Dictionnaire amoureux du polar - Edition Collector
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l’avis des lecteurs
Le pitch
Le magnifique auteur de la trilogie Les enfants du désastre (lauréat du Prix Goncourt 2013 pour Au revoir là-haut) mais aussi de polars très réussis (La trilogie Verhoeven, Robe de Marié…) nous livre ses coups de cœurs et coups de griffe, sur des œuvres, auteurs et thématiques choisis « au pifomètre », dixit l’écrivain lui-même. Le cœur à ses raisons… Passionnant, pertinent. Et drôlissime ! Pour tous publics, amateurs du genre comme curieux de tous bords.
Précision de l’auteur : « e parle d’un univers littéraire qui est le mien, on y trouvera aussi bien du « polar » que du « noir » … incidemment, on y trouvera quelques films, quelques séries TV, quelques BD, des librairies, des blogs.
Pourquoi je vous le conseille ?
Pour en apprendre des tonnes sur des écrivains de tous acabits, des personnages mythiques, des collections légendaires. Pour constituer une belle liste d’auteurs et de polars à découvrir prestissimo. À lire dans l’ordre, le désordre, par bribes, ou de A à W d’une traite (de Ackroyd (Roger) à Wolfe (Nero) pour être précise). Faites votre choix mais ne passez pas à côté de cet ouvrage de référence.
UNE ÉRUDITION ÉCLECTIQUE. « C’est à un écrivain que l’éditeur a confié ce Dictionnaire Amoureux, je parlerai donc ici en romancier et écrivain. » Avec une subjectivité assumée, Pierre Lemaitre signe une sélection aussi injuste que contestable. Dont acte ! Ce postulat étant posé et accepté, le dico offre au lecteur un choix riche de son éclectique mais aussi et surtout de son regard singulier. Car les œuvres expliquées, argumentées, contextualisées par le l’œil critique d’un écrivain y gagnent une saveur inédite. Analyse de la construction du récit, utilisation des temps, explication de la puissance d’un style… autant d’éléments qui échappent au commun des mortels et qui se révèlent hautement instructifs.
AMOURS ET DÉSAMOURS. Les grands incontournables du genre répondent à l’appel. Raymond Chandler, Agatha Christie, Colombo, Dennis Dehane, Jim Thompson, Jean-Patrick Manchette, Dashiel Hammett, Don Westlake… Mais aussi les éditeurs dont le travail est à saluer, Gallmeister ou François Guérif, fondateur de la légendaire collection Rivages/Noir. Sa grande ferveur pour Simenon fait chaud au cœur mais certains faiseurs et vendeurs de poids lourd peuvent aussi se prendre un coup de patte. Harlan Coben, John Grisham (« On peut le lire (à petite dose), mais l’écouter est vraiment éprouvant »), Mary Higgins Clarke, le polar scandinave (on y trouve « de plus en plus de best-sellers internationaux standardisés »)… Le passage sur Ellroy (« Je suis plutôt embêté parce que le type me tape sur le système, mais ses romans… ») est fantastique de drôlerie et de justesse. DOA, l’agacé professionnel, est gentiment écorché (« On sent que ça l’énerve. Mais il y a beaucoup de choses qui énervent DOA. Cet homme me semble assez ombrageux »). Je pourrais encore continuer… Que c’est drôle et bien vu.
CAR ON S’Y RETROUVE ET ON S’Y PERD. Ce Dictionnaire Amoureux est le livre de chevet que l’on a plaisir à consulter pour trouver une idée de (re)lecture. Pierre Lemaitre a eu la bonne idée de ne pas spoiler (« C’est un verbe. Et qui ne veut pas dire « se poiler », bien au contraire, mais gâcher ») les intrigues, ce qui laisse le champ totalement libre pour la (re)découverte. Lemaitre décrit cette jubilation que l’on ressent aussi bien à la découverte d’une nouvelle pépite qu’à la réassurance sur un auteur que l’on apprécie déjà. « Lorsque je lis un Dictionnaire Amoureux, rien ne me fait plus plaisir que de découvrir des choses que je sais déjà. C’est un peu comme pour le Nobel de littérature : le jour de la proclamation, quand il s’agit de quelqu’un dont je connais le nom, j’ai l’impression d’être cultivé. J’espère que ce Dictionnaire Amoureux réservera au lecteur quelques-unes de ces satisfactions, mais aussi quelques surprises, quelques découvertes. »
Je l’avais acheté pour offrir. Et puis j’ai fait une erreur, une erreur heureuse. Je l’ai ouvert pour le feuilleter. Et j’ai décidé de le garder et d’offrir autre chose. C’est le Dictionnaire amoureux du polar de Pierre Lemaitre. Et ce sera le dernier billet de cette année de merde (je sais je me répète mais je suis rancunier).
On peut se demander à quoi peut bien servir un tel ouvrage à l’heure où l’on trouve tous les renseignements biographiques et bibliographiques sur le moindre auteur de polar publié dans une maison d’édition spécialisé dans le polar limousin (ou savoyard ou ce que vous voulez).
Ce Dictionnaire amoureux a pour moi les vertus suivantes : Il est totalement subjectif, il est écrit par quelqu’un qui est à la fois lecteur et écrivain, il ne recherche aucune sorte de neutralité dans le ton ou dans l’écriture. Finalement, il n’a de dictionnaire que le classement alphabétique.
Alors certes, si je devais sélectionner mes entrées pour le même dictionnaire, il y en a qui ne serait pas là, et il y a des manques énormes. J’aurais forcément ajouté Gonzalez Ledesma, Eduardo Mendoza et son détective fou, Camilleri et De Giovanni bien entendu, et la trilogie déjantée de George Alec Effinger. J’aurais glissé quelques BD, et je n’aurais pas mis Millenium ! Mais c’est la loi du genre, et c’est lié à la subjectivité.
L’avantage d’être écrit par un lecteur/écrivain est qu’il partage des coups de cœur, mais sait aussi, parfois démonter des ficelles (quand elles sont trop grosses) ou dire son admiration pour une partie ou une autre du travail d’un écrivain, en mettant en avant des qualités que le simple lecteur ne discernerait sans doute pas.
Et puis ce qui a emporté mon adhésion c’est de lire des phrases comme ceci à propos de Westlake « ceux qui ne l’aimaient pas … je ne sais quoi en dire, je n’arrive même pas à imaginer que ça puisse exister. » Ou à propos de Joseph Hansen : « On a parfois dit que ses romans étaient « noir et rose ». Le monde du polar est constitué d’autant de cons que le reste du monde. »
Puis il parle de The wire, du lézard lubrique de Christopher Moore, de Pete Dexter, de Lucarelli et de Sarti de Machiavelli. Et il m’a donné envie de découvrir Jens Lapidus que je ne connais pas.
Comme il l’explique très bien dans l’introduction : « Lorsque je lis un Dictionnaire amoureux, rien ne me fait plus plaisir que de découvrir des choses que je sais déjà. C’est un peu comme pour le Nobel de littérature : le jour de la proclamation, quand il s’agit de quelqu’un dont je connais le nom, j’ai l’impression d’être cultivé. J’espère que ce dictionnaire amoureux réservera au lecteur quelques-unes de ces satisfactions, mais aussi quelques surprises quelques découvertes. » `
Mission accomplie pour moi, et je ne peux que vous conseiller de tenter l’expérience de votre côté.
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