Philosophie clinique : Au chevet de l animal parlant

Quand la philosophie se porte au chevet de la condition humaine, au lieu de s'envoler dans les hautes sphères métaphysiques du Ciel des Idées, elle devient clinique. Terrienne, elle est d'abord un souci, et elle prodigue ses soins aux souffrances de l'humanité, à ses maux – et devient alors attentive à ses mots, car l'Homme est le seul animal parlant.Que signifie être un «  animal parlant  »  ? C'est ainsi en tout cas que les sagesses antiques d'Athènes et de Jérusalem définissaient le propre de l'homme  : zoon logikon et hai medaber, affirmaient les anciens – formules que l'on a longtemps dévoyées en les traduisant par «  animal politique  », voire «  animal social  ». Mais c'est là un déplacement fautif, qui a servi à politiser et à sociologiser les humains, souvent pour mieux instrumentaliser les masses.Pour soigner les maux contemporains, sans doute le principal impératif est-il de replacer le langage au cœur de notre condition. Quel est alors le sens de geste clinique de la philosophie  ? Tel est le sujet du présent essai.