De beaux lendemains
  • Date de parution 04/06/1999
  • Nombre de pages 336
  • Poids de l’article 240 gr
  • ISBN-13 9782742714445
  • Editeur ACTES SUD
  • Format 175 x 111 mm
  • Edition Livre de poche
Anglo-Saxon Romans étrangers

De beaux lendemains

4.15 / 5 (985 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

L'existence d'une bourgade au nord de l'état de New York a été bouleversée par l'accident d'un bus de ramassage scolaire, dans lequel ont péri de nombreux enfants du lieu. Les réactions de la petite communauté sont rapportées par les récits de quatre acteurs principaux. Il y a d'abord Dolorès Driscoll, la conductrice du bus scolaire accidenté, femme solide et généreuse, sûre de ses compétences et de sa prudence, choquée par cette catastrophe qui ne pouvait pas lui arriver, à elle. Vient Billy Ansel, le père inconsolable de deux des enfants morts. Ensuite, Mitchell Stephens, un avocat new-yorkais qui se venge des douleurs de la vie en poursuivant avec une hargne passionnée les éventuels responsables de l'accident. Et enfin Nicole Burnell, la plus jolie (et la plus gentille) fille de la bourgade, adolescente promise à tous les succès, qui a perdu l'usage de ses jambes et découvre ses parents grâce à une lucidité chèrement payée. Ces quatre voix font connaître les habitants du village, leur douleur, et ressassent la question lancinante — qui est responsable ? — avec cette étonnante capacité qu'a Russell Banks de se mettre intimement dans la peau de ses personnages.

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  • Date de parution 04/06/1999
  • Nombre de pages 336
  • Poids de l’article 240 gr
  • ISBN-13 9782742714445
  • Editeur ACTES SUD
  • Format 175 x 111 mm
  • Edition Livre de poche

l’avis des lecteurs

Dans une bourgade au nord de l’état de New-York, l’embardée d’un bus de ramassage scolaire a provoqué la mort de plusieurs enfants. Les réactions de la petite communauté sont rapportées par les récits que font quatre protagonistes : Dolorès Driscoll, la conductrice, solide et généreuse, choquée par ce qui ne pouvait lui arriver : Billy Ansel, l’inconsolable père de deux enfants qui ont péri dans l’accident ; Michel Stephens, un avocat new-yorkais qui s’acharne à trouver des responsables ; Nicole Burnell, adolescente promise à tous les succès, qui a perdu l’usage de ses jambes et provoque un dénouement aussi amer qu’inattendu.

 

Ma lecture

Etat de New-York, l’hiver, -27°, la neige et le verglas recouvrent les routes mais Dolorès Driscoll est habituée, depuis 20 ans, à conduire le car de ramassage scolaire et en a la maîtrise comme celle des enfants qu’elles transportent, elle les connait tous, eux et leurs familles, et pourtant, ce matin là, quatorze d’entre eux vont trouver la mort, parfois plusieurs d’une même famille. Pourquoi et qui est responsable ? La narration est donnée à quatre personnages concernés à divers degrés : la conductrice Dolorès est la première et par elle nous découvrons la ville, l’hiver et les familles au fur et à mesure que les enfants s’installent dans son véhicule. Puis Billy Ansel le père de deux enfants décédés, qui suivait le car et Nicole Burnell, une des occupantes du car,une survivante. Il y a également Mitchell Stephens, avocat, qui veut faire payer le ou les coupables parce que dans tout drame il faut un ou des responsables. Russell Banks donne la parole à chacun d’eux pour connaître non seulement leurs vies, celle d’avant car ce que l’on sait d’eux est peut-être bien différent de ce que l’on en dit et celle d’après le drame, avec leurs ressentiments, comment ils vivent désormais ou ce qui les anime. 

Sam Dent est une petite bourgade où tout le monde se connaît, s’apprécie mais le drame va révéler, au-delà de l’impact sur les familles, ce qui se passe sous le voile des apparences : d’autres blessures, d’autres secrets, d’autres rancœurs ou intérêts car bien au-delà d’un accident Russell Banks aborde, à travers ce prisme, la société américaine qui dissimule ses failles sous le voile des apparences. 

Après la lecture de La réserve qui m’avait permis de découvrir Russell Banks et sa façon de sonder la psychologie de ses personnages, jouant déjà du trouble de certaines personnalités, on m’avait fortement conseillé la lecture de ce roman, adapté au cinéma par Atom Egoyan, et qui obtint le Grand Prix du Festival de Cannes en 1997 (que je n’ai pas vu). L’auteur se glisse dans chacun de ses personnages, avec logique, en partant de l’intérieur du car, puis du père qui le suivait, puis d’une des enfants pour finir par un élément extérieur au drame, mais qui va le prendre en charge au niveau juridique, adoptant et imprégnant son écriture de l’univers de chacun, avec des ruptures de to, en particulier dans la double prise de parole de Dolores Driscoll en début puis en fin de roman . Tous ont des blessures antérieures, aucun d’eux n’a été épargné dans sa vie et pourtant ils vont connaître une douleur encore plus forte : celle soit de perdre un ou des enfants, de se retrouver handicapée, de ressentir un sentiment d’impuissance, de fatalité ou de responsabilité dans l’accident mais aussi des désillusions face à une communauté qu’ils pensaient connaître.

La force de ce roman réside dans la tension installée, la manière dont les relations et sentiments de chacun vont prendre une autre dimension. On passe d’une bourgade tranquille, sans heurts à un climat de suspicion et d’interrogations. Les langues se délient, les attitudes changent, certains se noient dans leurs tristesses, d’autres vont trouver là l’occasion de régler des comptes et comme il faut toujours un responsable, qu’importe la responsabilité si cela permet d’assouvir une vengeance.

Russell Banks expose les faits, conduit le car jusqu’à sa chute puis laisse chacun exposé son ressenti, son vécu, ses convictions, sa détresse ou son ignorance mais c’est l’occasion pour l’auteur d’analyser les comportements et les revirements d’une société quand un tel drame surgit, en particulier au sein d’une petite communauté, avec la présence d’un avocat, lui-même touché dans sa vie personnelle par un enfant en difficulté, et qui permet de faire le lien entre les différents protagonistes mais également d’avoir le regard extérieur, sans affect et uniquement motivé par la réparation pécuniaire.

C’est glaçant, certes, par les faits, la perte d’enfants d’une même communauté, mais l’intérêt est surtout la manière dont chacun va réagir, faire front ou s’effondrer et remettre en question tout ce qui était les bases de sa vie d’avant. Une écriture qui tient à la fois à distance des faits parce qu’ils parlent d’eux-mêmes et qu’il est inutile d’en rajouter, s’orientant plus sur l’aspect psychologique et intime de chacun(e) des protagonistes, un style qui énonce, relate sans jamais s’apitoyer sur l’un ou l’autre, comme le constat de situations personnelles face à un drame qui touche dans ce que l’on a de plus cher, sans jugement sur les choix pris par chacun pour tenir, continuer ou trouver une issue, s’il en existe une, bonne ou mauvaise.

Décidément un auteur que j’aime.

La bande annonce du film en prime et qui reflète bien la tension du récit

C'est l'histoire d'un combat entre la raison de la colère et celle de la résilience.

Un combat qui ne dit pas son nom, qui se joue dans la portée des non-dits, qui mûrit dans le cheminement des raisonnements intimes.


Le parti de la colère est porté par Mitchell Stephens, avocat qui au lendemain d'un accident de bus scolaire ayant causé la mort de plusieurs enfants, tente de convaincre les familles des victimes d'engager une procédure à l'encontre de l'état. Ce combat, qu'il mène comme tant d'autres avec la conviction de sa juste nécessité, est en réalité pour lui un moyen inconscient de nourrir l'insatiable rage qui le ronge, envers la vie, envers lui-même qui n'a pas su sauver son propre enfant, devenu une jeune femme perdue, toxicomane, qui l'appelle de temps en temps depuis des squats sordides pour lui réclamer de quoi acheter ses doses.


Il n'a pas trop de mal à convaincre certains parents de le suivre, pas vraiment par colère, mais pour combler ce vide intensément douloureux qu'a creusé la mort de leurs enfants, essayer de donner un sens à une existence qui n'en a plus... d'autres, qui ont compris la vanité de toute lutte, se laissent couler dans le gouffre de leur désespoir, l'accident ayant fini de briser une fragilité déjà latente...


Nicole Burnell, jeune fille que sa beauté et ses talents promettaient à un brillant avenir, rescapée de l'accident mais définitivement paralysée, représente la voie de la résilience. Elle aussi a saisi les mauvaises raisons que dissimule parfois cette volonté de trouver un coupable à un simple mauvais concours de circonstances. Elle fait le choix de laisser le drame poser sa trace, refuse qu'il devienne un instrument, l'occasion d'assouvir des rancœurs existentielles ou de résoudre des situations financières difficiles.


Dans ce roman polyphonique, qui, hormis celles de Mitchell et de Nicole, fait entendre les voix de Dolores, la conductrice du bus, et de Billy Ansel, qui, au moment de l'accident, suivait -comme il avait coutume de le faire chaque matin pour rejoindre son garage- le bus dans lequel se trouvaient ses jumeaux, Russell Banks utilise le drame collectif comme révélateur des grandeurs comme des petitesses des individus, de leurs failles comme de leurs forces.


Sous les apparences de relative cohésion et de bienveillance qui unissent la communauté de cette bourgade marquée par l'isolement et les longs hivers, affleurent ainsi les antagonismes et les ignobles secrets d’alcôves, les angoisses et les détresses que l'on tente vainement de calmer à coups d'alcool ou de reniement. Tout cela s'exprime, à la Russell Banks, sans fracas, sans fureur, mais avec une insondable mélancolie. Il se fait le porte-parole de gens ordinaires dont le destin bascule, ou plutôt semble glisser, mais chez lesquels la tragédie n’occasionne ni révolte fracassante, ni désespoir bruyant. Ils subissent à la place un délitement insidieux, un lâcher prise qui les fait, parfois, se sentir morts. La vie continue, mais elle est bancale, voire, pour certains, complètement vide.


On n'en attend pas moins de la part de Russell Banks, mais une fois de plus, il manie sa plume avec une remarquable justesse : "De beaux lendemains" ne compte pas un mot de trop, le texte est resserré sur l'intervention finalement assez courte de chacun des narrateurs, mais il parvient à extraire de leurs témoignages respectifs la substance de ce qui fait les existences, de ce qui les bouleverse ou de ce qui les détruit.


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