La rose rouge

Repliée sur elle-même pour mieux résister aux tempêtes de l'histoire, une petite ville d'Istrie, jadis province de l'ancien empire austro-hongrois, est le théâtre des péripéties qui vont bouleverser les journées monotones et prévisibles de l'existence d'un couple d'un certain âge. Avec elles, c'est la vie qui va faire irruption et sa ronde d'émois, d'inquiétudes, de remords et de regrets. Les blessures du passé se rouvrent, les passions endormies échappent à la torpeur, la mémoire se lance dans une course folle... Le temps jusque-là immobile reprend son cours et, dans le tourbillon d'une sarabande parfois teintée de chagrin ou s'éclairant d'une souriante malice, il entraîne avec lui une farandole de personnages semblant tout droit sortis d'une comédie de Goldoni : servantes rusées, gouvernantes amoureuses, médecins séducteurs et brillants officiers en uniforme de gala... Mais les intonations comiques ne servent en réalité que de délicat contrepoint à une réflexion mélancolique - avec à l'arrière-plan une société vivant son crépuscule - sur la fragile, précieuse et palpitante substance des tressaillements du coeur dont la chaleur résiduelle du souvenir réchauffe et éclaire encore les pensées des protagonistes.