
Ohio
Résumé éditeur
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l’avis des lecteurs
Premier roman de l’Américain Stephen Markley, “Ohio” décrit avec acuité la vie de quatre trentenaires qui se sont connus au lycée avant de se perdre de vue, des destins bien cabossés qui vont se croiser sans se voir un soir à New Canaan. Stephen Markley a grandi dans une ville similaire à la même époque, sous Obama, dans ce Midwest très touché par la récession et forcément même si on est ici dans une fiction, son ressenti de l’époque est prégnant, ajoutant une belle touche d’authenticité au roman.
“Par un fébrile soir d’été, quatre anciens camarades de lycée désormais trentenaires se trouvent par hasard réunis à New Canaan, la petite ville de l’Ohio où ils ont grandi.
Bill Ashcraft, ancien activiste humanitaire devenu toxicomane, doit y livrer un mystérieux paquet.
Stacey Moore a accepté de rencontrer la mère de son ex-petite amie disparue et veut en profiter pour régler ses comptes avec son frère, qui n’a jamais accepté son homosexualité.
Dan Eaton s’apprête à retrouver son amour de jeunesse, mais le jeune vétéran, qui a perdu un œil en Irak, peine à se raccrocher à la vie. Tina Ross, elle, a décidé de se venger d’un garçon qui n’a jamais cessé de hanter son esprit.”
Le roman se déroule sur une douzaine d’heures mais en raconte en fait une dizaine d’années. Il met à nu, sans artifices, quatre jeunes mais en fait découvrir plus d’une dizaine, petite constellation de gamins ayant cruellement découvert le monde adulte, sur les écrans du collège un 11 septembre de triste mémoire. Bienvenue dans le XXIème siècle version Ohio.
“Ohio” est un roman au crescendo patient. L’auteur prend son temps avec le cadre, les personnages, laissant momentanément incomplets des discours, des évènements, des interrogations du lecteur, créant une addiction progressive, nous conviant à des ténèbres intérieures surprenantes, éprouvantes au final d’un polar de tout premier plan. Le début du roman semble bien anodin, commun et nous fait découvrir des histoires de cul, de coeur, de jalousies de petits Américains finalement pas si mal lotis par la vie. Sûrement qu’en Syrie ou à Haïti, les jeunes connaissent pire maux et pourront trouver puérils certains atermoiements.
Mais très vite, on entre dans le dur. Stephen Markley avait pensé écrire un polar, un roman noir et c’est en cours d’écriture qu’il a décidé de s’intéresser au passé de ces jeunes adultes. C’est ainsi que les flashbacks sont fréquents et que chaque moment important du passé a plusieurs versions selon le vécu de chaque personnage, offrant son libre arbitre au lecteur, lui proposant de trouver à quel moment chacun a déraillé, est resté planté ou s’est perdu.
“Ohio” est le roman de l’enclavement, de la récession, de l’isolement, du désabusement d’une jeunesse paumée, des mauvais choix, des regrets, des traumatismes adolescents qui bousillent toute une vie, des amours interdites, des passions éternelles, des addictions, de la guerre. “Ohio” est un roman éminemment politique, ça cogne dur, ça saigne, salope l’auréole de « Barack”et en même temps” Obama”, et effectue une troublante radioscopie d’une population qui va voter en masse Trump quelques années plus tard.
Certainement écrit indépendamment, par petits bouts, quatre nouvelles correspondant aux quatre parties de l’histoire, “Ohio” a dû nécessiter un travail colossal de réécriture tant le discours ne souffre d’aucune incertitude, d’aucune redite, d’aucune zone d’ombre, les réponses aux interrogations initiales sont toutes données, c’est nickel ! D’entrée, on est frappé par la beauté de la plume (une constante de la collection “Terres d’Amérique”) et la séduction dure, plaçant cet auteur aux côtés d’un James Sallis ou d’un Willy Vlautin dans cet art oh combien complexe d’amener à la lumière les gens de l’ombre sans apitoiement, sans compassion putassière. Roman complexe, “Ohio” ne se laisse pas apprivoiser facilement, se mérite mais reste ancré très longtemps après un dénouement qui ébranle.
Beau et dur comme une chanson de Springsteen qui serait interprétée par Protomartyr.
Superbe !
Au Etats-Unis, il faut saluer la démarche de ces auteurs audacieux faisant le bilan d’une génération bien souvent marquée par des guerres comme celles de la Corée ou du Vietnam. Et puisqu’il y est bien souvent question de combats, c’est logiquement autour d’un enterrement que débute ces romans générationnels où l’on rassemble quelques camarades aux parcours variés afin de faire un tour d’horizon des événements historiques qui se sont succédés et qui les ont frappés tout au long de leurs vies respectives. Il ne s’agit rien de moins que du symbole de l’autopsie d’une nation comme le fait Stephen Marklay avec Ohio, son premier roman traduit en français, qui dresse la formidable fresque d’une Amérique contemporaine complètement déboussolée à l’image des habitants d’une petite ville du Midwest qui se retrouvent à contempler un cercueil de location vide, rose platine, lors d’une procession rendant hommage à l’un de leur jeune concitoyen mort au combat durant la guerre d’Irak. Mais au-delà de ce prélude hallucinant, c'est autour du portrait de quatre jeunes trentenaires que l'on découvre une génération qui, du 11-Septembre jusqu'a nos jours, devient l'incarnation d'un pays désenchanté, marqué par une succession de guerres et de récessions économiques qui ont mis à mal ce fameux rêve américain.
Ils sont quatre trentenaires à débarquer le même soir d’été à New Canaan, petite ville de leur enfance nichée au coeur de l’Ohio. Anciens camarades du lycée, ce n’est pourtant qu‘un concours de circonstance qui va faire qu’ils vont se croiser au cours de cette nuit où chacun d’entre eux va s’employer à atteindre le but qu’il s’est fixé. Pour Bill Ashcraft, ancien activiste humanitaire s’abimant désormais dans l’alcool et la drogue, il s’agit de remettre un mystérieux paquet dont il ignore tout du contenu. Stacey Moore, quant à elle a un rendez-vous avec la mère de son ex-petite amie disparue qui n’a jamais accepté leur liaison tout comme son propre frère avec qui elle doit régler ses comptes. En ce qui concerne Dan Easton, jeune vétéran ayant perdu un oeil en Irak, il doit retrouver son amour de jeunesse qu’il n’a jamais oublié en dépit du mal-être qui le ronge jour après jour. Pour Tina Ross, il ne s’agit rien d’autre que d’une vengeance qu’elle doit assouvir à tout prix afin de se libérer du souvenir qui ne cesse de la hanter. Quatre trentenaires aux trajectoires variées, qui ne se font plus d’illusion. Quatre trentenaires représentatifs d’une génération meurtrie par les aléas des guerres et des crises économiques qui se sont succédées sans interruption. Quatre jeunes trentenaires de l’Amérique d’aujourd’hui.
Il y a bien évidemment ce sentiment de désillusion qui émane d’un texte à la fois dense et sinueux nécessitant une certaine attention pour mieux capter la kyrielle de détails que Stephen Marklay va rassembler au terme d’une construction narrative à la fois complexe et originale versant dans une noirceur terrible qui ne manquera pas de troubler le lecteur. Cercueil vide, bannière étoilée arrachée par le vent, le récit débute avec un prélude hallucinant où l’auteur nous présente cette petite ville de New Canaan en rassemblant ses habitants autour de la procession organisée pour rendre hommage à un jeune du pays qui a périt durant la guerre d’Irak. Puis sur l’espace d’une nuit, s’ensuit quatre parties se focalisant sur les activités de ces quatre trentenaires, anciens camarades de lycée, dont les destins vont s’enchevêtrer au fil d’une intrigue qui prend l’allure d’un roman noir. C’est donc autour du destin de Bill Ashcraft, de Stacey Moore, de Dan Easton et de Tina Ross que Stephen Marklay construit ce panorama social qui résonne comme un état des lieux d’une nation vacillant dans ses certitudes qui deviennent des clivages. Mais loin d’être un pamphlet, on découvre ces déconvenues dans le quotidien de chacun des personnages qui se remémorent leurs trajectoires au gré de cette nuit estivale ravivant les souvenirs en convoquant ainsi une multitude de protagonistes qui vont interférer tout au long d’un récit intense. Avec Bill Ashcraft, on prend la mesure de cette remise en question du patriotisme exacerbé par les événements du 11-Septembre et de cette remise en question des guerres qui en ont découlé qui résonnent comme autant de trahison pour une majeure partie de ses camarades dont l’un de ses meilleurs amis. Avec Stacey Moore, l’auteur aborde toute la thématique de l’homophonie et de l’intolérance avec en point de mire le radicalisme de certains membres de congrégations religieuses dont font partie son frère et la mère de sa petite amie aujourd’hui disparue. Tout en retenue, le personnage de Dan Easton nous permet d’avoir une vision de l’engagement de ses soldats qui peinent à se réinsérer dans le quotidien d’une vie morne qui semble dépourvue de perspectives. Avec Tina Ross, on découvre les clivages sociaux au sein du lycée et les dérives qui en découlent afin d’accéder à certaines castes et dont elle fera tragiquement les frais. Déshérence industrielle, absence de couvertures sociales qui fragilisent les travailleurs jusqu’à les mettre en faillite, pensions de retraite insignifiantes, c’est également avec l’ensemble des habitants de la ville de New Canaan que l’on découvre cette Amérique profonde de la Rust Belt qui ne se remet pas du déclin économique qui l’a frappé de plein fouet.
Portrait sans fard d’une Amérique désenchantée, Ohio met en lumière le mal-être de cette jeune génération meurtrie que Stephan Markley autopsie avec précision et sans complaisance au gré d’un récit à la fois fascinant et marquant qui secouera le lecteur jusqu’à la dernière page. Une véritable démonstration de talent.
"Ohio", roman de la désillusion ? Plutôt celui qui, revisitant la jeunesse passée, met au jour les germes du délitement à venir. Pour cela, Stephen Markley associe choralité et allers-retours permanents entre passé et présent.
"Ohio", c’est aussi le roman d’une convergence, celle de quatre personnages qui reviennent tous après dix ans d’absence, et pour une raison différente, dans leur ville natale de New Canaan, Ohio. Une bourgade de taille moyenne, a priori ni meilleure ni pire qu’une autre ; elle s’en est après tout économiquement mieux sortie que d’autres, en ouvrant au milieu des années 80 deux sites de production industriels. Mais la délocalisation est entretemps passée par là, et pas mal de ses habitants sont dorénavant à fond de cale, plombés par une misère sociale et culturelle qui leur ferme toute perspective. On est là dans l’Amérique sensible aux théories du complot, qui a vu bondir le nombre de conduites en état d'ivresse, de grossesses précoces, de tapages nocturnes, de suicides et d'agressions. Une Amérique où l’on tente de digérer les regrets de sa jeunesse perdue à coups d’Oxycontin, qui peine à suivre les aspirations progressistes d’une nation en plein bouleversement démographique.
Si Bill Ashcraft y revient, c’est pour y transporter, en échange de quelques liasses de billets, un paquet dont il ignore la nature du contenu. Dès ses années lycée, perpétuellement à contre-courant des idées générales, ennemi du patriotisme aveugle et du nationalisme décérébré, méprisant envers les psychoses collectives à l’origine des guerres impérialistes, il a toujours choqué. A 28 ans, après avoir erré à travers le monde et renforcé ses convictions au spectacle des "saloperies perpétrées par les américains", il est plus que jamais cynique et désabusé. Il est seul aussi, n’ayant plus de contact avec ses parents, exaspérant ses proches par ses prises de positions conflictuelles et pontifiantes. Looser arrogant, auquel on ne peut dénier une sorte de superbe, c’est un personnage aussi insupportable que touchant.
Après lui, nous suivrons Stacey Moore, déchirée entre son éducation puritaine et son homosexualité, qui revient en quête d’indice sur la disparition d’une ex-petite amie qu’elle n’a jamais pu oublier, qui a pris un aller simple pour l’autre bout du monde sans donner de nouvelles ; Dan Eaton, garçon appliqué et "trop gentil pour son bien", vétéran de la guerre en Irak où il a perdu un œil, qui veut retrouver son premier amour. Tina Ross enfin, clôt le quatuor. L’ex-plus belle fille du lycée de New Canaan a perdu ses charmes. Son retour est motivé par une soif de vengeance dont l’origine et la réalisation finissent de nouer les liens d’une intrigue qui ne dévoile ainsi le détail de ses connexions que dans son ultime partie.
Et puis il y a tous ceux qui, évoqués à travers les souvenirs des quatre protagonistes pré-cités, participent aussi de l’élaboration de cette fresque moderne que construit astucieusement et patiemment Stephen Markley. Ainsi Rink Brinklan, décédé en Irak, dont les obsèques constituent l’entame de l’intrigue, "le genre de mec qu'on trouve un peu partout dans le ventre boursouflé du pays, qui enchaînent Budweiser, Kamel et nachos accoudés au comptoir comme s'il regardaient par-dessus le bord d'un gouffre, qui peut frôler la philosophie quand il parle football ou calibre de fusil, qui se dévisse le cou pour la première jolie femme mais reste fidèle à son grand amour, qui boit le plus souvent dans un rayon de 2 ou 3 km autour de son lieu de naissance". On notera qu’à son image, d’autres absents -Ben le musicien, Lisa et sa redoutable force de caractère- imposent leur empreinte de manière tout aussi -voire plus- prégnante que certains présents.
"Ohio" est un roman très riche, très dense, qui fait la part belle à la dualité et à la complexité de ses personnages. C’est aussi un roman profondément mélancolique, hanté par l’amère prise de conscience de la pourriture et de la violence du monde, de l’iniquité et la barbarie d’un système qui basé sur le profit, mène à l’exploitation des plus faibles et au désastre écologique.
J’ai beaucoup, beaucoup aimé.
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