
Les chants de Nüying
Résumé éditeur
livré en 5 jours
livré en 5 jours
l’avis des lecteurs
Dernier roman d’Emilie Querbalec, Les chants de Nüying est un roman SF que j’ai remporté à un concours sur le compte de Camelote Magicadou. J’étais assez pressée de le lire, d’une part parce que j’en lisais de très bons retours un peu partout, mais aussi parce que j’avais apprécié Quitter les monts d’automne, que j’ai lu des mois après tout le monde. Le pitch me plaisait également beaucoup. Je voulais absolument le lire avant le vote des 25 sélectionnés pour le PLIB2023, qui a commencé (et se termine le 20/11).
En attendant Nüying…
Un roman premier contact ?
Alors pour une fois, je vais commencer par mes réserves. Car si j’ai beaucoup aimé ma lecture, j’ai été néanmoins perturbée par les choix narratifs effectués et une attente pas totalement comblée.
D’abord, j’ai attendu Nüying un bon bout de temps. Je me doutais que, le voyage étant long, le récit le serait. Ca ne m’a pas gênée, au contraire, tant les préparatifs du voyage étant captivants. Et préparer un voyage est déjà commencer celui-ci… Mais je ne m’attendais pas, en revanche, à parvenir sur Nüying aussi tard. Et encore moins à ne pas vraiment rencontrer l’origine des chants enregistrés. J’attendais vraiment un roman « premier contact », or pour le coup, Les chants de Nüying c’est autre chose. Que j’ai su apprécier à sa juste valeur et que j’ai beaucoup aimé. Toutefois, mes attentes initiales n’ont pas été remplies sur ce point. Je pense que la 4ème de couverture est un peu décalée par rapport à ce que le roman offre réellement.
Plusieurs romans en un
D’autre part, le récit m’a également perturbée. Il se compose de trois grandes parties. En gros, les préparatifs avec une présentation du contexte et des différents scientifiques qui feront partie du voyage, le voyage à proprement parler avec quelques morceaux choisis durant ces 27 ans, et puis l’arrivée sur Nüying enfin. Un point de vue omniscient et une narration hérétodiégétique alternent les focus sur les personnages et cassent la linéarité temporelle avec des flashbacks et des ellipses assez importantes.
Si j’apprécie cette rupture, j’ai néanmoins eu la sensation de passer parfois du coq à à l’âne. Comme si Les chants de Nüying comportaient plusieurs romans en un seul. Si le roman est construit avec un souci musical (des parties comme des mouvements de concerto, avec prélude et coda finale), j’ai malgré tout eu du mal à trouver de la fluidité entre les différentes parties, à les raccrocher ensemble pour en faire une partition unifiée.
Interprétation(s)
Enfin, et cela découle du point précédent, quelques scènes majeures sont restées pour moi assez opaques. C’est particulièrement le cas en ce qui concerne le sort de Jon et les adeptes de la secte religieuse, ainsi que pour Brume en fin de roman. Ces scènes arrivent assez brutalement, du fait de l’absence de linéarité du récit. J’ai manqué de billes pour en saisir toute la portée. J’imagine que la grande place laissée à l’interprétation de chacun est faite exprès. Mais ça m’a laissée perplexe dans un récit très solide d’un point de vue scientifique et pédagogue. Ca m’a rappelé le ressenti que j’avais eu avec Interstellar, notamment à la fin. Quelque chose du style « mais what the fuck do you mean ?! »
D’ailleurs, j’avais eu un ressenti similaire avec Quitter les monts d’automne. Je me suis demandé si ce n’était pas là une des marques de fabrique d’Emilie Querbalec : déjouer nos attentes, proposer quelque chose de destructuré, nous laisser imaginer/interpréter. Et comme avec son précédent roman, Emilie Querbalec me perturbe autant qu’elle me charme.
Un roman SF mystique
Pédagogie et passion
Ce que j’ai adoré dans ce roman, c’est sa précision scientifique, ses multiples regards, ses petites scènes anecdotiques qui rendent le tout crédible. Sa justesse, aussi – Emilie Querbalec n’en fait pas des caisses : pas de détails ni de pavés techniques soporifiques. L’écriture est simple mais solide, pédagogue sans le ton professoral. Nulle difficulté de compréhension dans les technologies explorées.
Et donc on côtoie des bio-acousticiens, des mécaniciens, cogniticiens, médecins… Mais aussi des militaires, des politiciens. Un gourou, aussi. Et les familles de tout ce petit monde-là. C’est franchement passionnant, et il n’y a nul ennui, nul temps mort, nul ralentissement. On suit tout ce petit monde de passionnés qui laissent derrière eux leur vie, leurs proches.
Les préparatifs sont l’occasion de montrer tous les enjeux du voyage et du roman. La technologie de la RNA, qui permet de « dupliquer » son esprit par copie de données et de le transférer dans un clone – une manière de dépasser la mort biologique. La justification d’une telle épopée sur une planète qui de toute façon n’aura jamais pour but d’être habitée. Les espoirs de chacun, qu’ils soient scientifiques ou religieux. La possibilité que d’autres espèces vivent dans l’univers, déstabilisant davantage la place centrale de l’Humanité. Et tant d’autres sujets abordés avec un angle éthique par le biais des inquiétudes, réserves, principe de précaution… des personnages.
Sur un terreau très réaliste
SF résolument, avec une duplication de notre monde réel. On pourrait se croire au début à notre époque; mais non, nous sommes quelques siècles plus tard. Pas grand chose n’a changé, hormis la Chine qui dirige le monde.
Décentrage, mais pourtant on s’y retrouve. Qui est Jonathan Wei à part un double de Besos, Musk et compagnie ? De la même manière, le fanatisme religieux évoqué dans le roman est un autre miroir de notre réalité. Il m’a semblé aussi qu’il y avait dans Les chants de Nüying une esquisse de nos difficultés de communiquer avec les personnes qui nous entourent. Chaque personnage a des rapports difficiles avec ses proches : Brume avec son père qui ne la comprend pas, Dana avec sa fille, Will et son ex épouse (et Brume, aussi, d’ailleurs). En cela, j’ai trouvé que cet équipage assez dense reflétait à merveille notre société aujourd’hui. En effet, nous sommes tous très entourés, mais avec qui partageons-nous réellement le fond de nos pensées et ce qui nous anime chaque jour ?
Un roman mystique
Ainsi, Les chants de Nüying est finalement un roman très humain. On espère avec Brume rencontrer les créatures à l’origine des chants, mais l’ensemble du récit est résolument humaniste. Et j’ai trouvé que la dimension religieuse apportée par l’autrice était intéressante.
D’abord pour sa peinture d’un certain degré de fanatisme; assez dingue de constater que la foi peut s’apparenter à un mur parfois. Et puis pour sa cohabitation avec la science; ça fait un peu sujet de philo classique, d’accord. Mais j’ai trouvé le positionnement de Jon vraiment intéressant. Juste dommage que cet arc narratif-là se termine brutalement pendant le roman sans y revenir vraiment ensuite.
Enfin, ce mysticisme n’est pas juste religieux. J’ai trouvé qu’il y avait une déclinaison mystique dans le regard de Brume sur le voyage. Ses motivations le sont d’ailleurs un peu aussi, et sa manière d’y croire jusqu’au bout, dans cet univers hostile… a quelque chose de magique. C’est un regard que j’ai beaucoup aimé : il apporte de la beauté, de la passion, dans le discours scientifique. Les chants de Nüying c’est de la SF qui m’a parlé, tant j’ai pu vibrer, rêver, me passionner pour ce voyage. Je suis parvenue à ressentir ce qui motivait chacun dans cette épopée, à m’émerveiller devant les terres de Nüying alors même qu’elles sont particulièrement effrayantes.
Les chants de Nüying est comme un appel de sirènes. Emilie Querbalec nous invite à suivre cet appel, par le biais d’une multitude de personnages très différents aux motivations variées. Les chants de Nüying est un roman très humaniste, remarquablement documenté, particulièrement captivant et associant des thématiques qui ne vont pas forcément de pair. Emilie Querbalec me bouscule pour la seconde fois, avec un texte destructuré, elliptique, laissant une part importante à l’interprétation. Pas sûre d’avoir parfaitement compris ce qui était sous-entendu, mais j’ai apprécié le voyage, les sujets explorés, les personnages et leur évolution, et la plume de l’autrice, précise et pédagogue tout en restant fluide et agréable. Par sa plume et ses mots, Emilie Querbalec nous invite au voyage, au dépaysement, à l’ailleurs, à l’exploration de tous les possibles; je la suivrai bien volontiers une troisième fois.
La collection Albin Michel Imaginaire a choisi de mettre les autrices au programme de la fin d’année 2022 avec 3 parutions exclusivement féminines fin aout et septembre. La première de ces autrices est Émilie Querbalec, romancière et nouvelliste française dont Les Chants de Nüying est le troisième roman. Son précédent livre, Quitter les monts d’Automne, également publié par Albin Michel Imaginaire, a reçu le prix Rosny Aîné et a été nominé au Grand Prix de l’Imaginaire et au prix Utopiales. Les Chants de Nüying est un roman décrivant une exploration spatiale avec une pointe d’uchronie.
Au XXVI ème siècle, l’humanité a colonisé une partie du système solaire. Les sélènes vivent parfaitement sur la lune sans avoir besoin de mettre le pied sur Terre. Les premiers à poser le pied sur la lune ont d’ailleurs été les chinois, et le pays a gardé une certaine domination sur le secteur depuis. Toutefois, l’exploration spatiale est loin d’être au point mort et des sondes sont envoyées dans l’espace. La sonde Mariner a ainsi été envoyée en direction de la planète Nüying, située à une vingtaine d’années-lumière de la Terre. Nüying est une exoplanète constituée majoritairement d’eau à l’état liquide et donc susceptible d’abriter des formes de vies. Elle possède également un fort volcanisme et une atmosphère dense, malheureusement celle-ci n’est pas compatible avec l’être humain. Autre fait de grande importance : avant de perdre le contact avec la Terre, la sonde a capté des sons évoquant le chant des baleines. Depuis, de nombreuses spéculations ont vu le jour concernant ces chants et leur origine.
Une expédition pour étudier la planète est montée. Le voyage sera long et nécessite des technologies novatrices. Tout cela est possible grâce au financement offert par Jonathan Wei, richissime homme d’affaire. Celui-ci fera bien entendu partie du voyage qui lui permettra de tester sa technologie de transfert numérisé de la conscience vers un clone destinée à obtenir l’immortalité. Mais Jonathan Wei est un homme de pouvoir, proche de la secte de la Terre d’Éveil. Le voyage se fait à bord du cargo-monde Yùtù avec environ 500 passagers, dont une grande partie sera en stase et durera vingt-sept années pour atteindre Nüying.
Le thème de ce roman fait rêver. La conquête spatiale, la découverte de nouvelles planètes abritant potentiellement la vie, les voyages au long cour pour découvrir ces mondes, autant de sujets qui prêtent à l’imagination, qui donnent le vertige. Pourtant, il y a assez peu de romans en France sur ce thème. Émilie Querbalec a choisi de raconter en 3 grandes parties les préparatifs de cette expédition, puis le voyage et enfin l’arrivée sur la planète porteuse de nombreux espoirs. Elle développe un univers crédible où les avancées technologiques sont nombreuses mais tout à fait cohérentes.
La partie sur le voyage a une grande importance afin de comprendre comme se déroule celui-ci avec une partie des personnes plongées en stase, et une autre partie cloîtrée à bord du vaisseau pendant une très longue période. Cet élément aura de forts impacts sur la vie à bord et sur le voyage en lui-même. L’autrice choisit une narration chorale et plusieurs personnages sont au cœur du récit. Brume est une spécialiste dans le domaine de la bioacoustique marine, Will et Dana des scientifiques travaillant avec Jonathan Wei, qui n’est pas sans rappeler certains milliardaires de notre époque. Avec cette narration, elle multiplie les points de vue et confronte les idées des différents protagonistes. Ces personnages sont véritablement au centre de l’histoire, ils sont humains, crédibles et attachants.
Le roman est très dense. Émilie Querbalec choisit de faire des ellipses en racontant cette épopée qui se déroule sur plusieurs années. Certains éléments sont sous-entendus, laissés à la libre interprétation du lecteur. L’histoire et les liens entre les personnages sont construits progressivement et parfois il faut faire la jonction entre les différents éléments. Cela surprend un peu mais permet également au roman de ne pas devenir un gros pavé et de rester dynamique. De nombreux thèmes sont abordés dans ce futur uchronique avec beaucoup d’humanité et de pertinence : les technologies permettant l’immortalité, la spiritualité, les choix de vie, l’écologie.
Avec Les Chants de Nüying, Émilie Querbalec raconte une grande aventure spatiale, une véritable odyssée qui nous entraîne aux confins de l’espace. Le roman est d’une grande richesse autant par ses personnages que par les thèmes abordés mais aussi plein de sensibilité. Alors n’hésitez pas à suivre ces chants d’une rare beauté, à rêver d’espace, d’un voyage au travers les étoiles dans votre imaginaire.
Roman de science-fiction en apparence simple — un voyage spatial vers une autre planète à explorer — et qui commence par un prologue empreint de poésie et de mystère, Les Chants de Nüying se révèle riche en thématiques, tout en proposant une atmosphère réaliste, crédible, et sensible.
Brume, scientifique d’origine vietnamienne, spécialiste des mondes aquatiques et des interfaces homme-machine, se rend à Paris voir une dernière fois son père avant de s’embarquer vers Taihe-Concordia, pour ensuite rejoindre le vaisseau qui mettra vingt-sept ans à atteindre la planète Nüying, où des chants mystérieux ont été captés par une sonde. Brume a passé des années à étudier le chant des baleines, rêve d’écouter ceux de Nüying, et surtout de découvrir quels êtres les émettent dans les océans glacés de cette planète inhospitalière.
Insidieusement, le lecteur est plongé dans un monde légèrement uchronique. Légèrement, car on croyait être au début du XXIe siècle qu’on connaît, et l’auteure sait capter des moments de vie si crédibles, avec les gestes quotidiens familiers et les non-dits entre les êtres, mais en même temps… Nous sommes au XXIVe siècle, et le monde est dominé par la Chine. L’histoire se révèle un peu différente de celle que nous connaissons, mais suffisamment pour des moments étranges : l’importance de la culture asiatique, la prépondérance de la langue chinoise, et cependant tout semble si réel !
Le roman suit l’arrivée de Brume dans la station, sa rencontre avec d’autres personnages et notamment Jonathan, milliardaire chinois qui finance la mission et qui est un membre éminent de l’Éveil, courant religieux né du bouddhisme en exil. La longue préparation au voyage — qui, miracle de l’écriture, est vivante et passionnante — est l’occasion de mieux découvrir cet univers, les personnages avec leurs espérances, et quelques thématiques fortes.
Ce roman de science-fiction ne va jamais là où on l’attend. Le voyage de plusieurs années est perturbé par les fidèles de l’Éveil, et l’auteure explore le sectarisme religieux avec cette croyance eschatologique qui séduit les Sélénites. Pour une fois, nous avons autre chose qu’un dévoiement d’un des monothéismes que nous connaissons si bien. Au contraire, elle imagine une version radicale du bouddhisme tibétain, qui s’est propagé dans la population de la station et qui perturbera le cours de l’histoire.
Très rapidement arrive un autre thème classique de la science-fiction, celui des esprits téléchargés dans des matrices informatiques. Jonathan, le milliardaire, a enregistré ses souvenirs destinés à être transférés dans des clones quand le vaisseau approchera de Nüying. Mais ce nouveau Jonathan sera-t-il toujours Jonathan ? Peut-on sauvegarder ce qui fait l’essence même de notre esprit, supérieur à la somme de nos souvenirs ? L’auteure pousse plus loin la réflexion, et, sans dévoiler des éléments essentiels de l’intrigue, elle interroge ce désir d’immortalité — ou du moins, de vie très longue — acquis grâce à une technologie inévitablement faillible, même si, sur ce sujet comme sur d’autres, elle propose une fin sujette à interprétation.
Le changement de point de vue — d’autres personnages deviennent narrateurs — éclaire de différentes visions un voyage interstellaire vers un but que chacun s’est assigné : tous n’ont pas les mêmes espoirs, et cette communauté s’avère bien fragile. Mais chaque fois, on y croit, tant l’auteure sait capter une atmosphère et décrire des personnages si humains, aussi bien dans leurs actions que dans leurs objectifs.
Parlons-en, des personnages : Brume, William, Jonathan, Dana et les autres… on croirait les avoir déjà rencontrés, tant ils sont sensibles, non exempts de défauts, et somme toute très réalistes. Ils sont vivants. Le récit prend le temps de les faire découvrir dans un quotidien à la fois familier et science-fictif, assumant l’optique de raconter avant tout le destin d’êtres humains qui entreprennent un voyage qui s’avérera différent des plans initiaux. Ou peut-être pas.
À titre personnel, j’ajoute qu’ayant eu un mois de septembre très chargé professionnellement — j’ai fini écrasée sous une montagne de tableaux Excel — j’étais ravie de retrouver le soir ce livre qui m’offrait un moment d’évasion, de rêve et de réflexion, et j’ai aimé accompagner les protagonistes jusqu’à leur destination.
Un roman solide, convaincant, bien écrit et riche en thématiques, qui confirme la maturité de l’auteure et sa place sur la scène de la science-fiction française.
Livraison soignée
Nos colis sont emballés avec soin pour des livres en excellent état
Conseil de libraires
et des sélections personnalisées pour les lecteurs du monde entier
1 millions de livres
romans, livres pour enfants, essais, BD, mangas, guides de voyages...
Paiement sécurisé
Les paiements sur notre site sont 100% sécurisés