Sans valeur
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Adopte un tas d’ordures
Dans cet étonnant roman, la narratrice croise un tas d’ordures en faisant son jogging à Paris et va soigneusement le transporter chez elle. Gaëlle Obiégly a trouvé un biais original pour analyser notre société désormais condamnée au recyclage.
En 1957 paraissait Mythologies, un essai dans lequel Roland Barthes analysait la société au travers d’une série d’objets érigés au rang de mythe. On pouvait y lire que « Chaque objet du monde peut passer d’une existence fermée, muette, à un état oral, ouvert à l’appropriation de la société. » Plus d’un demi-siècle après, Gaëlle Obiégly reprend le flambeau et réactualise le propos.
En faisant son jogging, elle tombe sur un monticule d’ordures devant le 174, rue de Charonne, à Paris et décide de l’adopter. Ce faisant, elle donne d’emblée la dimension du changement de paradigme. À l’époque de Barthes, il s’agissait de consommer alors qu’aujourd’hui il faut recycler. C’est pour la narratrice une sorte de nouvelle religion.
Sans doute par atavisme, elle va transporter le tas d’ordures chez elle et commencer le tri. « Ce fut le métier de mon ancêtre, venu de Pologne, quand il vint s’exiler en France. Il récupérait toutes sortes d’objets, un peu de papier et surtout de la ferraille. J’ai dit métier parce qu’il a dû gagner un peu d’argent grâce à ça lorsqu’il était totalement démuni mais c’était surtout une passion, puisque n’étant plus dans le besoin il continuait à ramasser et à trafiquer ce qu’il trouvait çà et là. »
Déjà à l’époque le contenu des poubelles avait de la valeur. L’ancêtre en était même venu à établir une sociologie des ordures, trouvant dans les beaux quartiers d’autres objets que dans les quartiers populaires. Suivant son exemple, elle s’efforcer « de voir de l’or dans la boue ». Parmi ses premières découvertes, un livre d’Etty Hillesum intitulé Une vie bouleversée avec, sur la première page, cette citation du donateur : « dans les difficultés apparentes les plus noires, la vie est magnifique de beauté et de joie ». Une découverte motivante qui va en appeler d’autres. Courriers et carnets, livres et dessins recèlent des trésors que l’imagination de la narratrice va magnifier en inventant les vies de ceux qui ont laissé ces traces.
À l’instar d’un Molina, éboueur New-Yorkais qui a commencé par collectionner des objets glanés sur sa tournée et qui a fini par ouvrir un musée rassemblant ses découvertes, elle va trier, valoriser et présenter sa collection. Au sommet de sa pyramide, un ticket de PMU qui pourrait lui rapporter une fortune.
Mais je laisse le suspense entier, préférant souligner l’humour déployé pour égayer cette réflexion philosophique sur la valeur des choses – y compris la valeur sentimentale – et la difficulté de trier. Car elle doit quitter son appartement et choisir à son tour ce qu’il faut garder, ce qu’il faut donner.
À l’image d’un Andy Warhol, très intéressé par les déchets, la narratrice va réussir à nous captiver avec Les choses, comme le disait Georges Perec, et à la valeur que nous leur donnons. Ou pas.
NB. Tout d’abord, un grand merci pour m’avoir lu jusqu’ici ! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre et en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.
TTT - Très Bien "Confortablement installé à bord de son écriture loufoque et méthodique, le roman aurait pu se limiter à l’exploration de ce trésor hétéroclite, arraché à une existence anonyme. Et nous aurions applaudi à cet inventaire chargé d’histoire. Mais le prodige de cet opuscule (qui alimente une toute récente collection des éditions Bayard intitulée Littérature intérieure et consacrée à « ce que l’on porte en soi comme une deuxième peau, ce qui nous happe, nous maintient ou nous obnubile ») tient à la richesse des pistes de réflexion ouvertes. Sous couvert d’excentricité ludique, Gaëlle Obiégly s’interroge avec une sémillante intelligence sur toutes les formes de déchets. Le corps humain, détritus en devenir. La littérature, constituée de ce que l’on jette hors de soi. La pensée, pleine de débris et de déperdition. Par le jeu d’associations d’idées, de coq-à-l’âne autobiographiques, de fulgurances imperméables à son autodérision, elle signe un livre d’une saisissante profondeur, baigné d’euphorie douce à forte contagiosité."
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