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Arlis des forains
Résumé éditeur
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l’avis des lecteurs
Arlis des forains est un roman de Mélanie Fazi publié chez Bragelonne en 2004. Mélanie Fazi est également nouvelliste et traductrice. Elle a notamment a obtenu en 2007 un grand prix de l’Imaginaire pour sa traduction du roman Lignes de vie de Graham Joyce, prix qu’elle a aussi eu dans la catégorie nouvelles en 2005 pour son premier recueil, Serpentine. J’avais ce roman depuis très longtemps dans ma PAL électronique et je suis très contente de l’en avoir enfin sorti et découvert ainsi l’autrice sur le format long.
Arlis a 11 ans et fait partie d’une troupe de forains. Cette dernière s’arrête pour un temps dans une petite ville américaine nommée Bailey Creek. Arlis a grandi avec les forains, mais ignore tout de ses origines. En effet, il a été adopté par Lindy alors qu’il était tout petit et parcourt les routes depuis ce temps en sa compagnie. Lors de son arrivée à Bailey Creek, Arlis va faire la connaissance de Faith, la fille du pasteur. Cette amitié va entrainer Arlis à vouloir en apprendre plus sur ses origines et à pratiquer d’étranges rituels dans les champs de blé avec Faith.
Le roman raconte ainsi la quête d’un enfant pour retrouver ses origines, mais aussi pour avoir une vie normale. Sa vie de forain, que beaucoup d’enfants aimeraient avoir, finit par le lasser. Il va en prendre conscience suite à sa rencontre avec Faith. Le rythme du récit est assez lent mais on se laisse porter par la plume envoutante de Mélanie Fazi et par les mystères qu’elle met peu à peu en place. Le roman appartient au genre fantastique, et il faut dire que Mélanie Fazi excelle dans ce domaine. Elle nous emmène dans une petite bourgade américaine paisible en apparence et dans une époque difficile à situer. Le monde où évolue Arlis est un monde de spectacle, d’illusions, de magie. Cet univers est en totale opposition avec celui d’une petite ville, représentant un monde sédentaire.
L’histoire est racontée par Arlis à la première personne. On a ainsi seulement son point de vue sur tout ce qui arrive. Cela entretient aussi le flou sur ce qui arrive vraiment. Arlis est le cœur du roman mais les personnages secondaires sont vraiment très bien travaillés. Mélanie Fazi joue parfaitement avec les émotions que ses protagonistes nous inspirent et ils apparaissent tous très humains et tous différents. Arlis est jeune, un peu paumé, certainement trop mature parfois (le mauvais côté du récit à la première personne avec des enfants) mais on s’attache rapidement à lui, à ses fêlures.
Le roman s’intéresse au passage à l’adolescence, à la fin de l’enfance, thème cher à Stephen King que l’autrice aime beaucoup. On retrouve certains points communs avec l’auteur américain dans ce roman notamment dans les personnages des forains. Mélanie Fazi décrit avec précision le monde de l’enfance et son imaginaire merveilleux, ainsi que sa confrontation avec le monde des adultes qui apparait triste en comparaison. L’histoire d’Arlis est simple, avec des moments de joie et de tristesse, elle est très émouvante, avec une fin ouverte que j’ai trouvé parfaite pour ce personnage, laissant le lecteur rêver à la suite et répondre à certaines questions.
Arlis des forains est ainsi un livre qui nous entraine dans un voyage fantastique, dans une quête pour ses origines menée par un enfant de onze ans pas comme les autres. La plume de Mélanie Fazi est poétique, fluide et magnifique. Elle crée une ambiance onirique et envoutante où on se laisse porter. Une belle réussite qui donne envie de lire à nouveau cette autrice qui est pour moi une des plus belles plumes du fantastique français.
Avec le contrecoup un peu lourd de ma lecture de Lolita et l’ambiance actuelle vaguement angoissante, choisir une nouvelle lecture n’a pas été aisé, ces derniers temps. Et ça sans parler de simplement parvenir à me mettre en conditions pour réussir à lire. Après quelques jours de repos et de réflexion en fil rouge, la décision m’est finalement venue assez aisément. L’opposé même de ce dont j’avais à souffrir, d’une certaine manière : Mélanie Fazi.
Un bouquin dont j’ignorais totalement l’existence jusqu’à le croiser en bouquinerie, ne me laissant absolument pas le choix, après les puissantes découvertes de ses recueils de nouvelles. J’étais curieux et enthousiaste à l’idée de voir comment son efficacité et son sens tout particulier du style allaient passer de la forme courte à la forme romanesque.
Et bon. Si on peut sans aucun mal blâmer le contexte de cette lecture pour expliquer le ton un peu aigre de la chronique qui s’annonce, au moins partiellement, force est de reconnaître que je ne peux pas me dire fan du travail de l’autrice dans ce roman en particulier.
Arlis est un enfant trouvé, adopté par une compagnie foraine, dont les deux dirigeant·e·s font office de parents de substitution pour lui, en compagnie de quelques membres éminents du groupe et du spectacle itinérant. Alors que la petite communauté s’installe pour un temps à Bailey Creek, Arlis y fait la connaissance de Faith, fille du pasteur local, et personnage singulier au tempérament bien trempé. À son contact, Arlis va découvrir des choses à son propre sujet qu’il ignorait, le poussant à explorer des aspects inattendus de sa vie et de sa personnalité.
Alors alors. Il a été assez difficile pour moi de mettre le doigt sur ce qui n’allait pas à mes yeux, dans ce roman, pendant une majeure partie de ma lecture. Parce qu’en dépit d’une certaine gène lancinante dans mon esprit, j’ai trouvé entre ces pages l’essentiel des qualités littéraires que je prête normalement à Mélanie Fazi ; et de fait, ça file droit du début à la fin, c’est fluide et élégant à la lecture, comme on pourrait s’y attendre. Oui, c’est peut-être parfois un trop stylisé dans l’expression, à la rigueur, mais c’est assez personnel : même à cet égard, l’équilibre apporté par la plume de l’autrice fait le boulot pour ne pas donner le sentiment d’être submergé par les formules ampoulées et les figures superfétatoires. Et si j’ai pu avoir initialement le sentiment que l’intrigue était un peu légère, j’ai assez vite évacué ce reproche en considérant que ce n’était assez clairement pas l’ambition de Mélanie Fazi : il n’était pas question de faire dans le spectaculaire, mais plutôt dans le feutré, l’intime. Après tout, tout ce que nous lisons dans ce roman nous est livré avec sincérité et transparence par Arlis lui-même, narrateur fiable, seulement âgé de 11 ans, avec ce que ça peut suggérer d’inconstances, de contradictions et de paradoxes, nous faisant osciller entre soutien total et méfiance justifiée envers ses actes et motivations.
Mais si cette oscillation morale est potentiellement agréable ou au pire intellectuellement stimulante à lire, un tel déséquilibre est je pense plus compliqué à assumer dans d’autres registres du récit. C’est sans doute là que ç’a coincé pour moi, ici. Parce que Arlis des forains échoue à mes yeux à faire coexister les deux moitiés de son récit d’une manière satisfaisante. D’un côté, on a un récit très humain, extrêmement matérialiste, dans le genre « tranche de vie », se concentrant sur la vie foraine tourbillonnant autour d’Arlis, enfant trouvé un peu perdu dans ses rapports au monde adulte ; et de l’autre, on a la relation directe de ce même personnage avec Faith, et un aspect fantastique nettement plus symboliste à mes yeux. Et sur le papier, j’aime bien cette idée, avec l’irruption littérale et littéraire d’une touche d’étrange dans un monde extrêmement réaliste. Sauf que ces deux récits sont trop longtemps trop parallèles, et surtout, sont représentés de façon trop déséquilibrés dans l’ensemble du récit, en dehors du troisième quart du roman, qui a su me montrer ce qui aurait pu être, sans compenser le reste de l’œuvre, un peu trop poussif à mes yeux.
En fait, j’ai souvent eu le sentiment, particulièrement au début et un peu à la fin du roman, que Mélanie Fazi avait tenté d’allonger un récit qu’elle n’avait pas réussi à faire tenir dans un format suffisamment court pour parvenir à exprimer toutes ses idées ; diluant de fait une sauce conçue au départ pour être nettement plus concentrée. On se retrouve de fait avec une très longue mise en place d’enjeux pouvant soudain paraître extrêmement secondaires en fin de récit au regard des nouveaux événements, malgré leur importance initiale pour la compréhension de l’ensemble. Comme on peut constater pas mal de répétitions d’idées et de concepts, paraphrasé·e·s d’un paragraphe ou d’un chapitre à l’autre, tournant parfois un peu autour du pot histoire d’éviter d’aller trop vite au fait en perdant en atmosphère : c’est compréhensible, et c’est là aussi fait avec une certaine élégance et un réel effort de subtilité, mais il suffit de le voir un fois pour ne plus pouvoir l’éviter, on sent bien qu’une bonne partie du récit – notamment ses portions les plus descriptives ou lyriques – est plus là pour faire du volume qu’autre chose. Arlis des forains fait partie de ces très rares ouvrages qui pour moi mettent trop de chair sur un trop petit squelette ; et aussi convaincant que puisse être ce squelette, il galère trop à avancer à bon rythme pour que j’arrive à le suivre.
Et c’est franchement dommage, parce que je vois ce qu’il aurait pu être, dans un format plus resserré et frontal, un fort récit doux-amer sur la recherche d’identité, porté par une meta-dichotomie entre une réalité froide, volontiers cruelle, et un fantastique plus chaleureux, quoique difficile à appréhender, symbole de conflits intérieurs impossibles à verbaliser autrement que par l’image et la convocation de mythes désincarnés. Je crois que c’est uniquement une question de format : ce roman aurait du être une longue nouvelle ou une novella standard, évitant des détours un peu verbeux se perdant dans des considérations secondaires, empêchant son lectorat de savoir exactement de quoi il était réellement question ou de pleinement identifier les aspects essentiels de son intrigue.
En bref, c’est assez décevant. D’abord parce que depuis que je l’ai lue comme novelliste, je n’ai pas envie de dire autre chose que du bien de Mélanie Fazi, et que je m’attendais vraiment à ce que la magie opère à nouveau avec ce récit. Et ensuite parce que je vois exactement ce qu’elle a voulu faire, quelles références elle a voulu convoquer ici, et je pense qu’une pleine réussite de ces ambitions était largement à portée ; il s’en est fallu de rien pour que ça fonctionne vraiment. Mais ce rien est là, et il fait une différence aussi colossale que regrettable. Je ne suis jamais vraiment rentré dans ce récit, ne parvenant pas à trouver le bon point d’accroche, l’angle d’attaque identifiable pour me synchroniser avec les intentions de l’autrice comme j’ai pu le faire par le passé.
Allez, ça fait rien, Mélanie Fazi demeure une autrice formidable, et je suis convaincu qu’elle saura me le prouver à nouveau à une autre occasion.
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