L'affaire des fées de Cottingley - Inspiré de faits réels

J’avais entendu parler de cette affaire il y a quelques années en lisant l’article que Arthur Conan Doyle y a consacré en 1920 . Natacha Henry a raconté toute cette jolie histoire l’été dernier et je l’ai choisie comme livre jeunesse du trimestre sur notre forum.

En 1917, Elsie rêve de devenir photographe et devient justement apprentie chez l’artiste du village. Elle a seize ans et est très déçue de devoir quitter son travail car sa cousine Frances, neuf ans, et sa tante Annie viennent se réfugier chez eux en attendant que le père revienne de la guerre. Elle lui fait visiter les environs du village et les fillettes jouent dans le ruisseau. Elsie lui raconte que les habitants du coin croient que des fées et des lutins y vivent. Les deux filles rentrent la robe déchirée et pleine de boue, ce qui leur vaut des réprimandes de leurs mères. Frances s’excuse en disant qu’elles sont troublées parce qu’elles ont vu des fées et des lutins. Les deux mères sont enthousiasmées et oublient immédiatement le reste. Elles rêvent d’en voir à leur tour, mais c’est impossible, car le petit peuple n’apparaît pas aux adultes. Les deux cousines décident alors de fabriquer des fées en papier et de les photographier en décor naturel. Le père, photographe amateur, sait d’emblée que la photo est truquée, mais face au succès de leur mystification, les cousines s’entêtent, en particulier Frances. Connaissant son chagrin et son inquiétude pour son père qui est au front, Elsie laisse faire. Les deux mères et les villageois croient dur comme fer à l’existence de ces fées dans la région, croyance alimentée par quatre autres photos. La rumeur se répand, les membres de la société théosophiques y mêlent leur grain de sel, y compris le père de Sherlock Holmes qui consacre un article à l’affaire, qui fait les gros titres dans les années 1920.

Nous qui sommes habitués aux images de synthèses diverses et variées ne pouvons que nous étonner de l’ampleur prise par cette mystification à laquelle de nombreuses personnalités de l’époque ont adhéré. Dans les annexes l’auteure nous explique ce que sont devenues les fillettes et combien il aura fallu de temps pour que des spécialistes voient enfin le trucage, qui devait vraiment être très bien réalisé pour avoir eu un tel succès. Les circonstances historiques y sont sans doute aussi pour beaucoup. Les gens sont désespérés par la guerre ou les drames personnels et ont absolument besoin de croire à ce monde magique et harmonieux à côté de chez eux. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Elsie accepte de continuer la mascarade alors qu’elle n’y croit pas et voit les tensions familiales qui en résultent.

L’écriture est fluide et agréable, c’est un livre jeunesse très plaisant qui devrait rencontrer son public. Il nous interroge sur notre besoin de fuir la réalité. Il est facile de trouver que les gens de l’époque étaient bien naïfs quand on voit le succès rencontré par les monde virtuels divers et variés que la société nous propose. Le dossier annexe est très complet et intéressant, nous révélant un moment d’histoire méconnu, mais qui a fait couler beaucoup d’encre il y a un siècle.