Rage against the machisme

Gros coup de coeur pour cet excellent essai, qui complète très bien Les grandes oubliées de l’Histoire, de Titiou Lecoq, lu il y a quelques mois. Celui-ci retrace l’histoire du féminisme depuis la Révolution française et pas depuis la première vague de la fin du dix-neuvième siècle comme c’est souvent le cas dans ce type d’ouvrage. Il parle des femmes célèbres ou non, mais se focalise surtout sur les causes et les combats qui ont émaillé cette lutte. A chaque époque les principales revendications sont différentes, même si elle se regroupent parfois.

Ce livre offre une visions très intéressante et engagée de l’histoire du féminisme, il permet une vision plus synthétique de ce mouvement. Il s’intéresse aussi à la lutte dans les minorités, car les femmes qui en sont issues sont confrontées à encore plus de discriminations que les femmes blanches et aisées dans la culture européenne. Ainsi l’auteure consacre-t’elle des chapitres aux femmes colonisées, racisées ou lesbiennes, car leurs luttes sont différentes. Les féministes ont le plus souvent oublié ces personnes.

Lors de la Révolution, les femmes ont revendiqué l’égalité des droits et en ont obtenu quelques uns, mais pas celui de voter, ce qui sera un long combat puisqu’il ne sera accordé qu’en 1944 (en Suisse en 1978, la honte !). Elles pouvaient soumettre des pétitions et des manifestes, assister aux débats dans les Clubs ou les tribunes de l’Assemblée, ce dont elles ne se privent pas. Toutefois après un début prometteur où les femmes obtiennent le droit au divorce et plus de liberté, les hommes prennent peur et reviennent en arrière. Napoléon, avec son code civil, mettra de nouveau une chape de plomb sur la condition féminine. Les femmes mariées sont de nouveau traitées comme des mineures et n’ont même aucun droit de gérer les revenus de leur dot. L’adultère féminin est un délit mais les hommes ont le droit de tromper leur femme pour autant qu’ils ne l’obligent pas à faire ménage à trois avec sa maîtresse. On impose donc l’idée d’une sexualité masculine irrépressible, qui a de beaux jours devant elle, jusqu’au mouvement Metoo, dernière étape en date des luttes féministes. La déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d’Olympe de Gouge est très connue de nos jours, mais c’est Benoite Groult qui l’a exhumée ; lors de sa publication elle était noyée sous la masse des manifestes divers et variés de la Révolution.

La lutte féministe a connu principalement trois vagues, la première à la fin du dix-neuvième siècle réclame le droit de vote et de meilleurs salaires pour les femmes. Cette dernière revendication est surtout portée par les ouvrières, qui sont très actives. La deuxième vague est centrée sur le droit à disposer librement de son corps, en particulier la contraception et l’IVG dans les années 1960/70. Actuellement la lutte porte sur les violences sexuelles principalement, même si elle est loin de se limiter à ce sujet.

J’ai beaucoup aimé cet essai très accessible. Comme toujours, la version audio m’a enchantée, Lola Naymark est parfaite comme narratrice. Un grand merci à Netgalley et Audiolib pour cette belle découverte.