Les yeux des morts
Résumé éditeur
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l’avis des lecteurs
A la rentrée de janvier, il y a eu Ingrid Astier ; pour celle de septembre, la nouvelle venue à la série noire s’appelle Elsa Marpeau. Comme sa tout juste aînée (du moins en publication) elle nous amène découvrir un recoin bien sombre et peu connu, de la capitale. Après la Seine et la brigade fluviale de Quai des enfers, voici l’hôpital Lariboisière, théâtre de son roman : Les yeux des morts.
Frank Delorme, 18 ans, toxicomane, est retrouvé dans un hall d’immeuble la gorge tranchée. Cela pourrait ressembler à une vengeance de dealer. Mais Gabriel Ilinski, technicien de scène de crime repère immédiatement de petits détails qui ne cadrent pas avec cette hypothèse, et convainc la commissaire en charge de l’affaire de le laisser, une fois de plus, mener sa propre enquête. Parce que Gabriel ne peut s’empêcher de se sentir responsable de ces morts qu’il voit tout les jours. Ces morts qui l’habitent et l’empêchent de trouver le repos. Il découvre que peu de temps avant sa mort Frank avait été admis aux urgences de l’hôpital Lariboisière. Un monde à part et des êtres qui vivent dans une réalité que le reste de la ville et du pays ne veulent surtout pas connaître. Un monde que Gabriel va découvrir.
Il ne manque pas grand-chose à ce premier roman pour être une réussite totale. Débarrassons-nous donc tout de suite des quelques légères réticences. Elles tiennent essentiellement à un certain manque de tension. Si on est passionné par le contexte décrit, on ne tremble guère pour le personnage principal, sauf lors d’une ou deux scènes très réussies. On est même plus intéressé par la description des lieux (passionnante) que par la découverte du meurtrier. Peut-être parce que, contrairement aux recommandations de Tonton Alfred, le méchant ne fait pas aussi peur qu’il ne le devrait (c’est lui qui disait que pour qu’un film policier soit réussi il fallait que le méchant soit parfait).
Fin des restrictions. Tout le reste est passionnant. A commencer par l’écriture, sèche, précise, qui claque comme … comme du Dominique Manotti par exemple. Le lecteur est littéralement emporté dès le premier paragraphe par son rythme.
Puis il y a le personnage de Gabriel, qu’on ne peut s’empêcher d’aimer, têtu, sensible, agaçant, névrosé, généreux … humain en bref. Un personnage à la Robin Cook (le vrai, l’anglais, pas celui qui débite du thriller médical au km, même si on est … à l’hôpital). Alors certes, on n’est pas au niveau de Dora Suarez (par ailleurs cité en exergue), mais on retrouve cette empathie avec les morts, avec ceux qui ont souffert, ceux dont tous le monde se fout, qui sont oublié avant d’être froids.
Et pour finir, quelle superbe et saisissante description de ce monde des urgences ! On vit avec le personnel médical, on ressent viscéralement l’urgence, la concentration, la tension, le besoin de sauver des vie, et en même temps le désespoir de savoir qu’on en rejette une bonne partie dehors, où les « pansements » qu’on a posé ne vont pas tarder à craquer de nouveau. Ces urgences où, faute de pouvoir soigner les causes, on soigne les effets, encore et encore, comme on écoperait la mer avec une écumoire. Ces urgences, rendez-vous de toute la misère que nous ne voulons pas voir valent à elle seule la découverte de cet auteur.
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