Norbert Jemsen procureur Tome 3 L'engrenage du mal
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l’avis des lecteurs
J’ai eu grand plaisir à retrouver le procureur Norbert Jensen, sa greffière Flavie Keller et le commissaire Daniel Garcia dans ce troisième volume de la série consacrée au procureur. On retrouve aussi Tanja, mais elle est en bien mauvaise posture : en effet elle revient à la Chaux de Fonds depuis la prison de La Tuilière où elle est en détention préventive afin d’y être jugée. Le roman alterne le récit du procès et de l’enquête sur les faits que l’on reproche à la jeune femme. Nous avions laissé le procureur et son équipe dans l’avion qui les ramenait de Corse à la fin du deuxième épisode (L’ombre du renard), et Tanja avait appris qu’une personne âgée avait été assassinée à Lausanne, elle avait compris qu’il s’agissait de sa mère.
A peine rentrée, elle se rend sur place et brise les scellés posés par la police vaudoise car elle est sûre que ses collègues ne lui apprendront rien, elle passe les lieux au luminol grâce à un flacon qu’elle a volé dans les locaux de la police neuchâteloise. Son fils de deux ans a disparu et Tanja est prête à tout pour le retrouver. Elle retourne à Neuchâtel où elle agresse deux collègues qu’elle soupçonne de protéger l’assassin supposé de sa famille.
Lors de son procès, Tanja reconnaît ces petites infractions, mais nie tout le reste qui est nettement plus grave. Elle affirme qu’on lui a tendu un piège et qu’elle est totalement innocente. Dans son réquisitoire, Jensen reconnait que les apparences sont contre elle, mais que s’il s’agit bien d’un piège, il faut reprendre l’enquête.
Je n’en dirai pas plus pour ne pas gâcher le plaisir de la lecture. Comme toujours avec Nicolas Feuz, il y a nombre de rebondissements, le suspense reste constant jusqu’à la fin, impossible à deviner. Les chapitres sont courts et l’alternance du procès et des faits qui l’ont précédé gardent la tension du récit. On ne s’ennuie pas le moins du monde dans ce polar et la fin s’ouvre sur la suite des aventures de cette équipe pas triste du tout. On visite égalament les moulins souterrains du Col des Roches, uniques en Europe. Feuz utilise avec brio les lieux particuliers de la région pour les rendre encore plus incontournables, il excelle comme guide touristique. Ces lieux sont liés à ses intrigues, ainsi hier en faisant du nordic walking au Landeron, j’ai pu me remémorer le début de L’ombre du Renard. Le côté régional de ces polars les rend encore plus agréables et intéressants pour les habitants du coin. C’est très plaisant de parcourir New York avec son inspecteur préféré, mais c’est tout autre chose de vivre sur les lieux et de les associer à une fiction qu’on a apprécié, d’imaginer par exemple la statue de David de Pury recouvertes d’entrailles sanguinolentes en prenant le bus !
Le procureur Jensen dit que la grande majorité des Suisses ignore tout du côté sombre de notre pays et on peut supposer que l’auteur, lui-même procureur, parle par sa bouche. Je n’en doute pas une minute, j’espère toutefois que la police et la justice réelles fonctionnent mieux que les policiers et magistrats mis en scène dans ces polars, parce que sinon on a vraiment du souci à se faire et notre pays serait devenu une vraie république bananière. Un nouveau personnage apparaît, un juge vaudois qui doit bien avoir quelque chose à se reprocher puisque son ADN figure dans le fichier des empreintes génétiques.
A la fin de cette intrigue palpitante, on peut se demander si Jensen est un idiot qui se fait embobiner, s’il est incapable d’exercer sa fonction (puisque ses fans savent bien qu’il n’est pas procureur mais prof de géographie) ou si plus grave, il ne serait pas complice des agissements de policiers peu honnêtes. D’ailleurs le commissaire Garcia en prend largement à son aise et ne se contente pas de boire des bières en service, quant à Flavie, elle n’est peut-être pas si innocente et gentille qu’elle en a l’air.
Ce roman palpitant appelle une suite car sa conclusion permet bien des doutes sur l’honnêteté de ses protagonistes, mais nous en saurons plus l’année prochaine. En attendant, je vous encourage vivement à découvrir ce nouvel opus de Nicolas Feuz. Un tout grand merci aux Editions Slatkine de m’avoir permis de le découvrir en avant-première.
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