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Les Rhéteurs Tome 2 Grish-Mère
Résumé éditeur
livré en 5 jours
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l’avis des lecteurs
J’ai horreur de me répéter. Et j’adore l’exercice que représentent ces chroniques sur ce blog, malgré l’ironie assez cruelle faisant que j’y suis quand même amené à souvent à me répéter, justement. Je ne vous ferais pas l’affront de revenir sur ma Théorie (oui, elle a une majuscule, maintenant, elle l’a mérité) ; mais je vous dirais cependant que j’ai rencontré Isabelle Bauthian sur Twitter, où j’ai grand plaisir à la suivre et à échanger quelquefois.
Et forcément, quand, au gré d’une pérégrination sur le site d’ActuSF pour y commander un de mes Roland C. Wagner périodiques, je me suis dit qu’il était bien temps d’en profiter pour explorer de nouveaux horizons. Et comme je côtoie pas mal d’auteurices publié·e·s dans ma zone de confort via les réseaux, c’était tout à fait opportun. Et donc j’ai commandé Grish-Mère (mais pas seulement) avec une totale confiance.
Puis je l’ai lu, parce que c’est ce qu’on fait, en règle générale. Et vient donc assez logiquement l’instance où je dois me répéter, même si je n’aime pas trop ça ; ce roman fait partie de ceux dont j’ai une peur bleue quand vient le moment d’en dire tout le bien que j’en pense, par simple crainte d’être incomplet. Je savais que la Théorie ne risquait pas grand chose en ouvrant ce bouquin, je n’avais pas idée à quelle point.
On est sur du très très bon. Charge à moi d’en rendre compte au mieux.
Bonne chance, hein.
Sylve est un factotum, un serviteur de luxe ultraspécialisé, dont la vie est vouée à l’Ecole qui l’a formé dès son plus jeune âge, monnayant ses services aux plus fortunés de Landor. Ou du moins l’était, jusqu’à ce qu’il se fasse incompréhensiblement berner par un homme qu’il croyait être son ami, le faisant par la même faillir à toutes ses missions. À la fois pour laver son honneur et par désir de vengeance, il se rend à Grish, territoire totalement étranger à Landor, où ses compétences se révéleront bientôt cruellement inadaptées.
Il y a tellement de choses à dire sur ce roman, notamment au niveau des compliments. Le premier, je dirais que c’est la qualité du dépaysement. S’agissant de fantasy, j’aime ne pas me sentir en terrain connu. Et si cela peut se faire assez aisément par le truchement de la faune particulière ou d’éléments d’environnements singuliers ; j’aime encore plus quand cela se ressent par le texte et le langage, sans besoin d’une exposition rendue trop lourde par son évidence. Au contraire, laisser une partie de l’univers dans le flou ou l’expectative, à mes yeux, crée un supplément de mystère, mais surtout, paradoxalement, de consistance. Car moins j’en sais, plus je veux en savoir, et plus j’en découvre, et plus je me rends compte que je ne sais pas ; j’adore ce sentiment, d’autant plus en sachant que ce volume ne montre que quelques aspects très précis de l’univers de Civilisation tel que raconté par Isabelle Bauthian, vu au travers d’un prisme bien précis, à savoir celui de Sylve. Or, voyant tout à travers ses yeux, nous sommes confronté·e·s autant à ses certitudes que ses doutes, qui, par la force des choses, deviennent un peu nôtres. À cet égard, j’ai tout particulièrement apprécié tout le jeu langagier entre son attitude professionnelle et ses pensées, un contraste souvent violent entre une parole précieuse, volontiers cauteleuse, et des soliloques autrement libérés, facilement vulgaires voire grossiers. Entre son système de valeurs forcément étranger au nôtre et les éléments pour le justifier ou la myriade de détails rencontrés au fil de son parcours, non seulement le dépaysement est total, mais il est précis et puissant, sans jamais être gratuit. Il n’est pas question d’exposer ou créer des différences pour le principe de les avoir, mais bien parce qu’elles découlent de logiques internes à Civilisation qui ne sont pas celles que nous connaissons, créant parfois un effet d’étrangeté et d’ignorance fugaces absolument délicieuses.
Sentiment délicieux car profondément politique, ce que j’aime aussi énormément lire, dans mon Imaginaire en général, dans ma fantasy en particulier. L’effet de miroir déformant est d’autant plus saisissant alors que le reflet est extrêmement violent ; car Sylve n’est pas un protagoniste sympathique, au contraire. L’anti-héros est une figure compliquée pour moi, car un personnage principal trop antipathique peut complètement me gâcher une lecture. Fort heureusement, Isabelle Bauthian a dans ce roman un sens aigu de la nuance et de la complexité, rendant les péripéties narrées absolument passionnantes ; autant pour ce qu’elles racontent que pour ce qu’elles signifient. Ce roman est autant un roman d’aventures politiques qu’un roman d’initiation ; ou plutôt de ré-initiation, si vous me permettez le néologisme. Je m’accorde ce spoiler vraiment mineur car je ne crois pas que l’autrice en fasse le moindre mystère, et ce dès les premiers instants de son récit. Tout le propos de Grish-Mère, c’est de montrer qu’un ensemble de connaissances et de capacités, si précis et exhaustif soit-il, ne suffit jamais sans une réelle capacité d’adaptation ; que l’enseignement n’est rien sans l’éducation qui permet de le faire fructifier au mieux, que savoir n’est pas toujours pouvoir, et que surtout, tout est toujours plus compliqué qu’on aimerait le croire. Et de fait, si Sylve a des comportements et pensées très désagréables à appréhender par moment, je n’ai jamais boudé mon plaisir de le lire parce que je sentais, en sous-main, un autre texte plus subtil à mon attention signé de la main de l’autrice ; me signifiant clairement qu’il s’agissait de constater ses potentiels progrès plutôt qu’un regrettable point de départ.
Et de fait, toute l’histoire de ce roman, c’est l’histoire de la confrontation entre ce que Sylve croit être ses idéaux et ceux des personnes qu’il se retrouve forcé de côtoyer pour récupérer l’objet de sa quête personnelle. De ces frictions incessantes entre les concepts de Civilisation, forcément étrangers à notre monde, mais de fait pas tant que ça, naissent des questionnements d’une pertinence formidable et d’un organisme confondant. Car aucun des personnages de ce roman ou presque ne sont des héros, tou·te·s sont pétri·e·s de contradictions et de nuances qui, plutôt que de leur ôter la moindre crédibilité ou les rendre insupportables, leur confèrent au contraire un souffle impressionnant, et nourrissent un sacré paquet d’interrogations extrêmement pertinentes, jusqu’à parfois créer un certain attachement confinant à la curiosité morbide. À cette occasion d’ailleurs, il me faut saluer aussi une autre réussite majeure du roman, à savoir son équilibre entre tous les éléments qui le composent. C’est un compliment facile, mais il faut quand même dire que parvenir à raconter tant de choses, entre les personnages terriblement complexes, les éléments de lore distillés avec parcimonie, l’intrigue assez passionnante à suivre et l’excellence du propos politique, sans problème de clarté ou qu’ils ne se carambolent à aucun moment, c’est pour le coup autrement plus compliqué à mettre en place. Si je devais faire un seul réel reproche, ce serait peut-être quelques transitions textuelles un peu nébuleuses et manquant de fluidité, mais c’est vraiment pour essayer de faire preuve d’objectivité critique, puisque dans l’ensemble, je n’ai pas lutté une seule seconde pour avancer, au contraire.
Tout le problème est là, finalement, pour moi. Au bout d’un moment, quand je lis aussi souvent d’aussi bon romans, je lutte à ne pas formuler les mêmes compliments, encore et encore. Ici, il me faudrait sans doute insister sur la capacité surprenante et impressionnante d’Isabelle Bauthian à me faire lire avec plaisir les aventures de personnages globalement détestables tout en me faisant me rendre compte que je ne devrais pas les juger à l’aune de valeurs qui ne peuvent logiquement avoir court dans l’histoire qu’elle me raconte. Un talent de nuance et de profonde complexité que je n’ai guère croisé jusque là que dans le travail de Lionel Davoust ou dans Les Lions d’Al-Rassan de Guy Gavriel Kay (en attendant d’avoir lu plus de son travail), du moins avec cette capacité à me faire m’interroger régulièrement sans jamais me faire sortir du récit ; la comparaison n’est absolument pas hasardeuse, puisque les compliments se ressemblent.
Ce roman était une fantastique découverte et une absolue leçon, en plus de constituer une merveilleuse promesse ; parce que je sais que j’ai d’autres de ces romans (indépendants) à lire dans le même univers. Autant dire que j’ai très hâte de m’y plonger pour, à nouveau, avoir à me prendre la tête dans une de ces chroniques, et, avec grand plaisir, avoir me répéter.
Quatrième de couv’ :
C’est à Landor qu’on trouve la plus importante école de serviteurs de Civilisation. Ceux qui en sortent, les factotums, savent repasser le linge de leur maître, réciter sa généalogie et éviscérer ceux qui le regardent de travers. Leur fidélité, garantie par des années de lavage de cerveau à la lessive patriotique, n’est plus à démontrer. C’est pourquoi, lorsque Sylve trahit son seigneur et lui dérobe une précieuse relique, c’est l’incompréhension… puis la chasse à l’homme.
Sauf que Sylve n’a jamais rien volé. Et peut-on qualifier de traître celui qui a ajusté ses principes par amour ? Le guerrier naïf qui n’a jamais quitté Landor est en route pour la baronnie de Grish-Mère. Il espère y laver sa réputation, mais il se retrouve à la merci de la puissante Guilde des Épiciers. Son érudition et son excellence au combat ne lui sont alors que d’un faible secours…
Mon avis :
Serais-je à jour dans une série ? Coooool ; et c’est en compagnie de Séverine et d’Ingrid que j’ai poursuivi cette saga :
Grish-Mère fait partie de la sélection Pépite de l’imaginaire 2018 d’ActuSF après La Crécerelle, présenté pour cette sélection par les Editions Mnémos, qui m’avait moyennement plu, le système magique me paraissant assez abscons. Je commence tout bientôt le troisième et dernier volume de cette sélection présenté par les Moutons électriques, Opération Sabine.
La saga les Rhéteurs sera constituée de 5 tomes compagnons, ils peuvent donc se lire indépendamment des uns des autres comme on le sent. Toutefois, je trouve dans ce second volume que le style s’est amélioré donc lire la série selon l’ordre de publication me parait tout de même une meilleure idée (avis très personnel vous faites bien comme vous le sentez hein ^^). Même si on retrouve des personnages du premier volume (Constance, Thébald et Céleste) on ne perd rien en compréhension dans les évènements de Grish-Mèrecar c’est bel et bien une histoire totalement différente dans le même monde. Dans Anasterry on était confronté avec Renaldo dans la remise en question des privilèges sociaux entre riches et pauvres, la place du peuple et les mauvais traitements des mi-hommes. Dans Grish-mère, c’est la question de l’égalité homme-femme qui est abordée.
Le personnage de Sylve est très abouti, il a été vendu à l’Ecole par ses parents qui sont trop pauvres pour subvenir aux besoins de toute la marmaille. Il sera donc pendant plusieurs années formaté à engranger un savoir immense dans tous les domaines et deviendra un très bon combattant mais l’humanité des élèves de cette école est totalement éteinte au fur et à mesure, c’est d’ailleurs au fil de l’aventure qu’il se remettra en question. Avec les personnages de Madame Indulgence et l’élève Persévérance ont se rend compte du mépris que les femmes essuient quand bien même elles excellent dans les mêmes domaines que ces messieurs voire les surpassent (ce qui reflète carrément bien notre société actuelle). Avec le petit couac qui entache l’honneur de Sylve, il quitte donc ses fonctions pour retrouver le voleur de l’artéfact qui se planque à Grish.
C’est d’ailleurs de cette façon qu’on commence l’histoire, des anecdotes de son passé viennent s’intercaler entre les moments présents ce qui rythme bien le récit comme dans Anasterry et de cette façon on apprend à comprendre les réactions de notre personnage qui a grandi avec le culte de la virilité extrêmement présent et se retrouve projeté dans un monde très féminin. Sylve a également été formé pour être un excellent rhéteur (orateur) et son langage hyper élevé est extrêmement contrasté avec son dialogue intérieur très vulgaire c’est excellent, j’ai d’ailleurs noter une expression qui m’a fait hurler de rire « s’emmerder comme une pute à un bal des vierges » (sérieux faut que je la replace celle-là ^^).
La société de Grish-mère est matriarcale et se veut égalitaire, même si au départ on a l’impression que c’est le paradis pour les femmes, quelques petites dérives voient le jour que ce soit pour les femmes comme pour les hommes et Sylve sera mandaté par une prêtresse en plus de la Guilde des Epiciers pour retrouver une secte féministe au procédé extrême en échange de renseignement sur son voleur. Finalement, je vois plus cette approche comme étant notre société actuelle avec l’inversion des rôles de domination, beaucoup de femmes qui matent, se torchent au bistrot, sont violentes et abusent de leurs privilèges avec les mecs qui rasent les murs et sont utilisés comme objets de reproduction.
En bref, un livre qui se lit bien encore une fois et dont le récit est plus abouti que le premier volume. En fil rouge, la fameuse secte des Savants qui côtoie les hautes sphères du pouvoir et qui même la surpasse très certainement, on en apprendra je pense un peu plus à chaque tome.
Cette année les pépites de fantasy vont un brin surprendre de par leur style, leurs héros atypiques ou encore leur histoire déconcertante.
Les éditions ActuSf s'illustrent avec un nouveau récit d'Isabelle Bauthian. On avait découvert l'univers de cette autrice au style impétueux avec son premier roman Anasterry. Ayant été fortement plébiscitée par son public, elle a repris la plume pour nous emmener cette fois-ci à Grish-Mère. Une baronnie gouvernée par les femmes et érigée contre la domination masculine. C'est là-bas où doit se rendre le jeune factotum Sylve afin de remettre la main sur une précieuse relique qui a été dérobée à son seigneur et maître par sa faute. En se laissant abuser par un ménestrel peu scrupuleux, Sylve se doit de laver son honneur. Lui qui a été formé à la très sélecte école des Factotums à Landor, se faire avoir comme un bleu est une chose inacceptable. En effet, quand on incarne le parfait serviteur aussi bien pour accomplir de banales tâches domestiques ou en tant que guerrier accompli, on ne peut tolérer de voir sa réputation et celle de ses pairs entachées d'opprobre. En tout cas le naïf Sylve, lui, ne le peut pas. C'est donc dans un périlleux voyage qu'il va s'embarquer où il devra mobiliser toutes ses compétences pour en sortir victorieux. Seulement est-ce que son érudition et ses capacités de combattant émérite suffiront à lui sauver la tête ?
Isabelle Bauthian est une autrice qui ne s’embarrasse pas de détails superflus, elle nous plonge bille en tête au cœur de son aventure.
Elle joue beaucoup sur le décalage entre le côté policé de son héros dû à sa fonction et sur ses réflexions intérieures insolentes qui viennent commenter les scènes. L'ensemble donne une dynamique à son récit bourré d'humour. Un bon moyen pour elle d'établir une vraie connivence avec son lecteur.
On avait découvert certains de ses héros dans Anasterry, Grish-Mère va nous dévoiler d'autres facettes de leurs étonnantes personnalités. Pour ce roman, elle change de style et donne à sa plume une bonne dose de dérision qui ne manque pas de nous donner le sourire.
Grish-Mère est un livre qui secoue nos habitudes de lecteurs de fantasy. Porté par un héros fort et gauche à la fois, cet incroyable récit arrive à nous déstabiliser. On part d'une quête quelconque, ici celle de réparer une injustice pour arriver à une complète remise en question des plus grandes certitudes du héros.
Les blasés verront leur intérêt renouvelé. Quant aux inconditionnels de fantasy, ils en sortiront encore plus émerveillés car c'est une autrice qui met un point d'honneur à dépoussiérer le genre en proposant un récit intimiste et différent.
Chaque roman correspond à l'exploration des baronnies qui constituent Civilisation, l'univers imaginé par Isabelle Bauthian. Gardons à l'esprit ici que Grish-Mère est la seule baronnie gouvernée par des femmes. Un endroit qui sert de refuge aussi bien à ces dernières qu'aux autres minorités rejetées telles les mi-hommes ou les magiciens. Ce qui confère au lieu une atmosphère particulière où la sororité s'épanouit franchement. Il y a une vraie solidarité entre les femmes qui mènent la vie dure aux hommes qui y sont minoritaires. Ce roman permet aussi à l'autrice de mener une démarche introspective en mettant à nu les dysfonctionnements de la société en présence. Ici, à Grish-Mère, bien que ce soient les femmes qui soient au pouvoir, cela ne les exempte donc pas de faire preuve de la même cruauté que les hommes. Elles leur font d'ailleurs subir les mêmes discriminations.
Le point fort d'Isabelle Bauthian est de laisser ses lecteurs libres de lire un seul ou au contraire tous les romans constituant sa saga des Rhéteurs. Indépendant ou couplé, à vous de choisir vers lesquels vous succomberez...
C’est à Landor qu’on trouve la plus importante école de serviteurs de Civilisation. Ceux qui en sortent, les factotums, savent repasser le linge de leur maître, réciter sa généalogie et éviscérer ceux qui le regardent de travers. Leur fidélité, garantie par des années de lavage de cerveau à la lessive patriotique, n’est plus à démontrer. C’est pourquoi, lorsque Sylve trahit son seigneur et lui dérobe une précieuse relique, c’est l’incompréhension… puis la chasse à l’homme.
Sauf que Sylve n’a jamais rien volé. Et peut-on qualifier de traître celui qui a ajusté ses principes par amour ? Le guerrier naïf qui n’a jamais quitté Landor est en route pour la baronnie de Grish-Mère. Il espère y laver sa réputation, mais il se retrouve à la merci de la puissante Guilde des Épiciers. Son érudition et son excellence au combat ne lui sont alors que d’un faible secours…
J’ai rencontré Isabelle Bauthian lors des dernières Imaginales. J’ai assisté à l’une des conférences qu’elle donnait et j’ai pu ensuite lui parler lors des dédicaces. Grish-Mère est son dernier né. Il prend place dans une saga qui comprendra cinq tomes. Chose originale: on peut lire les tomes dans le désordre sans aucun problème. En fait chaque tome est plutôt consacré à l’exploration d’une des contrées imaginées par Isabelle.
Grish-Mère est un sacré pavé de fantasy! Il faut bien s’accrocher pour le lire car l’auteur ne se fiche pas de son lecteur. C’est de la fantasy qui fait réfléchir avec des dialogues ciselées alors mieux vaut être bien concentré pour s’y attaquer.
L’intrigue générale s’articule autour de deux moments clés de la vie de Sylve. Certains chapitres, sous forme de flash-back, rappellent son enfance et son adolescence. Issu d’une famille pauvre, Sylve a été offert à l’École pour devenir factotum. Un factotum sait tout faire: organiser un dîner, broder, arranger un bouquet, manier l’épée ou la hache pour servir son maître. C’est un expert dans bien des domaines. Les chapitres qui nous montrent le passé de Sylve nous renseignent sur sa formation.
Les autres chapitres sont ceux du moment présent. Sylve débarque à Grish-mère pour rapporter une statuette religieuse dérobé à son maître. Mais rien ne se passe comme prévu. Alors qu’il cherche à rejoindre l’île de Grish-mère, Sylve devient plus ou moins le prisonnier d’une guilde d’épicier et garde du corps forcé de leur chef.
Comme je le disais plus haut, Grish-mère n’est pas le genre de fantasy facile. Il y a d’abord l’intrigue qui paraît simple en un coup d’œil mais qui est en réalité bien retorse. Il y a ensuite la langue. Isabelle Bauthian cisèle ses dialogues telle une orfèvre. Ce sont de véritables joutes oratoires que mènent les personnages. Elle a aussi pris le parti de nous faire connaître les pensées de Sylve par un système de police en italique ce qui rend les situations souvent bien drôles! C’est profondément intelligent. Elle rend ainsi hommage à la langue, à l’expression orale car Sylve peut se montrer aussi courtois qu’il peut être vulgaire. On n’emploie pas le » Sieur » comme on donne du « Monsieur » et chaque mot prononcé révèle un peu de vous. C’est parfois compliqué à suivre, certes, mais très jubilatoire.
Grish-mère c’est aussi le genre de roman fantasy qui donne à réfléchir. Sylve se retrouve donc sur une île au fonctionnement matriarcale. Les hommes y sont tolérés mais doivent s’y faire tout petit. Traités comme des sous-citoyens, ils obéissent aux femmes. J’ai trouvé vraiment très intéressant la situation développée par l’auteur. Sylve se plaint de son statut et trouve les choses injustes mais il ne se rend pas compte de sa position de dominant et d’oppresseur lorsqu’il est en dehors de Grish-mère. Il expérimente ce qu’il fait peser sur les femmes sans en prendre réellement conscience! Il remet en cause cette société matriarcale sans remettre en cause la société patriarcale qui l’a élevé. J’ai trouvé ça fort de la part de l’auteur car elle traite les choses avec finesse sans caricature aucune. L’auteur propose ici une vision originale des choses.
L’intrigue est menée tambour battant et si les choses paraissent un peu floues au départ, elles s’éclaircissent vite pour faire comprendre au lecteur que retrouver cette statuette pour Sylve est une question d’honneur voire de vie et de mort.
Grish-mère est un sans faute pour moi et très un bon roman de fantasy pour celui qui sait à quoi s’attendre. Nul doute que je me pencherai à l’avenir sur la suite des œuvres de l’auteur.
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