La Jument verte
  • Date de parution 01/03/2000
  • Nombre de pages 256
  • Poids de l’article 152 gr
  • ISBN-13 9782070368174
  • Editeur FOLIO
  • Format 180 x 110 mm
  • Edition Livre de poche

La Jument verte

3.57 / 5 (556 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

Au village de Claquebue naquit un jour une jument verte, non pas de ce vert pisseux qui accompagne la décrépitude chez les carnes de poil blanc, mais d'un joli vert de jade. En voyant apparaître la bête, Jules Haudouin n'en croyait ni ses yeux, ni les yeux de sa femme.- Ce n'est pas possible, disait-il, j'aurais trop de chance.Cultivateur et maquignon, Haudouin n'avait jamais été récompensé d'être rusé, menteur et grippe-sou...

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  • Date de parution 01/03/2000
  • Nombre de pages 256
  • Poids de l’article 152 gr
  • ISBN-13 9782070368174
  • Editeur FOLIO
  • Format 180 x 110 mm
  • Edition Livre de poche

l’avis des lecteurs

Cela commence comme un conte, avec la naissance, dans le village de Claquebue, d'une jument "d’un joli vert de jade", qui assure dès lors la prospérité de Jules Haudouin, propriétaire de la ferme où elle voit le jour, ainsi que celle de ses descendants… Mais d’emblée, la dimension fabuleuse s’éclipse au profit d’un ton vif, ironique et grivois, qui sert un récit par ailleurs quelque peu sordide et peuplé de personnages bien terre-à-terre, à commencer par ce Jules Haudoin, décrit comme rusé, menteur, et grippe-sou. Et que dire de ses voisins haïs, les Maloret, dont le chef de famille est réputé pour dépuceler ses filles, ce à quoi tout le village a fini par s’habituer…

Toujours est-il qu’avant l’arrivée de la fameuse jument, on s’ennuyait ferme à Claquebue. Il ne s’y passait tellement rien que les vieillards n’y mouraient pas, les 70-110 ans représentant la moitié de sa population malgré quelques abattages perpétrés pour tenter de rétablir l’équilibre démographique. Une problématique résolue par l’arrivée de la verte pouliche, qui a aussitôt provoqué de salutaires décès, et insufflé au village un regain de vie. Son propriétaire a quant à lui vu prospérer son commerce, et s’est fait élire à la mairie. Après une brève existence marquée par une célébrité lui ayant valu d’être immortalisée par un peintre de passage, la jument meurt à son tour. C’est Ferdinand, le plus jeune des fils Haudouin, qui hérite du portrait ainsi réalisé à la mort de son père. Le benjamin a toujours été le préféré de Jules et de son épouse. Ce jeune homme taciturne et patient, au physique ingrat, est devenu vétérinaire. Alphonse, l’aîné, est un paresseux qui s’adonne au jeu et à la boisson ; quant au cadet Honoré, c’est un garçon honnête, travailleur et rieur mais sans ambitions, et qui au grand dam de son père s’est marié avec une jeune fille pauvre.

Comme elle avait fait la fortune de Jules, la jument, même réduite à sa représentation, assure la prospérité de Ferdinand, "divinité bienveillante dispensant honneurs et argent aux prudents et aux laborieux".

Nous suivons les Haudouin, à partir du milieu du XIXème siècle, sur une période de trente ans. La vie est rythmée par la haine qui les oppose aux Maloret, et l’interminable conflit généré par une sordide histoire de dénonciation pendant la guerre contre la Prusse. Les enjeux politiques qui secouent l’époque se rejouent à l’échelle de Claquebue, générant querelles de village ou conflits intra-familiaux. Chez les Haudouin, le sens exacerbé des convenances de Ferdinand, torturé par des péchés dont il ne peut se délester par la confession puisque ses ambitions politiques lui imposent d’afficher un laïcisme de bon aloi, se heurte à la gouaille rigolarde et parfois grossière de son frère Honoré, qui jouit des plaisirs simples de la vie sans arrière-pensée. On comprend que ce dernier, "qui cache sous ses dehors tendres et rieurs un érotisme spacieux, à l’imaginaire fécond", soit le Haudouin préféré de la jument verte, qui à l’instar du curé de Claquebue, considère le sexe comme le principal, voire le seul élément déterminant les comportements des individus et la nature des relations les liant à autrui. Mais si le curé tente de détacher ses ouailles de ces dispositions qui dirigent -souvent de manière inconsciente- leur existence, la jument, elle, se réjouit de cette omniprésence d’une sexualité qui s’exprime de manière innocente ou perverse dans une joyeuse absence de toute considération morale. Ainsi, depuis la toile où elle est immortalisée, elle observe, commente et apprécie les ébats dont elle est à la fois témoin et rapportrice.  

Bien qu’au fil du récit, la verve s’essouffle un peu, Marcel Aymé nous offre avec cette chronique rurale insolente et enlevée, un moment de lecture fort divertissant.



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