Enfant de salaud
Résumé éditeur
livré en 5 jours
livré en 5 jours
l’avis des lecteurs
Qu’as-tu fait à la guerre papa?
C’est avec raison que Sorj Chalandon est l’un des auteurs les plus attendus de cette rentrée. Avec Enfant de salaud, il nous livre sans doute l’un de ses romans les plus personnels, mais aussi un message universel. Du drame intime au procès historique.
«Il m’aura fallu des années pour l’apprendre et une vie entière pour en comprendre le sens: pendant la guerre, mon père avait été du mauvais côté. C’est par ce mot que mon grand-père m’a légué son secret. Et aussi ce fardeau.» En ouverture de ce beau et terrible roman, Sorj Chalandon raconte la rafle des enfants d’Izieu à travers les témoignages recueillis par un journaliste en reportage dans la région. Nous sommes en 1987, à quelques jours du procès de Klaus Barbie qu’il a été chargé de couvrir et pour lequel il entend se documenter. Après cette glaçante entrée en matière, le lecteur va comprendre pourquoi ce sujet touche autant le narrateur: son père a été l’un des acteurs de cette tragédie. Après avoir longtemps raconté ses glorieux faits d’armes à son fils, il a fini par confirmer les paroles mystérieuses du grand-père qui avait confié à son petit-fils qu’en fait, il était un salaud. Engagé dans la Légion tricolore, qui entendait défendre la France contre les bolchéviques, il rejoindra la division Charlemagne puis la 33e division de grenadiers de la Waffen SS, celle qui défendra le bunker d’Hitler à Berlin jusqu’aux premiers jours de mai 1945.
Accablé par ces révélations, le narrateur essaie alors de comprendre sa honte et entend faire toute la lumière sur ces zones d’ombre, retrouver des acteurs et des témoins, des textes et des photos. Car il a vite compris qu’il ne doit pas prendre pour argent comptant la seule version de son père. Il va mener sa propre enquête.
Quand s’ouvre le procès Barbie, un procès pour l’Histoire, il suivra avec attention les débats, mais observera aussi l’attitude de son père, qui a réussi à s’attitrer une des places réservées au public dans la salle durant les audiences.
Autant que le dossier qu’on lui a confié, c’est ce procès dans le procès qui va forger sa conviction: «Plus je lisais tes dépositions plus j’en étais convaincu: tu t’étais enivré d’aventures. Sans penser ni à bien ni à mal, sans te savoir traître ou te revendiquer patriote. Tu as enfilé des uniformes comme des costumes de théâtre, t’inventant chaque fois un nouveau personnage, écrivant chaque matin un autre scénario.»
On l’aura compris, trier le vrai du faux s’apparente dès lors à un travail de Sisyphe, même si certains faits vont être corroborés par des témoignages. Et à mesure que se déroule le procès Barbie se déroule aussi celui de son père, qui changeait d’uniforme et de camp, en brouillant les pistes. Mais jusqu’à quel point était-il conscient des enjeux, des risques et des conséquences de ses actes?
Sorj Chalandon a choisi de construire son roman en mettant en parallèle ces deux destins. Il propose ainsi au lecteur d’associer les plus intimes et les plus forts des sentiments aux faits historiques. Au-delà de la question de savoir ce que nous aurions fait dans de telles circonstances, c’est la relation père-fils qu’il creuse. C’est ce lien très fort qu’il analyse.
Et découvre alors qu’à l’heure du verdict, il ne peut y avoir que des perdants.
Je n’avais pas eu le temps de lire ce roman, choisi comme livre de littérature générale pour la lecture commune du printemps, à ce moment je suis allée voir ses étiquettes sur Babélio et j’y ai vu celle que j’aime le moins, romance. Mais je fais confiance à Sylvaine pour nous choisir des livres intéressants, je m’y suis donc lancée en espérant que le côté romance ne serait pas trop dominant, et je n’ai vraiment pas été déçue par ce superbe livre.
Nous suivons trois personnages, d’abord Roxanne, une jeune femme qui a fait fortune au poker, mais qui a tout plaqué après le décès de sa grand-mère, elle a fait un voyage en Amérique du Sud pour chercher un vrai sens à sa vie, avant de rentrer à Cannes. Elle regrette amèrement de ne pas être rentrée pour accompagner les derniers jours d’Hélène et ne peut faire son deuil. Elle décide donc de s’impliquer dans la vie d’Elia, l’EMS où elle résidait en proposant diverses animations.
Il y a aussi Emmanuel le petit fils de Marguerite, qui vit en Tanzanie où il est photographe animalier et très impliqué dans la sauvegarde difficile des animaux. Il vit seul depuis plus de vingt ans après que son grand amour l’ait quitté pour un autre. Sa mission passe avant tout et il rentre régulièrement voir sa grand-mère qui l’a élevé, car sa mère est morte en couches.
Et enfin, au centre du roman, Marguerite, nonante-trois ans, qui a perdu son mari, ses soeurs, sa meilleure amie et est atteinte d’un cancer. Elle ne veut pas vivre la déchéance jusqu’au bout et désire choisir son heure, ce qui implique de se rendre dans un pays qui accepte le suicide assisté, elle en parle à Emmanuel qui prend la mouche. Même si elle désire mourir, la vie continue avec de petites joies et des agacements dans son institution, un nouveau résident Lucien lui apporte un rayon de soleil, tout comme Roxanne avec qui elle se lie très vite. Cette dernière met en place une boite à rêves pour réaliser le dernier souhait des pensionnaires.
On se doute dès le début qu’Emmanuel et Roxanne vont tomber amoureux, mais on évite tous les pièges des romans à l’eau de rose insupportables. L’auteure nous décrit leur relation et ses débuts difficiles avec une grande finesse et beaucoup de nuances, rien est évident et c’est crédible, ces personnages sont dans la vie avec ses difficultés et ses joies, non dans un conte de fées style Walt Disney.
D’ailleurs la finesse, la délicatesse et les nuances sont la marque de fabrique de ce magnifique roman qui traite en profondeur et sans pathos de sujets très importants. Il n’y a jamais de jugements à l’emporte-pièce. On y parle de la vieillesse, de la fin de vie, des blessures du passé qui entravent la marche vers l’avenir, mais aussi de l’Afrique et ses problèmes, la cohabitation des hommes et des animaux devient de plus en plus difficile car les premiers ont besoin de toujours plus d’espace, au détriment des seconds. Le problème du braconnage est aussi évoqué ainsi que la disparition de l’éléphant à la fin de ce siècle si on ne trouve pas de vraies solutions à leurs problèmes.
Les ambiances sont très bien dépeintes, que ce soit les paysages africains ou la vie de l’institution, pleine de vie malgré la mort qui rôde. J’y ai reconnu l’attention des soignants et les tensions nées de la promiscuité non choisie et des caractère de chacun. On trouve un Monsieur Chazot dans chaque foyer ou EMS. J’ai beaucoup aimé ce roman tout en nuances, plein de tendresse qui va à l’essentiel sans lourdeur. Un livre qui a de quoi plaire à un vaste public.
Encore un excellent livre qu’un non moins excellent challenge m’a fait sortir de ma Pal plus vite que prévu et c’est un coup de coeur. Je n’avais encore rien lu de cet auteur, maintenant j’ai grande envie de découvrir d’autres de ses écrits . Que j’apprécie ces challenges qui nous font sortir de nos chemins battus.
En 1962 le grand père de l’auteur, alors âgé de dix ans lui dit que son père a passé la guerre du mauvais côté, qu’il l’a vu à Lyon sous l’uniforme allemand et que le petit est ainsi un enfant de salaud. C’est la transmission du fardeau de la honte. Sorj voyait son père comme un héros, il lui faisait le récit de ses combats, notamment il se dit soldat de la légion Charlemagne, parmi les tout derniers défenseurs du bunker d’Hitler à Berlin, sinon il se montre depuis toujours violent avec son fils et sa femme.
En 1987, en vue de sa couverture du procès Barbie, Chalandon va visiter la maison d’Izieu, il regrette que son père ait une fois de plus refusé de l’accompagner, car il cherche depuis des années à savoir ce qu’il a vraiment fait durant la guerre, mais il se dérobe toujours, inventant mille histoires. Sorj sait qu’il ne fait pas partie des derniers défenseurs de Berlin, car les livres d’histoire ont révélé tous les détails de ces évènements, mais le père refuse d’en démordre. Il lui demande de lui trouver un passe-droit pour pouvoir assister au procès du chef nazi dans le public peu nombreux autorisé à entrer dans la salle. En même temps, le fils réussit à se procurer grâce à un ami le dossier judiciaire de son père. Il l’étudie en détail, en prenant son temps tout au cours du procès, son père a été condamné à un an de prison et cinq de dégradation nationale pour avoir collaboré avec l’ennemi, il ne peut donc pas avoir commis de grands crimes, qui lui auraient valu le peloton d’exécution.
Nous suivons en parallèle le procès Barbie, avec ses témoignages bouleversants, sa défense pitoyable, notamment quand maitre Vergès s’en prend à un modeste ouvrier agricole peu instruit qui a assisté à la rafle d’Izieu de loin et le combat entre Sorj et son père. Il l’espionne et espère que de le confronter aux horreurs du nazisme le poussera à enfin lui raconter la vérité sur sa guerre. Il y a beaucoup d’émotion et d’espoir dans cette lutte. Son père n’a pas tant trahi la France que sa famille et surtout son fils confronté à la violence physique, psychologique, aux mensonges et à la honte depuis l’âge de dix ans. Il n’a aucune intention de juger ou de condamner son père, mais espère assez d’amour et de confiance de sa part pour qu’il lui confie ses secrets. Ces passages sont très émouvants et j’admire l’amour tenace de ce fils pour cet homme qui n’a fait que le maltraiter.
La scène de la confrontation avec le père est très puissante, magnifique, même si elle se retourne un fois de plus contre son fils, même le dos au mur le père refuse de capituler et d’abdiquer ses secrets pour commencer enfin une relation apaisée avec son fils. Toutefois, on apprend en fin de volume que l’auteur a eu accès au dossier judiciaire de son père seulement en 2020, après sa mort et que cette scène superbe est donc purement imaginaire.
Ce roman est superbe, on y assiste à la grande histoire de la deuxième guerre mondiale et aussi à la très petite histoire d’un homme qui semble avoir changé de camp comme de chemise à de multiples occasions, servant les plus puissants du moment. La police consigne son témoignage en 1944 lors de son procès, mais finalement ne sait pas si le récit est véridique ou seulement le tissu de mensonges d’un mythomane à la petite semaine. Le commissaire conclut que l’accusé est sans doute un agent allemand, mais sans savoir ce qu’il a vraiment fait et en quoi il est vraiment impliqué. Un coup de coeur qui m’incite à lire d’autres ouvrages de Sorj Chalandon.
Un grand merci à Netgalley et aux Editions Grasset pour cette magnifique découverte.
Livraison soignée
Nos colis sont emballés avec soin pour des livres en excellent état
Conseil de libraires
et des sélections personnalisées pour les lecteurs du monde entier
1 millions de livres
romans, livres pour enfants, essais, BD, mangas, guides de voyages...
Paiement sécurisé
Les paiements sur notre site sont 100% sécurisés