Les Nuits de la peur bleue

J’ai retrouvé avec un grand plaisir Valentin Verne et sa compagne Aglaé dans une nouvelle enquête. Le bureau des affaires occultes s’est agrandi, Aglaé est la première policière de la préfecture, L’Entourloupe, un escroc repenti et Tafik le majordome de Valentin ont rejoint le service. Vidocq redevient chef de la sureté. Ses services sont débordés à la suite de la disparition de trois éminents savants, le ministère lui met la pression pour les retrouver au plus vite, car ces illustres personnages participent à la lutte contre l’épidémie de choléra qui ravage la capitale en 1832. Valentin est chargé d’élucider une série de meurtres qui n’a rien d’occulte pour décharger ses collègues : trois cadavres mutilés ont été retrouvés dans différents lieux publics. L’épidémie fait rage, les plus pauvres y voient une volonté du pouvoir de les tuer en empoisonnant les fontaines, les rumeurs enflent et les émeutes menacent. Les policiers devront redoubler d’efforts.

Cet épisode est différent des deux premiers car l’histoire personnelle de Valentin est mise au second plan, même si le mystère de ses origines est éclairci à la fin. J’espère qu’il y aura une suite maintenant que les protagonistes sont moins torturés par leur passé. L’enquête est mouvementée et intéressante, même si la fin n’est pas très surprenante.

Les personnages sont très travaillés et consistants, très loin des stéréotypes. Valentin me fait fortement penser à l’inspecteur Pendergast avec qui il a de nombreux points communs : un passé difficile, un côté dandy, l’attirance pour la résolution scientifique d’affaires qui semblent surnaturelles et surtout beaucoup de charme. Le point fort de cette série est le contexte historique, très documenté. La Restauration est une période peu explorée dans le polar, j’apprécie beaucoup ce voyage dans le passé où on découvre un Paris bien différent de celui qu’on connaît. Certains quartiers n’ont pas beaucoup changé depuis le Moyen âge.

Le débat sur les causes du choléra fait rage, la vérité sera découverte vingt ans plus tard. Le roman a été écrit durant le Covid et on voit que des phénomènes similaires se sont passés à l’époque : débat scientifique, informations plus ou moins vraies (en fonction des connaissances du moment), récupération politique par les courants les moins modérés, théories complotistes. Une rumeur court qu’on va confiner les quartiers populaires, ce qui déclenche une émeute.

J’ai beaucoup aimé ce mélange de fiction et d’histoire dans un Paris à la fois très éloigné et très proche de nous. Je l’ai lu en version audio et j’ai beaucoup apprécié le narrateur, Benjamin Jungers, qui sait donner vie à tous ces personnages et nous transporter dans le passé. La très belle langue de l’auteur contribue à ce dépaysement. J’ai aussi beaucoup aimé la postface où l’auteur explique le contexte et démêle le vrai du faux, c’est un plus dans les romans historiques.

J’aime beaucoup cette série et j’espère qu’elle ne s’arrêtera pas là. Un grand merci à Lizzie et Netgalley pour leur confiance.