Le garçon
  • Date de parution 23/08/2018
  • Nombre de pages 592
  • Poids de l’article 310 gr
  • ISBN-13 9782072733239
  • Editeur FOLIO
  • Format 178 x 108 mm
  • Edition Livre de poche
Ouvrage de référence de l'auteur Romans français Solitude

Le garçon

4.05 / 5 (996 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

Il n'a pas de nom. Il ne parle pas. Le garçon est un être quasi sauvage, né dans une contrée aride du sud de la France. Du monde, il ne connaît que sa mère et les alentours de leur cabane. Nous sommes en 1908 quand il se met en chemin - d'instinct. Il rencontre alors les habitants d'un hameau perdu, puis Brabek l'ogre des Carpates, philosophe et lutteur de foire, et découvre l'amour charnel avec Emma, mélomane lumineuse. Viendra ensuite la guerre, l'effroyable carnage, paroxysme de la folie des hommes et de la civilisation. À sa façon singulière, radicale, drôle, grave, Le garçon est l'immense roman de l'épreuve du monde.

livré en 4 jours

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  • Date de parution 23/08/2018
  • Nombre de pages 592
  • Poids de l’article 310 gr
  • ISBN-13 9782072733239
  • Editeur FOLIO
  • Format 178 x 108 mm
  • Edition Livre de poche

l’avis des lecteurs

Je m'attendais plus ou moins à un remake de "L'enfant sauvage", à la confrontation entre un être mal dégrossi élevé par quelque mammifère et des sommités scientifiques en quête de gloire et de trouvailles...


Ce n'est pas tout à fait ce que j'ai trouvé dans "Le garçon"...


Il a toujours vécu dans un coin de forêt reculé de l'Hérault, avec pour seule compagnie celle de sa mère, quoique pour lui ce terme n'ait pas réellement de sens, aucun échange de paroles, aucune marque d'affection ne définissant leur relation. Mais il sent instinctivement qu'un lien l'attache à cette femme qui lui a appris à se procurer sa nourriture, dont il a partagé la masure, et sa connaissance intime de la nature. Elle est par ailleurs le seul modèle d'humanité à imiter pour lui qui n'a jamais eu aucun contact avec ses semblables. Lorsque sa mère meurt, il est aussi ignorant du monde que le monde est ignorant de lui.


Il éprouve pourtant un confus mais irrépressible besoin de rejoindre la société des hommes.


Prudent, il les observe d'abord à distance, invisible et silencieux, mimant leurs attitudes, répétant leurs rites sans toujours les comprendre, mais, vierge de tout a priori et de toute éducation "civilisatrice", il éprouve une confiance totale quant au bien-fondé de leurs comportements.


Il s'intègre ensuite à la communauté d'un petit hameau isolé. Nous sommes au début du XXème siècle, et si son apparition suscite au départ étonnement et méfiance, le pragmatisme prend rapidement le dessus : le garçon, muet mais robuste et surtout avidement désireux de vivre parmi les hommes, est employé, docile, à divers travaux. Jusqu'à ce qu'un malheur frappant le village, il reprend sa route dès les premières manifestations d'hostilité à son égard...


Le hasard -la chance, même, pourrait-on dire-, le place alors aux côtés d'un autre nomade solitaire, l'Ogre Brabek, lutteur atteint d'acromégalie, à la fois saltimbanque et philosophe, qui parcourt le pays à bord de sa roulotte. Intarissable bavard, le géant lui raconte Victor Hugo et ce héros contrefait, rejeté, qui lui ressemble tant, la passion familiale pour la lutte, l'amour... bref, il met des mots sur le monde, initie le garçon à la tendresse.


La suite de son périple parachèvera son parcours initiatique. Le garçon connaîtra le meilleur et le pire que puisse offrir la condition d'homme : l'amour, solaire, intégral, puissamment sensuel, sous les traits de la si lumineuse et si vivante Emma, grâce à laquelle il découvre aussi la musique, la poésie, puis la barbarie, dont il devra supporter l'omniprésence et l'absurdité sur les champs de bataille de la première guerre mondiale.


Ce passionnant récit, à la fois triste et beau, témoigne de toute la douloureuse complexité de la condition humaine, en même temps qu'il questionne sur l'origine de la violence qui habite les hommes. Prudent, Marcus Malte ne livre pas vraiment de réponse à cette question, laissant simplement émerger de son récit le constat suivant : en accédant à la "civilisation", l'homme ne s'est pas départi de son aptitude à la cruauté. 


L'expérience qu'en fait le garçon, qui accueille événements et émotions avec l'extrême sincérité de celui qui ignore le filtre des conventions, de l'éducation en société, nous paraît d'autant plus poignante et déchirante.


Le lecteur, dans sa posture d'observateur du garçon, dont il ne pénètre jamais vraiment les pensées, les sensations (le récit est à la troisième personne), mais dont il perçoit les symptômes extérieurs de ses joies comme de ses traumatismes, se voit tendre un miroir dans lequel il contemple la sauvagerie dont sa soi-disant modernité n'exempte pas la société.


Marcus Malte démontre, avec "Le garçon", une parfaite maîtrise de la narration, modulant sa langue toujours poétique avec justesse, passant de l'érotisme à la violence, de la douceur à l'humour avec une extraordinaire fluidité.


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