
Darwyne
Résumé éditeur
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l’avis des lecteurs
Darwyne a dix ans, il grandit dans un bidonville au pied de la forêt amazonienne. Il vit avec sa mère « la plus belle femme du monde » dans un carbet fait de tôle et de bois qui menace de s'effondrer. Darwyne est légèrement handicapé, ce qui ne l'empêche pas d'aller à l'école et de tout faire pour être aimé de Yolanda sa mère. Cela fait longtemps que Darwyne a perdu ses illusions sur les différents beaux-pères qui se succèdent, d'après les comptes du petit garçon, nous en sommes au beau-père numéro 8. Yolanda réserve toute son affection à son nouvel amant et à sa fille, la grande sœur de Darwyne qui a réussi à quitter le bidonville. L'arrivée de Mathurine, une éducatrice qui enquête sur la situation préoccupante de l'enfant va mettre sous pression toute la famille. Très vite elle devient synonyme de danger. Dans toute cette tension, seule la forêt apporte du réconfort à Darwyne. Sans que jamais elle ne soit mentionnée, on devine que la Guyane est le lieu de l'action, on y parle français, allocations et action éducative en milieu ouvert. Ce département français soumis à une importante immigration devient le terrain où vont évoluer les personnages forts et attachants de ce roman noir. L'auteur parvient à nous faire voir le monde à hauteur du regard de Darwyne, à travers lui on comprend tous les enjeux auxquels il doit faire face. Il aborde des thèmes comme la maternité, la parentalité, la maltraitance mais aussi la précarité et le handicap. Vue comme un personnage à part entière, la forêt amazonienne se veut tantôt belle, bienfaitrice et luxuriante tantôt sauvage, dangereuse et inquiétante. Une écriture tout en délicatesse lorsqu'il s'agit de construire le lien entre l'enfant et son éducatrice, entre étrangeté et révélation. Un roman d’atmosphère qui vous fera ressentir la faune et la flore amazonienne comme jamais. Bonne lecture.
― C’est Jhonson, présente la mère, un vague sourire aux lèvres.
Le prénom glisse sur Darwyne comme l’eau sur un plumage d’oiseau : il se fiche de savoir comment il s’appelle, l’homme à la débroussailleuse. La seule chose qu’il y a à retenir, c’est que désormais il va habiter avec eux.
Que c’est le nouveau beau-père.
Les lèvres serrées l’une contre l’autre, l’enfant acquiesce, conscient qu’il n’a pas son mot à dire, que c’est la mère qui décide de ce genre de choses, pas lui. Mais il ne se fait pas d’illusion, il sait très bien ce que l’arrivée de ce Jhonson veut dire.
Il sait que ça va recommencer.
Ils sont deux, Darwyne et Mathurine.
Le pian de Guyane est un opossum bien mal considéré, un peu comme le rat en métropole. Sale petit pian dégueulasse, c’est ainsi qu’est surnommé Darwyne Massily par sa mère Yolanda, la plus belle femme du bidonville de Bois Sec d’après lui. Il parle peu, essentiellement à lui-même. À l’école il est considéré comme inadapté par les enseignants, les autres enfants l’ignorent ou le méprisent à cause de ses jambes déformées.
Les beau-pères défilent, c’est le huitième qui vient d’entrer dans sa vie, et pourtant il n’a que 10 ans. Il ne retient pas leurs noms parce qu’il sait déjà comment ça va se passer et se terminer. Il sait qu’il va de nouveau subir ce nouvel arrivant qui lui prend sa place.
Darwyne est clairement mal traité, c’est là que Mathurine entre en scène.
Mathurine est éducatrice spécialisée, célibataire et âgée de quarante ans. Son désir d’enfant est un élément clef de ce roman. Elle côtoie toute la misère et la violence faite aux enfants de Guyane. Un signalement anonyme lui est parvenu au sujet de Darwyne.
Le contact prend du temps à s’établir avec Darwyne. L’enfant et l’éducatrice vont se rencontrer, et trouver un terrain d’entente : leur passion commune pour la nature, la forêt guyanaise. Les connaissances de Darwyne sont stupéfiantes pour son âge, presqu’inquiétantes.
Ainsi avance le roman, entre Mathurine, Darwyne et Yolanda ; au gré de l’évaluation sociale que Mathurine n’arrive pas à conclure. Quelque chose cloche entre la mère et le fils.
Et à présent que Bois Sec s’est assoupi, que se sont tus tous les vacarmes humains, il écoute les bruits de la jungle. Après cette journée de plus avec le beau-père, ça l’apaise. Jamais il n’irait dire cela, ni à la mère ni à personne d’autre, mais ce qu’il entend d’abord, c’est la lisière débroussaillée en train de guérir de ses blessures. Les plaies qui se referment lentement, le crissement ligneux des tissus végétaux. Et, plus loin, Darwyne entend gronder la faune nocturne qui se presse derrière l’orée. Il entend les oiseaux de la nuit, feuler le grand ibijau, crisser la chouette à lunettes, il entend chanter les rainettes et les adénomères, il entend brailler les singes hurleurs, tout là-bas. Et ne sachant aucun de ces noms-là, ces noms couchés dans les livres des naturalistes, il les nomme à sa manière, dans sa tête. Et pourtant conscient que la mère n’aimerait pas le voir ainsi, il reste longtemps à écouter ce sous-bois plus étendu que le ville elle-même, déployé à l’infini sous le tapis des cimes. L’Amazonie entière à quelques centimètres de sa couchette.
L’écriture de Colin Niel fourmille d’un vocabulaire inhabituel au polar ou au roman noir, c’est une occasion de s’enrichir de toute une faune bien éloignée des rues de New York, Paris ou Stockholm. Le décor foisonnant de Darwyne est savamment planté, non seulement on voit mais en plus on entend, on sent. L’auteur donne vie à ces plantes, arbres, lianes ; ses pages sont luxuriantes, palpitantes, vivantes de tous les animaux croisés. Toutefois cette nature peut être oppressante, s’y retrouver seul n’est pas bon signe. La forêt n’a rien d’idyllique, tout comme le bidonville dans lequel vit la famille Massily. Avec Darwyne, Colin Niel nous montre ce qu’est la Guyane des petites gens, des migrants comme Yolanda et Jhonson. Pas d’eau courante, des toits de tôles qui tiennent avec des bouts de ficelle, toutes ces vies précaires bien plus proches de la Jungle de Calais que des clichés habituels sur Kourou. C’est tout l’envers de l’exotisme.
Il faut être attentif lors de la lecture, non seulement pour bien appréhender la complexité du jeune Darwyne, personnage partiellement et librement inspiré du folklore amazonien, mais surtout parce que Colin Niel sème son roman d’indices à peine écrits qui reviennent en tête en cours de lecture ; et ce jusqu’à ce que cet épilogue épouvantable, qui paraissait inconcevable, soit enfin dévoilé.
On connaît Colin Niel avec sa série de romans policiers se déroulant dans le département de la Guyane française en mettant en scène les enquêtes du capitaine Anato et dont le dernier récit, Sur Le Ciel Effondré (Rouergue Noir 2018) avait marqué critiques et lecteurs conquis par ce personnage central aux origines Noirs Marrons sortant de l'ordinaire. Mais Colin Niel s'est également distingué avec des romans noirs à l'instar de Seules Les Bêtes (Rouergue Noir 2017) superbement adapté au cinéma par Dominik Moll et Entre Fauves (Rouergue Noir 2020) dont l'intrigue se déroulait entre les Pyrénées et la Namibie. Outre le télescopage des destins qui anime ses intrigues, l'auteur prend soin d'évoquer, sans jamais être pesant, l'aspect de la thématique de l'écologie émergeant de textes nous entraînant dans des contrées méconnues. De retour en Guyane française, Colin Niel délaissera pourtant le capitane Anato pour nous inviter à découvrir Darwyne, un petit garçon à la personnalité ensorcelante qui semble faire communion avec la forêt environnante qui prend, un nouvelle fois, une place centrale dans ce récit aux accents fantastiques.
En Guyane française, le bidonville de Bois Sec gagne toujours un peu plus de terrain sur la forêt environnante. C'est donc à l'orée de cette jungle que vit Darwyne Massily, un jeune garçon de dix ans qui doit composer avec un handicap au niveau des pieds suscitant les moqueries de ses camarades qu'il évite soigneusement. Ainsi isolé, il se tourne vers sa mère Yolanda, une femme au caractère fort et d'une beauté à nulle autre pareille qui subjugue les hommes composant la longue liste de beaux-pères perturbant l'existence du jeune garçon en s'installant dans leur petit carbet. Le dernier en date est un colosse se prénommant Johnson qui n'hésite pas à malmener Darwyne. C'est ainsi que surgit Mathurine, une assistante sociale de la protection de l'enfance à qui l'on a confié un signalement concernant le garçon. Elle succède à une collègue qui a définitivement quitté la région après une première évaluation dont les conclusions apportent davantage de questions que de réponses.
L'histoire s'articule autour de deux personnages que sont bien évidemment Darwyne qui recherche obstinément l'affection de sa mère Yolanda aussi belle que forte de caractère, mais paraissant éprouver quelques révulsions à l'égard de son fils. L'autre aspect de l'intrigue s'intéresse au parcours de Mathurine, cette femme célibataire qui souhaite avoir un enfant à tout prix en tentant des démarches auprès de médecins spécialisés dans le domaine de procréation assistée. Avec Mathurine c'est l'occasion de voir les difficultés des service sociaux en Guyane et plus particulièrement de la protection de l'enfance mise à mal par la multitude de dossiers en cours, ceci plus particulièrement dans les bidonvilles où la vie est particulièrement difficile comme le dépeint Colin Niel avec beaucoup de justesse par l'entremise de la relation ambivalente entre Yolanda et Darwyne qui survivent tant bien que mal dans leur petit carbet à proximité de la forêt. On apprécie cette écriture expressive mettant en relief le quotidien d'une population précaire en s'intéressant plus particulièrement à ce petit garçon attachant qui semble nouer un rapport complexe avec la forêt. Un endroit prenant, nous permettant de percevoir sa dimension toute particulière à mesure que l'on progresse dans un récit à la fois envoûtant et fantastique où l'auteur exploite d'une manière très mesurée l'aspect des contes et des traditions qui émane de la densité de cette forêt guyanaise devenant l’enjeu principal du roman. L'ensemble nous offre ainsi une intrigue intelligemment construite autour de personnages très réalistes qui vont évoluer dans un registre surprenant qui fonctionne pourtant parfaitement au terme d'un récit trop bref pouvant susciter quelques frustrations tant l'on a apprécié ce roman confirmant tout le talent de Colin Niel pour nous immerger dans des lieux à la beauté improbable qui nous font parfois frémir.
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