Retour à Lemberg
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l’avis des lecteurs
Invité à Lviv en 2010 afin d’y tenir une conférence sur ses travaux concernant le génocide et les crimes contre l’humanité, Philippe Sands y découvre une série de coïncidences à l’origine de l’enquête qu’il entreprend à la fois autour de son histoire familiale et de celle de l’introduction dans le droit international des notions de protection de l’individu et de la responsabilité criminelle. Point de départ de cette enquête, la ville en est aussi le repère qui lui permet de lier ses différents protagonistes.
C’est à Lviv (alors appelée Lemberg) qu’est né son grand-père maternel Leon Buchholz qui, exilé à Paris au début de la seconde Guerre mondiale, y a passé le reste de sa longue vie aux côtés de son épouse Rita. L’auteur se souvient d’un homme généreux et passionné, mais malgré les souvenirs heureux qu’il a conservé de ses séjours chez ses grands-parents, il en a aussi retenu l’absence de rires, et la tension sous-jacente qui hantait leur foyer. Avant de mener son enquête, il en sait très peu sur ce qu’ont vécu avant 1945 Leon et Rita, qui avaient posé une chappe de silence sur ce lointain passé.
Lviv est aussi la ville où ont vécu les trois autres principaux protagonistes de son récit. Deux d’entre eux étaient juifs, comme son grand-père, et y ont étudié le droit, en même temps qu’ils y ont été témoins d’événements qui ont par la suite eu des conséquences profondes sur leurs travaux. Partageant la conviction que le droit a le pouvoir de faire le bien et de protéger les individus, ils avaient une conscience aigue de la nécessité de le changer pour atteindre cet objectif.
Hersch Lauterpacht s’est penché sur les questions, avivées par l’émergence de nouveaux Etats et le développement du nationalisme à partir de la fin de la Première Guerre mondiale, d’identité et d’autonomie des groupes, et sur la problématique conséquente : comment garantir le traitement égalitaire des minorités raciales et nationales au sein de tout Etat ? Les violences exercées à l’encontre de certains citoyens, à Lemberg puis à Vienne ou il a également vécu, renforcent sa conviction que les droits humains sont une "nécessité vitale" et que les individus doivent avoir des droits constitutionnels, inaliénables et internationaux, qu'ils puissent faire valoir devant une cour de justice.
Raphael Lemkin, procureur à Varsovie au moment où Hitler prend le pouvoir, travaille alors quant à lui à développer de nouvelles règles internationales pour protéger les groupes et participe aux efforts de la Société des Nations pour développer le droit pénal international.
Tous deux émigrent aux Etats-Unis avant le déclenchement de la guerre. Ils y poursuivent leurs travaux, chacun ignorant au départ l’existence de l’autre. A l’inverse de Hersch Lauterpacht, pragmatique, péremptoire et imbu de lui-même, Raphael Lemkin est un passionné, capable d'emportements comme d'accès de mélancolie ; certains lui reproche d'ailleurs une approche trop émotionnelle, inadaptée au juridique.
Mais ce qui surtout les opposent, c’est leur réponse respective à la même question, celle de savoir comment le droit peut-il prévenir les assassinats de masse ? A l’inverse de Lemkin qui, obsédé par le génocide, pense qu’il s’agit de protéger les groupes, Lauterpacht, qui craint que la mise en valeur d'une communauté nuise à celle de la personne, est convaincu qu’il faut protéger l’individu.
Les principes du quatrième protagoniste lié à Lviv vont à l’encontre ce que qui motive les deux juristes. Hans Frank, homme de droit lui aussi, a contribué à la préparation des lois antisémites de Nuremberg privant les juifs de leurs droits de citoyens. Nommé par Hitler Gouverneur général de la Pologne alors sous domination allemande, il arrive à Lvov en 1942, et s’y octroie le contrôle absolu sur la vie et la mort des individus. Il fera partie des accusés du procès de Nuremberg, dont les quatre-cent-cinquante-trois auditions publiques témoigneront de douze années de chaos, d’horreur et de tueries au cours desquelles la valeur de l’individu a été niée au profit de l’importance de la nationalité et de la race.
Pour la première fois, grâce entre autres à l’action de Lauterpacht et de Lemkin, les crimes contre l’humanité sont reconnus comme une part intégrante du droit international, la notion de génocide permettant quant à elle d’élargir l’accusation aux crimes perpétrés avant la guerre. De plus, on y juge des individus et non un Etat, empêchant ainsi les premiers de prétendre à l’immunité en s’abritant derrière l’intangibilité du second.
Le récit mêle ainsi contexte historique et questionnements juridico-philosophiques, emprunte la voie de plusieurs destinées dont la perspective intime, bien que souvent fugace, se révèle toujours émouvante. Le tout est parfaitement maîtrisé, l’auteur tissant un réseau de fils conducteurs qui donne sa cohérence à l’ensemble.
Il y a d’abord cette ville de Lviv, microcosme du turbulent XXème européen, centre des conflits sanguinaires qui ont déchiré les cultures, comme point central. Au fil de ses occupations polonaise, soviétique, allemande puis ukrainienne, elle change huit fois de mains entre 1914 et 1945, se faisant parfois rebaptisée, la Lemberg du XIXème devenant Lwów puis Lvov, entre les deux guerres, avant d’acquérir ce nom de Lviv qu’elle porte encore aujourd’hui.
L’importance et la vitalité de l’opposition, à la source du droit moderne, entre individu et groupe portée par Lauterpacht et Lemkin, occupe elle aussi une place prédominante dans le récit, s’intégrant avec évidence dans un contexte ayant mené à l’institutionnalisation de la défense et du jugement des crimes de guerre par la communauté internationale. Il parvient à rendre ce sujet parfois technique abordable voire passionnant, notamment grâce à certaines anecdotes que retient le lecteur, telle l’incontournable absurdité de cette virgule qui dans un texte de loi empêche de faire entrer les atrocités commises avant 1939 dans le cadre du jugement du procès de Nuremberg, ou la réticence des autorités américaines à y introduire le terme de génocide en raison de leur propre comportement avec le peuple indien...
L’auteur, enfin, établit des correspondances entre les histoires personnelles de ses héros, qui parachèvent son récit en le dotant d’une dimension aussi concrète que bouleversante.
A l’aide de photos -qu’il nous partage parfois-, d’archives, de témoignages, de la transcriptions de ses déambulations dans les divers lieux de son enquête, il traque les ombres de sa propre histoire familiale, les met en lien avec la tragédie qui a frappé les victimes de la grande Histoire et leurs proches, sortant parfois de l’anonymat des personnalités remarquables -ainsi Miss Tilney, une religieuse missionnaire qui sauva des juifs-, garantes d'espoir et d'humanité.
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