait dans le sud des Etats-Unis.

Outre la ségrégation, Joe R. Lansdale évoque cette triste période de la Grande Dépression ainsi que ces vétérans de la première guerre mondiale pour tisser avec Les Marécages, un grand récit d'aventure qui va flirter avec le thriller dans tout ce qu'il a de plus brillant. Un roman saisissant.

Harry est très âgé et vit dans une maison de retraite. Le présent ne lui apporte plus guère de satisfaction, aussi préfère-t’il penser au passé. Il se souvient de l’année de ses onze ans en 1933 et nous raconte sa vie à ce moment-là lors de la Grande Dépression. Il vit dans une petite ville de l’est du Texas avec ses parents et sa soeur Tom. Il ne sait rien de la crise que traverse le pays, son enfance est heureuse dans une famille unie et aimante. La mère s’occupe du foyer et Jacob le père cumule les emplois pour s’en sortir, il est à la fois paysan, coiffeur et agent de police local.

Toby le chien de la famille se blesse gravement et Jacob demande à Harry d’aller l’achever dans les bois voisins de la ferme. Les enfants marchent longtemps mais ils ne peuvent se résoudre à obéir à leur père. Ils découvrent le corps mutilé d’une femme noire attaché à un arbre au bord de la rivière, ils ont l’impression d’être poursuivis par l’Homme-chèvre, sans doute coupable du meurtre. Jacob explique que ce monstre est seulement une légende régionale et que le vrai tueur ne peut être qu’un homme. Les enfants restent persuadés de l’existence de l’Homme-chèvre, ce qui sera déterminant dans la suite du roman.

La victime est une prostituée noire, les blancs ne veulent pas s’en mêler. Jacob et sa famille sont parmi les rares blancs de la ville à ne pas détester les noirs. Après une tornade, on retrouve une deuxième prostituée noire massacrée, ce qui n’émeut que Jacob, qui essaie d’élucider ces crimes avec l’aide du Docteur Tinn, un médecin noir passionné par l’histoire de Jack l’Eventreur. Tout change quand on découvre le corps d’une prostituée blanche victime du même maniaque. Même si cette femme est considérée comme une moins que rien par la communauté blanche, les habitants sont persuadés que les noirs sont derrière ces meurtres et qu’ils ne peuvent rester sans réagir. Jacob a eu une parole maladroite au salon de coiffure et le Klan s’en empare pour lyncher un vieux noir, Harry et son père ne peuvent qu’assister impuissants à la scène.

Ce thriller est un coup de coeur, un des meilleur que j’aie lu depuis longtemps. Il y a encore bien d’autres rebondissements et finalement cette histoire de crimes en série est avant tout un prétexte et un fil conducteur pour nous parler de la vie en ce temps-là dans le Texas profond. Les gens sont totalement racistes et en toute bonne foi, comme le dit Jacob, ils semblent avoir oublié que les Yankees leur ont mis la pâtée plus de soixante ans auparavant. La famille de Jacob est attachante, il essaie d’être un homme juste dans une société injuste, le lynchage du vieux Mose, puis le meurtre de Miss Maggie, une noire que tout le monde aimait, le rendent malade.

L’histoire est raconté par Harry, qui grandit brusquement au cours des deux années que durent le récit. Les descriptions de la nature sont belles, la langue magnifique et la vie en ce temps-là à la fois rude et préservée.Harry est très attachant, il prendra le relais quand son père sera trop malade. La justice humaine s’en mêle peu, mais la providence y supplée. Un très beau livre, très riche et vraiment passionnant, avec des personnages et des actions complexes qui nous font découvrir la mentalité d’un autre temps, une nature belle et rude et surtout une famille qui s’efforce de vivre selon l’éthique chrétienne, car à ce moment-là, on pouvait aller à l’église le dimanche et aux réunions du Klan les autres jours, lyncher des noirs sans se sentir plus coupable que cela, ce que Jacob et les siens refusent.

Un livre qui va bien au-delà du thriller et qui vaut vraiment la peine d’être découvert. je compte lire d’autres romans de Landsdale.

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