Enfance: La Trilogie de Copenhague T1
Résumé éditeur
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l’avis des lecteurs
Quatrième de couverture
Au fin fond de cette enfance, il y a Istedgade, la rue étroite de Vesterbro, le quartier ouvrier où s’entasse la famille de Tove dans un petit appartement ; il y a l’humeur changeante d’une mère violente, le rire d’un père aussi vieux et crasseux que le poêle, la crainte du chômage, celle de l’aide aux nécessiteux qui pend au-dessus des familles comme une menace moins honteuse que celle de devenir fille-mère avant dix-huit ans. Il y a l’école qu’il faudra arrêter à quatorze ans pour trouver un emploi. Heureusement, il y a Ruth, la meilleure amie, qui ne prend jamais rien au sérieux. Et il y a ce secret que Tove ne peut révéler à personne. Pas même à Ruth. Un jour pourtant, il faudra quitter cette rue étroite de l’enfance pour faire vivre ces mots mystérieux qui se glissent chaque jour sur son âme comme une membrane protectrice.
Mon avis
Moi aussi je veux être poète !
Tove Ditlevsen (1917-1976) a publié « Enfance » en 1967, pour la première fois. Elle y raconte son éducation dans les rues de Copenhague. Elle est née après la première guerre mondiale dans une famille qui ne roule pas sur l’or. C’est d’ailleurs à cause de son origine prolétarienne que son talent d’écrivain a tardé à être reconnu. Vivant dans un milieu pauvre, habitant avec son frère et ses parents un appartement moins cher car il n’avait pas vu sur la rue, elle s’est construite avec difficulté mais déjà petite, elle avait un cahier de poésies dans lequel elle couchait des vers.
Avec des mots simples, emplis de lyrisme, elle partage son quotidien, ses difficultés et par-dessus tout, ce besoin d’écrire. C’est ce qui la nourrit, lui permet de tenir et de rêver dans un monde où elle se sent à l’étroit, pas forcément à sa place. Elle doit obéir à des codes entre un père qui essaie de ne pas pointer au chômage, une mère qui ne sait pas être douce (elle ne semble heureuse que lorsqu’elle « oublie » l’existence de sa fille), et un frère moqueur pour ne pas montrer sa fragilité. Elle ressent une « fracture » entre ses parents et elle, dans cette famille où il est si difficile de dialoguer.
« L’enfance est longue et étroite comme un cercueil, on ne peut pas s’en échapper sans aide. »
Tove a peu d’ami-e-s. Heureusement il y a Ruth, mais même à elle, elle ne dit pas tout. Comment parler de cette envie permanente de lire et d’écrire ? Son papa semble la comprendre, mais pour sa maman, c’est une bizarrerie de plus de sa fille. Quelle idée que de vouloir bouquiner sans cesse ! Une éclaircie : quelle joie, à quatorze ans, d’avoir accès à la bibliothèque !
Dans « Enfance », elle nous confie des tranches de sa vie, avec un style assez simple mais une maturité et un recul étonnants. Normal me direz-vous puisqu’elle l’a écrit à l’âge adulte. Oui mais elle pose un regard acéré sur l’enfant qu’elle a été, celle qui ne faisait pas toujours ce qu’on attendait d’elle et on comprend que cela a été source d’anxiété.
Elle avait une douzaine d’années lorsqu’elle a écrit ses premières poésies, mais on s’est moqué d’elle, alors elle a caché ce qu’elle rédigeait. Je comprends que de ce fait, elle n’a jamais pu être sûre d’elle, sereine et elle s’est probablement laissé manger par ses angoisses…
« ….il ne me reste plus beaucoup de temps à avoir le droit d’être encore une enfant. »
C’est l’adolescence, le moment de quitter l’école, de trouver une place dans une maison. Tove a peur, ce n’est pas ça qu’elle veut vivre, mais comment faire ? Elle est désarmée face aux choix des adultes. Son frère, lui, aura plus de marge de manœuvre, brillant à l’école, les espoirs reposent sur lui. Pourtant Tove n’est pas nulle, loin de là mais les plans sont déjà établis. Point, pas de discussion.
Tove a un objectif et elle se donnera les moyens d’y arriver, on sent qu’elle sait où elle veut aller même si c’est difficile car elle est parfois détruite par les remarques et réflexions des uns et des autres.
« Même si personne n’apprécie mes poèmes, je suis obligée d’en écrire, parce que l’écriture apaise le chagrin de mon cœur en souffrance. »
C’est un livre empreint de sensibilité. On sent que l’auteur est à fleur de peau, à fleur de mots et c’est sans doute pour ça qu’elle écrit si bien (merci aux traductrices).
TTTT - Bravo "Avec sa couverture d’un vert inhabituel, trouée d’une photo noir et blanc décentrée, cette nouvelle édition française d’Enfance – la précédente était parue il y a trente ans chez Stock – rappelle celle de l’« autobiographie vivante » de Deborah Levy, qui vient de rencontrer un grand succès dans notre pays (1). Les éditions Globe espèrent sans doute un phénomène similaire, que la Trilogie de Copenhague mériterait amplement tant il y a chez Tove Ditlevsen ce même mélange d’autodérision et de liberté. « Le temps a passé, l’enfance est devenue fine et plate, fragile comme une feuille de papier. Elle était fatiguée, usée jusqu’à la corde, et dans les moments de découragement, elle ne donnait pas l’impression de pouvoir tenir le coup jusqu’à ce que je sois adulte », confie-t-elle dans Enfance, en souvenir du flottement frisquet de ses quatorze ans. Tove a tenu le coup. Presque cent ans plus tard, vaillante, contemporaine, elle nous offre la solidarité de ses doutes et nous épaule de son expérience du désastre. Sans doute n’avait-elle pas prévu de prêter secours aux temps futurs. Cela ne rend que plus énigmatique la force de son art, littérature de l’urgence faussement désinvolte."
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