Mais qui a tué Bob ? Un roman pour tous ceux qui rêvent de tuer leur boss ...

J’ai choisi ce livre sans lire le résumé, comme toujours avec les audiobook, car j’aime me laisser surprendre quand il s’agit d’un auteur que je ne connais pas. Vu la couverture je ne m’attendais pas à un vrai polar, je pensais plutôt à un roman policier humoristique déjanté.

Bob a été retrouvé mort assommé par une photocopieuse et des ciseaux plantés entre les omoplates. Tous les employés du Calbut breton sont suspects, ils sont interrogés à tour de rôle par un inspecteur, car tous avaient une bonne raison de vouloir la mort de leur boss. Il se dégage un portrait particulièrement horrible de Bob, tout le monde le déteste et subit sa méchanceté crasse. Il méprise ses collaborateurs, les maltraite et les humilie sans cesse, mais surtout il est complètement incompétent. Même Jessica qui a investi vingt-cinq millions dans ce qui était autrefois une start-up prometteuse en est persuadée, mais Bob a le chic pour faire virer les directeurs commerciaux successifs à sa place. S’il est imbuvable et sexiste, l’inspecteur ne fait pas mieux en matière de mépris envers les femmes. Les dessous de l’entreprise se révèlent peu à peu au cours des divers interrogatoires.

La personnalité de l’inspecteur, qui a tendance à traiter les femmes qu’il interroge comme des objets sexuels, soulignant leur beauté par exemple m’a vite fait comprendre que l’on n’était pas dans un polar, même pas humoristique. Le patron est une vraie caricature, et ses employés n’en sont pas loin. Il s’agit en fait d’un livre de management. J’ai trouvé que le trait est poussé beaucoup trop loin et enlève son acuité au texte. Qui peut croire qu’un patron tel que Bob existe encore de nos jours ? On nage en pleine caricature. Metoo est aussi passé dans les entreprises et Bob se retrouverait au tribunal pour harcèlement envers ses employées, même dans une société moins procédurière que les USA. Les patrons et les managers sont loin d’être des anges, mais à ce point-là ça fait un peu dix-neuvième siècle. Je pense que les mauvais traitements sont nettement plus subtils dans la réalité et pas du tout imaginaires, il y a de nombreux enjeux de pouvoir dans les entreprises.

L’auteur reproche aux salariés d’avoir accepté les très mauvaises manières du patron sans avoir mis de limites ou essayé de le changer. Son message est qu’il faut toujours dialoguer et ne pas rester passif face aux mauvais traitements. Je pense que ce n’est pas réaliste, Bob est vraiment une caricature, je n’ai jamais connu de chefs pareils, par contre des formes de non respect subtiles sont courantes. Très souvent le dialogue est à sens unique et les propositions des travailleurs que l’on laisse s’exprimer sont systématiquement refusées et ignorées. Au final les gens n’ont plus envie de s’impliquer au delà du minimum. Les salariés du livre soulignent à plusieurs reprises que le bonheur au travail est un mythe’ qu’il s’agit avant tout de payer les factures et ça me paraît une évidence. Les relation entre les collègues sont marquées par une certaine hypocrisie. Je pense pour ma part que la survie en entreprise dépend de notre capacité à se détacher des attentes « affectives » que l’on peut avoir vis à vis de son travail. De faire au mieux, mais de laisser ces problèmes au bureau quand on part, ça ne doit pas devenir le point central de notre vie, ce qu’on apprend à faire avec les années.

J’ai bien aimé ce livre même si j’aurais préféré que Bob et ses employés soient plus proche de la réalité. Je pense qu’il est nettement plus agréable à écouter qu’à lire en format papier, on se sent immergé dans cette structure malgré son côté caricatural. Un grand merci à Netgalley et Voolume pour cette découverte.