Okavango

TTTT - Bravo "On prend un plaisir de gosse à lire ce roman mené à grand train, au cœur d’un pays opprimé où les animaux sauvages sont les derniers symboles de liberté. On suit une girafe assoiffée, penchée sur une mare presque vide, puis on voit les lions se déplacer dans la nuit, pas très loin des grands buffles, des zèbres et des hyènes. Sans jamais glisser dans le documentaire animalier, Caryl Férey transforme son roman en hymne à la beauté sauvage. Sans pourtant jamais perdre des yeux son enquête, accroché aux basques de Solanah, qui n’a pas peur de grand-chose à part des rhinocéros en colère. Bouleversant et efficace, Okavango est aussi un western enragé, où certains héros finissent par s’éloigner sur la rive opposée du fleuve pour gagner le cimetière des éléphants…"

Un nouveau Caryl Férey, Okavango. La rentrée polar commence bien.

L’Okavango, un fleuve, un delta, un des hauts lieux de la biodiversité en Afrique australe. Dans cet endroit qui pourrait être un paradis naturel, l’histoire a encore un poids avec les conflits qui ont déchiré l’Angola, la Namibie, l’Afrique du Sud. Aujourd’hui c’est la guerre entre des rangers aux moyens limités et des braconniers surarmés qui tuent lions, rhinocéros ou éléphants pour fabriquer des poudres de perlimpinpin auxquelles la connerie et la cupidité des hommes attribuent des vertus magiques.

Cette guerre sans merci va mettre en présence Solonah Betwase une ranger au caractère bien trempé, le Scorpion, un braconnier insaisissable, John Latham propriétaire d’une réserve privée au passé mystérieux, N/Kon, son ami de toujours, membre d’un peuple autochtone, traqueur sans égal, et quelques autres. Et bien entendu, lions, éléphants, croco, koudous …

Caryl Férey n’en est pas à son coup d’essai. Depuis maintenant quelques décennies, régulièrement, il nous amène avec lui en voyage, partage la connaissance qu’il a acquise par ses lectures et un long séjour sur place, mais également ses émerveillements, ses rencontres et sa rage.

Cette petite introduction pour dire qu’il maîtrise parfaitement son sujet et qu’il sait donner les informations nécessaires à la compréhension du récit sans jamais donner l’impression de recracher ce qu’il a lu ou de nous faire la leçon. Donc on apprend beaucoup. Et on apprend sans s’en rendre compte parce qu’il y a autre chose qu’il fait parfaitement, c’est créer des personnages hors du commun, auxquels on va s’attacher, pour lesquels on va trembler, avec lesquels on va enrager, rire, aimer, s’enthousiasmer, ou que l’on va détester.

Parce que comme toujours, c’est écrit et vécu avec passion. L’auteur n’aime pas l’eau tiède (sauf peut-être pour la douche, nous ne sommes pas intimes), ses personnages non plus. Ajoutez à cela des paysages et des animaux magnifiques qui vont vous donner envie de partir tout de suite pour l’Okavango, et vous avez sans conteste un des romans marquants de cette rentrée.