Cité d'Ivoire
  • Date de parution 16/05/2024
  • Nombre de pages 576
  • Poids de l’article 280 gr
  • ISBN-13 9782266341257
  • Editeur POCKET
  • Format 180 x 110 mm
  • Edition Livre de poche
Anticipation Dystopie et Uchronie Post Apocalyptique Ouvrage de référence de l'auteur Réédition moins d'1 an

Cité d'Ivoire

3.89 / 5 (42 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

2156. Iliane est le reliquat d’une société ébranlée par le réchauffement climatique. La ville, refermée sur elle-même sous un gigantesque dôme, est gérée par une IA et une surveillance généralisée. Mais l’épuisement des ressources grignote les stocks de caméras, et la population s’agite.Le paisible Sam Deson et la tête brûlée Le Kid se rencontrent à une soirée organisée par les activistes clandestins de l’Ivraisse, où ils découvrent le mythe d’une cité libre : la Cité d’Ivoire. Ils rencontrent aussi Maëlle Swan, qui, à la tête de son escouade, interrompt la réunion dans une violente descente de police.Chacun à leur façon, par l’enquête scrupuleuse, les tragiques compromissions ou en sautant en catastrophe d’un navire volant, ils vont partir à la recherche de la Cité d’Ivoire. Y trouveront-ils leurs réponses ? Un lieu pour vivre ?Existe-t-elle seulement ?

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  • Date de parution 16/05/2024
  • Nombre de pages 576
  • Poids de l’article 280 gr
  • ISBN-13 9782266341257
  • Editeur POCKET
  • Format 180 x 110 mm
  • Edition Livre de poche

l’avis des lecteurs

J’avais bien aimé Le chant des glaces, premier roman de Jean Krug. Alors quand l’éditeur m’a proposé en service de presse son nouveau titre, Cité d’ivoire, c’est avec grand plaisir que j’ai accepté. Changement de registre : ici, point de glace, mais toujours de grosses complications climatiques, qui impactent le tissu social et politique. Cité d’ivoire a été une très bonne lecture, et pas seulement du fait du texte… j’ai lu ce roman dans le cadre du Printemps de l’imaginaire francophone (menu Nature renaissante, nature & écologie). Je trouve, a posteriori, que ce roman va bien avec l’idée de la Renaissance, tiens…

Un récit d’aventures fantasy

On retrouve dans Cité d’ivoire un certain nombre de recettes qui ont fait la gloire et l’efficacité de nombre de romans de fantasy. Mais j’ai trouvé que l’auteur s’en sortait bien, en détournant ces codes pour en offrir une lecture plus vraisemblable, plus vivante.

Une ville-dôme, les pauvres en bas et les nantis en haut

D’abord, cette ville, Iliane. Une ville-dôme, avec une organisation verticale : les pauvres en bas, les nantis en haut. C’est très classique, rien de nouveau sous le soleil. C’est le cas dans Arkane de Bordage, Hyperborée dans La ville sans vent d’Eleonore Devillepoix, ou encore le royaume de Claren dans L’arpenteuse de rêves d’Estelle Faye. On pourrait en citer bien d’autres. Même l’idée du dôme n’est pas nouvelle. Récemment, c’est dans Terre des ombres de Josepha Juillet que j’avais retrouvé cette idée de bulle protectrice. Bref, c’est une organisation spatiale bien connue.

Mais ça marche bien. Peut-être parce qu’il n’y a pas la volonté d’accentuer outre mesure ces topoï. Ou parce que la ville semble posséder une vraisemblance, peuplée d’une foule grouillante à chaque étage. Il faut dire que l’on sent bien la manière dont les différents étages fonctionnent ensemble. Ca ne fait pas artificiel, il y a une synergie dans cette ville que l’on ressent et qui donne de la vie au roman. On n’est pas dans le décor de ciné carton-pâte.

Peut-être aussi cela est-il dû au dialogue entre les étages par le biais des personnages, qui vivent différemment la ville. En cela, l’alternance des points de vue est particulièrement dynamique et offre un regard complémentaire sur ce qui est en train de se jouer. C’est intelligent, d’autant que les personnages gagnent en nuance au fil des pages, hésitent, changent d’avis, descendent d’un niveau… Il n’y a pas cet immobilisme que l’on retrouve habituellement. On suit ces personnages dans leur quotidien, et cela rejoint encore l’idée d’un décor qui fait corps avec les personnages. Jean Krug nous livre un tout.

La quête

Ensuite, la quête d’une cité idéale, située en marge du monde connu/civilisé. Encore un classique. Là, ça m’a furieusement fait penser à Seuil, dans le cycle Vertigen de Léa Silhol. Babel de Delphine H. Edwin était sur le même style. Une sorte de fantasme qui fait d’une ville un refuge. Mais un refuge qui se mérite; parce que pour trouver le chemin de cette ville fantasmée, c’est coton. Fantasme de justice, d’égalité (le terme « cité » est important, et a tout son sens ici, plus que « ville ») et de prospérité.

On retrouve tout à fait ça dans Cité d’ivoire, qui d’ailleurs donne son nom au roman. Elle est un but à part entière, et se pare de toutes les caractéristiques de la ville fantasme : une ville d’ivoire, que personne n’a vue à part quelques illuminés qui l’évoquent dans un bouquin douteux. Elle est presque un mirage, faisant rêver les personnages. Et elle est un ailleurs, une porte de sortie. Une promesse planquée, seulement atteignable par ceux qui ont foi en elle.

Mais là encore, Jean Krug détourne le topos de la quête de la cité. D’abord, parce que rares sont ceux qui y croient, surtout parmi la plèbe. Sarah est la première à s’en méfier, préférant rester réaliste et se concentrer sur les vrais problèmes. Ensuite, parce qu’elle permet de faire un parallèle intéressant avec Iliane, deux symboles de deux modes de vie. Iliane sous son dôme, hyperconcentrée, hyperconnectée, hypercontrôlée, avec deux trois arbres en guise de nature. La cité d’ivoire représente la liberté, la nature, un autre possible. En cela, l’auteur dessine là les prémices des grandes thématiques du roman, centré autour de toutes les questions environnementales et sociétales actuelles.

Et des personnages héroïques

Ils sont jeunes, attachants, un peu héros. Mais là encore, surprise ! Meurtres, trahisons : ils ont tous du sang sur les mains, et pas pour des raisons toujours héroïques. D’autre part, un des personnages est une traqueuse : une flic honnie pour ce qu’elle est. Pas évident comme choix ! Et pourtant, ça marche bien, car ainsi le regard est beaucoup moins binaire. Pas de gentils ni de méchants évidents dans ce texte.

En revanche, je trouve qu’il y a un souci de temps. On a des points de vue qui mélangent présent et passé. Déjà, c’est bizarre de mélanger deux temporalités pour des événements qui se situent sur le même plan. Ensuite, je ne suis pas fan du présent. Soit le narrateur raconte en même temps ce qu’il vit, mais ça ne marche pas du tout pour un roman d’action (« ah, je m’évanouis » –> ben non…). Soit il écrit a posteriori et utilise ce temps pour faire revivre sous ses yeux ce passé, un peu comme une hypotypose étendue. Le positionnement du narrateur dans un récit au passé est le même. Dans ces deux cas, on doit pouvoir situer quand le narrateur raconte par rapport aux événements. Or ici, on ne peut pas le faire avec précision. Et il manque le recul et le côté approximatif des souvenirs pour que ça colle parfaitement, surtout pour le récit au passé.

On pourrait se dire que c’est à la fin du texte que les personnages s’apprêtent à raconter leur histoire. Mais il manque dans ce cas le but : pourquoi maintenant ? Qu’est ce qui les motive ?

J’ai l’impression que ce mix de temps est juste là pour faire joli et apporter de la diversité. Mais ne pas répondre à ce positionnement du narrateur est dommage dans un récit qui propose de réfléchir sur le futur possible espéré par les personnages. Il manque selon moi un petit bout dans la construction des personnages et leur positionnement par rapport aux événements.

Révolte & révolution

Mais Cité d’ivoire n’est pas un roman de fantasy. On est plutôt dans l’anticipation et la SF. L’auteur aborde pas mal de thématiques très actuelles (le bouleversement climatique, son impact économique et surtout social, et la force des IA)Cité d’ivoire pourrait être notre futur, et sur bien des aspects, le roman reflète déjà tous les travers de notre société contemporaine.

Un roman reflet de notre réalité actuelle

La sortie du roman de Jean Krug en cette période particulièrement troublée rend la lecture de celui-ci encore plus intense. Car on a l’impression de lire une sorte de miroir de notre présentet du futur qui nous attend. Outre les sujets qui sont très actuels, il y a dans ce roman des accents de révolte qui ressemblent furieusement à ceux que l’on commence à entendre un peu partout. Si le Kid m’a fait un peu penser au Gavroche de Hugo, il est le porte-parole d’une population réelle qui subit déjà les conséquences économiques et sociales du bouleversement climatique. J’ai aimé aussi la peinture du Barbar, où se constitue une sorte de solidarité populaire dans une sorte de bazar incroyable. Cité d’ivoire est le roman des germes d’une révolte, qui gonfle, pour mener vers une révolution au sens propre du terme : un changement de système.

Cité d’ivoire est donc le récit du combat de personnages pour leur droit d’exister. Mais il est aussi le récit d’une quête : de sens, de justice, de place dans un système pourri à bout de souffle. Il offre donc des passages d’une rare violence, crue, difficile à lire, mais il n’est que le reflet de ce que certains vivent désormais.

Pas de facilité, et de l’espoir

Malgré tout, Cité d’ivoire n’est pas un roman sombre, ni pessimiste. Si la quête de la cité idéale pourrait être considérée comme une utopie mignonne, elle aboutit néanmoins à la constatation que d’autres modèles sont possibles. La fin ouverte donne également espoir quant à la possibilité de changer les choses. Il y a donc dans ce roman de l’espoir, celui de croire que tout est encore possible. J’ai aimé cette porte ouverte qui rend la lecture moins pesante.

J’ai également énormément apprécié l’absence de parti pris et de facilité. Il y a avec les trois personnages une volonté de couvrir toutes les facettes de ce qui se passe. Une multitude de points de vue qui montre que rien n’est simple, qui interroge : est-ce si facile de savoir qui sont les victimes et les responsables ?

De gros atouts

Un maelstrom d’émotions

Cité d’ivoire explore beaucoup de thématiques actuelles avec nuance, complexité et tact, mêlant violence, amertume, moments de légèreté, de pure extase et d’espoir aussi. C’est un concentré d’émotions que Jean Krug nous offre. Sa plume, qui déjà m’avait séduite dans Le chant des glaces par sa musicalité, fait de nouveau mouche ici. L’auteur alterne à merveille les styles, nous offrant tantôt des moments de poésie pure, tantôt des mots durs, traduisant la violence de ce qu’il se produit. J’ai particulièrement adoré le récit du Kid. Un langage argotique absolument remarquableriche et savoureux. On a là trois personnages qui se démarquent dans leur façon de parler, et leur langage traduit leur vision de la vie.

Et puis, la sortie de ce roman maintenant, c’est assez dingue. En pleins troubles sociaux liés à la réforme des retraites, face aux prémices de la guerre de l’eau, aux écarts criants de richesses et devant le vacillement inquiétant des institutions, j’ai vraiment eu par moment l’impression que roman et réalité se confondaient totalement. C’est dire à quel point le réalisme et le souci de vraisemblance du bouquin sont palpables. Ca a rendu la lecture encore plus intense et je trouve que cela donne un éclairage différent à ce que l’on vit.

Science et fiction

D’autre part, l’auteur a trouvé ici un meilleur équilibre entre fiction et science, en proposant quelque chose d’abordable, et en expliquant par la voix de quelques personnages bien choisis les enjeux de ce qu’il se passe. Il aborde notamment deux sujets actuels très vifs :

  • L’IA, non pas sous l’angle de ses dangers en tant que tels mais dans la manière dont on l’utilise. Jean Krug remet l’Homme devant ses responsabilités. Les explications sont limpides, bien dosées, et parfaitement reliées à l’intrigue.
  • Le bouleversement climatique. De la même façon, l’auteur ne se perd pas dans des explications interminables : juste ce qu’il faut pour faire avancer l’intrigue. Il évoque surtout les conséquences de ce qu’il s’est passé à un double niveau : environnemental mais aussi économique et social. En somme, il nous donne un aperçu global d’un avenir possible.

Contrairement au chant des glaces, je ne me suis donc pas perdue en route ici, et je n’ai pas ressenti non plus d’accélération brouillonne dans les péripéties. Le tout est vraiment super bien dosé. De cette manière, Cité d’ivoire nous livre un roman passionnant mais aussi particulièrement visionnaire sur le futur qui nous attend.

Quelle super lecture cette Cité d’ivoire ! Les petites réserves que j’ai mentionnées plus haut n’amoindrissent absolument pas la pertinence des messages de ce roman très réussi. Jean Krug livre ici un roman d’aventures efficace, qui détourne en plus habilement les codes de la fantasy et propose des personnages intéressants, complexes et changeants. J’ai une fois de plus beaucoup apprécié la plume de l’auteur, très belle à lire, soignée et toujours aussi travaillée dans les détails sans être artificielle. Elle se marie vraiment très bien avec ce roman d’anticipation qui est un vrai cri à la liberté et à la révolution. Et surtout, l’auteur transpose avec brio notre réalité dans son univers, qui en devient un reflet tellement presque parfait qu’il en est inquiétant. Il nous donne ainsi un aperçu de notre avenir, sans catastrophisme, avec même une once d’espoir. Mais un avenir qui promet malgré tout des batailles, et des choix difficiles à faire. Un texte d’une intensité incroyable, cette Cité d’ivoire !

Jean Krug est écrivain et glaciologue. Son premier roman, Le Chant des Glaces, a d’abord été publié par Critic, puis réédité en poche par les éditions Pocket. Son nouvel ouvrage, Cité d’Ivoire, vient de paraitre chez Critic. C’est à nouveau un récit de science-fiction aux accents écologiques et post-apocalyptiques.

Nous sommes dans un futur pas trop lointain, un peu plus d’une centaine d’années. Les mises en garde concernant l’environnement sont restées lettre morte, les catastrophes se sont enchainées. Les dernières générations d’humains vivent ainsi dans des villes sous cloches les protégeant de l’extérieur. Le récit se déroule à Iliane, ville coupée du monde par son dôme. Pour administrer la cité, on trouve une intelligence artificielle qui permet une surveillance généralisée. Les différents niveaux de la cité indiquent la fortune des habitants, plus on grimpe dans la cité meilleure la vie est. Les gens vivant dans les parties hautes sont indifférents au reste de la population, et la colère et l’injustice grondent dans les niveaux les plus bas.

Le récit tourne autour de 3 personnages principaux qui ont au départ peu de choses en commun. Sam mène une vie tranquille avec son travail de livreur et n’a pas vraiment envie d’en changer, au grand désespoir de son frère qui essaye de lui faire comprendre la réalité de la vie à Iliane. C’est un garçon un peu passif au début mais qui va être amené à évoluer et à se dépasser. Le Kid vit en marge de la société depuis longtemps, c’est un personnage haut en couleurs avec un langage fleuri. Maëlle appartient aux brigades d’intervention de la police qui sont toute sa vie. Les trois protagonistes vont être amenés à se croiser lors d’une soirées organisée par des activistes clandestins de l’Ivraisse, dont les membres croient à l’existence d’une cité d’ivoire, une ville libre sans dôme. Cette cité d’ivoire va faire basculer le destin de ces 3 personnages et révéler des éléments inattendus.

Jean Krug pose le décor assez vite. On voit d’emblée les thématiques traitées dans ce roman à savoir l’écologie, la quête de liberté, la lutte des classes, un système de surveillance constante des habitants. Le parallèle avec nos sociétés actuelles se fait rapidement également. Le roman apparait comme un récit coup de poing qui ne s’embarrasse pas de détails. Le roman manque un peu de nuances par moments, et les personnages sont clairement au service du récit. Néanmoins, les messages nous parlent et on ne peut qu’être touché par le destin des habitants de Iliane. Les réflexions sur l’utilisation des intelligences artificielles sont également pertinentes, surtout avec le lien fait avec le pouvoir et les conséquences que cela peut entrainer. La plume de l’auteur est fluide, vive et s’adapte très bien à chacun des trois personnages. Elle rend aussi le récit très immersif.

Cité d’Ivoire est ainsi un bon roman alliant divertissement et réflexions sur la quête de liberté, les bouleversements climatiques et les avancées technologiques. Le récit est prenant, immersif et le style de l’auteur fluide et très agréable.

Quand il n'explore pas les glaciers, le glaciologue Jean Krug écrit. Son premier roman, Le Chant des Glaces, sorti en grand format chez Critic vient d'être réédité en poche sous le label "Les étoiles montantes de l'imaginaire" des éditions Pocket. 

Après un planète opéra mémorable, il signe avec La Cité d'Ivoire, un nouveau récit de science-fiction aux accents postapocalyptiques tout aussi prometteur. 

Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Critic, je remercie Eric Marcellin pour l'envoi de ce service de presse. 

Résumé :

Ilian, ville-dôme où un reste d'humanité y vit reclus depuis que la planète est devenue inhospitalière après cinq cents ans de réchauffement climatique. Au cœur de ce qui semble être le dernier bastion de l'humanité, il y a Sam, un citoyen modèle qui voit sa vie basculer et son regard changer le jour son frère se fait assassiner. Pour Maëlle, policière d'élite habituée à traquer les dissidents, voit d'un mauvais œil de se retrouver dans la peau de la proie. Quant au Kid, un jeune anarchiste à la gueule cassée, lui, qui porte de nobles idéaux, pourra-t-il seulement les voir se réaliser ? Dans le sillage de ces trois destins court la rumeur de l'existence d'un eldorado qui attendrait les plus téméraires à l'extérieur. Et si cette Cité d'Ivoire n'était qu'un mirage de plus ? Pour autant, ce trio est-il vraiment prêt à faire émerger la vérité ? 

Mon avis :

La Cité d'Ivoire prend cadre dans un futur pas si lointain. En dépit, des nombreuses alertes des scientifiques, les sociétés sont restées sourdes aux mises en garde plongeant ainsi la terre dans un cataclysme persistant et obligeant les dernières générations à s'adapter en vivant sous cloche. Inspirée par le progrès technologique actuel, Jean Krug invite sans surprise l'intelligence artificielle dans sa science-fiction. En effet, celle-ci s'impose très naturellement pour administrer la vie dans sa cité d'Ilian, sauf que la surexploitation des ressources doublée d'un enfermement mettent un sérieux frein à la fabrication des composants nécessaires à son bon fonctionnement, celle-ci est donc plutôt décadente, et même dysfonctionnante. 

Voilà qui dépeint un monde finalement très crédible. D'autant que Jean Krug s'appuie sur un modèle social similaire au nôtre reposant sur une caste supérieure vivant dans les parties hautes de la ville dans l'indifférence du reste de la population et une caste inférieure reléguée avec mépris dans les souterrains. La colère et l'injustice aidants face à cette situation inique, l'auteur a préparé le terrain pour faire naître une envie de rébellion dans le cœur de certains anarchistes qui rêvent d'un ailleurs libre et égalitaire. 

En quelques  chapitres, Jean Krug nous pose habilement le décor qui sert d'écrin à son implacable récit. Il met en scène une lutte des classes encadrée par un système de surveillance au service d'un pouvoir dévoyé. Sous le couvert d'amélioration du quotidien, les citoyens sont pucés et contrôlés. Grâce à la collecte de données, l'intelligence artificielle est utilisée pour l'identification et l'élimination des profils qualifiés de séditieux afin de maintenir l'ordre social. Dans son roman, Jean Krug met en lumière les techniques que le pouvoir utilise pour désigner un ennemi et ainsi détourner l'attention. De même, il met en garde contre cette habitude de tout modéliser lorsqu'il faut répondre à une problématique. L'intelligence artificielle a ses propres limites et ne peut pas tout prévoir d'autant qu'elle dépend de la manière dont les données vont être traitées. L'homme demeure toujours à la manœuvre en arrière-plan, alors une part de subjectivité subsiste. La société parfaite est belle et bien une utopie qui ne peut pas fonctionner sur la masse. Restreint à l'échelle d'une petite communauté, le modèle est sans doute viable à la condition que nul ne cherche à prendre le dessus sur les autres. La Cité d'Ivoire expérimente cet idéal en pointant ses forces et ses faiblesses. Pour Jean Krug, la vraie liberté, c'est surtout de ne pas se voir imposer la vision d'autrui et de tracer sa route en fonction de ses propres choix. Dans ce nouveau roman, Jean Krug porte les mêmes idées fortes qu'il avait déjà abordées dans son premier livre

Ainsi, la notion de liberté inaliénable est encore une fois au cœur de son propos. La Cité d'Ivoire est un texte rugueux fort bien rythmé où la tension monte crescendo. 

Jean Krug a misé sur des chapitres courts où il alterne les points de vue de ses trois personnages principaux. Trois personnalités bien différentes qui se heurtent, se défient et s'épaulent. Marqué par le chagrin et la perte de son frère, Sam va embrasser son idéalisme, ce qui va lui donner une raison de vivre et le transformer en profondeur. C'est un garçon attachant, pétri d'un certain optimisme et doublé d'une opiniâtreté appuyée. Maëlle, elle aussi, est une idéaliste à sa manière. Empêtrée dans des convictions erronées, elle va devoir surmonter et dépasser ce mensonge qui a bercé toute sa vie pour réussir à rebondir et survivre. Quant au Kid, sa gouaille dépose une touche de couleur sur ce récit. Ce jeune homme cabossé par la vie est un personnage haut en couleurs qui ne s'en laisse pas compter en dépit des souffrances subies. Ensemble, ils forment un trio qui détonne. Ils sont une force qui s'élève contre un système qui ne cherche qu'à les broyer et incarnent les voix de l'espoir d'une alternative. 

En conclusion :

Challenge relevé pour Jean Krug qui propose avec La Cité d'Ivoire, un nouveau récit coup de poing aussi passionnant que questionnant. C'est clairement un coup de cœur ! Rendez-vous le 22 mars pour le lire à votre tour. 


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