Opportune - histoire complète

Synopsis

Il y a 40 ans, la monarchie céleste a été renversée et un sort jeté sur les courtisans, transformés en monstres bestiaux. Dans les nuages, où on se déplace en bateaux volants, règne maintenant la loi du plus fort ou du plus malin. Parmi eux, Opportune, redoutable capitaine corsaire, traque Épigone, ancien officier royal avide de vengeance. Elle a un appât de taille : le moyen de mettre fin à la malédiction.

Quand une tempête se lève en pleine bataille, les deux opposants sont séparés de leurs équipages et doivent s’allier pour échapper aux dangers. Une étrange relation se noue alors entre la Bête captive et sa Belle geôlière.

Avis lecture

La Belle et la Bête, encore et toujours

Le blog comprend déjà trois chroniques portant sur des réécritures différentes de ce conte : Belle de Robin McKinley, Rose éternelle d’Ophélie Duchemin et La Bête du Bois Perdu de Nina Gorlier. Pourquoi m’arrêter en si bon chemin d’autant que, cette fois, il s’agit d’une version illustrée ?

Spoiler alert : cette réécriture n’est pas comme les autres, d’abord par son univers de pirates, ensuite par ses héros bien campés et, enfin, par son dénouement surprenant. Un pari risqué, mais réussi ! Je remercie donc les éditions Drakoo pour l’envoi de ce service de presse.

Bienvenue à bord, Moussaillon !

Avant même de m’apercevoir qu’il s’agissait d’une réécriture de La Belle et la Bête, j’étais tentée par cette bande dessinée. Des bateaux volants, des voyages dans les cieux, des corsaires intrépides et, surtout, une femme capitaine pour les diriger : il ne m’en fallait pas plus pour que cet air de Steam Sailors m’embarque.

Et je n’ai pas été déçue ! Isabelle Bauthian m’avait déjà ouvert les portes de son imaginaire dans ses romans Anasterry et Grish-Mère et je l’ai retrouvé avec beaucoup de plaisir. La BD est courte (une cinquantaine de pages), pourtant elle parvient à esquisser un univers aussi foisonnant que passionnant.

Ses personnages sont également pleins de caractère… et de surprises ! La Belle est à l’opposé de la jeune femme fragile qui subit son destin. Au contraire, Opportune fait ses propres choix et les assume pleinement. Quant à la Bête… Comme on peut s’y attendre, elle a le cœur tendre sous une montagne de fourrure, toutefois elle se montre aussi civilisée, cultivée et même serviable. Pas besoin de l’apprivoiser, donc !

En fait, l’intérêt de l’histoire se situe bien ailleurs…

Si proche du conte, et pourtant si loin

Comme je l’ai précisé plus haut, cette réécriture est unique à plus d’un titre. Outre le worldbuilding et les héros qui s’éloignent de l’histoire d’origine, Isabelle Bauthian revisite également l’intrigue. Rassurez-vous, elle en conserve les éléments fondateurs : la Belle, la Bête, une malédiction et, bien sûr, une romance !

Mais ce qui fait la force d’Opportune, c’est la profondeur que lui instille l’auteure. Au-delà des valeurs que véhicule le conte (la quête de rédemption, l’amour véritable qui s’affranchit du physique, la capacité de voir au-delà des apparences…), elle lui offre un contexte historique, politique et magique que je n’ai vu nulle part ailleurs. Le sous-texte est ainsi plus riche qu’on ne le pense au premier abord, ce qui invite à la relecture. Grandiose !

Comme un couac ?

Il n’a cessé de me chagriner tout au long de la BD : le rythme est très, ou plutôt trop, rapide. Bien qu’il n’ait pas nui à ma compréhension du récit, j’ai eu l’impression de ne jamais reprendre mon souffle.

Le scénario est d’une telle richesse que j’aurais aimé davantage de transitions, davantage d’explications, davantage d’approfondissements. Par exemple, la relation entre la Bête et Opportune, pourtant très intéressante, se construit bien trop rapidement à mon goût. De même, les tenants et les aboutissants propres à cette réécriture sont à peine esquissés, car l’action est prépondérante. 

Ainsi, même si j’ai passé un bon moment de lecture, je n’aurais pas dit non à une dizaine de planches supplémentaires, voire à une histoire en deux volumes.

De splendides illustrations

Aucun bémol de ce côté ! Le travail réalisé par Nicoletta Migaldi est époustouflant. À la fois vivants et colorés, les dessins sont pleins de poésie, de magie, mais aussi d’humour ! D’ailleurs, j’adore la représentation que l’illustratrice propose de la Bête.