Au printemps des monstres
Résumé éditeur
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l’avis des lecteurs
A ceux qui ont lu les derniers titres de Philippe Jaenada, la mécanique commence à devenir familière. Un fait divers criminel. Un coupable incontestable. Et voilà notre Philou, qui non pas enfourche son fier destrier, mais tantôt parcourt Paris à pieds et en métro, tantôt se glisse derrière le volant d’une voiture de location, pour chercher la petite bête, traquer les invraisemblances, pointer les contradictions, bref : apporter un nouvel éclairage à ce qui passait jusqu’à présent pour la vérité établie. Pugnace et débonnaire à la fois, armé d'autant de solide bon sens que de fine intuition, il décortique archives et témoignages, traque les fantômes et les traces qu’ils ont laissées. Ses recherches déjà interminables sont allongées par le confinement, et contrariées par une santé qui semble pâtir de ses excès et de sa sédentarité : ses jambes partent en sucette, une sorte de noyau est apparu dans son crâne…
Il est cette fois question de Luc Taron, onze ans, enlevé à Paris un soir de mai 1964 pour être retrouvé assassiné dès le lendemain à l’aube à quelques kilomètres de la capitale. L’horreur du crime, que la police peine à résoudre, s’accompagne bientôt de la folie d’un délire anonyme qui inonde la France, "met les médias en transe et la police à genoux, (le) monde politique en colère et (l’)opinion publique en panique". Signées "l’Etrangleur", plus de cinquante lettres sont adressées en l’espace d’un mois à la police, aux médias et au père de la victime, Yves Taron. Leur auteur donne des détails que seul le meurtrier ou un témoin de l’assassinat peut connaître, se montre menaçant ou moqueur, y prend à partie Yves Taron, qu’il rend en partie responsable de la mort de son fils…
Lucien Léger, à l’origine de cette sinistre correspondance, est finalement arrêté début juillet 1964. Il avoue avoir écrit les lettres, puis avoir tué Luc Taron. Un an plus tard, il se rétracte, mais il a alors reconnu être le coupable des dizaines de fois lors d’auditions et d’interrogatoires. Lucien Léger le paiera de quarante-et-un ans de prison, accédant au triste record d’être le plus ancien détenu de France. Ses multiples demandes de révision, lorsqu’elles ne lui seront pas refusées, feront l’objet d’enquêtes bâclées.
Philippe Jaenada, enquêteur infatigable et grand soupçonneux face aux certitudes faciles et aux apparences, a accompli un travail de fourmi pour mettre en lumière les incohérences et les manquements du dossier, suivant des pistes laissées en plan, louvoyant "de vérités invraisemblables en mensonges édifiants", furetant du côté de la faune parisienne des années soixante, au cœur d’histoires d’argent et d’organisations secrètes. Il ne sait ce qui est réel, ce qui a de l’importance, il pressent des liens qu’il ne sait pas associer… Difficile de reprendre le fil si longtemps après les événements : les hypothèses sont nombreuses mais impossibles à vérifier, engendrant frustration pour l’auteur comme pour le lecteur. Je dois même dire que j’ai trouvé l’ensemble, à force de circonvolutions, de suppositions et de redondances, un peu confus et un peu vain, et que j’ai fini par me perdre dans ce labyrinthe de contre-enquêtes et de coupages de cheveux en quatre, même si, c’est vrai, Philippe Jaenada parvient à insuffler le doute…
En ce qui me concerne, l’intérêt du récit s'est trouvé ailleurs, d’abord dans toutes ces digressions auxquelles l’auteur nous a accoutumé : apartés subjectifs, jeux de mots, digressions bonhommes, qui ont plus d’une fois suscité quelques éclats de rire, et renforcé mon indéfectible sympathie pour ce grand gaillard citadin jusqu’au bout des ongles.
Et puis j’ai aimé sa manière de faire revivre l’époque, en regardant ce qui "entoure la forêt, (…) la justice, les médias, policiers, avocats" mais aussi "la foule, les passants, ceux qui agissent et observent" révélant des personnages secondaires parfois extraordinaires (une mention spéciale à Madame Détective), témoins ou acteurs a priori sans importance, dont il met en évidence le rôle éventuel et l’ignominie, souvent. Car parmi tous ceux qui sont partie prenante de l’affaire ou orbitent autour, aucun n’est ce qu’il a l’air d’être, ou ne fait ce qu’il a l’air de faire. L’auteur se penche sur cet échantillon d’humanité constituant un véritable trompe-l’œil, traque les détails significatifs, creuse à la recherche des passifs occultés, reconstitue des bribes d’intimité à partir d’éléments tangibles et se retrouve face à des "monstres" à côté desquels Lucien Léger passe pour un enfant de chœur… La plupart des hommes de cette histoire sont plus fourbes que secrets, méprisent les femmes, piègent trichent, trahissent, haïssent…
Enfin, il apporte à son récit une touche "modianesque", exprimant ressentir la présence rémanente de ceux dont il suit les traces passées, en confrontant les échos avec ceux de la sienne à la même époque. Une référence d’ailleurs clairement revendiquée, Philippe Jaenada évoquant à de nombreuses reprises l’écrivain nobelisé, faisant des rapprochements entre sa biographie ou son œuvre et les lieux qu’il parcourt lors de ses pérégrinations. Et ça, j'ai beaucoup aimé aussi.
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