La beauté des jours
  • Date de parution 02/05/2019
  • Nombre de pages 416
  • Poids de l’article 294 gr
  • ISBN-13 9782330119959
  • Editeur ACTES SUD
  • Format 178 x 110 mm
  • Edition Livre de poche
famille Romans français Couple

La beauté des jours

3.74 / 5 (598 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

Jeanne mène une vie rythmée par la douceur de l'habitude. Elle était jeune quand elle a épousé Rémy, ils ont eu des jumelles, sont heureux ensemble et font des projets raisonnables. Fascinée par Marina Abramovic´, l'artiste-performeuse célèbre pour avoir, dans son travail, mis en jeu son existence et ses amours, Jeanne aime aussi les surprises de l'inattendu, et veut croire qu'il est possible de risquer une part de soi pour vivre autrement. Cet été-là, le hasard se glisse dans son quotidien : plus que jamais songeuse et fantasque, elle est prête à laisser les courants d'air bousculer la quiétude des jours. À travers la figure lumineuse de Jeanne et la constellation de personnages qui l'accompagnent et la poussent vers un accomplissement serein, Claudie Gallay compose un roman chaleureux et tendre sur la force libératrice de l'art, sur son pouvoir apaisant et révélateur. Et sur la beauté de l'imprévisible.

livré en 5 jours

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  • Date de parution 02/05/2019
  • Nombre de pages 416
  • Poids de l’article 294 gr
  • ISBN-13 9782330119959
  • Editeur ACTES SUD
  • Format 178 x 110 mm
  • Edition Livre de poche

l’avis des lecteurs

Jeanne vit près de son mari, Rémy, ses deux filles, jumelles, Chloé et Elsa ont quitté le foyer. Elle travaille à la poste, travail sans grand intérêt où même là les tâches se répètent avec la même régularité. Elle est, pourrait-on croire heureuse, sa meilleure amie, Suzanne, vit dans la même rue qu’elle et sa vie est rythmée par le passage des trains au bout du jardin.

Entravée, empêchée, prévisible. Elle l’a pensé, qu’elle subissait sa vie plus qu’elle ne la décidait.

Mais Jeanne a des passions : les palindromes et une admiration pour Marina Abramovic et suit depuis longtemps « ses performances », véritables défis pour elle et à contrario avec sa vie si bien réglée.

Une heure palindrome. Elle lui parle de sa fascination pour les nombres renversés. De toutes ces choses qui se vivent dans un sens et dans l’autre, peuvent se concevoir à la fois par leur fin et leur début.

 Elle lit et regarde tout ce qu’elle peut trouver sur elle et lui écrit même des lettres de « fan » sur ses exploits mais qu’elle n’envoie pas toujours car même là, Jeanne n’ose pas…. Jusqu’au jour où elle concrétisera son rêve, ce monde intérieur que personne sauf elle, ne semble comprendre. C’est l’écho positif à sa vie pour elle sans attrait. Elle lui insuffle l’énergie, l’originalité dont elle rêve

J’ai mis du temps à comprendre, mais maintenant, je sais. Les femmes ne sont pas moins fortes que les hommes, non, ce n’est pas ça, mais elles renoncent. Elles laissent leurs rêves pour réaliser ceux des hommes.

Car elle, sa vie est simple et routinière, douce auprès de cet homme aimant, attentionné mais si différent d’elle : elle ne lui reproche rien mais il rêve de Dunkerque et elle de New York…..

Pour rompre cet ennui elle observe : les gens assis dans les trains, leur invente une vie, un rendez-vous, un amour. Elle part à l’aventure, son aventure en suivant dans la rue des inconnus, sans savoir où ils vont la mener. Mais cet été ce n’est pas tout à fait un inconnu qu’elle va suivre…… et à partir de ce moment là sa vie va prendre un autre sens, elle va se surprendre elle-même. Sa vie va s’animer et prendre des couleurs.

Et puis dans la vie de Jeanne, il y a ses parents, sa famille, très présente avec les visites dominicales qu’elle leur fait mais où pourtant il n’y a aucune chaleur, aucune démonstration. Ce sont des taiseux d’ailleurs elle n’en parle que comme Le Père, La Mère, La M’mé. Pourtant avec cette dernière il y a un échange, parfois : cette dernière comprend peut être mieux Jeanne et lui fait part de son expérience, de ses pensées, ses réflexions.

Et ne sois pas triste. On s’habitue à ne plus voir les gens. Ce qu’on ne supporte pas, c’est de ne plus pouvoir penser à eux.
Depuis ta naissance, tu vis comme si tu avais quelque chose à te faire pardonner, ça a fait de toi un être coupable.

Il y a également Emma, une de ses soeurs qui vit près de ses parents et qui attend un enfant, son père espérant un garçon, enfin, dans cette famille de filles, de « fentes » comme il dit, pour guérir de la peine d’avoir perdu le seul garçon qu’il ait pu avoir mais qui n’a pas vécu…. Peut être l’explication de la froideur et la tristesse qui règnent dans la ferme familiale.

Et puis il y a Zoé, la plus jeune des filles d’Emma : dans la famille on la trouve étrange, décalée mais Jeanne voit en elle la fillette et peut être la femme qu’elle deviendra et qu’elle aurait aimé être. Alors elle la regarde, l’observe et répond à ses questions en utilisant son parcours passé et appliquant ses rêves.

L’image, l’apparence, ça se contourne, et, sur la durée, les chances se répartissent autrement. A force de vouloir ressembler aux autres, on disparaît dans le paysage

Les phrases sont courtes, précises mais elles rythment la vie monotone de Jeanne. On ressent ce temps qui s’écoule, doucement, sans heurts, seulement relevé par les performances de cette performeuse dont tous les exploits ont réellement été réalisés par elle. Cela peut sembler parfois un peu long, comme ces minutes qui s’égrainent dans le tic-tac lent d’une horloge mais cela, me semble-t-il, transcrit parfaitement la monotonie de la vie de l’héroïne mais aussi les émotions, les sentiments.

J’ai parliculièrement été touché par l’évocation de cette île au Japon où l’on peut enregistrer nos battements de coeur et venir écouter ceux de quelqu’un qu’on a aimmé, même si cette personne n’est plus…. Beaucoup de beauté, de sensibilité.

Une longue promenade dans la vie d’une femme, simple, avec ses pensées, pas toujours avouées, ses réflexions sur la vie, sa vie un peu morne mais qu’elle voudrait tant changer mais en ayant peur du changement, sa famille, le milieu d’où elle vient, le manque d’amour exprimé au sein de celle-ci depuis son enfance. Mais aussi sur les femmes, sur elle, sur sa soeur Emma, sur Suzanne, cette amie au bord de l’abîme et qui est celle avec qui elle partage ce quotidien parfois si pesant.

C’est l’existence d’une femme, qui subit, en apparence, sa vie mais qui est riche de ses pensées, ses désirs et de l’univers au milieu duquel elle rêve. Comment ses proches pourrait-il comprendre son attirance pour cet art si particulier de la performance, qui lui permet de vivre, de survivre. Elle n’est pas malheureuse, elle est simplement différente d’eux.

Décalage entre notre monde intérieur et ce que les autres perçoivent de nous et peuvent-ils comprendre cet univers, ces passions, ce que nous sommes vraiment d’autant plus quand celui-ci est très loin du milieu d’où l’on vient.


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