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Tigane
Résumé éditeur
livré en 4 jours
l’avis des lecteurs
La lecture des Lions d’Al-Rassan avait été un choc comme une révélation, à plus d’un titre. Une découverte du genre qui en appelle d’autres avec une avidité rare, un besoin presque viscéral, primitif, qui nous ramène aux tous premiers émois littéraires. En tout cas, pour moi, c’était ça ; ce sentiment merveilleux d’avoir encore et toujours des choses à expérimenter pour la première fois. Pouvoir me dire que je n’avais pas tout lu encore, loin, très loin de là.
Donc autant dire que Tigane avait une sacrée pression sur les épaules, à bien des égards, pour ne pas me décevoir. Ce qui explique sans doute pourquoi j’ai mis tant de temps à enfin m’y attaquer. Mais voilà qui est fait, et vient maintenant l’instant où je dois plus ou moins m’angoisser en essayant de réfléchir à la meilleure manière possible de vous parler de mon ressenti exact à l’égard de ce roman si singulier. Et pour être tout à fait honnête, c’est compliqué. Parce que je crois que ce roman a bien malgré lui un peu souffert de circonstances extérieures indépendantes de ses qualités propres.
Je vais tâcher de vous expliquer tout ça clairement.
Dans la péninsule de la Palme (librement inspirée de l’Italie de la Renaissance), les provinces-Etats qui la composent sont déchirées entre les influences passées et tyrannies présentes. Plus particulièrement celles d’Alberico de Barbadior et de Brandin d’Ygrath, qui se partagent à quasi égalité l’influence et les richesses disponibles dans un immonde équilibre de la terreur maintenu par leurs seules puissance de sorciers. Poussé par un désir de vengeance mêlé d’un profond de désir d’une liberté retrouvée, un groupe disparate de personnes va se réunir sous la bannière d’un certain Alessan, mystérieux joueur de flûte itinérant.
Pour une fois, plutôt que de me concentrer sur le positif, je vais d’abord faire un arrêt sur mes difficultés. Parce que Tigane, sur certains de ses aspects, notamment de par son ambition, est malheureusement un roman ponctuellement indigeste, surtout dans ses deux premières parties. J’aurais tendance à dire qu’à trop vouloir en dire ou en faire, par moments, Guy Gavriel Kay en rajoute dans la narration, à coup de descriptions perfectionnistes ou de séquences à rallonge qui auraient à mes yeux souvent pu être réduites à des allusions plus efficaces ou simplement écrémées pour gagner en percussion.
Pour me laisser aller, pour une fois, à un cliché, je dirais que Tigane a les défauts de ses qualités. Bénéficiant d’un world-building dense et d’une ambiance incroyable, il fallait bien à son auteur mettre les bouchées doubles pour les incarner par ses mots. De fait, il s’oublie peut-être un peu parfois à trop nous en raconter pour donner un maximum de précisions sur un monde qu’il s’est de toute évidence échiné à construire dans ses moindres détails, de façon à le rendre aussi concret et cohérent que possible. S’oubliant, il nous oublie parfois, et le récit manque alors cruellement de fluidité, manquant de marquer les analepses et retours au présent du récit de façon claire.
Je me suis donc retrouvé, pendant ces 200 premières pages, à lutter, par moments, pour garder ma concentration, à cause de séquences un peu trop arides à mon goût, ou simplement parce qu’il y avait tant de choses à scruter que mon esprit déclarait forfait et partait vagabonder ; me forçant après coup à relire quelques paragraphes pour retrouver mon chemin. Il est tout à fait possible que cette inconséquence de ma part soit à mettre sur le compte d’une ambiance générale un peu délétère, peu aidée par les échos du roman lui-même, n’hésitant pas à jouer avec nos sentiments, notamment dans certaines thématiques un peu complexes ou difficiles à mes yeux ; mais je pense honnêtement que les torts sont un peu à partager.
Mais que cet aveu de ma part n’occulte en rien l’essentiel ; si la forme a pu, à mes yeux, par moments, manquer de constance, le fond, lui, n’a à rougir de absolument rien. Parce que je suis allé au bout de ce roman. J’en avais, même dans mes moments de lutte, profondément envie ; et que ces moments de lutte furent assez vite oubliés, surtout. J’ai encore une fois été happé par un récit vertigineux, dans ses ambitions comme dans leurs réalisations, sachant capturer l’essence de personnages multiples, dotés, comme toujours, de ce souffle, cet organisme si séduisant et évocateur. J’avançais avec iels, j’avais besoin de savoir où iels allaient, où les mèneraient ces destins capricieux, sachant se montrer aussi cruels que généreux.
J’ai retrouvé ces mêmes magnifiques nuances de gris que dans Les Lions d’Al-Rassan, cette capacité à montrer toute l’étendue des capacités humaines, à s’élever superbement au dessus des nuages comme à ramper dans la pire des fanges avec la même force de conviction. Chez peu d’autres auteurices j’ai pu constater de telles oscillations dans mes allégeances, me trouvant à mépriser un personnage pour compatir à ses sentiments quelques pages plus tard sans jamais me sentir trahi, lui donner tort ou complètement raison au fil de ses atermoiements sans jamais questionner sa cohérence ni ma crédulité. Juste comprendre, sans pouvoir juger complètement, tout simplement parce que je n’étais concerné que par la puissance des sentiments qui m’habitaient.
C’est là sans doute que je pardonne ce world-building débordant parfois un peu trop sur la narration, car par l’exposition exigeante de la profonde altérité de la péninsule de la Palme, Guy Gavriel Kay justifie entre les lignes toutes les décisions qu’il fait prendre à ses personnages par des héritages, des histoires personnelles et des cultures complètement différentes de la nôtre, malgré d’évidentes mais certainement pas dommageables similarités. Le fait est que si j’ai bien gardé en mémoire ce départ un peu trop lent, un certain sentiment d’artificialité, je l’ai très vite mis de côté, tout simplement parce que j’étais happé dans les implications de tout ce qui m’était raconté ; et que le récit n’a quasiment jamais cessé de monter en puissance jusqu’à une conclusion exceptionnelle.
L’intrigue seule est une merveille d’architecture géo-politique, sachant tout à la fois vulgariser ses enjeux aux niveaux des têtes pensantes, des décideurs et des tyrans comme des rebelles, mais aussi au niveau plus populaire. Guy Gavriel Kay n’oublie pas que les histoires comme les siennes ne se font et se défont qu’avec de vrais gens pour les nourrir, bien au delà des intentions et des ordres donnés par des personnalités, aussi influentes soient-elles, seules dans leurs tours d’ivoires ; ce qui donne d’ailleurs lieu à d’excellentes scènes, parmi mes préférées, pour illustrer comment Alessan et ses partisans construisent patiemment et habilement leur rébellion plutôt que par la simple puissance des armes et de la soif de vengeance.
Peu importe, finalement, que j’ai pu lutter. Parce que quand j’ai refermé ce roman, j’étais une fois de plus conquis. Il y avait quelque chose, dans ce roman, une fois de plus. Parce que malgré mes difficultés initiales, j’avais au fond de moi la certitude que je n’allais même pas songer à abandonner ; je sentais doucement se construire sous mes yeux un autre roman d’exception, cultivant des qualités rares, ne demandant qu’à surgir. Et lorsqu’elles ont surgi, elles ne l’ont pas fait à moitié, au contraire. Je me suis fait avoir plus d’une fois, toujours avec un grand plaisir, à chaque fois parfaitement renouvelé, laissant même échapper un hoquet de surprise ravie à l’occasion. Je crois que la plus grande qualité de Guy Gavriel Kay, que j’aimerais croiser plus souvent en littérature, c’est cette capacité à montrer que l’humanité est toujours plus complexe qu’on aimerait le croire, qu’aucun sujet ne peut être divisé en composantes claires et précises ; que peu importe l’angle qu’on choisit pour l’aborder, il ne sera jamais le seul ni le meilleur. Tigane a cette capacité rare de montrer que l’exactitude n’est pas la vérité, ironiquement ; de le prouver.
J’ai aimé (un peu) lutter pour lui, je vous souhaite la même chose, dans le pire des cas.
Quatrième de couv’ :
La bataille de la Deisa – où le prince Valentin a disparu, défait par l’armée et la sorcellerie du roi conquérant Brandin d’Ygrath – a scellé le sort de la péninsule de la Palme. Longtemps déchirée par les querelles intestines de ses provinces-Etats la voici sous la férule partagée de Brandin et d’Alberico de Barbadior, tyrans et maîtres sorciers.
La résistance renaîtra d’une poignée d’hommes et de femmes conduits par le prince héritier Alessan, sous le masque de ménestrels et de marchands itinérants. Une longue et dangereuse croisade les attend, pour libérer la Palme et ramener au jour le nom même du pays de Tigane et l’éclat de son histoire, éradiqués de toutes les mémoires par la vengeance du roi sorcier.
Dans ce monde inspiré de l’Italie de la Renaissance, Guy Gavriel Kay compose une épopée fantastique d’une puissance et d’une originalité rares. Les passions humaines et politiques y vibrent à la mesure d’un grand roman d’aventures pathétique, qui se lit aussi comme une métaphore de l’impérialisme, de l’occupation, de l’exil en son propre pays et de la lutte de libération.
Mon avis :
Je suis enfin entrée dans le monde de Guy Gavriel Kay, le maître de la fantasy historique en compagnie d’Aelinel et de Lutin qui nous a pris toutes les deux par la main :
- L’intrigue :
La Palme était mûre pour être cueillie, Brandin d’Ygrath venant de l’Orient et Alberico de Barbadior arrivant de l’Espagne ont conquis toutes les provinces ou presque à part une, le Senzio, ils sont ennemis mais chacun est resté ensuite sur son quant à soi en attendant le prochain mouvement de l’autre. Ces deux puissants sorciers n’ont pas eu beaucoup de résistance sauf pour l’un d’entre eux. Brandin avait laissé un territoire à conquérir pour son fils favori Stevan pensant que tous ces provinciaux étaient d’égale faiblesse, le Prince Valentin a tué Stevan et la vengeance de Brandin a été terrible. De cette vengeance, la Basse Corte est née, ses habitants contraints à la fuite ou la pauvreté, les mauvais traitements et surtout, l’oubli insoutenable de tous. Oeil pour oeil, dent pour dent, 20 ans plus tard, la génération suivante se soulève la rage au coeur.
- Le monde et le système politique :
L’auteur a utilisé comme cadre pour son histoire la renaissance italienne au niveau de la péninsule appelée La Palme et composée de plusieurs territoires, 9 au total, qui ont l’habitude de se tirer dans les pattes. Cette dissension constante a permis a deux sorciers de mettre la main sur le territoire annexant chacun 4 territoires. Le Senzio est la seule province à rester plus ou moins indépendante avec un Grand Duc qui s’est empressé de baisser son froc et se rétrograder lui-même au rang de gouverneur. A l’ouverture du roman, on est prévenu que tout doit se prononcer à l’italienne pour une bonne immersion.
En vingt ans, une sorte de statu quo existe entre les deux puissants sorciers, le peuple est écrasé par les taxes. Il y a de la gronde dans les tavernes mais les soldats sont promptes à sévir. A tout moment on peut être dénoncé ou entendu pour des propos tendancieux, on risque d’être torturé avec toute sa famille et exposé aux yeux de la foule histoire de bien faire passer l’envie de prendre les armes pour recouvrer la liberté.
- Les personnages :
Les sorciers :
Alberico de Barbadior : Ce premier tyran est passé à un cheveu de mourir mais pour éviter cette tragédie personnelle, il mobilise énormément de magie ce qui va grandement le diminuer. Il donnera le change dans la cruauté mais en ayant accès à certaines de ses pensées, on se rend compte que c’est surtout un pauvre couillon qui attend depuis 20 ans que son foutu empereur décède pour rentrer dare dare à la maison et prétendre au trône. Bref, difficile de le haïr tellement il fait pitié.
Brandin d’Ygrath c’est encore autre chose. Il a jeté un sortilège puissant qui le lie au sol de la Palme afin de s’assurer, dans l’immortalité induite par le sort, que tous les habitants de la province ayant tué son fils Stevan décède jusqu’au dernier et les générations suivants également jusqu’à l’oubli de tous. Peut-on haïr un tyran qui n’a eu d’autre réaction que venger la mort de son enfant ? Peut-on d’ailleurs le voir lui-même comme un tyran ? Sous les yeux de Dianora, on apprendra à le comprendre et dissocier l’homme du roi.
Les opprimés :
Le premier groupe de résistants comprend Devin qui est enrôlé par Alessan, tous deux musiciens dans une troupe qui réussit brillamment mais la révolution en marche mise en branle par Alessan et le fameux complot Sandreni les appelle ailleurs. Ils sont accompagnés de Catriana et Baerd. Ils sont tous de la jeune génération de la cité rebaptisée Basse Corte par le sortilège de Brandin les contraignant à l’exil et à mourir en ne laissant aucune trace dans l’Histoire, leur butte est de redonner vie dans le coeur de tout le peuple de la Palme à cette province oubliée.
Le Duc Sandre a commencé à réfléchir au complot visant Alberico 2 ans auparavant. Il a tout orchestré mais tout perdu sur ce pari fou. En passant pour mort il a les coudées franches pour faire pencher la balance dans le plan d’Alessan mais c’est lui qui fait voir plus grand au jeune homme qui restait obnubilé par Brandin, s’il veut libérer la péninsule c’est les deux sorciers qu’il faut éliminer en même temps sous peine de voir le survivant annexer toute la péninsule à son compte et continuer de faire régner sa tyrannie.
De l’autre côté, on rencontre Dianora qui vit au saishan de Chiara, c’est l’une des favorites du tyran d’Ygrath, mais il y a un petit quelque chose chez elle qui n’est pas ce qu’il parait. On va en apprendre plus sur son plan premier au fur et à mesure des immersions dans son passé, ses plans patiemment montés un par un pour atteindre son objectif, c’était sans compter le temps qui passe et…son coeur. Une histoire d’amour impossible.
En bref, on va pas se mentir, c’était super long ^^. Une fois bien compris qui est qui ainsi que les tenants et aboutissants, j’ai lu en vitesse accélérée tellement il y a de détails qui n’apportaient rien à l’intrigue (tout au décor par contre). Disons que c’est à vous de voir si vous voulez savourer en prenant votre temps ou si comme moi vous êtes plus intrigués par le développement des complots et donc passez plus vite aux scènes d’action, bien que action n’est pas forcément le bon mot, il s’agit surtout d’un roman de fantasy politique, les pions sont avancés en sous-marin et ce côté était très plaisant. Ne vous fiez pas au fait que j’ai beaucoup sauté les pages, j’ai bien aimé ma lecture c’est juste que je suivais parfaitement le déroulé de l’histoire sans avoir besoin d’autant de détails ^^
Les éditions L'Atalante se sont illustrées en éditant des grands noms de l'Imaginaire. Parmi eux, il y a la plume de Guy Gavriel Kay qui est devenue, au fil du temps, incontournable pour les amateurs de fantasy historique.
Auteur à succès, Guy Gavriel Kay voit, depuis quelques années, ses romans être réédités dans une nouvelle traduction chez L'Atalante. C'est ainsi que son second livre, Tigane est ressorti en librairie en 2018. Je remercie Emma des éditions L'Atalante pour l'envoi de ce nouveau service de presse qui me permet de continuer mon exploration des œuvres majeures de cet auteur.
L'écriture de ce livre marque un tournant dans la carrière de Guy Gavriel Kay. En effet, après avoir écrit une première saga d'une fantasy très classique avec La Tapisserie de Fionavar, il s'est tourné vers l'épopée fantastique. Pari osé pour cet auteur qui a cherché très vite à se démarquer de ses homologues. Même s'il refuse d'écrire des cycles fleuves, l'ensemble de ses œuvres demeurent tout de même très denses. Il prend son temps pour planter le décor de chacun de ses livres et cela se ressent à la lecture. Tigane en est un bel exemple puisque le récit se raconte en 765 pages.
On y suit une communauté de personnages qui, chemin faisant, se rejoignent pour mener à bien une belle et noble quête. La Palme est une péninsule qui s'est vue des années auparavant conquise par deux puissants sorciers. Tombées sous le joug de ces deux tyrans, les provinces-états qui composent cette péninsule ont perdu toute liberté. Pire encore, l'une d'elle, La Tigane, a même perdu son identité. En effet, en représailles de la mort de son fils, le mage Brandin d'Ygrath a souhaité la châtier de la pire des manières en effaçant son nom de la mémoire de tous. Pourtant une poignée d'hommes et de femmes se souvient. Parmi eux, le prince héritier Alessan de Tigane souhaite venger la disparition des siens et retrouver sa province. C'est dans cette quête que lui et quelques-uns de ses amis se lancent afin de reconstruire La Tigane et libérer La Palme toute entière. Seulement, anéantir deux sorciers n'est pas chose aisée surtout lorsque cela doit impérativement se faire simultanément.
Inspiré de l'Italie de la Renaissance, on retrouve dans la gestion des cités-états qui composent La Palme un peu de l'influence des Médicis lorsque cette puissante famille exerçait son pouvoir en son temps.
En suivant les pérégrinations d'Alessan et ses compagnons qui cherchent à rallier chaque province à leur cause, on explore une terre meurtrie, tout comme on rencontre des personnages résignés ou revanchards. Tous ont la même ambition de voir les tyrans tombés même si personne n'ose réellement y croire.
Guy Gavriel Kay se fait l'auteur ici d'un grand récit d'aventure dont l'enjeu n'est pas des moindres puisqu'il s'agit ni plus ni moins que de la reconquête de sa liberté et de son identité. Il met en lumière l'importance de connaître ses racines, faute de quoi, celui qui en est privé est condamné à un profond mal-être.
Une histoire menée par une poignée de héros tous plus attachants les uns que les autres. A travers leurs regards différents, ils nous permettent de prendre la mesure de l’horreur que vivent ces peuples déracinés ou envahis par des nations conquérantes.
Guy Gavriel Kay est un conteur-né qui nous entraîne avec une grande facilité dans ses histoires. C'est une plume que l'on prend plaisir à lire. Même si le livre est épais, cela n'est en rien un obstacle à la lecture, bien au contraire !
Finalement, passés les premiers chapitres, Tigane devient vite un roman très immersif dont on a juste envie de connaître le dénouement.
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