Gomorra : Dans l'empire de la Camorra
  • Date de parution 04/10/2018
  • Nombre de pages 480
  • Poids de l’article 246 gr
  • ISBN-13 9782072798108
  • Editeur FOLIO
  • Format 178 x 107 mm
  • Edition Livre de poche
Romans policiers Géopolitique

Gomorra : Dans l'empire de la Camorra

3.87 / 5 (889 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

«Ce ne sont pas les camorristes qui choisissent les affaires, mais les affaires qui choisissent les camorristes. La logique de l'entreprenariat criminel et la vision des parrains sont empreintes d'un ultralibéralisme radical. Les règles sont dictées et imposées par les affaires, par l'obligation de faire du profit et de vaincre la concurrence. Le reste ne compte pas. Le reste n'existe pas. Le pouvoir absolu de vie ou de mort, lancer un produit, conquérir des parts de marché, investir dans des secteurs de pointe : tout a un prix, finir en prison ou mourir. Détenir le pouvoir, dix ans, un an, une heure, peu importe la durée : mais vivre, commander pour de bon, voilà ce qui compte. Vaincre dans l'arène du marché et pouvoir fixer le soleil.» Gomorra explore Naples et la Campanie dominées par la criminalité organisée, sur fond de guerres entre clans rivaux et de trafics en tout genre : contrefaçon, armes, drogue et déchets toxiques. C'est ainsi que le Système, comme le désignent ses affiliés, accroît ses profits, conforte sa toute-puissance et se pose en avant-garde criminelle de l'économie mondialisée. Mais c'est aussi l'histoire intime de Roberto Saviano, qui est né sur ces terres et a choisi l'écriture pour mener son combat contre la camorra.

livré en 4 jours

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  • Date de parution 04/10/2018
  • Nombre de pages 480
  • Poids de l’article 246 gr
  • ISBN-13 9782072798108
  • Editeur FOLIO
  • Format 178 x 107 mm
  • Edition Livre de poche

l’avis des lecteurs

Ca y est, j’ai rassemblé tout mon courage et, chapitre après chapitre, j’ai lu Gomorra de Roberto Saviano. Un livre qui m’avait été chaudement recommandé, en particulier par une collègue italienne. Je me demande si, aujourd’hui, je ne regrette pas.

Non pas que Gomorra soit mauvais ou sans intérêt, bien au contraire. Mais parce qu’il vous laisse avec le moral au fond des chaussettes.

Roberto Saviano sait de quoi il parle. Il est né, a grandi et vécu sur les terres contrôlées, dirigées, par les différents clans camorristes. Et par une curiosité sociologique ou biologique, contrairement à la majorité de ses concitoyens, non seulement il a refusé d’entrer dans leur jeu, mais il a même décidé de le dénoncer, de parler, de décrire une réalité que personne ne veut voir. Et c’est atterrant.

Main mise sur toute la confection italienne, corruption, trafics en tous genres (drogue, armes, prostitution, clandestins, contrefaçon …) … Contrôle absolu de tout ce qui se construit, de la vente des matériaux aux chantiers proprement dits … Violence quotidienne, assassinats, intimidations, omerta et crainte … Des mômes utilisés comme tueurs ou abattus juste parce qu’ils sont au mauvais endroit, ou dans le mauvais carnet d’adresse.

Tout cela est déjà assez démoralisant. D’autant plus que Roberto Saviano décortique tous les mécanismes en place pour que rien ne puisse changer. La camorra est propriétaire de la Campanie, de ses habitants, a un chiffre d’affaire inimaginable, négocie avec des états, des armées et les plus grandes entreprises mondiales. Elle fut la première à s’implanter en Europe de l’Est et en Chine. Avec, à côté, ou contre l’état, les clans de la camorra sont des entreprises capitalistes diversifiées et indéracinables qui ont un seul but : faire des affaires, à tout prix.

Mais le dernier chapitre, qui traite du trafic des déchets et ordures porte le coup de grâce. Il est, littéralement insupportable. Je vous ferai grâce des détails, ce sont une quinzaine de pages d’horreur pure, le résultat de la recherche du profit immédiat comme seule valeur. Je laisse la parole à Roberto Saviano :

« Les parrains n’ont aucun scrupule à enfouir des déchets empoisonnés dans leurs propres villages, à laisser pourrir les terres qui jouxtent leurs propres villas ou domaines. La vie d’un parrain est courte et le règne d’un clan, menacé par les règlements de comptes, les arrestations et la prison à perpétuité, ne peut durer bien longtemps. Saturer un territoire de déchets toxiques, entourer ses villages de collines d’ordures n’est un problème que si l’on envisage le pouvoir comme une responsabilité sociale à long terme. Le temps des affaires ne connaît, lui, que le profit à court terme et aucun frein. »

Les commentaires sur l’article sur la mort de Gregory McDonald s’interrogent sur la signification profonde du roman : roman sur la rédemption ou critique féroce du capitalisme. Là pas de doute. Nous avons, décrite et non pas imaginé, la frontière ultime du capitalisme, quand le profit maximum et immédiat est le seul critère de choix. Nous avons le monde régit uniquement par les lois du marché. On y voit alors des gamins de 15 ans subir, à très peu de choses près le sort de Raphaël (mourir rapidement pour 250 euros), et des gens empoisonner leurs voisins, et même leur famille pour gagner quelques millions de plus.

Je sens que j’ai un peu plombé l’ambiance non ? Mais il n’y a pas de raison que je sois le seul complètement déprimé. Allez, pour essayer de remettre un peu de gaieté (quoique), ces camorristes m’ont fait penser à un dialogue du dernier roman d’Hannelore CayreGround XO.

« C’est quoi un gangsta français ? demanda François, intrigué.

 – Un barbare urbain qui ne s’intéresse qu’au fric et au cul. Le plus fier et le plus moderne représentant des valeurs ultralibérales en France »

Changez gangsta français par chef de clan napolitain, passez à une toute autre échelle, et vous avez Gomorra.

Quand on referme le livre, on oscille entre l’envie de l’oublier, et celle de le faire lire à tout le monde, pour que personne ne puisse dire qu’il ne savait pas. A vous de choisir.

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