Trois femmes disparaissent
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TTT - Très Bien "Impulsive, implacable, cette enquête catapulte un crépi glacial à l’endroit du cœur où nous avions si chaud, où nous étions si bien. Elle sème une zizanie intérieure dérangeante, remet en cause des années de béatitude cinéphile, de conditionnement par le « male gaze », cette glaise si laide, que nous croyions pourtant étincelante, longtemps déposée sur nos yeux en couches épaisses, sans l’accord de nos consciences. Ancienne critique de cinéma, la romancière Hélène Frappat a elle-même vécu dans ses tréfonds ce désastre de la révélation, cette fissuration des poutres parfois fondatrices de l’être, et c’est sans doute ce qui fait la force de son récit en forme de quête, mené par « la détective », comme elle se nomme avec une distance aussi joueuse qu’effarée. "
L’hydre à trois têtes
Hélène enquête sur la malédiction qui a frappé trois actrices d’une même famille, Tippi Hedren, sa fille Melanie Griffith et sa fille Dakota Johnson. Trois femmes victimes de prédateurs durant trois générations qui nous font découvrir l’envers du décor de l’usine à rêves hollywoodienne.
Hélène Frappat a choisi de se mettre dans la peau d’une détective pour enquêter sur trois femmes d’une même famille, trois actrices mondialement connues : Tippi Hedren, sa fille Melanie Griffith et sa fille Dakota Johnson. En parcourant leurs vies respectives et leur filmographie, elle va chercher à comprendre les raisons de leur «disparition». Une plongée stupéfiante dans un Hollywood bien loin de l’usine à rêves. Ici la misogynie règne en maître, les actrices sont des joujoux à la merci des réalisateurs et des producteurs.
En regardant une publicité pour une boisson, Alfred Hitchcock découvre Tippi Hedren. Le réalisateur va alors très vite lui faire tourner des bouts d’essai et lui faire signer un contrat qui la lie à lui. S’il lui offre deux rôles qui la feront passer à la postérité dans Les Oiseaux (1963) et Pas de printemps pour Marnie (1964), il entend surtout en faire sa chose. Mais Tippi se refuse à lui. C’est alors que la guerre commence et que Hitch se venge en faisant du tournage des Oiseaux un supplice pour son actrice principale. Il décide par exemple d’utiliser de vrais oiseaux pour l’attaque dont le personnage est victime et non les oiseaux mécaniques construits pour l’occasion. Choquée, Tippi assure tout de même la promotion du film et va se voir proposer une nouvelle opportunité après le refus de Grace Kelly d’endosser le rôle de Marnie. Mais ce second tournage vire aussi au calvaire car les avances sexuelles de réalisateur se font de plus en plus pressantes. Elle veut alors rompre son contrat. Hitchcock furieux lui lance qu’il va ruiner sa carrière, qu’elle doit s’occuper de ses parents et de sa fille.
Sa fille, c’est la seconde femme qui disparaît, Melanie Griffith. Née en 1957 de la brève union de Tippi avec le publicitaire Peter Griffith, l’enfant suit sa mère sur les plateaux de tournage et va très vite intégrer ce milieu. Et se retrouver dans les pas de sa mère, pas seulement pour le bien. Elle est encore adolescente quand Tippi Hedren l’entraîne sur le tournage de Roar, le film dans lequel elle joue le rôle d’une femme qui emmène ses enfants dans la jungle africaine pour retrouver son scientifique de mari. Baptisé par la suite le film le plus dangereux de l’histoire du cinéma en raison des multiples blessures dont sont victimes les équipes de tournage et les comédiens, il verra notamment Melanie attaquée par un lion et quasi défigurée. De premières opérations de chirurgie esthétique sont alors nécessaires. Elles seront suivies au fil des ans de nombreuses autres.
Pour Hélène Frappat, Dakota Johnson va boucler la boucle en 2015 avec Cinquante nuances de Grey, l’histoire d’une femme entraînée dans une relation sadomasochiste par un homme riche. Ce vertigineux triptyque, qui ravira les amateurs de psychogénéalogie, est avant tout la chronique de la misogynie ordinaire qui régnait en maître avant #metoo. Les producteurs et réalisateurs sont alors des prédateurs et les actrices leurs proies. Des fantasmes qui nourrissent leurs œuvres et dans lesquelles notre détective n’a aucun mal à débusquer tous les indices de sa brillante démonstration.
Ces visages exposés et torturés, ces corps ceinturés, ces blessures jamais refermées font de Tippi Hedren, Melanie Griffith et Dakota Johnson des héroïnes de tragédie grecque, sortes d’hydre à trois têtes condamnée à être victime de chasseurs assoiffés de pouvoir et de sexe, cruels et sans aucun état d’âme.
La romancière, qui s’est solidement documentée, nous fait profiter tout à la fois de ses lectures – depuis les contes de Perrault – que de ses riches connaissances cinématographiques. En voyageant dans et derrière l’écran, elle joue avec habileté de l’effet-miroir. Son réquisitoire peut alors se lire comme un brûlot féministe. Un gros coup de cœur !
Voilà un texte déroutant, sorte d’enquête dont la restitution, d’un point de vue formel mais aussi par son contenu, révèle la dimension obsessionnelle qu’elle a acquise pour celle qui l’a menée, et qui se désigne comme "la détective".
Cette détective, c’est Hélène Frappat qui, saisie par leurs similitudes, s’est penchée sur les destins de trois actrices hollywoodiennes par ailleurs parentes : une mère, sa fille, puis sa petite-fille.
La première est Tippi Hedren. Le récit s’appuie en grande partie sur les mémoires qu’elle a publiées en 2016, à l’âge de 96 ans. Repérée par Alfred Hitchcock dans un spot publicitaire ("trouvez la fille !" ordonne le maître à ses assistants), elle tournera avec le cinéaste deux films d’anthologie : Les oiseaux et Pas de printemps pour Marnie. Les tournages sont une véritable torture. Hitchcock se montre pervers et abusif, lui demande d’être "sexuellement accessible et disponible pour lui". Elle refuse. Il le lui fait chèrement payer… Certaines scènes du premier film sont tournées avec de véritables oiseaux, durent de longues heures dont Tippi sort blessée et tétanisée par la terreur. Elle est, et ce devant de multiples témoins passifs, littéralement maltraitée, sacrifiée au regard et au pouvoir masculins. Elle est par ailleurs seule car ostracisée : "le Maître" a interdit à quiconque, sur le plateau, de lui adresser la parole, et il la fait surveiller en permanence, y compris en-dehors des heures de tournage, par des membres de son équipe.
En 1976, après une carrière chaotique qu’Hitchcock a fait en sorte de détruire, elle "disparait" en se réfugiant dans un ranch encerclé de pins parasols et peuplé d’énormes animaux à fourrure -lions et autres bêtes sauvages.
C’est là que grandit sa fille Melanie, au milieu des fauves, risquant sa peau tous les jours. Elle aussi connait la violence sur une de ses premières expériences de tournage. Celui de "Roar", réalisé par son beau-père au sein même de leur ranch, dure onze ans, et lui vaut cinquante points de suture au visage et plusieurs opérations de chirurgie esthétique pour réparer les dégâts occasionnés par les gros félins participant aux films. Par la suite, Melanie Griffith jouera souvent nue, et disparaitra elle aussi, devenue invisible à un moment de sa carrière ou, bien que tournant toujours, on ne cesse de lui demander pourquoi elle ne travaille plus.
La troisième femme est Dakota, "doublure des deux autres", fille de Melanie rendue célèbre par son rôle dans "Cinquante nuances de Gray".
Hélène Frappat tisse des liens entre les expériences respectives de ses héroïnes, y traque les constantes qui révèlent le sort inique et cruel fait aux femmes dans une industrie du cinéma où la fonction de l’actrice est d’être vue, et où il est par conséquent admis que son corps, son visage, son regard appartiennent aux autres : au public, et au cinéaste, ce dernier étant quant à lui intouchable. Elle met en évidence, sur cinq décennies, la répétition des mécanismes de soumission. L’actrice devient un objet sexuel sur lequel se projettent les fantasmes des hommes, la limite entre spectacle et dépossession du corps étant à chaque fois franchie. Vient ensuite l’implacable vieillissement qui condamne à l’oubli.
Mêlant témoignages issus des mémoires de Tippi Hedren, évocation de scènes de films et bribes de souvenirs d’Hélène Frappat révélant les manies et les obsessions héritées des traumatismes de sa propre mère, le récit fait se confondre les rôles avec celles qui les incarnent, devenues prisonnières de représentations féminines fragiles et humiliantes.
Le texte se déroule en une succession de brefs paragraphes que l’auteure ponctue de sortes de comptines cruelles et répétitives qui donne au texte une dimension elliptique et lancinante. Le procédé, en révélant les efforts pour créer des correspondances parfois tirées par les cheveux, peut donner un aspect artificiel au propos, qui en perd alors de sa force. Mais on éprouve en même temps une certaine fascination pour la démarche entreprise par Hélène Frappat et la manière dont elle la mène, l’effet de sa quête sur l’écrivaine ayant finalement autant -voire plus- d’intérêt que son sujet lui-même.
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