Les mots nus
Résumé éditeur
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l’avis des lecteurs
Quatrième de couverture
Entre Belleville et la Brousse, Ben cherche sa place. Il traverse les années 90, les bouleversements du monde et les luttes sociales qui secouent le pays.
Mon avis
Rouda est né en 1976, à Montrieul. Chanteur, slameur, auteur-compositeur-interprète et poète français, « Les mots nus » est son premier roman. Et ce titre est très bien choisi. Cet homme a tout compris du « pouvoir des mots ». Ceux qui bercent, ceux qui détruisent, ceux qui crient la révolte, ceux qui parlent d’amour ou d’amitié, ceux qui blessent, ceux qui « poétisent » …. C’est tellement fort un mot….ça peut tout bouleverser sur son passage. Rouda les aime, leur permet de donner le meilleur d’eux-mêmes, il les chuchote, les hurle, les « slame » pour le plus grand bonheur du lecteur.
Dans les premières pages, une bande son pour accompagner la lecture.
Au début du récit, 1990, Ben a quatorze ans. Il vit en banlieue, va au collège. Ce n’est pas toujours aisé mais il s’accommode de sa vie et de ses parents. Chez lui, on parle peu, ni des autres, ni d’eux, ni de ce qui rend tristes.
« C’est juste que mon père n’a pas assez de mots. Et que ma mère ne sait pas dans quelle langue il faut lui parler. »
Pour passer le bac, il va dans un établissement sur Paris, ça permet de s’inventer une autre vie, de faire comme si, de rêver, de profiter d’un quotidien différent. Et puis, c’est la faculté, les rencontres, les influences pas toujours bonnes, il faut bien que jeunesse se passe…. Et un jour, Oriane, une fille exceptionnelle, qui illumine par sa présence et c’est la découverte de l’amour. Elle est raisonnable, elle apaise Ben, elle le comprend mais pour combien de temps …
« On ne peut pas changer le monde, Ben, mais il faut tout faire pour qu’il ne nous change pas. »
Ben sait bien que « La violence qui fait du bien n’est pas une manière d’être. » Pourtant certaines situations le révoltent. Alors pour calmer ses colères, il absorbe les mots, il lit, il prend des notes, il découvre ceux qui ont lutté avant lui. Il se sent solidaire des chômeurs, de ceux qui sont malmenés, incompris, oubliés…. Alors, comme les curés prennent l’habit, il épouse la cause des laissés pour compte. Il se battra avec ses failles, avec ses forces, avec ses armes, avec ses mots….
Ben, tu as raison d’y croire, mais ce ne sera pas facile, et peut-être que tout ça ne servira à rien mais tu l’auras fait, c’est ça ? Tu auras essayé ? Tu as besoin d’aller jusqu’au bout, de ne rien lâcher, pour être toi …
Ben n’était pas destiné à se trouver en première ligne des combats, mais c’est ainsi, c’est parfois violent la vie, ça fait mal, ça fait peur, et puis on se relève et on continue. Ben ne peut pas envisager d’abandonner alors jusqu’au bout …il porte l’étendard de la révolte….
Ben, c’est vous, c’est moi, c’est eux, c’est tous ceux qui, un jour, se sont levés, même une seule fois, pour dire stop !
Ce roman est bouleversant par la place qu’il donne aux mots. C’est une vague, un murmure, un cri, un tsunami. J’ai aimé les textes, en italiques, semés ça et là, ils rythment l’histoire, lui donnent une autre dimension. Parfois, les phrases elles-mêmes semblent être du slam et on a envie d’entendre l’auteur nous les dire. Qui sait ? Peut-être certaines d’entre elles deviendront une mélodie le temps d’un slam ?
«Je n’ai d’envergure que dans mes rêves»
Pour son entrée en littérature, le rappeur et slameur Rouda a choisi de brosser le portrait d’un jeune de banlieue qui se rêve le leader d’une révolte citoyenne. L’occasion de revenir sur les années de La Haine et l’échec des politiques de la ville.
Nous sommes en 1990. Ben a 14 ans. Il vit en banlieue aux côtés d’un père taciturne qui bosse dans un garage et d’une mère aimante qui passe ses journées dans un service comptabilité. Ils lui confient la clé du logement et il n’a qu’à se débrouiller. Alors c’est ce qu’il fait, invite ses potes gitans que son père lui interdit de faire rentrer dans leur pavillon où un coin est réservé au bricolage pour son père et un jardinet accueille les plantes de sa mère. Au-dessus d’eux flotte le fantôme d’un grand-frère mort bien avant que Ben naisse. Alors, on n’en parle pas, la vie est assez dure pour ça. L’été, la famille passe des vacances en Bretagne, parenthèse de vies ordinaires usantes que les cigarettes fumées à la chaîne par la mère et le vin éclusé par le père ne rendent guère plus reluisantes.
Au milieu des coups de gueule, Ben avance. Il a compris que pour s’en sortir, les études peuvent aider. Et si les maths ne sont pas son truc, les autres matières vont lui permettre de décrocher son bac, d’entrer en fac.
Avec ses nouveaux amis, le Corse et le Serbe, il écume les fêtes étudiantes sans oublier de récupérer les cours de la semaine le vendredi. Il en oublierait même que ses parents ont fini par divorcer et que sa mère se bat contre un cancer déjà avancé, car l’amour est entré dans sa vie sous les traits d’Oriane, une belle métisse qui va désormais partager sa vie.
«Mitterrand est déjà mort depuis un moment, c’est l’époque de Steffi Graf, des numéros de téléphone à dix chiffres, de la vache folle et des talibans sur Kaboul. Avec Oriane, nous vivons un amour inévitable. Elle bosse de nuit, en stage à l’hôpital Bichat. J’en profite pour réorganiser mon cerveau. Je tente d’organiser ma vie. Faut que je sois à la hauteur. Que j’abandonne ma part d’enfance. Que je parle comme un adulte. J’ai lâché tous mes boulots d’étudiant et j’ai investi quelques billets dans le petit commerce de mon pote serbe. J’ai mis pas mal d’argent de côté. C’est à partir de cette année-là que j’ai commencé à élaborer ma théorie de la lutte des crasses.»
Le constat est facile à faire, la misère sociale s’étend, la société se fracture, un monde sépare Paris et la banlieue. Oriane entend se battre concrètement et s’engage avec Médecins du monde. Ben est plus indécis, mais finit lui aussi par revenir dans sa cité, pour recueillir la parole des habitants, rassembler leurs doléances, par imaginer un grand soir.
En courts chapitres, avec une musicalité née de sa force de rappeur, Rouda refait défiler les années 1990 et 2000, les grandes convulsions du monde et l’embrasement des banlieues, soulignant ainsi que les unes ne sont pas étrangères à l’autre. La mort de ses proches et l’éloignement d’Oriane sont autant de chocs qui auraient pu conduire à renoncer, mais Ben s’accroche. Jusqu’à se vouloir le leader d’un mouvement qui entend réussir là où toutes les politiques de la ville ont échoué. Pour qu’enfin les lendemains chantent à l’unisson de ce refrain de Bal et Mystik dans La sédition, qui est en exergue du livre:
«Rien ni personne ne pourra étouffer une révolte
Tu as semé la graine de la haine, donc tu la récoltes […]
L’explosion de toutes les cités approche
D’abord des gens fâchés qui n’ont pas la langue dans la poche. »
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