Jean-Pierre et Luc Dardenne, Seraing
Résumé éditeur
Ce livre s’inscrit dans une continuité. Un précédent volume, Antonioni / Ferrare, interrogeait une ville et un mode d’écriture. Il s’agissait d’écrire sur le cinéma d’Antonioni et sur la ville de Ferrare qui, c’était une hypothèse, a construit son regard, et d’expérimenter par ailleurs un mode d’écriture à la lisière de la fiction. Réfléchir à l’urbain et tenter de trouver une écriture « juste » pour parler des films reste le moteur de ce nouveau projet. La ville de Seraing sert d’écrin à presque tous les films réalisés par les frères Dardenne. L’hypothèse, cette fois, est qu’en travaillant sur la durée et en inscrivant leurs films dans un environnement social précis, en accordant une place déterminante au travail et à ses variantes dans le temps, Jean-Pierre et Luc Dardenne ont contribué à définir un paysage. La construction de l’ouvrage repose sur trois séjours successifs à Seraing en compagnie de Guy Jungblut, à nouveau sollicité pour les photos qui encadrent l’écrit. Ces photos n’ont pas le statut de simples illustrations. Les séquences photographiques constituent un regard autonome sur la ville, ses particularités et ses failles. À plusieurs reprises, elles ont relancé le travail d’écriture qui parfois s’épuisait entre descriptions vaines et réflexions sociologisantes déconnectées du terrain.
Le texte avance à partir de thèmes associés à la ville, son inscription dans l’histoire industrielle de la région, sa structuration, son fleuve, les bois qui l’enserrent, les ruines qui la trouent : des thèmes mis en regard des manières de filmer des frères Dardenne, tels les déplacements incessants des personnages, leurs gestes, leur relation au monde du travail et à la parole. D’autres pistes encore sont explorées, celle de frontière, de seuil, de passage, de lieu. Le fil narratif s’autorise des retours, des redites, des précisions d’un chapitre à l’autre. Il ne s’agit pas de démontrer mais de parcourir un chemin fragile, cabossé, incertain ; une réflexion forte de ses convictions mais sans cesse assaillie par le doute.
Thierry Roche, anthropologue, est aujourd’hui professeur en Études cinématographiques à l’université Aix-Marseille. Un déplacement disciplinaire qui s’inscrit dans une démarche engagée de longue date : Blow up, un regard anthropologique et Indian’s song, consacré aux films réalisés par les Amérindiens (Yellow Now, 2010), tentaient déjà de concilier cinéma et anthropologie. Cinéma/Paysage et L’Autre Néo-réalisme (Yellow Now, 2013) ont poursuivi l’expérience en abordant des formes littéraires particulières. Antonioni / Ferrare. Une hypothèse plausible (2016, avec des photos de Guy Jungblut) constituait une nouvelle étape dans la recherche de formes nouvelles d’écriture sur le cinéma. En collaboration avec José Moure, Thierry Roche a aussi dirigé un ouvrage intitulé Antonioni, anthropologue de formes urbaines (Riveneuve, 2015).
Guy Jungblut. Photographe (études à l’Institut des beaux-arts Saint-Luc de Liège), galeriste (galerie Yellow Now de 1969 à 1975), professeur (Académie royale des beaux-arts de Liège de 1978 à 2009), éditeur (Éditions Yellow Now – Côté arts, Côté photo, Côté cinéma, Côté films, À côté –, depuis 1973). Il est l’auteur en 2012, avec la complicité de François de Coninck, du Ciel vu de Belgique (Yellow Now, Côté photo / Angles vifs) ; en 2016, avec Jacques Piraprez- Nutan, de Irlande 66 / 69 (Yellow Now, Côté photo / Les carnets) et en 2016, avec Thierry Roche, de Antonioni/Ferrare. Une hypothèse plausible (Yellow Now / Côté cinéma).
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