Les Annales du Disque-Monde
  • Date de parution 21/11/2014
  • Nombre de pages 256
  • Poids de l’article 302 gr
  • ISBN-13 9782841726905
  • Editeur ATALANTE
  • Format 200 x 145 mm
  • Edition Grand format
Fantasy parodique Heroic Fantasy Ouvrage de référence de l'auteur

Les Annales du Disque-Monde Tome 2 Le Huitième sortilège

4.12 / 5 (1420 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

Octogénaire, borgne, chauve et édenté, Cohen le Barbare, le plus grand héros de tous les temps, réussira-t-il à tirer Deuxfleurs et Rincevent des griffes de leurs poursuivants ? Question capitale, car le tissu même du temps et de l'espace est sur le point de passer dans l'essoreuse. Une étoile rouge menace de percuter le Disque-Monde et la survie de celui-ci est entre les mains du sorcier calamiteux : dans son esprit (très) brumeux se tapit en effet le... huitième sortilège ! La suite de l'épopée la plus démente de la fantasy, avec, dans les seconds rôles, une distribution prestigieuse : le Bagage, l'In-Octavo, Herrena la harpie, Kwartz le troll, Trymon l'enchanteur maléfique et, naturellement, la Mort...

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  • Date de parution 21/11/2014
  • Nombre de pages 256
  • Poids de l’article 302 gr
  • ISBN-13 9782841726905
  • Editeur ATALANTE
  • Format 200 x 145 mm
  • Edition Grand format

l’avis des lecteurs

Voilà comment en une phrase, une seule, lâchée nonchalamment dès les premières pages du Huitième Sortilège, j’ai bien senti que le Terry Pratchett que je connais et chéris était en train de reprendre forme sous mes yeux. Comme pour la Huitième Couleur, mon souvenir était mitigé, notamment à cause du fait que c’était la seule occurrence de deux tomes des Annales du Disque-Monde se suivant directement dans l’intégralité de la saga. Toujours ce souvenir de tâtonnement et d’incohérences, autant de douleurs de croissance, nécessaires malgré leur inconfort pour construire ce monde si singulier de façon pleine et entière. J’avais tout de même hâte de retrouver Deuxfleurs et Rincevent, mais surtout de redécouvrir Cohen le Barbare, la « naissance » du Bibliothécaire, et toutes ces joyeuses inventions qui m’ont fait me pâmer d’admiration pour l’ensemble de cette oeuvre. Les craintes demeuraient de la lecture de l’opus précédent, seulement atténuées par la conviction de pouvoir passer au travers de la même façon, rassuré par sa relecture sereine et rapide. Mes souvenirs de certaines scènes et éléments de l’intrigue me laissaient croire que cette dernière serait plus consistante que pour la Huitième Couleur, et j’avais pleine confiance pour que l’humour ne soit pas en reste. Si Terry Pratchett avait bien une qualité constante et inébranlable, c’était celle de savoir me faire rire.

Et aussi de me donner quelques anecdotes à dégainer à l’occasion. Celle que je vais vous raconter m’a permis de récolter une bonne note à un examen oral d’anglais à la fac. Ne jugez pas, on a les anecdotes qu’on peut. Toujours est-il que j’avais comme consigne de parler pendant au moins 15 minutes d’un sujet de mon choix. Fan inconditionnel de Sir Terry Pratchett, déjà, mais perdu dans un océan de culture étrangère à l’Imaginaire, j’ai eu fort à faire pour convaincre mon auditoire du talent de cet auteur et de l’influence qu’il avait pu avoir sur ma vie, mais aussi et surtout sur la culture populaire. Le souvenir des hoquets incrédules provoqués par une (petite) découverte que j’avais faite par hasard quelques temps plus tôt reste un souvenir cher à mon cœur.



On est bien d’accord, ce n’est pas grand chose en soi. Il ne s’agit que d’un simple hommage au travail de Josh Kirby, mais cet hommage-là a suffit a les convaincre. Et à me ramener une super note. Vous n’imaginez pas combien de fois ma passion pour Terry Pratchett et son travail m’ont permis d’éviter avoir à réviser pour des examens oraux d’anglais. Mais assez parlé de moi, il est temps de parler du roman, puisque après tout, nous sommes tou.te.s là pour ça, au départ. En route. 🙂

Nous reprenons là où nous nous étions arrêtés, alors que Deuxfleurs et Rincevent basculaient par dessus le bord du Disque à bord – ou non – de L’Intrépide. En parallèle, nous suivons certains Mages de l’Université de l’Invisible alors qu’ils se rendent compte de la soudaine importance de retrouver le mage raté ; et qu’ils s’attellent à la tâche, puisqu’il semblerait que le fameux Huitième Sortilège planqué dans son esprit serait nécessaire pour contrevenir à l’imminence d’une catastrophe d’échelle stellaire.

Si beaucoup des constats faits dans le tome précédent restent valables, il faut bien dire qu’on sent une bonne partie des changements à venir qui feront les marques de fabrique de l’auteur. Les fameuses germes sont en train de pousser. Elles n’ont pas encore atteint leur forme adulte ; mais elles croissent néanmoins. Premier changement de taille, pas de division au sein du texte. C’est un flux quasi-incessant, uniquement entrecoupé par de petites respirations pour signaler les ellipses les plus importantes. Un découpage que Terry Pratchett conservera et affinera pour la majeure partie des Annales du Disque-Monde (lookin’ at you Timbré), arguant, si mes souvenirs sont bons, que « la vie n’est pas découpée en chapitres ». Cela bénéficie en grande partie à la fluidité du récit, limitant les sauts temporels frustrants de la Huitième Couleur, bien qu’il faille toutefois constater la présence gênante de transitions très maladroites au sein du texte, qui rendent parfois la compréhension difficile pour pas grand chose.

Mais, très bonne nouvelle, le style Pratchett commence tout de même à bien se faire sentir, malgré ses imperfections. Les premières notes de bas de page font leur apparition. Rares, certes, je crois au nombre de 4 ou 5 seulement pour l’ensemble du volume, mais elles ont déjà tout leur mordant et leur espièglerie, et surtout elles sont plus agréables au rythme que des paragraphes entiers entre parenthèses ou dissociés du reste du récit. De la même façon, j’ai retrouvé certaines de ces petites phrases, ces fulgurances qui me donnaient envie de les noter quelque part pour ne pas les oublier – ce que j’ai fini par faire d’ailleurs, en compagnie d’autres citations et proverbes. On y trouve cette sagesse malicieuse qui, au delà de l’humour, sait nous faire réfléchir autant que rire. Parlant des druides du Disque et de leur système de pensée, notamment, on lira :

« L’Univers, à leur point de vue, dépendant pour sa bonne marche de l’équilibre de quatre forces, dans lesquelles ils reconnaissent le charme, la conviction, le doute et l’envie d’emmerder le monde. »


Du Pratchett pur jus, que j’ai eu un plaisir infini à retrouver. Au premier abord, c’est simplement absurde et drôle. Mais une petite voix vous titille, au fond de votre esprit, et finit par vous murmurer que c’est certes un peu bête ; mais que franchement… ce n’est pas tant dénué de sens que ça. C’est simplement une autre façon de présenter les choses, une autre logique à appliquer à la narration et à certains événements qu’on peut y rencontrer. Une amorce discrète de la force du narrativium tel qu’il finira par nous la présenter dans la suite des aventures de certains de nos héro.ïne.s favori.te.s à venir. Le talent unique d’un auteur à savoir pousser l’absurde si loin dans ses derniers retranchements qu’il finit par lui conférer une logique interne.

Même si le problème des incohérences et du manque de continuité avec le reste des Annales demeure, malheureusement, y compris avec La Huitième Couleur, passant certains éléments sous silence, en conservant provisoirement quelques uns, en ajoutant d’autres, ou encore en en modifiant certains en profondeur. Encore une fois, pour l’œil exercé, cela n’est pas tant gênant qu’amusant, toujours dans cette optique du jeu des multiples différences, mais je pense que pour un œil totalement neuf qui enchaînerait les deux premiers tomes sans vraiment se laisser porter, la confusion risque d’être bien présente. Certains enjeux du précédent tome sont tout simplement effacés pour en utiliser de nouveaux ; même si j’aurais tendance à dire que ce n’est pas un mal en soi, on perd en cohérence globale ce qu’on gagne en substance et en foreshadowing pour les volumes à venir. On commence à entrevoir le fonctionnement de L’Université de l’Invisible et certains de ses futurs personnages récurrents (Oook !), on rencontre subrepticement Swires (le gnome qui finira par intégrer le Guet) pour la première fois – même si je me demande si ce n’est pas juste un hasard – et surtout on rencontre Cohen le Barbare, une parodie bien plus efficace de Conan que ne l’était Hrun dans La Huitième Couleur, parce que bien plus réfléchie.

À noter justement que les personnages gagnent énormément en souffle, puisqu’on insiste nettement plus sur leurs relations et leurs personnalités que sur leur urgence permanente à fuir. Le récit prend bien plus son temps et nous fait rire autant par les dialogues que par les situations, avec un équilibre qui commence à se trouver, parvenant fugacement à tendre vers certains des moments d’émotions que je me souviens avoir vécu dans les tomes ultérieurs. Si le duo Rincevent/Deuxfleurs gagne en profondeur, et surtout en véritable complicité, c’est sans doute Cohen qui remporte la palme du personnage le plus réussi. Au delà de l’effet de surprise du guerrier octogénaire, sa mécanique interne autant que son fonctionnement propre participent allègrement de cette logique absurde que j’évoquais plus haut ; le rire est assuré, en faisant tout de même réfléchir sur les tropes habituels des guerriers invincibles de la fantasy. On commence là à toucher du doigt la tendance de Terry Pratchett à exploiter ces tropes à fond, à la fois pour en extraire la puissance comique, mais aussi et surtout pour leur puissance satirique ; quand bien même Cohen n’est pour le moment que l’ombre de lui-même, tant dans ses actes que ses implications meta.

Un bon exemple de ce tâtonnement encore palpable est sans doute Trymon, qui nous sert d’antagoniste dans le roman, mais presque par défaut, en complément de la simple malchance toute relative de Rincevent. Il n’est qu’effleuré, là où un Pratchett futur aurait sans doute passé beaucoup plus de temps à sa caractérisation, et surtout à l’exacerbation de ses défauts et de ses failles pour en tirer une moelle satirique bien plus efficace. Il incarne, à mes yeux, la déshumanisation managériale moderne (déjà!) et le mal qui naît de la banalité médiocre, ne voyant que des logiques d’efficacité et des chiffres là ou d’autres, comme Galder Ciredutemps, Archichancelier en place, voient les bénéfices de l’expérience et des bonnes vieilles méthodes ayant fait leurs preuves. Seulement voilà, Trymon n’a que peu de temps pour briller, et il ne l’utilise pas au mieux ; il brillera sans doute plus par son interprétation par Tim Curry dans l’adaptation audiovisuelle. Dans le roman, on sait à peine à quoi il ressemble, et on peine à l’imaginer ou à véritablement comprendre ses motivations en dehors d’une évident souhait de trouver le pouvoir absolu pour pouvoir plier le monde à sa volonté. C’est quand même un peu cliché, et ça manque malheureusement des détails cocasses et malicieux que Terry Pratchett saura à l’avenir intégrer aux plans et psychologies de ses antagonistes pour éviter cet écueil. Dans un roman parodique fourmillant par ailleurs d’inventivité et de fulgurances, le manque d’un antagoniste aussi incarné que les protagoniste est assez douloureux, il faut bien l’admettre. Même si il faut aussi reconnaître qu’avec le recul, sa lutte avec les institutions en place de l’Université de l’Invisible et les conséquences des événements de ce tome seront très bien suivies – du moins je crois – dans les volumes à venir.

Dans cette même veine, on peut également noter la présence de deux personnages féminins, certes secondaires, mais qui annoncent tout à fait la volonté de Terry Pratchett de s’attaquer positivement à la représentation des personnages féminins dans la fantasy. C’est loin d’être parfait, Herrena la Harpie au Henné comme Bethan servant plus de véhicules à des constats sur la condition des femmes dans un univers comme celui du Disque, mais elles sont néanmoins de vrais personnages. Il prend le temps de s’attarder sur leurs motivations et psychologies respectives avec un certain soin, évitant beaucoup d’écueils très problématiques, et préparant le terrain à des Magrat Goussedail ou des Mémé Ciredutemps (<3). On peut tout de même noter l’ironie du choix d’illustration par Josh Kirby de Herrena sur la couverture, quand on sait que dans le texte, précisément, Terry Pratchett prend le temps de faire une plaisanterie sur le fait qu’un illustrateur serait sans doute frustré de devoir la représenter telle qu’elle est vêtue, c’est à dire comme tout mercenaire qui se respecte : de pied en cap, avec une cotte de mailles, pas beaucoup de cuir ni de peau visible. Une belle occasion ratée de synergie entre les intentions de l’auteur et celles de son illustrateur.

Donc oui, à l’instar de son prédécesseur, tout n’est pas parfait, loin de là. C’est certes mieux, mais quelques défauts demeurent malgré tout. Si le rythme souffre moins d’un découpage abrupt, il souffre toujours d’un certain déséquilibre entre les différents points de vue et de la taille variable des séquences proposées. La dernière partie est extrêmement précipitée, se permettant des ellipses et des incohérences internes encore une fois très généreuses, et laissant quelques points d’intrigues sans explications satisfaisantes. Je songerais presque à une pression pour rendre un texte tronqué ou modifié afin de correspondre à un standard de volume. Mais on voit déjà poindre bon nombre de ces moments de grâce que j’attends de pied ferme dans tous les volumes à venir, où le pur génie comique et philosophique de Terry Pratchett s’exprimera au mieux de ses capacités.

L’équilibre entre parodie pure et satire commence à se balancer favorablement, laissant de belles places au souffle des personnages et à de véritables intrigues, même si elles demeurent limitées. Je conclurai par une citation de Deuxfleurs, une de mes préférées, que j’avais complètement laissée passer lors de ma première lecture, mais que j’avais retenue d’une lecture ultérieure, et que je me faisais une joie de relire dans ce volume, résumant pour tout ou partie mon sentiment à l’idée d’effectuer ce Tour du Disque :

« On n’a jamais vraiment voyagé tant qu’on n’est pas rentré chez soi. »


J’ai attendu je crois près de 6 ans, si ce n’est plus, pour me replonger dans l’oeuvre d’un homme qui m’a aidé à traverser mon adolescence avec plus de force et à devenir l’homme que je suis aujourd’hui. Pendant tout ce temps, j’ai voyagé, littérairement et littéralement ; et je peux le dire parce qu’en refermant ce volume, en anticipant l’ouverture des prochaines, j’ai le sentiment que je vais bientôt être rentré à la maison.


Pour ce second tome, nous retrouvons nos deux compères dans une fâcheuse posture. Pour échapper à Krull, un astronome un peu fou, ils se sont embarqués dans une capsule spatiale mise en orbite autour de la grande A’Tuin. L’idée était ingénieuse jusqu’à ce qu’ils souhaitent en sortir. Car comment peut-on s’extraire du cosmos ? Peut-être avec une bonne dose de chance, qui sait ?


En attendant les premières lignes du roman annoncent déjà une aventure qui ne manquera pas de punch et de rebondissements.


D’autre part, les péripéties de nos deux héros ne se feront pas sans de curieux faces-a-faces, pas toujours agréables d’ailleurs. Comme le moment où ils ont dû sortir des griffes de dragons pour le moins surprenants. Mais il sera également question ici de belles rencontres comme celle avec le plus célèbre héros de fantasy Cohen le Barbare. Certes un Cohen vieillissant mais qui ne manque pas de ressort. Ainsi, nouer une amitié avec lui pourrait présenter quelques avantages non négligeables, particulièrement lorsque le danger rôde. Il est toujours utile d’avoir un héros pour protecteur.


Chemin faisant, Rincevent et Deuxfleurs vont s’en retourner vers Ankh Morpok et sa célèbre université de l’Invisible. Pourquoi ? Peut-être parce qu’une terrible menace, en fait non, deux effroyables menaces pourraient bien précipiter la destruction du Disque-Monde et entraîner la mort de la grande A’Tuin. Mais pour autant nos deux héros seront-ils à la hauteur ?


Terry Pratchett pose donc avec ce diptyque les bases d’un cycle d’une fantasy aussi déjantée qu’incroyable.


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