Série Histoire de l'armée allemande Jacques Benoist-Méchin
Histoire de l'armée allemande Tome 1 : L'effondrement (1918-1919)
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« Le 21 mars 1918, à 4 heures du matin, un bruit de tonnerre éclate soudainement en France, sur le front qui s'étend d'Arras à Noyon. C'est l'artillerie allemande qui entre en action sur une étendue de 80 kilomètres. Pendant cinq heures elle martèle nos positions, en anéantit les défenses et les défenseurs, et, prolongeant en arrière sur une dizaine de kilomètres son oeuvre de mort, empoisonne le terrain de ses projectiles asphyxiants. »« A 9 heures, 50 divisions ennemies, un demi-million d'hommes, protégés par un épais brouillard, se lancent à l'attaque des tranchées alliées bouleversées. Les soldats allemands sont animés d'un élan enthousiaste et d'une confiance absolue. Les armées britanniques ont à faire face au plus formidable assaut de toute la guerre. »L'écroulement du front oriental consécutif à la révolution russe a permis à l'État-Major allemand de concentrer toutes ses ressources sur le front occidental. L'armée allemande dispose, de ce fait, d'une légère supériorité numérique. Ses chefs entendent utiliser cet avantage sans délai, afin de briser le front allié avant l'arrivée des contingents américains. Abandonnant la « tactique d'usure » pour la « tactique d'anéantissement », Ludendorff lance coup sur coup cinq offensives.
Histoire de l'armée allemande Tome 2 : La discorde (1919-1925)
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« Alors, à la terreur rouge succède la terreur blanche. Les villages brûlent, les fusillades crépitent, on tue et on massacre soi-disant à titre de représailles, mais en réalité pour assouvir les passions déchaînées. 500 prisonniers sont fusillés à Mitau, 200 à Tukkum, 125 à Dunamunde, sous la seule inculpation d'avoir été favorables à l'occupation soviétique. L'état de siège est proclamé à Riga. Tous les habitants qui détiennent des armes, tous les membres des Comités bolchéviques qui ne se présenteront pas à la police dans les quarante-huit heures, toute personne qui hébergera des réfugiés ou refusera de les dénoncer, tout individu trouvé dans la rue entre 18 heures et 6 heures du matin sans autorisation spéciale, seront punis de mort.Ces mesures draconiennes portent à leur paroxysme la haine mutuelle des Lettons et des Baltes. Les Lettons accusent les "seigneurs étrangers" de vouloir rétablir leur dictature médiévale. Les Baltes accusent les Lettons d'être infectés du virus révolutionnaire. On assiste à des scènes d'une sauvagerie inouïe. Chaque fois que les Lettons peuvent s'emparer d'un Balte isolé, iIs le brûlent vif ou le crucifient à un arbre après lui avoir crevé les yeux. Les champs sont parsemés de cadavres nus et affreusement mutilés. Certains ont le bas-ventre arraché et leurs plaies sont remplies de pierres brûlantes. Les Baltes ripostent par des exécutions en masse. Toutes les passions accumulées au cours des siècles semblent se donner libre cours, sous un ciel ensanglanté par la lueur des incendies.»
Histoire de l'armée allemande Tome 3 : L'essor (1925-1937)
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Le 20 décembre 1924, Hitler a été amnistié par le gouvernement bavarois. Sa détention, commencée le 12 novembre 1923, a duré exactement treize mois et sept jours. « Quand je sortirai d'ici, a-t-il déclaré à Rudolf Hess, il me faudra cinq ans pour reprendre le Parti en main. »Mais la situation qu'il trouve à sa sortie de prison est beaucoup plus mauvaise qu'il ne s'y attendait. En dehors de Rudolf Hess, qui a partagé sa détention, et d'une poignée de militants fidèles, ses amis les plus sûrs sont morts ou en exil : Goering, toujours sous le coup d'un mandat d'arrêt, est exilé en Italie où il assiste à l'essor du fascisme mussolinien ; Rossbach s'est enfui en Autriche; Dietrich Eckart a succombé à une crise cardiaque, quelques semaines après son arrestation.
Histoire de l'armée allemande Tome 4 : L'expansion (1937-1938)
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Tel est l'état du monde en 1937.Lorsque Hitler regarde autour de lui, que voit-il ?Une U. R. S. S. dont Staline vient de décapiter l'armée, lui infligeant une « purge » dont elle ne se remettra pas avant plusieurs années. Une Amérique préoccupée avant tout par l'expansion japonaise et dont l'opinion semble écouter la voix du Président Roosevelt avec moins de faveur que celles qui lui prêchent l'isolationnisme et la neutralité. Une Angleterre infiniment plus sensible aux dangers qui menacent son hégémonie en Méditerranée qu'au déséquilibre créé en Europe centrale par le redressement allemand. Une France paralysée par les conflits sociaux, dont les seules réactions à ses défis réitérés n'ont été, en fin de compte, que des protestations verbales. Une Espagne qui se tord dans les affres de la guerre civile, mais où la victoire de Franco ne semble plus faire de doute. Une Belgique qui vient de proclamer sa neutralité et s'est retirée du système de la sécurité collective . Une Italie qui a renoncé à monter la garde sur le Brenner pour s'enfoncer en Afrique et qui a quitté le camp des démocraties pour nouer avec l'Allemagne des liens d'amitié. Même dans ses heures les plus exaltées, jamais Hitler n'a pu imaginer un concours de circonstances plus favorable à la réalisation de ses projets.Ne dirait-on pas qu'une main invisible s'est ingéniée à écarter tous les obstacles qui auraient pu se dresser sur sa route ?
Histoire de l'armée allemande Tome 5 : Les épreuves de force (1938)
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Le déclenchement des hostilités place les nationalistes tchèques devant un dilemme angoissant. Militairement, la Bohême est dans le camp de l'Allemagne et de l'Autriche. Moralement, ses sympathies vont à la Russie, à la France et aux États-Unis. Que doivent faire ceux qui veulent la mener à l'indépendance ? Lutter aux côtés des Habsbourg qu'ils exècrent, ou prendre parti pour les Alliés ? Avant de se prononcer, il faudrait savoir qui gagnera la guerre. En 1914, il est encore trop tôt pour le dire. Quelles que soient leurs préférences, les dirigeants tchèques doivent tenir compte des réalités.Or, ces réalités sont dures. Comme dans tous les pays belligérants la loi martiale a été proclamée. Tous les hommes de 20 à 45 ans ont été mobilisés. Les éléments les plus jeunes et les plus dynamiques de la nation ont été envoyés sur le front russe. Prague, du point de vue politique, ressemble à un désert.
Histoire de l'armée allemande Tome 6 : Le défi (1939)
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« Et maintenant, l'Allemagne hitlérienne va-t-elle faire la pause pour digérer les dix-huit millions de sujets nouveaux qu'elle vient de s'incorporer? ... Ou bien, poussée par la vitesse acquise, va-t-elle faire un nouveau bond en avant? » se demande M. Coulondre, le nouvel ambassadeur de France à Berlin.A vrai dire, même si Hitler voulait s'arrêter, il ne le pourrait plus. Il se trouve placé devant une réaction en chaîne dont il est obligé de suivre le mouvement. Le rattachement de l'Autriche a enfiévré les Sudètes ; le rattachement des Sudètes a fait entrer en effervescence les minorités allemandes de Bohême et de Moravie; l'occupation de Prague a provoqué le soulèvement des Allemands de Memel, cette bande de terrain située au-delà du Niémen que Napoléon avait enlevée à la Russie en 1807 pour la remettre à la Prusse et que le Traité de Versailles avait enlevée à la Prusse pour la donner à la Lituanie. Le jour même où les troupes du général Blaskowitz sont entrées à Prague, les Memelois ont hissé des drapeaux à croix gammée sur les toits des mairies et des hôtels de ville. Des cortèges ont parcouru les rues en chantant le Deutschland über alles et en proclamant leur volonté de faire retour au Reich. Le chef du Parti nazi local, le Dr Neumann, s'est rendu aussitôt au Landtag pour conférer avec les députés allemands des autres tendances. Il leur a dépeint les dangers de la situation. Par bonheur, il n'y a encore eu aucun accrochage sérieux. Mais la population est très excitée et le pire serait à craindre si le Gouvernement lituanien décidait de réprimer le soulèvement par les armes. Effrayés, les députés allemands décident de faire bloc derrière M. Neumann et le chargent de prendre en leur nom toutes les mesures qu'il jugera nécessaires.