La mort selon Turner
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l’avis des lecteurs
Quatrième de couverture
Lors d'un week-end arrosé au Cap, un jeune et riche Afrikaner renverse en voiture une jeune Noire sans logis qui erre dans la rue. Ni lui ni ses amis ne préviennent les secours alors que la victime agonise. La mère du chauffeur, Margot Le Roux, femme puissante qui règne sur les mines du Northern Cape, décide de couvrir son fils. Pourquoi compromettre une carrière qui s'annonce brillante à cause d'une pauvresse ? Dans un pays où la corruption règne à tous les étages, tout le monde s'en fout. Tout le monde, sauf Turner, un flic noir des Homicides. Lorsqu'il arrive sur le territoire des Le Roux, une région aride et désertique, la confrontation va être terrible, entre cet homme déterminé à faire la justice, à tout prix, et cette femme décidée à protéger son fils, à tout prix.
Mon avis
Va ton chemin
Ce roman est bouleversant, magistral ; d’une intensité et d’une puissance sans pareilles. Il vous met le cœur en vrac, la tête en vrille. Il vous fait tutoyer les étoiles puis descendre aussi vite en enfer. Il est empli de douleur, de révolte, de violence et d’amour. Et par-dessus tout, il est porté par une écriture sèche, âpre, qui magnifie chaque mot, chaque phrase en trouvant comment en sortir la substantifique moelle.
Le contexte est très vite posé : l’Afrique du Sud avec ses tensions raciales, ses éclats, ses cachotteries, ses faux semblants. Quelques jeunes en goguette sortent un soir et boivent trop. L’un d’eux, un Afrikaner, prend le volant en étant ivre et renverse une jeune femme noire, probablement sans domicile. Pas de quoi s’affoler surtout lorsqu’on est saoul au point de ne se souvenir de rien. C’est ainsi que Dirk le Roux, fils de Margot, dont l’empire financier est sans égal dans ce coin perdu, est protégé par ceux qui étaient avec lui. Il doit partir d’ici un jour ou deux à Pretoria donc pas la peine de lui encombrer l’esprit avec quelque chose dont il n’a même pas connaissance. De plus, s’il était poursuivi, il perdrait son statut d’avocat, métier que sa génitrice a pratiquement choisi pour lui.
En parallèle, l’enquête est confiée à Turner, un grand policier noir aux yeux verts, spécialiste d’arts martiaux. Pour lui
« Ce n’était pas seulement l’histoire de cette fille qui était écrite ici, mais celle d’une civilisation en faillite. »
C’est un homme de terrain, qui ne lâche jamais rien, droit dans ses bottes, intègre quel que soit le prix à payer.Il a vu des horreurs et il « vit » pour la justice. Il demande à son chef, Venter, de se rendre à Langkopf, dans le Cap-Nord où il veut arrêter le coupable car il a eu quelques informations sur les circonstances du décès. Langkopf, c’est une ville de quatre mille habitants, près d’un désert inhospitalier où sévit une chaleur à faire cuire un œuf sur le capot de la voiture. Un lieu où tout se sait, où chacun connaît les faits et gestes de son voisin et où Margot règne en despote.
Turner inspire le respect, même à ses pires ennemis. Il va son chemin, ne craignant rien, il ne perd pas de vue le but qu’il s’est fixé et il avance quoi qu’il arrive. Mais rien n’est simple face à tout ce qu’il rencontre. Ceux qui sont en face de lui sont déterminés à protéger Dirk. Même la police est corrompue…. En Afrique du Sud, rien n’est tout blanc ou tout noir et ce n’est pas un mauvais jeu de mots. Toutes les teintes de gris passent et repassent… Même les vrais méchants ont leurs failles, leurs faiblesses, leurs douleurs. L’étude des caractères des protagonistes est une grande force de récit. Aucun n’a été épargné par la vie, pas même Dirk que sa mère protège tout en le « gouvernant » et en décidant de ce qui est bon pour lui. Quant à Margot, avec ses mines de manganèse, elle fournit du travail à beaucoup d’hommes donc elle est vénérée. Chacun des individus est sur une route et veut la suivre jusqu’au moment où un obstacle, des obstacles se mettent en travers, chacun est prêt à tout pour continuer d’avancer…. L’équilibre qu’avait instauré Margot est instable à partir de l’instant où Winston Turner décide de faire payer le conducteur. Il le doit à la jeune femme assassinée mais aussi à tous les meurtres impunis dont il sait qu’ils ont existé. Au fil des pages, on apprend à connaître chacun des personnages, à les comprendre, à presque accepter leurs choix. L’auteur est psychiatre et analyse les doutes, les points d’appui de tous avec finesse. De plus l’approche politique et sociale ainsi que la présentation des mœurs du coin sont très bien introduites (j’ai aimé la rencontre avec le San, l’évocation des groupes indigènes).
Malgré son côté violent j’ai beaucoup apprécié ce livre. Certaines scènes sont à la limite du soutenable. Mais l’écriture de l’auteur, admirablement bien traduite a un je ne sais quoi d’inexplicable, d’inexprimable qui vous prend aux tripes. Turner est un des ces êtres de papier qui vous marquent à jamais (ainsi que quelques descriptions brrrrrr……). Je me suis demandée s’il cherchait à marcher vers la résilience, s’il semait le chaos pour faire souffrir et souffrir, en mettant ainsi tout le monde sur un pied d’égalité. Je crois simplement que Turner est un homme qui ne revient jamais sur une décision qu’il considère comme juste pour continuer à se regarder dans un miroir sans avoir honte de ses choix.
Tim Willocks nous offre avec son dernier titre un de ses héros à la Mattias Tannhauser, incorruptible, invincible, presque mythique...
... Un héros à la démarche un peu bizarre, dégageant un étrange magnétisme, dont la ténacité et le calme sont proverbiaux...
... Une sorte de justicier zen, capable de neutraliser un ennemi avec le pouce et l'index et de prendre le temps de vérifier, dans les situations les plus extrêmes, que son pouls ne dépasse pas les cinquante pulsations par minute...
L'époque et le lieu du roman n'ont toutefois rien à voir avec ceux de "La Religion", puisqu'il se déroule dans une Afrique du Sud contemporaine où, malgré la fin de l'Apartheid et l'espoir qu'a pu susciter l'accession au pouvoir de Nelson Mandela, les inégalités entre noirs et blancs subsistent, et le niveau d'insécurité a atteint des sommets. Au Cap, le nombre d'homicides dépasse de 30 % celui de la funeste Ciudad Juarez...
Une adolescente noire, sans-abri, est accidentellement écrasée contre le container à ordures où elle tentait de récupérer un cheese-burger avarié. Le conducteur responsable de sa mort, un jeune blanc, était tellement ivre au moment des faits qu'il ne s'est même pas rendu compte de l'accident. L'un de ses acolytes ayant perdu sur les lieux son portable, retrouvé dans la main du cadavre, l'inspecteur Turner, à qui échoue l'enquête, a tôt fait d’identifier le coupable ainsi que ceux qui l'accompagnaient. Il part pour Langkopf, seul, à plusieurs centaines de kilomètres du Cap, pour procéder à l'arrestation.
Voilà donc une affaire rondement menée... A ceci près que l'auteur de l'homicide est le fils de Margot Le Roux, richissime magnat du secteur minier, qui règne depuis sa colossale villa sur le Cap-Nord, région traversée par un désert hostile à toute forme de vie, univers de poussière et de cailloux... Native de ce territoire d'êtres rudes, impulsifs et peu liants, partie de rien, Margot a bâti sa fortune grâce à son implacable ténacité. Elle est habituée à faire plier individus et événements selon sa volonté, et il est hors de question que son fils, promis à une brillante carrière d'avocat, gâche son avenir pour une fille des rues comme il en meurt chaque jour des dizaines, pour un déchet humain de toute façon voué à mourir bientôt. Elle n'est d'ailleurs pas vraiment inquiète, elle a le pouvoir et l'argent, il suffira d'y mettre le prix...
Mais Turner n'est pas à vendre. Et, poussé par un intransigeant sens de la justice que ne viennent altérer aucune tentation, aucun compromis, aucune considération personnelle, il a une croisade à mener. La victime devient le symbole d'une civilisation en faillite, la représentante de laissés-pour-compte que l'on ne considère même pas comme des êtres humains. Il est déterminé à faire appliquer son droit à la justice pour lui rendre sa dignité perdue.
Le combat qui oppose Turner à Margot et à ses hommes de main expérimentés prend des allures de guerre à la fois sanglante et épique, donnant au récit un rythme et une tension dignes des plus grands films d'action. Tim Willocks aurait d'ailleurs sans doute pu se contenter de ce schéma certes rebattu du "héros justicier au cœur pur se battant seul contre tous" : l'efficacité et l'inventivité de son intrigue, ainsi que sa dimension cathartique, auraient satisfait la plupart des lecteurs, moi y compris... Mais il a l'intelligence de dépasser cette tentation du manichéisme, en dotant ses héros de motivations complexes, en s'interrogeant sur la pertinence de l'intégrité quand toutes les règles sont faussées, et sur le sens d'une justice qu'on ne peut rendre qu'à coups d’irréversibles dommages collatéraux...
A lire.
Cette fois Tim Willocks voyage dans l’espace et non dans le temps et nous amène en Afrique du Sud : La mort selon Turner.
Dans un township du Cap, quelques jeunes en bordée qui sont venus s’encanailler boivent trop. En quittant le bar, l’un d’eux écrase une jeune femme contre un conteneur d’ordures sans même s’en rendre compte. Ceux qui l’accompagnent eux ont vu ce qu’il s’est passé, mais décident de ne rien dire et de laisser la victime agonisante pour rentrer rapidement chez eux, dans la province aride du Cap-Nord.
Turner, flic incorruptible de la criminelle de la ville appelé sur place compte bien que justice soit rendue à cette jeune femme dont personne ne s’est jamais soucié. Pour cela il va partir sur place, affronter la famille Le Roux et sa chef Margot qui a construit un empire local et compte bien défendre son fils, quoi qu’il en coûte. Entre deux êtres qui ignorent totalement le sens du mot compromis, la guerre est inévitable.
Souvent je déteste les quatrième, surtout quand elles sont grandiloquentes. Mais cette fois c’est bien trouvé : « Le fauve Willocks est lâché ! » c’est exactement l’impression que l’on a à la lecture de son dernier roman.
En termes d’esthétique et d’efficacité narrative, avec cet « étranger » qui débarque au milieu de nulle part et va faire exploser le statu quo et affronter seul les puissances locales on pense immédiatement aux grands westerns de Clint Eastwood, Pale rider ou L’homme des hautes plaines. Seul contre tous, dans une petite ville au milieu du désert, coupé de tout. Sachez qu’une fois que vous aurez ouvert le roman, vous ne pourrez plus le lâcher, prévenez vos proches qu’ils ne vous demandent rien, avertissez au boulot que vous prenez un jour de récupération, et plongez.
Là où le roman est très différent de ces grands westerns, c’est qu’il ne porte pas de jugement. A part un personnage assez veule, ils ont tous leurs raisons d’agir comme ils le font. Et comme Tim Willocks aime créer des personnages hors norme, ils sont tous (presque) courageux, et cohérents dans leurs actions, même et surtout les pires.
L’affrontement est d’autant plus violent que peu de personnages agissent mus par un petit intérêt mesquin. Ils sont portés par l’amour, un besoin maladif de protéger un fils, le désir de paix, ou celui de justice. Et c’est dans cet enfer pavé de bonnes intentions, pimenté par une corruption généralisée, une pauvreté terrible et un racisme toujours présent que nous plonge l’auteur. Alors oui, c’est violent, oui il y a des scènes plutôt gore, mais ce n’est jamais gratuit et la violence et ses conséquences sont toujours questionnées par les personnages.
Ceci dit, soyons honnête, toutes ces réflexions vous viennent après la lecture. Pendant vous êtes complètement happé par le rythme, l’écriture, le suspense. Avec un final extraordinaire que je ne raconte pas, mais où Tim Willocks a le culot de complètement escamoter la scène d’action en prenant le point de vue de quelqu’un qui subit tout, paniqué, paralysé par le déluge de feu. Une scène inoubliable.
Pour son retour au polar Tim Willocks frappe très fort. Et devinez, oui, il est à Toulouse ce week-end pour fêter les 10 ans de Toulouse Polars du Sud.
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