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L'Archipel du chien
Résumé éditeur
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l’avis des lecteurs
Une île. Une île de l’Archipel du chien. Peuplée d’une petite communauté d’hommes vivant de la pêche, de la vigne, des oliviers et des câpriers. Une île à l’écart des fracas du monde mais sur les rives de laquelle un matin vont s’échouer trois cadavres. Qui sont-ils ? Que faire de leurs dépouilles ? Faut-il oublier ou tenter de connaître la vérité, au risque de se perdre ?
Ma lecture
Certains habitants de cette île sont confrontés à la découverte sur leur plage de trois corps d’africains, morts. Que faire ? Qu’en faire ? Le Maire, Amérique, la Vieille, le Docteur (l’auteur n’a pas jugé utile de leur donner un nom, car ils sont les symboles de notre civilisation), décident de les faire disparaître car ces trois corps contrarient leur grand Projet de Centre Thermal…….
Après avoir trouvé la solution, il faut vivre avec sa conscience : certains n’ont pas d’état d’âme, d’autres tenteront de se racheter et un personnage débarquera sur l’île, le Commissaire, le révélateur, l’empêcheur de tourner rond……
Votre nouveau locataire. Il est ici, reprit-il en tapotant son crâne avec son index. Dans chacune de vos têtes. Il vient de s’y installer, il n’en bougera plus. Désormais, vous le logerez à demeure, jusqu’à la fin de votre vie. Nuit et jour. Il ne sera guère bruyant, mais vous ne pourrez jamais l’expulser. Il faudra vous y faire. Bon courage (p146)
Philippe Claudel, comme souvent dans ses récits, part de fait d’actualité et dans celui-ci c’est les migrants africains dans leurs bateaux d’espoir mais aussi de mort qui est l’objet de sa narration. Récit sur fond de colère, de révolte de la part de l’écrivain, c’est l’impression que j’ai ressenti, sur l’attitude d’une population, représentative de notre Société.
Un homme lâche ? (…..) C’est presque un pléonasme, non ? (p158)
Les lâchetés, l’indifférence, le profit plutôt que l’humanité, voilà ce que dénonce Philippe Claudel. On ne peut être que touché par ce court récit, fort, puissant, où tout est réduit à une île, l’horreur va crescendo sur l’inhumanité, les ravages de l’argent, de l’intérêt de chacun, égoïstement. Heureusement un homme tentera de comprendre, d’élucider ces morts.
Et dans le cercueil le corps d’un homme qui avait quant à lui essayé de mériter le nom d’homme. (p149)
Les événements s’enchaînent, inexorablement, ne sont pas toujours ce qu’ils semblent être, cela va vite, plus rien n’est sous contrôle car nous ne maîtrisons pas tout, comme le volcan qui rappelle sa présence sur l’île comme ces morts qui seront désormais toujours présents.
Cette voix qui nous retrace cette histoire, n’est-elle pas la voix de la conscience, du souvenir, de la mort…… Elle nous interpelle sur la cruauté du monde et ne nous rebellons pas trop car que faisons nous : agissons-nous, nous taisons-nous, continuons-nous à vivre en sachant mais en nous sentant impuissants ?
Prendre les migrants comme révélateur de notre civilisation…. où la vie d’hommes a moins de valeur que le profit, on le sait et il est parfois nécessaire de remettre une couche et dans ce roman c’est efficace, implacable. Philippe Claudel sait mettre les mots là où ça fait mal et on referme le livre avec un goût amer dans la bouche.
L’île aux noyés
C’est avec une fable très sombre que Philippe Claudel choisit de parler des migrants. L’occasion aussi de poursuivre son exploration de la nature humaine.
Dès les premières lignes de ce roman aussi sombre que superbe Philippe Claudel nous avertit: « L’histoire qu’on va lire est aussi réelle que vous pouvez l’être. Elle se passe ici, comme elle aurait pu se dérouler là. Il serait trop aisé de penser qu’elle a eu lieu ailleurs. Les noms des êtres qui la peuplent ont peu d’importance. On pourrait les changer. Mettre à leur place les vôtres. Vous vous ressemblez tant, sortis du même inaltérable moule. »
Nous voici donc sur une île comme il existe beaucoup. Sans grandes perspectives économiques si ce n’est une économie de survivance. « Il y a des vignes, des oliveraies, des vergers de câpriers. Chaque arpent cultivé témoigne de l’opiniâtreté d’ancêtres qui l’ont arraché au volcan avec patience. Ici on est paysan ou pêcheur. Il n’y a pas d’autre choix. Souvent les jeunes gens ne veulent ni l’un ni l’autre. Ils partent. Les départs ne sont jamais suivis de retours. » Mais le maire caresse l’idée de construire un grand centre thermal pour revivifier ce coin de terre hostile.
Inutile dans ce contexte de souligner que la découverte de trois cadavres de noirs venus s’échouer sur la plage tombe mal. Pour lui comme pour le curé, le docteur et l’instituteur qui sont dépêchés sur place, la solution consiste à nier ce drame, à faire comme s’il n’avait pas eu lieu. Après tout cette île n’était pas leur destination. « Ils ne la connaissaient sans doute même pas. Elle est devenue leur cimetière. Si j’avertissais la police et un juge, que se passerait-il? Nous verrions débarquer ici non seulement ces beaux messieurs qui nous regardent toujours de haut comme si nous étions des crottes de rats, mais aussi derrière eux quantité de journalistes, avec leurs micros et leurs caméras. Notre île du jour au lendemain deviendrait l’île aux noyés. Vous savez que ces chacals sont forts pour les formules. »
Décision est donc prise de transporter les cadavres jusqu’aux failles rocheuses et de les jeter au fond sans plus de procès. Mais très vite, l’instituteur a des scrupules. Sans rompre sa parole, il se met à étudier les courants, à tenter de comprendre comment les trois hommes ont pu dévier de leur route. Une occupation qui ne plaît pas du tout au maire persuadé « que si le monde tournait si mal, c’était la faute aux hommes comme l’Instituteur, empêtrés d’idéaux et de bonté, qui cherchent jusqu’à l’obsession l’explication du pourquoi du comment, qui se persuadent de connaître le juste et l’injuste, le bien et le mal, et croient que les frontières entre les deux versants ressemblent au tranchant d’un couteau, alors que l’expérience et le bon sens enseignent que ces frontières n’existent pas, qu’elles ne sont qu’une convention, une invention des hommes, une façon de simplifier ce qui est complexe et de trouver le sommeil. » Sans oublier que l’instituteur n’était pas né sur l’île.
Et alors que l’instituteur se persuade que «les morts allaient faire payer aux vivants leur indifférence» – une phrase qui aurait pu être tirée de L’arbre du pays Toraja – et allaient les punir, le maire doit chercher une parade. Le commissaire qui vient de débarquer pourrait même lui apporter son concours. À moins que son cynisme ne cache une volonté farouche de mettre à jour les âmes noires qui hantent l’île, des « négriers, des marchands de corps, des trafiquants de rêve, des voleurs d’espoir, des meurtriers ».
La plume de Philippe Claudel, on le sait, fait merveille dans ce registre tragique, lorsqu’il s’agit d’explorer la nature humaine, notamment quand elle est inhumaine. Attendez-vous donc à un final en apothéose. De ceux qui marquent durablement par leur implacable férocité.
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