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Serpentine
Résumé éditeur
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l’avis des lecteurs
Mélanie Fazi a publié 2 romans mais œuvre surtout en tant que nouvelliste. Elle a publié 3 recueils de nouvelles: Serpentine en 2004 puis réédité chez Bragelonne en 2008, Notre-Dame-aux écailles en 2008 et Le jardin des silences en 2014. Elle est également traductrice depuis l’anglais. Elle a obtenu beaucoup de distinctions: le prix Merlin en 2002 pour Matilda une des nouvelles de Serpentine, le grand prix de l’imaginaire pour Serpentine en 2005 et le prix Masterton pour Notre-Dame aux écailles.
Mélanie Fazi a un style à part, qui fait une très grande part aux émotions et au ressenti. Les sens, qu’il s’agisse de l’ouïe par le biais de la musique ou de la vue, ont une grande importance dans ses textes. La musique est au cœur de Matilda où une fan d’un groupe se rend à un de leurs concerts, mais l’étrange apparaît peu à peu par petites touches sans que l’on puisse vraiment savoir si le surnaturel est présent ou non, ou si la folie a pris le dessus. Plusieurs des nouvelles de ce recueil sont construites selon ce principe: Élégie, Rêves de cendre ou encore Le passeur. Ces textes sont racontés à la première personne, ce qui fait que l’on a un point de vue unique et on hésite clairement sur ce qui s’y passe: le surnaturel surgissant dans le quotidien le plus banal sans qu’on s’y attende vraiment ou est ce la folie qui pousse les protagonistes à ressentir cela?
Pour moi, plusieurs nouvelles sortent clairement du lot et m’ont particulièrement touchée. Le faiseur de pluie est une très belle nouvelle sur l’histoire familiale et le souvenir où des enfants passant leur vacances avec les parents dans une vieille demeure familiale en Italie vont prendre conscience de l’importance du passé au travers de l’esprit de la maison. La mémoire est aussi au cœur de Ghost town blues qui parle d’une ville fantôme qui se nourrit des souvenirs des gens de passage pour rester en vie. Cette nouvelle conclut d’ailleurs le recueil avec brio dans une ambiance western assez à part. Mémoires des herbes aromatiques m’a également beaucoup plu, étant donné que j’aime beaucoup la mythologie grecque. On y retrouve Circé tenant un restaurant dont Ulysse est un client. La nouvelle donnant son titre au recueil Serpentine est également une des plus réussies, elle parle d’un salon de tatouage un peu particulier, dans lequel les encres utilisées par un des tatoueurs ont des pouvoirs spéciaux.
Une des choses qui m’a le plus marqué dans ce recueil et chez Mélanie Fazi en général est la capacité à nous faire réfléchir sur notre quotidien et à nous le faire percevoir différemment en utilisant le surnaturel, mais par des moyens détournés et par petites touches. Les 2 dernières nouvelles dont je n’ai pas encore parlé sont dans ce cas: Nous reprendre à la route où une jeune fille se retrouve perdue sur une aire d’autoroute et se rend peu à peu compte que quelque chose ne va pas. Et surtout, Petit théâtre de rame où on retrouve plusieurs narrateurs dans le métro parisien, la nouvelle propose un véritable portrait de la faune du métro et de l’horreur que l’on peut y croiser au milieu de l’indifférence. Ce texte est à la fois triste et plein de sensibilité.
Mélanie nous offre un beau recueil plein de poésie, mettant les sens en valeurs au détriment de la raison. Comme souvent dans un recueil, certaines nouvelles sont en dessous des autres et sont parfois un peu glauques. Mais la qualité de la plume de l’auteure est à découvrir et certains textes de ce recueil sont de vrais bijoux.
L’occasion fait le larron, nous dit fort justement le proverbe. Le larron, dans le cas qui nous concerne aujourd’hui, c’est bien évidemment moi ; l’occasion, c’est la sortie d’une très jolie trilogie de recueil de nouvelles de Mélanie Fazi chez Bragelonne sous le titre de Rêves de Cendre. Le truc, c’est que Mélanie Fazi, c’est un nom qui revient très régulièrement me hanter, de plein de manières différentes. Entre des références très directes dans certaines de mes lectures passées, des hommages récurrents faits à son talent par des personne de confiance ou quelques discussions très intéressantes ou prises de position passionnantes au hasard des réseaux sociaux ; je sais depuis quelques années maintenant qu’il allait falloir que je me confronte à son travail, tôt ou tard, et plutôt tôt que tard.
Sauf qu’entre crainte lancinante de la déception et une PàL auto-régénérante, il a été compliqué de respecter la promesse que je m’étais faite à moi-même. Et puis cette sortie, donc, une très jolie couverture et quelques nouveaux échos supplémentaires ; voilà que j’étais décidé à enfin passer le cap, histoire de savoir si j’allais pouvoir me joindre aux chœurs des louanges ou simplement m’en mettre discrètement et humblement en retrait. Et nous y voilà.
En toute transparence, j’ai sciemment décidé, avant même d’être plongé dans le travail de l’autrice, que je ne l’allais en lire que le premier recueil sur les trois, par pur principe de précaution. Comme ça, en cas de déception, j’allais pouvoir minimiser l’impact ; à l’inverse, en cas de découverte enthousiaste, j’allais pouvoir prendre mon temps et déguster l’ensemble avec délectation. Et dans les deux cas de figure, j’allais pouvoir ne pas trop éroder mon bon rythme de lecture et de publication actuel tout en segmentant tranquillement mon exploration. Voilà pour le contexte.
Maintenant, je peux vous dire que j’ai trouvé ce premier recueil en tout point exceptionnel. Le genre d’ouvrage à partir duquel je vais pouvoir placer un jalon avant/après dans la frise chronologique de mon parcours de lecteur.
Parce que j’ai trouvé ce Serpentine, à l’image de sa nouvelle éponyme, ouvrant le recueil, assez impressionnant ; renouvelant sans cesse ma sensation première à la clôture de ce premier texte, quoique partiellement dépouillée de son effet de surprise, celle me faisant lâcher à haute voix un juron incrédule et un rire à l’avenant. Alors c’est sans doute à mettre sur le compte de mon relatif manque d’appétence pour le registre fantastique en général, et donc mon ignorance globale à son sujet ; mais le fait est que je n’ai jamais lu de textes comme ceux proposés ici par Mélanie Fazi, et surtout avec une telle cohérence d’ensemble, dans le ton comme dans l’approche littéraire.
C’est d’autant plus surprenant à mes yeux que je suis habituellement très difficile avec les personnages trop cassés ou même malfaisants comme ceux que proposent l’autrice dans la majorité de ses textes. J’y vois souvent une tentative maladroite d’aborder un sujet rebattu d’une manière nouvelle ou différente, mais aboutissant trop régulièrement à l’expression d’un jugement moral rance, la faute à une narration ou à une focalisation trop complaisante. La solution est souvent, à mes yeux, en tout cas dans les récits qui ont su me parler et me plaire, d’instaurer une certaine distance avec ces personnages ambivalents via la narration ou d’autres personnages en contrepoint, histoire de faire comprendre clairement le point de vue de l’auteurice et d’éviter les malentendus.
Ici, Mélanie Fazi fait complètement l’inverse, et ça marche du feu de dieu, ce qui j’avoue, me laisse toujours un peu sur le cul. Tous les textes de ce recueil s’appuient sur une focalisation interne complète, suivant le flux de pensée de ses personnages en direct, sans jamais sacrifier ni au style ni à la crédibilité du discours, dans une démarche littéraire que je pourrais penser casse-gueule, avec du recul, si seulement je n’avais pas lu les textes en question pour me contredire. C’est assez prodigieux, parce que c’est à la fois littérairement élégant et efficace, mais c’est aussi singulièrement habité, tout en parvenant à éviter de sombrer dans la moindre forme de complaisance. Ne reste que les textes, leurs forces uniques, et les histoires de ces personnages, passionnantes en elles-mêmes, mais encore renforcées par l’usage que fait leur autrice du meilleur point de vue possible pour les raconter, tout en parvenant à elle même ne jamais se montrer vraiment.
Tout le long de toutes ces nouvelles, j’ai été agrippé, aspiré : fasciné. En quelques paragraphes à chaque fois, mes digues analytiques habituelles ont systématiquement sautées ; je m’en foutais des structures, des intentions, des messages ou que-sais-je encore, tous les trucs avec lesquels je vous bassine d’habitude et que j’identifie normalement au fil de ma lecture et de mes notes mentales. Non, là, on était dans le cas où tout ce que mon cerveau trouvait à me hurler, à chaque fois, c’était « Mais c’est trop bien, avance ! ». À chaque nouvelle un concept de départ alléchant ou une idée prometteuse, avec une mise en place aussi sobre qu’efficace, puis un développement du même tonneau, pour ensuite habiter l’ensemble au travers de personnages dotés d’un souffle rare, dont les personnalités s’expriment ligne après ligne et entre chacune d’entre elles, par petites touches malines et subtiles. Puis enfin arriver à des conclusions logiques dans leur diégèse, parfois avec une fin surprenante, parfois non, parfois spectaculaire, parfois non ; mais systématiquement satisfaisante à mes yeux.
Tout ça sans compter mon approche favorite du fantastique, je crois, celle qui avance masquée sans multiplier ses effets, consistant avant tout à une douce mais inexorable perversion de la normalité, à cette fameuse invasion du quotidien, mais sans gros sabots ni d’efforts spectaculaires dans l’ambition de créer du doute. Ici, ce doute s’infiltre quand la normalité devient étrange, au travers des pensées des personnages uniquement, et non pas via les événements que l’autrice aurait décidé d’inclure dans son récit. J’insiste vraiment là dessus parce que je crois que c’est un des meilleurs exemples que j’ai jamais lus d’une autrice sachant se rendre aussi brillamment invisible, au service de ses textes, plein et entier ; faisant de ses histoires seules les vectrices de ses émotions et sentiments, soutenues par une écriture à la fois ciselée et brute.
Une sorte de miracle, finalement. Je crois que si je devais moi-même me convaincre de lire ce recueil sans avoir aucun autre argument que sa lecture seule, j’aurais du mal, tant je me rends compte qu’il ne correspond en rien à ce que je crois particulièrement aimer, du moins en me concentrant sur chacune de ses parties. Et pourtant, il s’opère dans chacun de ces textes une synergie singulière, une convergence unique d’éléments maîtrisés à la perfection, mobilisant des ressources aussi classiques qu’inattendues, mais toujours avec la même personnalité débordante et un souffle indéniable.
Je crois qu’on est juste dans un ces cas où le talent parle plus fort que tout le reste, et qu’il faut savoir s’incliner avec humilité et gratitude. J’ai bien fait de prévoir une dégustation de Rêves de Cendre au long cours, parce que je ne vois simplement pas comment je pourrais être déçu après un tel départ. Mélanie Fazi n’a certainement pas usurpé sa réputation, et c’est tant mieux. J’ai hâte de pouvoir encore en dire du bien. Très bientôt, sans doute. En espérant trouver un moyen de verbaliser de nouveaux compliments un peu plus précis et moins évidents. On verra sur le moment.
Ce recueil de nouvelles est le premier livre que je lis de cette auteure, qui généralement bénéficie de commentaires très flatteurs.
Les histoires, toutes dans un univers fantastique sombre et parfois même pessimiste, sont écrites dans un style très littéraire et très riche. Les trames des nouvelles elles-mêmes sont minces, l’intérêt réside dans le cheminement intérieur des personnages. Mais après quelques dizaines de pages, j’ai été lassée par l’extrême richesse des phrases, j’ai ressenti un trop-plein de descriptions des pensées des protagonistes, le tout dans un univers souvent inquiétant ou désabusé.
Il n’en reste pas moins que certaines pages sont belles, et que quelques histoires sont touchantes, mais je me suis forcée à finir le recueil.
En résumé, cette auteure n’est pas faite pour moi !
Serpentine : le narrateur entre dans un salon de tatouage, et demande à l’artiste de créer un dessin bien particulier.
Élégie : Une femme a perdu ses jumeaux deux ans plus tôt. Elle monte sur la colline où une peluche avait été récupérée. Une courte nouvelle émouvante sur le désespoir d’une mère.
Nous reprendre la route : Anouk se retrouve seule sur une aire de repos presque déserte, après que le bus qui l’amenait à Strasbourg l’a oubliée.
Rêves de Cendres : à l’âge de 7 ans, Bérénice avait vu un oiseau de feu dans la cheminée et s’était brûlée en voulant le toucher. Elle grandit fascinée par le feu. Une nouvelle dérangeante sur une petite fille qui pense voir un phœnix, mais en réalité qui se fait du mal.
Matilda : le narrateur assiste enfin au concert de son idole, qui n’a pas chanté depuis plusieurs années et qui avait annulé la fin de sa dernière tournée.
Mémoires des herbes aromatiques : de nos jours, Circé tient un restaurant grec où Ulysse, qui ne l’a pas vue depuis les temps mythiques, vient dîner. La chute est bien vue et nous rappelle que l’Odyssée a quelques archétypes machistes.
Petit Théâtre de Rame : Dans le métro parisien, divers personnages voyagent dans les rames… Quel est leur lien ?
Le Faiseur de Pluie : en vacances en Italie dans la maison familiale, deux cousins qui s’ennuient dessinent le faiseur de pluie selon le conte raconté par le père de l’un d’entre eux. Une nouvelle sur l’enfance qui voit ce que les adultes ont oublié.
Le Passeur : un peintre a assassiné une adolescence et jeté son corps dans le fleuve. Mais celle-ci l’obsède encore.
Ghost Town Blues : une ville perdue dans un décor du Far West américain. Un jeune homme naïf arrive dans le saloon et attire l’attention d’un trio de brigands. L’homme est un loup pour l’homme.
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