Hante voltige
Indisponible éditeur
l’avis des lecteurs
Dans la deuxième saisons de Les saisons de l'étrange est paru un nouveau livre de Nelly Chadour. Ayant eu un gros coup de cœur pour Espérer le soleil (que je ne peux que vous conseiller), j'attendais de pouvoir lire ce nouveau livre : Hante Voltige. Je l'ai acheté et fait dédicacer aux Imaginales avant de prendre le temps de le lire tranquille pendant les vacances.
Année 80, Paris, il chevauche la nuit sur sa moto chromée, hantant les rues enfumées de la Capitale. Que peuvent faire Leïla et Fusain pour arrêter cette menace sans visage, caché derrière un casque noir comme l'éternité ? Le Motard fait rugir son moteur, et sa soif de vengeance ne connaît pas de frein.
Retour dans les années 80, dans un Paris en proie aux tensions sociales (toute ressemblance avec des évènements récents est fortuite... ou pas ^^). 1986, personnellement j'avais 5 ans, alors je ne me rappelle pas vraiment ce qui remuait la France à cette époque. Penchons-nous un peu sur la background de ce récit pour vous replacer dans le contexte :
Jacques Chirac vient d'arriver au gouvernement et veut faire passer une loi (la loi Devaquet) pour imposer une sélection à l'entrée de l'université. Le texte, plutôt mal accueilli, entraine d'importantes manifestations étudiantes que le ministre de l'intérieur, Charles Pasqua, ordonne de traiter avec fermeté. Malik Oussekine et Abdel Benyahia resteront sur le carreau et la loi sera retirée. Une victoire amère pour la jeunesse. Cette époque est aussi une époque de vie en meute : skinhead, punks, gothiques... les mouvements alternatifs sont multiples et d'une certaine manière façonnent la jeunesse qui se redécouvre une voix après les manif de mai 68.
Dans Hante voltige, nous nous retrouvons dans un Paris en proie à cet atmosphère entre malaise et effervescence. Nous y rencontrons une bande d'amis étudiants parisiens en pleine manifestation contre les violences policières. Sur fond de racismes et d'intolérance, de rivalité entre punk et skinhead, nous suivons ces trois compères dans le Paris underground... dans tous les sens du terme.
"Jean-Philiiiiiiippe !"
Jean-Philippe c'est moi. C'est l'horreur de ce prénom composé que j'essaie d'enterrer sous mon look de corbeau et mon pseudo idoine hérité d'une de mes armes de création préférée : Fusain. Et voilà que la peste bubonique qui me sert de frangine claironne mon patronyme en me collant sa pancarte dans la tronche.
Nelly Chadour place son récit dans une époque peu abordée en SFFF ce qui m'a dérouté dans un premier temps puis m'a complètement conquise ensuite. Les années 80, les punks, les voltigeurs, l'autrice nous fait parcourir le bitume sur et sous la capitale dans un tempo d'enfer et avec un brin de fantastique parfaitement dosé. J'ai adoré l'ambiance qui ce dégage de ce court récit qui mêle habilement histoire parisienne et légendes urbaines. Dans ce capharnaüm à l'atmosphère un peu poisseuse, nous suivons trois étudiants qui jouent aux apprentis Indiana Jones dans les catacombes de Paris. Affublés de pseudos (Jean-Philippe ça fait pas très punk c'est vrai ;) ), notre trio d'anti-héros paradent dans ce Paris souterrain où le présent et le passé se mêlent. Et où ils vont se retrouver poursuivis par deux voltigeurs qui ne demandent qu'à casser du jeune... arabe de préférence.
Car son surnom ne vient pas seulement de son pas trainant : le vieux excelle dans l'art de la mandale pantoufflée. Un mot de travers , une insolence, et vlan ! Avant que l’œil n'ait saisi le geste, la joue enregistre la douleur cuisante.
Comprendre la situation, y remédier de préférence sans trop se faire remarquer, tout en traversant Paris accompagné d'un papi pantoufle qui a plus d'une charentaise dans sa poche... euh à ses pieds, et bien c'est tout un feuilleton qui fleure bon les années 80 : l'agence tout risques version Punk !
Quand à la Santeria il avance avec une dignité royale malgré ses bottes en caoutchouc montant jusqu'à mi-cuisse. Même si mon ami exerce souvent sur ma personne des envies de meurtre, je lui suis reconnaissant d’être aussi organisé dans ses lubies et je bénis son sens de l'orientation et l'équipement qu'il garde en dépôt dans son deux pièces de la rue Vavin ( nom qui nous a toujours fait marrer Sam et moi, pour des raisons particulièrement débiles que vous n'aurez qu'à deviner) : en plus des bottes, des vareuses imperméables et des casques, des cartes, des boussoles, sacs à dos avec gourdes et rations de survie, lampes, piles... et que c'est tes rats, comme dirait ma sœur.
J'étais déjà très fan de la plume de Nelly Chadour depuis Espérer le soleil et avec Hante Voltige, c'est définitif : la style et le ton de l'autrice, j'adore. Avoir choisi un contexte original et peu abordé pour ensuite proposé un récit sombre teinté d'humour noir est vraiment excellent. Arriver en plus à un faire un texte d'actualité qui dénonce aussi bien les violences policières que le racisme et la haine de l'autre, et bien pour moi, c'est juste parfait. Hante Voltige est complètement dans le style des Saisons de l'étrange, proche d'un style série B, on pourrait parlait de : Magnum chez les punks (sans la ferrari mais avec autant de classe ;) ).
Enquête et fantastique, histoire et culture underground, thème d'actualité et originalité, cette première lecture des la saison 2 des Saisons de l'étrange m'a complètement conquise. Hante voltige est un court roman fantastique prenant, dont les personnages haut en couleur porte un récit riche en références et dont le style grinçant est franchement jubilatoire. Bref, vous l'aurez compris, j'ai beaucoup aimé <3
Un voltigeur fou (les policiers chargés de disperser les manifestants dans les années 1980), plutôt néonazi poursuit avec son complice les marginaux qui lui déplaisent, les punks, les goths et les arabes. Trois jeunes punks (Fusain, La Santéria et Byron) passionnés d’explorations souterraines vont se retrouver malgré eux les proies de ces fous après avoir tenté de sauver Leila, une beurette dans une manifestation contre les bavures policières. Par chance elle arrive à se cacher dans de vieux bains municipaux abandonnés depuis la guerre et un clochard âgé qui sent vraiment très mauvais l’aidera à échapper aux motards. Nos explorateurs rencontreront une créature fantastique, issue du folklore maghrébin dans les sous sols parisiens, heureusement Papy Pantoufle et ses compères surveillent la bête et aideront les jeunes à se débarrasser des méchants.
Un excellent roman fantastique, qui peut sembler fouillis tant cela part dans tous les sens, mais au final tous les brins disparates s’assemblent pour former une superbe gerbe. L’auteure semble s’être beaucoup amusée avec cette intrigue échevelée, et nous aussi. Elle est teinté d’humour noir et de belles trouvailles, comme la nécromotive (une sorte de métro fantôme qui circule à grande vitesse sur une ligne désaffectée durant la nuit). On trouve de nombreuses formules belles et originales, j’ai beaucoup aimé ce style décoiffant.
On peut trouver les personnages peu travaillés et caricaturaux, mais ils correspondent très bien à l’histoire. Ces trois punks sont en fait très drôles, jusque dans leurs outrances avec leur humour potache. Leila/Elsa joue surtout un rôle de faire valoir pour ses compères, quant au club de papys maghrébins qui surveillent le monstre, ils sont vraiment adorables, coup de chapeau …. euh de pantoufle particulier pour le chef de la bande qui veille sur la ville et sa communauté. L’auteure utilise les préjugés à leur encontre pour les retourner, ce que je trouve très réussi. Par exemple, l’agent d’accueil du foyer Sonacotra voit en Papy « un vieux bicot fêlé « , l’intéressé le laisse penser et en profite pour accomplir son job de gardien de la ville dans l’ombre avec ses amis, peu de gens savant qu’ils furent des résistants héroïques.
Le contexte des années 1980 est bien présent avec sa lutte entre les skins et les punks (et compagnie), il y a un fort racisme anti-arabe, les souvenirs des bavures policières présentes et passées (les ratonnades de 1961) sont bien vivants dans la tête des divers personnages. Et dans ce contexte précis surgit le fantastique, ce qui est original et intéressant. Il y a deux grandes scènes fantastiques, la confrontation avec le monstre dans les sous sols et la scène du cimetière à Montmartre, qui est plus originale et vraiment géniale.
Donc j’ai beaucoup aimé ce roman qui mérite un coup de coeur, je le recommande chaleureusement aux amateurs de fantastique. Un grand merci à Netgalley et aux Editions Voolume pour cette belle découverte.
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