Mahmoud ou la Montée des eaux
  • Date de parution 09/02/2023
  • Nombre de pages 176
  • Poids de l’article 116 gr
  • ISBN-13 9782072988066
  • Editeur FOLIO
  • Format 178 x 108 mm
  • Edition Livre de poche
Famille Enfance Romans français

Mahmoud ou la Montée des eaux

4.12 / 5 (1003 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

Il s'efforçait de rire.Et eux aussi riaient, ne se doutant pas un seul instant du gouffre que cache parfois le rire d'un père."Syrie. Un vieil homme rame à bord d'une barque, seul au milieu d'une immense étendue d'eau. En dessous de lui, sa maison d'enfance, engloutie par le lac artificiel el-Assad en 1973.Fermant les yeux sur la guerre qui gronde, muni d'un masque et d'un tuba, il plonge - et c'est sa vie entière qu'il revoit, ses enfants au temps où ils n'étaient pas encore partis se battre, Sarah, sa femme folle amoureuse de poésie, la prison, son premier amour, sa soif de liberté.

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  • Date de parution 09/02/2023
  • Nombre de pages 176
  • Poids de l’article 116 gr
  • ISBN-13 9782072988066
  • Editeur FOLIO
  • Format 178 x 108 mm
  • Edition Livre de poche

l’avis des lecteurs

Le chant d’adieu du vieux sage

Dans son nouveau roman, Antoine Wauters s’est glissé dans la peau d’un vieux Syrien qui voit son pays mourir. Une oraison poétique autant que funèbre qui vous prend aux tripes.

C’est magnifique. C’est du moins la première impression que l’on peut avoir au bord de ce lac, oasis au bord du désert dans un pays de culture et de tradition millénaires. C’est là que vient se ressourcer Mahmoud Elmachi, usé par les années de guerre et de peur, par la solitude aussi. Il vit dans un cabanon au bord du lac al-Assad, l’étendue d’eau que forme le barrage de Tabqa au bord de l’Euphrate. De là, avec masque et tuba, il plonge régulièrement vers ce village englouti où il a grandi et où se trouvait l’école où il a fait ses débuts comme enseignant.

Il plonge à la chasse aux souvenirs, mais aussi aux rêves engloutis, à commencer par celui d’Hafez El-Assad qui a ordonné la construction de l’ouvrage, promettant ainsi la prospérité aux habitants expropriés. En lieu et place du lait et du miel promis, c’est plutôt la désolation. Quand Bassel, le successeur désigné du Président meurt, c’est Bachar qui quitte Londres, rentre en Syrie et, s’il n’a pas d’intérêt particulier pour la politique, va se métamorphoser: «Les monstres naissent dans la nuit. Il range ses habits de médecin, se forme à l’Académie militaire de Homs et éclipse peu à peu, bye-bye, le jeune homme timide de Hyde Park.

Maintenant, il regarde les gens dans les yeux quand il leur parle. Au fond des yeux. Et se tient droit comme le fil d’une épée. C’est un capitaine, un gradé. Il nous a pris nos vies, Sarah. Il est toujours trop tard quand on ouvre les yeux. Penchés au-dessus de nous, les monstres tiennent de longs ciseaux glacés et les pointent en notre direction. Tchak! Voilà comment ils font. Ils nous prennent nos rêves et les coupent en menus morceaux.»

Entre Daech, l’armée de résistance et les forces gouvernementales, sans oublier la coalition internationale, c’est désormais une pluie de bombes qui s’abat autour du lac où rodent des soldats aux abois. On comprend que Mahmoud préfère se réfugier dans ses souvenirs, écouter la voix de sa femme disparue, de ses enfants qu’il n’a pas revu depuis qu’ils ont rejoint l’armée rebelle et chercher, au fond du lac un peu de calme et de sérénité.

Son chant d’amour résonne d’autant plus fort que le contraste entre la violence et la douleur avec la poésie qu’il défend du tréfonds de son âme est fort.

C’est aussi la raison pour laquelle Antoine Wauters a construit ce somptueux roman en vers libres, arme redoutable contre la barbarie. Comme pendant les années où il était enfermé et que son esprit vagabondait, se nourrissant de la poésie de son épouse, le vieil homme a compris que le temps et les mots forment une armure de grâce et de dignité, même si elle vous tue, elle vous aura aidé à vivre.

Chaque matin, Mahmoud enfile palmes, masque et tuba pour plonger dans le lac el-Assad, formé par la construction, au début des années 1970, du barrage de Tabqa. Il a alors englouti le village de son enfance, arbres, maisons et souvenirs… c’était au temps du président Hafez, qui voulait faire entrer la Syrie dans la modernité.

Il raconte ses plongées au fantôme de sa femme Sarah : le sentiment de mourir à chaque immersion dans l’eau froide malgré le soleil, sa manière de se concentrer à la fois sur la beauté et sur la résonnance du traumatisme qui le hante. Car Mahmoud est un homme brisé, qui plonge pour fuir un présent que le deuil et la guerre lui ont rendu insupportable. Sous l’eau, il convoque les images de bonheurs passés, celles du temps où il était poète et qu’avec Sarah ils avaient séjourné à Paris, celles du rire et des jeux de ses enfants, moments conviviaux passés au café Farah, dont les vestiges gisent au fond de l’eau…

Mais l’horreur, insistante, s’infiltre. D’abord évoquée par ellipses, elle se fait de plus en plus précise, s’entremêle avec indécence à l’évocation des jours heureux, nous acheminant vers le point névralgique de l’enfer dans lequel est plongé Mahmoud. Cet enfer rugit à quelques kilomètres du lac, manifestation du chaos qui a débuté avec la répression du printemps arabe par Bachar-El-Assad, cet ophtalmologue falot qui semble s’être métamorphosé en monstre lorsqu’un accident de voiture, en causant la mort de son père, a précipité son accession au pouvoir. 

Mahmoud a lui-même connu la détention et la torture. Après ça, il n’a plus été le même.

Mais l’enfer est aussi et surtout en lui, dans l’incessant rappel de la disparition des siens, dans la conscience désespérée du triomphe de la brutalité et de la quête obsessionnelle de pouvoir sur la simplicité et la douceur.

Alors, un recueil de poèmes russes dans sa poche, constatant avec indifférence que la tumeur sur son visage grossit à vue d’œil, Mahmoud, entouré de ses fantômes, bascule dans la folie. Se nourrissant des quelques olives et dattes fournies par son ami Badr, un rebelle, il attend la fin.

Ce bref texte écrit en vers libres, au lyrisme justement dosé, est d’une insoutenable tristesse. Sa beauté, si elle suscite l’émotion, occulte l’espoir, car comme le dit Mahmoud lui-même, l‘écriture n’est d’aucune aide face à la barbarie, et ne ressuscite rien.


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