Le rapport de Brodeck
  • Date de parution 20/06/2018
  • Nombre de pages 512
  • Poids de l’article 266 gr
  • ISBN-13 9782253183358
  • Editeur LGF
  • Format 178 x 110 mm
  • Edition Livre de poche
Ouvrage de référence de l'auteur

Le rapport de Brodeck

4.10 / 5 (3512 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

Je m’appelle Brodeck et je n’y suis pour rien. Je tiens à le dire. Il faut que tout le monde le sache. Moi je n’ai rien fait, et lorsque j’ai suce qui venait de se passer, j’aurais aimé ne jamais en parler, ligoter ma mémoire, la tenir bien serrée dans ses liens de façon à ce qu’elle demeure tranquille comme une fouine dans une nasse de fer. Mais les autres m’ont forcé : « Toi, tu sais écrire, m’ont-ils dit, tu as fait des études. » J’ai répondu que c’étaient de toutes petites études, des études même pas terminées d’ailleurs, et qui ne m’ont pas laissé un grand souvenir. Ils n’ont rien voulu savoir : « Tu sais écrire, tu sais les mots, et comment on les utilise, et comment aussi ils peuvent dire les choses […]. »

livré en 5 jours

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  • Date de parution 20/06/2018
  • Nombre de pages 512
  • Poids de l’article 266 gr
  • ISBN-13 9782253183358
  • Editeur LGF
  • Format 178 x 110 mm
  • Edition Livre de poche

l’avis des lecteurs

Un village frontalier avec l’Allemagne, après la seconde guerre mondiale. Comme tout village, il compte ses notables (maire, notaire, instituteur), ses "brebis galeuses", et les plus respectables ne sont pas toujours ceux que l'on croit... Brodeck est l’un de ses habitants. Un soir, alors qu’il passe à l’auberge pour acheter du beurre, il y surprend une grande partie de la population masculine de la commune, qui vient de commettre un meurtre sur la personne de l’ « Anderer » -l’ « autre »-, un inconnu établi dans ladite auberge depuis quelques semaines. Dans un souci de justification, les hommes alors présents demandent à Brodeck de rédiger un rapport –lui qui de par sa profession en écrit déjà sur la faune et la flore de la région- pour expliquer les événements qui ont conduit à cet assassinat collectif.


Il est au départ un peu ardu de s’y retrouver dans ce récit : le narrateur suit le cours de ses pensées pour s’éloigner du rapport demandé, et passer sans transition de ses souvenirs de camp de concentration (dont il est un rescapé) à ses années d’étudiant, de son enfance aux événements survenus depuis l’arrivée au village de l’Anderer…

Et puis on finit par être en harmonie avec Brodeck, et par suivre sans difficulté ses différents pans d’histoire. Il livre peu à peu la clé de certains des mystères que dans un premier temps il évoque juste (le mutisme de sa femme Emelia, …), et au fur et à mesure de ces éclaircissements, c’est au cœur de l’infamie et la cruauté des hommes qu’il nous plonge, de ce qu’ils sont capables de perpétrer lorsque l’émulation de groupe les galvanise. A tel point que parfois, j’ai ressenti comme un trop-plein d’horreur : l’auteur ne laisse émerger que peu d’espoir, comme si les âmes justes –qui se retrouvent systématiquement dans le rôle de victimes- étaient en nombre bien insuffisant pour contrebalancer la noirceur des autres…


Ph. Claudel prend le parti de rester quelque peu vague : pas une seule fois le nom du pays où se déroule l’action n’est cité, et le lecteur devine que Brodeck est juif, car à aucun moment ce terme n’est employé. C’est comme s’il avait ainsi voulu sous-entendre l’universalité du mal, tout en donnant au lecteur suffisamment d’indices pour que celui-ci se réfère à des événements concrets et historiques, afin qu’il n’oublie pas que l’homme a réellement déjà prouvé qu’il était capable du pire, par ignorance, par superstition… par essence ?

Toujours est-il que c’est dans la plupart des cas la peur de l’autre qui provoque cette cruauté.


On retrouve dans « Le rapport de Brodeck » le pessimisme dont faisait déjà preuve l’auteur dans ses « Ames grises ». Certes, on ne peut pas vraiment qualifier cette lecture de réjouissante, mais il est parfois bon aussi de se rappeler la facilité avec laquelle l'homme peut se laisser aller à obéir à ses pires instincts…

L’histoire

Brodeck est un homme pas comme les autres. Il vit dans un petit village reculé, en Pologne, en Allemagne? On ne sait pas vraiment. Ce que l’on sait c’est que Brodeck n’est plus le même. Déporté dans un camp parce qu’il était juif, il est revenu solitaire et torturé par ce passé si lourd. Il vit avec sa femme Emelia et sa fille Poupchette. Il parcourt la campagne et prend des notes sur les fleurs, les animaux, les arbres. C’est ainsi qu’il gagne sa vie.


Un soir, un étranger débarque dans ce village perdu. Très vite, on l’appelle « l’anderer », l’autre. Il se promène, ne parle presque pas et passe son temps à dessiner, faire des croquis. Bientôt, il éveille la méfiance des villageois qui s’en prennent à lui et le tuent simplement sans pitié, sans remords. Brodeck n’était pas là, il apprend la nouvelle et c’est à lui, le lettré du village, que l’on confie la tâche de faire un rapport sur « l’incident ». Brodeck mène alors son enquête et au fil des pages il révèle ce que les villageois ont toujours voulu cacher.

Mon avis

Encore une fois, je suis charmée et envoûtée par l’écriture de Philippe Claudel. Dès les premières pages, je suis happée par son style qui me parle, au plus près de mon coeur. C’est ainsi et presque inexplicable.

Philppe Claudel a le don de peindre des natures envoûtantes, presque de conte de fée dans lesquelles on aime se perdre aux côtés des personnages. Ce village fermé sur lui-même, qui ne veut pas révéler ses secrets, nous plonge dans une ambiance calfeutrée. Et au fur à mesure que l’on tourne les pages, on se rend compte que cette nature est bien cruelle, à l’image des hommes qui tentent de la dompter.

La tension monte de plus en plus. Avec Claudel tout commence par un non-dit, un sous-entendu qui laisse imaginer, présager le pire. La langue du personnage se délie au fur et à mesure comme s’il fallait l’apprivoiser au fil des pages. Brodeck, cet homme si bon, m’a beaucoup émue. Il se livre par bribes, lorsque les pensées qui l’assaillent lui font trop mal et qu »il ne peut plus se taire. C’est un homme brisé, confronté à l’enfer qui se confie. C’est peut-être d’ailleurs le meilleur parmi les hommes lui qui sait encore donner et recevoir de l’amour de la part de sa femme, de sa fille et de sa chère Fédorine.

L’écheveau se dénoue et le lecteur ne peut plus faire autrement qu’avancer parmi la cruauté humaine. Les villageois sont des brutes qui cherchent à tout prix un bouc émissaire. Ils ne peuvent supporter de se voir tels qu’ils sont. La réalité est trop dure. Tuer pour faire taire est leur seule réponse. A aucun moment Brodeck ne juge. Il se contente de relater, de raconter. Il mène son chemin et sa mission jusqu’au bout. Et bien malgré lui, il nous apprend l’indicible, l’inavouable. Le lecteur ne peut y échapper et souffre en silence à ses côtés.

C’est l’amour que cet homme porte aux femmes de sa vie qui m’a le plus marquée. Malgré la souffrance, la colère qu’il pourrait ressentir, il ne cherche pas à se venger, ni à comprendre. Il vit pour sa fille, sa Poupchette.Les passages entre Brodeck et sa fille sont émouvants parce qu’ils débordent d’amour.

Un livre magnifique qui ne m’a pas laissée indemne. Très dur parfois quand Brodeck raconte son drame personnel et la folie des hommes. Que dire de plus?

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