À quoi servent les économistes s'ils disent tous la même chose ?
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Résumé éditeur
L'économie en tant que discipline, comme toutes les disciplines appartenant aux sciences sociales, n'a pas vocation à se constituer autour d'un paradigme unique. En cela, les sciences sociales sont fort différentes des sciences de la nature. Notre thèse est qu'il ne peut avoir de société démocratique que si est proposée au peuple souverain une pluralité d'analyses et de propositions de politique économiques au sein de laquelle il lui revient de choisir. Autrement dit, la question d'une économie pluraliste est une question qui dépasse largement le seul domaine universitaire. Il s'agit d'une question qui affecte étroitement notre vie démocratique. Si l'économie est le règne de la pensée unique, la vie démocratique s'en trouve notablement affaiblie. De ce point de vue, la situation française présente est particulièrement préoccupante : on voit que, peu à peu, dans les institutions d'enseignement et de recherche, toutes les voix dissidentes ont été écartées au profit unique du courant majoritaire. Cet ouvrage se propose de faire connaître au grand public ce processus d'éradication des pensées économiques critiques, quelle qu'en soit la nature, marxiste, keynésienne ou institutionnaliste. Cette analyse est d'autant plus intéressante que la France, il y a encore 30 ans, était une terre pluraliste qui a vu la naissance et l'épanouissement de courants de pensée originaux reconnus internationalement comme la théorie de la régulation ou l'économie des conventions. Nous montrerons comment la pensée néoclassique a pris le pouvoir et a exercé ce pouvoir d'une manière sectaire. Sur ce point les statistiques sont éclairantes : entre 2005 et 2011, sur 120 nominations de professeurs, seuls 6 appartenaient à des courants minoritaires. Un élément clef de cette prise de contrôle se trouve dans les méthodes d'évaluation des chercheurs. On évalue leurs travaux, non pas directement en les lisant, mais à partir de l'évaluation des revues dans lesquelles ils ont été publiés. Pour ce faire, une liste hiérarchisée des revues a été promue. L'effet immédiat d'un tel instrument est de rejeter tous les économistes qui ne se reconnaissent pas dans les revues en haut du classement qui sont, comme on s'en doute, toutes d'obédience néoclassique. Avec une telle méthode, un économiste marxiste est nécessairement rejeté quels que soient par ailleurs ses mérites puisque ne publiant pas dans les revues dites de rang A. Cette méthode d'évaluation, non seulement est inique, mais également absurde dans la mesure où une revue excellente peut connaître des articles mauvais et vice versa. Il importe d'en changer. Puis, les auteurs rappellent qu'une proposition a été avancée permettant de changer cet état de fait et qu'elle a été combattue avec force par le mainstream en la personne de Jean Tirole, prix Nobel 2014, conduisant le ministère à revenir sur sa parole. Il s'agissait de créer, dans l'université française, à titre expérimental pour quatre années, un nouvel espace de recherche et d'enseignement, intitulé « Economie et société », qui soit ouvert à la conception alternative d'une économie « ancrée dans les sciences sociales ». Au bout de ces quatre années, au vu des résultats, la décision serait prise, soit d'en pérenniser l'expérience, soit d'y mettre fin. Cette proposition équilibrée, qui n'enlevait rien au fonctionnement, ni aux moyens de l'économie mainstream, a reçu un fort soutien dans le corps des enseignants-chercheurs d'économie puisqu'avant même son existence 300 d
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