L'heure bleue
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l’avis des lecteurs
Quatrième de couverture
La jeune réalisatrice Andrea et son petit ami Tom espèrent beaucoup du documentaire sur l'écrivain Richard Wechsler qu’ils sont en train de tourner. Après un début laborieux à Paris, où le romancier vit depuis de longues années, ils l’attendent dans son village natal en Suisse, afin de poursuivre la production du film. Mais en l'absence de Wechsler, Andrea doit se contenter des indices trouvés dans ses livres ou les rares rushes captés sur les quais de Seine et au cimetière du Montparnasse pour obtenir des réponses à ses questions.
Mon avis
« L’heure bleue » sert de fil conducteur à ce roman presqu’insaisissable.
« J’aime bien cette heure bleue entre la nuit et le jour, cet état entre sommeil et veille. », « À une heure bleue, bleu sombre, de la nuit, et une fois passée personne ne sait si elle a été.» Il y a également l’heure bleue de Guerlain et d’autres clins d’œil.
Andrea et Tom ont décidé de tourner un film sur l’écrivain Richard Wechsler. Ils veulent faire une présentation générale de lui, ensuite ils envisagent de le ramener dans le village de son enfance à la rencontre de ceux qui l’ont connu. Lui pense qu’à part ses dates de naissance et de mort, tout, entre les deux, lui appartient. Autant dire qu’il va être délicat de le faire parler. Déjà répondre à des questions sera compliqué mais se confier…
Andrea et Tom ne savent plus où ils en sont de leur couple, ce qui ne simplifie pas les interviews avec l’auteur. C’est Andrea qui s’exprime dans ce récit, elle prend ses distances, fait cavalier seul. Elle entretient une relation ambiguë avec Richard. Il lui file entre les doigts, ne se présente pas toujours aux rendez-vous, peut répondre à côté, laisser dériver la conversation…
On s’interroge souvent sur ce qui est de la réalité ou des états de semi rêve où, comme dans l’heure bleue, tout est flouté car on est entre somnolence et pleine conscience.
« Savoir s’il portait déjà tout ça en lui ? Cette sombre attente de la douleur ? »
Celui qu’Andrea interroge a une personnalité troublante, oscillant entre collaboration et observation extérieure. Il avait dit oui pour le film car il imaginait que le regard des cinéastes allait lui faire découvrir des choses sur lui. Il n’est pas vraiment participatif alors Andrea cherche par elle-même, elle essaie de croiser des gens qui le connaissent afin d’obtenir des éléments sur son parcours, sa personnalité.
En lisant ce récit, il ne faut pas attendre de certitudes. Les ramifications sont nombreuses, il y a des histoires dans l’histoire principale, semblables à des mises en abyme. On peut d’ailleurs se questionner : est-ce que l’auteur ne s’identifie pas à ce personnage mystérieux, qui échappe à ceux qui veulent construire un film sur lui ?
J’ai eu le sentiment, en lisant, que le texte se dévoilait à travers un kaléidoscope et suivant comme on tournait, les images formées par les mots étaient différentes. C’est comme une vague, calme, impérieuse ou silencieuse, s’approchant pour repartir aussitôt, effaçant les traces (ce qui a été rédigé) pour que d’autres se créent, apparaissent …
Ce livre singulier, qui se démarque, est un vrai labyrinthe dans lequel il ne faut pas hésiter à s’aventurer. Le traducteur, Pierre Deshusses, a donné du sens à chaque mot qu’il a choisi pour rendre au mieux l’écriture de Peter Stamm ainsi que l’atmosphère qu’il souhaitait transmettre. Cette lecture m’a offert un moment hors du temps, où je n’ai pas cherché à démêler les fils. J’ai simplement laissé le phrasé glisser en moi pour profiter de ce recueil au maximum.
Autofiction, autodérision et autoanalyse
Peter Stamm, au sommet de son art, raconte dans « L’heure bleue » comment une équipe de tournage rate le film documentaire qu’elle voulait consacrer à l’écrivain Richard Wechsler. Ce double de l’auteur lui permet de réfléchir avec humour sur son statut, son œuvre et… son amour de jeunesse. Quelle virtuosité !
Andrea et venue à Paris avec Tom pour réaliser un film documentaire sur l’écrivain Richard Wechsler. Si cet auteur suisse installé dans la capitale française a bien signé un contrat précisant les jours de tournage, il n’a pas vraiment l’intention de se livrer, considérant que son œuvre se suffit à elle-même. À moins qu’il ne sache plus très bien faire la différence entre sa vie et ses écrits ? Peut-être a-t-il aussi un peu peur de ce grand déballage ? « Je ne veux pas faire de moi un héros, un martyr de la littérature, mais j’ai de plus en plus souvent l’impression que la littérature me bouffe lentement, je perds un peu de moi à chaque livre. (…) il me semble que je suis de plus en plus vivant dans le monde de la fiction, qu’il me suffit de plus en plus et que la réalité n’est plus là que pour maintenir mon corps en vie, Comme dans le film Matrix. La pilule rouge ou la pilule bleue. » Et c’est là tout l’enjeu et le jeu de ce roman. Car dans la vraie vie, une équipe de tournage a effectivement accompagné Peter Stamm dans la genèse de son roman consacré à un écrivain auquel on consacre un film documentaire. Dans sa version originale, le livre et le film intitulé Wenn Peter Stamm schreibt (Quand Peter Stamm écrit) sont sortis en même temps. Ils se sont mutuellement engendrés, si bien que sans le film, le livre n’existerait pas – et inversement. Avec maestria, la fiction et la réalité se mêlent et Peter Stamm ne cesse d’entretenir la confusion. Si son double s’appelle Wechsler, c’est pour bien signifier qu’il est interchangeable. Semblable, mais pas tout à fait. Ainsi, l’œuvre majeure de Wechsler nous rappelle Un jour comme celui-ci, le roman de Peter Stamm sorti en 2006 en version originale et en 2007 en français. On l’aura compris, ici l’autodérision règne en maître. Dans ce jeu de miroirs, on trouve des notations sur le métier d’écrivain, des remarques d’Andrea, la cinéaste, sur les manies de l’auteur – « Ce sont toujours les mêmes scènes qui apparaissent dans ses livres, toujours les mêmes lieux, le village de son enfance » – ou encore le témoignage de Judith, l’amour de jeunesse de Richard, qui va se lier d’amitié avec Andrea. À chaque ligne, on sent le plaisir que l’auteur a pris à ce jeu de miroirs. C’est drôle, quelquefois corrosif, souvent teinté de nostalgie. Autour de questions existentielles, on suit avec délectation cette plume virevoltante, toujours apte à cueillir d’une saillie l’absurdité du monde, comme cette conversation cueillie au vol entre deux jeunes femmes dans le tram : « Tu sais, quand tu as une chaîne stéréo comme la nôtre, ce n’est pas possible d’avoir des enfants. » Après le non moins formidable Les archives des sentiments, ne passez pas à côté de cette petite merveille !
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