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Americanah
Résumé éditeur
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l’avis des lecteurs
« En descendant de l’avion à Lagos, j’ai eu l’impression d’avoir cessé d’être noire. »
Ifemelu quitte le Nigeria pour aller faire ses études à Philadelphie. Jeune et inexpérimentée, elle laisse derrière elle son grand amour, Obinze, éternel admirateur de l’Amérique qui compte bien la rejoindre.
Mais comment rester soi lorsqu’on change de continent, lorsque soudainement la couleur de votre peau prend un sens et une importance que vous ne lui aviez jamais donnés?
Pendant quinze ans, Ifemelu tentera de trouver sa place aux États-Unis, un pays profondément marqué par le racisme et la discrimination. De défaites en réussites, elle trace son chemin, pour finir par revenir sur ses pas, jusque chez elle, au Nigeria.
Mon écoute
Lagos (Nigeria) Année 1990 – Ifemelu et Obinze se rencontrent au lycée et s’aiment mais, afin de poursuivre leurs études et rêvant de ce que l’ailleurs peut leur offrir ou leur faire miroiter, loin de leur pays d’origine gangrené par la corruption, le sous-développement et les luttes politiques, ils partent, elle aux Etats-Unis, lui en Angleterre. Cet exil va leur faire découvrir le fossé qui existe entre deux mondes mais également le regard, les aprioris et les comportements des blancs vis-à-vis d’eux, personnes de couleur venus d’ailleurs.
C’est le parcours initiatique et d’apprentissage de deux nigérians en pays dit « développés » avec leurs espoirs, leurs désirs d’intégration mais sans jamais se renier, sans jamais oublier qui ils sont et d’où ils viennent.
C’est un roman dense, une fresque sociale, documentée sur les fonctionnements de deux sociétés d’un même monde et pour le faire, l’auteure utilise parfois un ton désinvolte et humoristique pour revenir sur les attitudes des deux bords : celles des africains cherchant à s’intégrer et s’identifier au pays qui les accueille mais également celles des blancs et leurs comportements vis-à-vis d’eux et parfois l’humour est grinçant.
Et c’est justement le côté sociétal qui m’a le plus intéressée, comment vivent, découvrent et s’intègrent (ou non) deux jeunes pleins d’espoir, vivant leurs rêves et comment ceux-ci vont se confronter à une réalité qu’ils n’avaient pas imaginée, n’omettant pas de souligner la violence subie, les injustices mais aussi les espoirs portés, entre autres, par l’élection de Barack Obama. Assez privilégiés depuis leur enfance, ils devront faire face à l’exclusion, à la catégorisation et au désenchantement.
C’est finement analysé, observé, sans concession sur deux sociétés éloignées dans leurs valeurs, leurs façons d’être, de vivre. C’est le choc de deux cultures, de deux mondes et Ifemelu et Obinze décideront en connaissance de cause du choix de rester ou rentrer chez eux . J’ai trouvé le personnage d’Ifemelu très lumineux, fort, féminin et lucide sur sa position et ses espoirs.
Chimamanda Ngozi Adichie utilise comme fil rouge les cheveux et la présence d’Ifemlu dans un salon de coiffure comme point d’ancrage de l’histoire, comme symbole du choix fait par les femmes noires : nattés ou lissés, assumant son ethnie ou se dissimulant. C’est brillamment décrit, fluide, vivant mais percutant et ironique car l’auteure n’hésite pas à y glisser les contradictions et poncifs des populations des deux origines.
Je l’ai écouté avec intérêt et plaisir, sourit parfois mais surtout interpelée souvent sur les positions de chacun des personnages, les interprétations à double sens des mots, attitudes ou expressions auxquelles on ne prête pas toujours attention et qui sont parfois lourdes de sens pour l’autre.
C’est un roman ambitieux, maîtrisé dans sa construction, avec une écriture fluide, vivante et qui met en lumière le chemin parcouru, principalement par son héroïne, de son pays natal à son pays idéalisé, avec pour chacun un regard perspicace et affuté.
J’ai beaucoup aimé et je le recommande.
Quatrième de couverture
"En descendant de l'avion à Lagos, j'ai eu l'impression d'avoir cessé d'être noire." Ifemelu quitte le Nigeria pour aller faire ses études à Philadelphie. Jeune et inexpérimentée, elle laisse derrière elle son grand amour, Obinze, éternel admirateur de l'Amérique qui compte bien la rejoindre. Mais comment rester soi lorsqu'on change de continent, lorsque soudainement la couleur de votre peau prend un sens et une importance que vous ne lui aviez jamais donnés ? Pendant quinze ans, Ifemelu tentera de trouver sa place aux États-Unis, un pays profondément marqué par le racisme et la discrimination. De défaites en réussites, elle trace son chemin, pour finir par revenir sur ses pas, jusque chez elle, au Nigeria.
Mon avis
Chimamanda Ngozi Adichie est une écrivaine nigérienne qui a vécu aux Etats-Unis. Dans ce roman, elle explique la difficulté pour Ifemelu (venue du Nigéria) de se faire une place à Philadelphie où elle veut étudier. Elle laisse Obinze, son amoureux derrière elle. On découvre ses choix : prendre l’accent américain ou pas, se faire lisser les cheveux pour obtenir un travail, fréquenter des blancs etc… Elle finira par ouvrir un blog pour parler de tout ça. Le lecteur va la suivre ainsi qu’Obinze parti ailleurs. Au gré des rencontres, des soutiens ou pas, ils grandissent, s’inquiètent, ont peur, prennent confiance et essaient au maximum de rester fidèles à ce qu’ils sont au plus profond d’eux-mêmes.
Parfois, il faut se faire oublier, se fondre dans la masse, accepter des compromis qui dérangent, qui rebutent mais c’est le prix à payer pour avancer. Le racisme n’a pas disparu et c’est toujours aussi violent d’y être confronté.
Ifemelu s’applique et lorsqu’elle entend : « Vous parlez comme une américaine », elle finit par s’interroger. « En quoi était-ce un haut fait, une réussite, de parler comme une Américaine ? »
Elle n’est plus elle-même, elle s’est coulée dans un moule… Pourquoi ? Pour plaire, pour se sentir acceptée ?
La jeune femme est tiraillée, comme si sa place n’était pas plus ici que là-bas. Il y a de nombreuses allusions aux cheveux, aux coiffures, comme un fil conducteur. La chevelure c’est une partie du corps. Juge-t-on les gens sur leur physique ? Non, en principe. Alors pourquoi une personne africaine aux cheveux lissés a-t-elle plus de chance d’obtenir un boulot ?
Ce roman est constitué de sept parties. La première m’a semblé un peu longue, j’avais du mal à rentrer dans l’histoire et après, j’ai été captivée. L’écriture est précise, avec parfois des pointes d’humour. Les différents thèmes abordés le sont de façon intéressante et il y a de quoi discuter après cette lecture !
Ifemelu est noire. Mais c'est en vivant aux Etats-Unis, ayant rejoint l'université de Philadelphie pour y poursuivre ses études, que la jeune nigériane prend conscience de sa couleur de peau et surtout de l'incidence de celle-ci sur la manière dont les autres la perçoivent.
A l'issue de treize années passées chez l'oncle Sam, elle décide de rentrer au pays. A quelques heures de ce retour, installée dans un salon de coiffure "afro" pour une séance de tressage, Ifemelu convoque, par épisodes, ses souvenirs... ceux de son expérience américaine, auxquels se mêlent les réminiscences de sa jeunesse nigériane, marquée par l'amour profond et paisible qui l'unissait à Obinze, un camarade de lycée, avec lequel elle a coupé tout contact quelques mois après son arrivée aux Etats-Unis, alors que la nostalgie, le manque d'argent et la solitude la plongeaient dans une déprime tenace.
Obinze, après avoir étudié à Londres, s'est imposé à Lagos, leur ville d'origine, comme riche homme d'affaires. Marié et père d'une petite fille, il ne se sent pourtant pas vraiment à sa place dans le milieu clinquant et dénué d'états d'âme de la nouvelle bourgeoisie nigériane.
On est immédiatement emporté par la densité romanesque d'Americanah, la manière dont l'auteure déroule son intrigue point par point, en introduisant ses personnages par des épisodes souvent anecdotiques, qui nous les rendent instantanément marquants. Mais ce qui fait par-dessus tout la richesse de ce roman, c'est son ton irrévérencieux, l'acuité et l'intelligence avec lesquelles son héroïne analyse les mécanismes des relations entre les êtres, ainsi que sa manière sincère et sensible d'exprimer ses propres émotions.
Si le récit débute par une séance de coiffure, plus précisément de tressage, ce n'est pas anodin...
"Défriser ses cheveux c'est comme être en prison. Tu es en cage. Tes cheveux font la loi (...). Tu te bats toujours pour qu'ils fassent ce qu'ils ne sont pas censés faire."
Au fil des mois puis des années qu'elle passe aux Etats-Unis, et des étapes de son "intégration", Ifemelu fait l'expérience du racisme, de son expression la plus grossière à ses manifestations les plus pernicieuses, portant sur les comportements des blancs comme des noirs qui l'entourent, et qu'elle analyse avec une impitoyable lucidité, le regard pourvu de recul de qui vient de l'extérieur. Car si les racistes auto-proclamés ont officiellement "disparu", si les lynchages et les cagoules pointues appartiennent à un passé pas si lointain mais que l'on se plait à considérer comme révolu, le racisme, lui, perdure, notamment sous cette forme que l'on qualifie "d'ordinaire", peut-être d'autant plus dangereuse qu'on ne la reconnait pas, qui s'immisce vicieusement et naturellement dans le langage, les attitudes, révélant la persistance des a priori.
Cela commence quasiment dès son arrivée, lorsque la secrétaire de l'université qui se charge de l'accueillir lui parle comme à un enfant, supposant qu'elle ne maîtrise pas l'anglais. A l'infantilisation, succédera tantôt la condescendance, tantôt un intérêt exagéré et superficiel pour ses origines... et que dire de ces bobos qui en font des tonnes, affirment haut et fort aduler Mandela et Harry Belafonte, envier les noirs d'Afrique de se nourrir de vrais légumes bio ? De ceux qui vous conseillent, avant de vous présenter à un entretien d'embauche, de vous faire défriser, ce qui revient à vous demander de tenter de faire oublier, ou en tous cas de montrer que vous avez la volonté de tenter de faire oublier, une partie de ce que vous êtes ?
Oui, on en revient à ces satanés cheveux...
Et tout cela se noie dans la plus parfaite hypocrisie, consistant à croire que la solution pour anéantir le racisme est d'oublier la "race", le piège résidant alors dans l'amalgame entre égalité et similitude : renier les différences de l'autre revient à refuser de l'accepter tel qu'il est.
Les noirs africains exilés et désireux d'assimilation jouent le jeu... affichant mépris pour leurs origines, vantant à l'inverse l'effet civilisateur de l'adoption de tous les codes d'une société qui finit par les transformer en caricatures de blancs qu'ils ne seront jamais. La peur de l'échec, du rejet, finit par les rendre eux-mêmes racistes. On devient fier d'exhiber une nuance de noir pas trop foncée, de revendiquer un métissage qui éclaircit la peau... il convient de devenir meilleur que les autres pour gagner ne serait-ce que le droit d'être toléré. Les noirs américains ont quant à eux intégré depuis longtemps les règles de survie dans ce milieu hostile qu'est le monde blanc capitaliste. L'élévation sociale requiert certains compromis quant à l'affirmation de soi pour ceux qui ne rentrent pas dans le moule, au risque d'amputer une partie de son intégrité...
Ifemelu elle-même se plie dans un premier temps à ces exigences d'adaptation, torturant son cuir chevelu -encore lui !- s’appliquant à prendre l'accent américain... Certaines rencontres salvatrices l'inciteront à renouer avec une certaine forme d'émancipation et le désir d'assumer sereinement mais catégoriquement sa particularité.
A son retour au Nigéria, fréquentant le milieu plutôt bourgeois dont elle est issue, elle prend par ailleurs conscience avec d'autant plus d'intensité que les pays d'Afrique cultivent souvent eux-mêmes le terreau propice à "la fuite des cerveaux" et aux velléités d'exil en général de ses semblables. Comment, lorsque vous vivez dans un pays où l'accès permanent à l'eau et l'électricité n'est pas une évidence, où même les médecins et les enseignants tirent le diable par la queue, alors que dans le même temps, vous êtes abreuvés de culture américaine ou occidentale, bercé par les récits d'Enyd Blyton et les informations de la BBC, que le must est de donner à vos enfants une éducation anglaise, voire française, comment, disais-je, ne pas souhaiter ardemment partir ?
Je pense que vous l'aurez compris, "Americanah" est un récit riche en thématiques abordées avec profondeur et humour, porté par la voix enchanteresse d'Ifemelu, femme d'esprit et de caractère, humaniste et férocement drôle...
A lire, évidemment !
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