Manifesto
  • Date de parution 09/01/2020
  • Nombre de pages 144
  • Poids de l’article 87 gr
  • ISBN-13 9782757877876
  • Editeur POINTS
  • Format 179 x 109 mm
  • Edition Livre de poche
Biographies, Mémoires

Manifesto

3.74 / 5 (232 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

« Pour mourir libre, il faut vivre libre. » (p. 10)Félix est proche de son dernier souffle. À son chevet, sa femme, Cécile, et sa fille, Léonor, qui se souvient de leur pas de deux artistique. Lui peintre et sculpteur, elle apprentie violoniste, tous deux portés par l’amour de la création et la quête de la lumière. Dans la chambre 508 de l’hôpital, la nuit avance, les frontières s’abolissent, l’esprit de Félix s’évade vers l’Espagne de son enfance et engage un dialogue rêvé avec Ernest Hemingway…Née en 1976, Léonor de Récondo est violoniste et écrivain. Rêves oubliés, Pietra Viva, Amours (prix RTL-Lire et prix des libraires) et Point Cardinal (prix des étudiants France Culture/Télérama) sont disponibles chez Points.

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  • Date de parution 09/01/2020
  • Nombre de pages 144
  • Poids de l’article 87 gr
  • ISBN-13 9782757877876
  • Editeur POINTS
  • Format 179 x 109 mm
  • Edition Livre de poche

l’avis des lecteurs

Quatrième de couverture


"Pour mourir libre, il faut vivre libre." La vie et la mort s'entrelacent au coeur de ce "Manifesto" pour un père bientôt disparu. Proche de son dernier souffle, le corps de Félix repose sur son lit d'hôpital. A son chevet, sa fille Léonor se souvient de leur pas de deux artistique - les traits dessinés par Félix, peintre et sculpteur, venaient épouser les notes de la jeune apprentie violoniste, au milieu de l'atelier. L'art, la beauté et la quête de lumière pour conjurer les fantômes d'une enfance tôt interrompue.


Mon avis


On agrandit l’âme de ceux qui nous aiment


Ce court recueil est un récit poignant, rempli de l’amour de Léonor pour son père, Félix. Elle le sait condamné, une sale infection a pris le dessus sur son corps, et elle l’accompagne dans ses derniers instants sur terre. Le récit alterne entre le quotidien dans la chambre d’hôpital et des souvenirs. Léonor imagine les dialogues entre Félix, hors du temps, et Ernest Hemingway avec qui il était ami. Elle retrace aussi l’histoire de sa famille, par flashs, les faits les plus marquants où elle a partagé avec son père, parfois dans la douleur, mais toujours avec un amour et une affection sans bornes.


Son écriture est douce, tendre, lumineuse, sublime. En peu de mots, elle tresse ces trois aspects pour aller au bout du chemin, sur l’autre rive où son père se reposera. Elle dit le quotidien, cette attente lorsqu’on connaît le verdict mais pas la date et l’heure. La peur de ne pas être là, la fatigue, l’angoisse, les relations avec les soignants. Il n’y a pas de pathos, mais beaucoup de respect et de compréhension. Ce n’est pas triste car entre les passages dans le milieu médical, on découvre un homme qui avait une aura, qui jouissait de la vie comme il le pouvait malgré les moments difficiles et les atrocités vécues (la guerre les avait chassés de leur pays).


C’est touchant, délicat, et on retrouve tout le talent de Léonor De Recondo pour donner à son texte une musicalité qui parle au cœur.

Aficionado, appassionato… Manifesto

Une nouvelle petite merveille signée Léonor de Récondo. Après le magnifique Point Cardinal, voici un témoignage très émouvant sur les dernières heures passées avec son père Félix.

Avec cet émouvant hommage à son père, Léonor de Récondo démontre avec maestria qu’elle est l’une de nos plus belles plumes. C’est-à-dire qu’elle réussit à faire une œuvre littéraire d’un drame intime, qu’elle parvient à transcender la mort de son père pour en faire une ode à la liberté. Un Manifesto tout entier contenu dans cette phrase «Pour mourir libre, il faut vivre libre.»

Après Amours et Point Cardinal, voici donc le récit des derniers jours de Félix, cloué sur son lit dans une chambre l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Un univers froid et sans âme, un environnement dont Léonor et sa mère vont tenter de faire abstraction pour accompagner les derniers jours de cet homme.

Félix a quant à lui déjà fait disparaître les murs de l’hôpital. Il est au bord de la mer assis sur un banc aux côtés d’Ernest Hemingway. Ce n’est «pas seulement le lieu du souvenir, mais aussi celui d’une espérance, d’une vie passée fringante et riche».

On l’aura compris, l’esprit de Félix vagabonde, s’engage sur les routes des souvenirs, celui d’une enfance en Espagne, de la guerre contre Franco, de l’exil.

Et qui mieux qu’Hemingway, cet autre amoureux de l’Espagne, pour évoquer ces années, ces paysages, ces combats et la douleur de l’exil. Sans oublier les morts, à la fois si lointains et si proches, les morts qu’il va rejoindre… «Mais je n’y crois pas. On meurt, c’est tout, et on agrandit l’âme de ceux qui nous aiment. On la dilate. La mienne va bientôt exploser.»

Pour Cécile et Léonor l’inconcevable, l’inacceptable, mais la tout aussi inévitable fin s’inscrit dans une autre chronologie, à la fois insoutenable dans l’attente et trop rapide pour tout dire : «Je ne veux rien oublier, je veux que ça s’inscrive. Dans quelques heures, je ne te verrai plus, c’est maintenant que se fait le souvenir. Et pourtant, je sais que je vais oublier, comme j’ai oublié les mains et le rire de Frédéric, et ce n’est pas faute d’amour. Je voudrais retenir vos voix à tous, en faire une polyphonie. Y ajouter la mienne le moment venu.»

Une procession qui n’oublie ni les grands-parents, ni le frère, ni Dominique retrouvée morte dans un squat à Montreuil.

Au chagrin, à la peine qui tétanise, j’imagine ce besoin de trouver une issue, de «faire le deuil». Et j’imagine tout autant la romancière essayer de poser sur le papier un début d’histoire, d’y revenir, de pleurer de rage, de tout jeter puis de recommencer. Puis d’arriver à ce moment de grâce, de communion avec Félix le sculpteur. Où ce qu’il dit de son art peut aussi se dire de celui de sa fille «mon paysage intérieur est surpeuplé, foule dense, désespérée souvent. On m’a demandé d’où venaient mes personnages, s’il y avait une image originelle qui viendrait hanter toutes les autres. Je ne le crois pas. Il y a des émotions passées qui, lorsqu’on les retrouve en pensée, nous bouleversent chaque fois.»

Bouleversant, ce roman l’est à coup sûr. Il impose Léonor de Récondo comme l’une de nos plus élégantes stylistes.

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