Rien ne t'appartient
Résumé éditeur
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l’avis des lecteurs
« Elle ne se contente plus d’habiter mes rêves, cette fille. Elle pousse en moi, contre mes flancs, elle veut sortir et je sens que bientôt, je n’aurais plus la force de la retenir tant elle me hante, tant elle est puissante. C’est elle qui envoie le garçon, c’est elle qui me fait oublier les mots, les événements, c’est elle qui me fait danser nue. »
Il n’y a pas que le chagrin et la solitude qui viennent tourmenter Tara depuis la mort de son mari. En elle, quelque chose se lève et gronde comme une vague. C’est la résurgence d’une histoire qu’elle croyait étouffée, c’est la réapparition de celle qu’elle avait été, avant. Une fille avec un autre prénom, qui aimait rire et danser, qui croyait en l’éternelle enfance jusqu’à ce qu’elle soit rattrapée par les démons de son pays.
A travers le destin d’une « fille gâchée », Nathacha Appanah nous offre une immersion sensuelle et implacable dans un monde où il faut aller au bout de soi-même pour préserver son intégrité.
Je résume
Une femme, Tara, se terre chez elle depuis le décès de son mari Emmanuel plus âgé qu’elle et lorsque son beau-fils s’inquiète de son état physique et mental et lui prend un rendez-vous chez un neurologue, celle-ci décide de s’enfuir, de quitter un présent où elle n’existe plus et laisse la parole à Vijaya, son autre, celle d’avant, celle du passé.
Ma lecture
Ce qui me frappe à chaque lecture de Nathacha Appanah c’est son écriture qui vous plonge, dès les premières lignes dans le climat de l’histoire qu’elle va nous révéler mais également dans l’état psychologique des personnages. Ici elle emprunte deux voix pour une même identité : Tara puis Vijaya, deux voix mais une seule femme qui délaisse son présent avec sa douleur pour revenir sur son passé, celui d’avant Tara, celui de Vijaya (Victoire), d’une petite fille entourée de ses parents, dont le père se transforme en Monsieur, quand il lui fait la classe mais qu’elle verra disparaître ainsi que sa famille dans ce que la politique peut générer de violences.
A partir de ce jour elle va s’apercevoir que Rien ne lui appartient et qu’elle va devenir l’objet des autres, ceux qui décideront de son sort, de son corps, de ses meurtrissures et qui ne devra sa survivance qu’à un cataclysme qui mettra sur sa route celui qui lui offrira, pour quelques années, un répit.
Après Tropique de la violence et Le ciel par-dessus les toits, je retrouve avec bonheur et émotion l’écriture de cette auteure qui arrive, avec concision, justesse, sans effet d’aucune sorte, simplement par la force de ses mots, leur rythme, à vous plonger dans l’âme humaine. Ici elle nous parle à la fois du bonheur d’une enfance choyée, heureuse mais qui par les circonvolutions des hommes et des régimes va prendre fin avec les mots d’une petite fille qui dit ce qu’elle voit, ce qu’elle imagine, ce qu’elle comprend ou croit comprendre, qui obéit sans réaliser tout ce qui lui arrive. Une vie de fille « gâchée » soumise aux hommes mais également aux femmes qui la réduiront à son expression la plus simple, lui ôtant toute féminité et richesse, même dans ce qu’elle a de plus intime et personnel car Rien ne t’appartient désormais, même son prénom sera gommé la réduisant à un mois…
Elles (ces femmes) savent comment lacérer le ventre de l’intérieur, comment arracher les mauvaises lianes qui accrochent aux parois et quand bien même je crie, je pleure, elles restent là, au bord de cette douleur sans nom, elles attendent que je traverse la rie, le corps vide. (p112)
Heureusement elle garde en elle la bharatanatyam, la danse enseignée enfant par Rada, composée d’adavus qui sont comme des lettres d’un alphabet musical et dans lesquels chaque position de mains, de doigts, de jambes et de pieds sont une ôde à la nature, à la grâce, aux Dieux et à la vie et qui lui permettent de s’évader, ailleurs, loin d’un monde où l’on tue, brûle, viole, détruit les temples.
Ce roman est un petit bijou dans lequel on s’immerge par la grâce des mots même quand il s’agit de violence, de douleurs, de mort et même si l’histoire est terrifiante, elle n’use pas d’artifices, de grandiloquence mais elle reste à hauteur de la narratrice de ce qu’elle ressent dans son âme blessée et traumatisée, de ce à quoi elle se rattache, s’attache même si elle le sait rien ne lui appartient et que tout ce qu’elle aime ou à aimer lui sera arraché.
Il agit tel un sculpteur, à former un corps, à dessiner un visage, à lisser une folie, à faire émerger d’une fille gâchée une autre à promesses. (p153)
Je n’en dirai pas plus. Il faut lire Nathacha Appanah et comprendre pourquoi son écriture envoute, chavire, comment chaque mot, chaque virgule est pesée, ôtée pour conférer à son récit toute sa puissance.
J’ai beaucoup aimé.
D’autres en parlent : Mélie et les livres, Cécilou, Mon petit carnet de curiosités.
La fille gâchée
C’est à un nouveau tsunami émotionnel que nous convie Nathacha Appanah avec Rien ne t’appartient. Un court roman, un superbe portrait de femme et des drames en cascade.
Emmanuel est mort. Le mari de Tara la laisse seule et désemparée. Quand Eli, son beau-fils, vient lui rendre visite, il découvre «la femme que son père a épousée il y a plus de quinze ans, cette femme beaucoup plus jeune que lui, ramenée d’un pays ravagé et qui ne parle pas beaucoup, une femme en sous-vêtements, le corps maigre, la peau tannée, une femme qui perd la tête, qui oublie de se laver, qui a transformé un bel appartement en taudis, une femme qui a l’air d’avoir cent ans et qui n’arrive même pas à se lever du canapé.» Même si ce deuil n’est pas le seul auquel elle a dû faire face, même si cette épreuve n’est pas la pire qu’elle ait endurée, elle n’y arrive plus. Car toucher un objet, ranger quelque chose, c’est retrouver des traces de leur histoire, de son histoire. Une histoire terrible, insupportable.
En fait, Tara est une survivante, comme on va le découvrir au fil des pages. Tout avait pourtant si bien commencé dans ce pays qui n’est jamais nommé – sans doute le Sri Lanka – et qui ressemble à un paradis sur terre.
Ses parents, un père professeur engagé en politique et une mère aimante, l’ont baptisée Vijaya (Victoire) et entendent lui construire un bel avenir. En grandissant, elle se passionne pour le bharatanatyan, la danse traditionnelle, elle adore les senteurs de la cuisine d’Aya qui, comme le jardin qui l’entoure éveille ses sens. Au milieu de ce bonheur et de cette soif de connaissances, l’armée va débarquer et tuer ses parents ainsi qu’Aya. L’orpheline est alors conduite dans un refuge qui a tout d’une prison. «Ici rien ne t’appartient» lui explique-t-on avant de lui enlever jusqu’à son nom. Désormais elle s’appellera Avril puisqu’elle est né durant ce mois et sa vie de «fille gâchée» s’apparentera à de l’esclavage.
Jusqu’à ce jour où une catastrophe majeure, un tsunami, déferle sur le pays. Un drame qui paradoxalement sera sa planche de salut. C’est dans le chaos généralisé qu’elle va pouvoir se construire un avenir.
Nathacha Appanah, comme dans ses précédents romans, Le ciel par-dessus le toit, Tropique de la violence ou encore En attendant demain se refuse à sombrer dans le désespoir. Une petite lumière, une rencontre, un chemin qui se dessine permettent de surmonter la douleur. Avec ce monologue puissant elle secoue la noirceur, elle transcende la douleur. De sa magnifique écriture pleine de sensualité, la mauricienne prouve combien les mots sont des alliés importants, que grâce à eux, il est toujours possible de construire, de reconstruire. Et de faire tomber les masques. Je fais de Rien ne t’appartient l’un de mes favoris pour les Prix littéraires de l’automne.
Depuis la mort de son mari, Tara s’enfonce dans la dépression. Son beau-fils Eli tente de la faire réagir. Alors qu’elle se rend à un rendez-vous médical, Tara emprunte un des chemins sur lesquels elle aimait se promener avant le drame. Lui revient en mémoire sa vie d’avant…
Je découvre la plume de Nathacha Appanah avec ce titre très émouvant. Ce roman nous met face à une femme qui va devoir affronter les fantômes de son passé. En effet, Tara ne s’est pas toujours appelée Tara. Le lecteur plonge alors sur les traces de cette autre femme venant d’un continent lointain, là-bas jusqu’en Inde.
On y suit Tara enfant, aimé par des parents progressistes et libéraux. On y découvre la violence que l’on oppose à ceux qui pensent librement, puis une vie d’esclave. Rien n’est épargné à cette fille: violences, brimades, humiliations. Enfermée dans son silence, coupable de ce qu’on ne lui a pas enseigné, Tara va errer de maison en maison avant d’être recueillie, là où toutes les filles de son genre vont.
La fin du roman m’a fait verser quelques larmes et on quitte Tara à regrets, comprenant son tourment.
« Rien ne t’appartient » est un roman bouleversant. Cette intrigue poignante dévoile une plume sublime, redonnant voix à une enfance abîmée.
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