Amours
Résumé éditeur
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l’avis des lecteurs
TTT - Très Bien "Léonor de Récondo excelle à promener un regard très contemporain sur les époques passées. Son style spontané, concis, direct, passe au laser les existences les plus troubles, pour révéler leur nature profonde. Hontes sociales, désirs intimes et peurs ancestrales sont mis à nu avec évidence et fraîcheur. Plus lisse que le précédent, sans doute parce que les personnages ont un peu moins de relief que l'inégalable Michel-Ange, ce nouvel opus en mode mineur confirme le talent d'une romancière sensible aux corps, dans ce qu'ils expriment de plus inavoué, de plus essentiel. Il y a, chez Léonor de Récondo, par ailleurs violoniste baroque, une vraie science du legato, de la phrase qui coule toute seule, limpide et profonde. Et la conviction que chacun a le droit de faire entendre sa voix tout en restant attentif à l'autre, comme dans un ensemble de musique de chambre."
Où?
Le roman est situé en France, dans le Cher et plus précisément dans un bourg baptisé Saint-Ferreux-sur-Cher.
Quand?
L’action débute en 1908 et va se dérouler durant les mois et années qui suivent.
Ce que j’en pense
****
Le livre s’ouvre sur un premier chapitre très fort. Anselme, le maître de maison y viole Céleste, sa bonne. Quelques pages plus loin, on comprendra que cette scène est celle de la conception d’Adrien, l’enfant qui est bien involontairement le déclencheur de cette histoire.
Nous sommes en 1908, à un moment où les droits des femmes étaient balbutiants, pour ne pas dire inexistants. Le droit de cuissage sur le «petit personnel» faisait partie de ces règles non-écrites, y compris en province. Ce qui pourrait donc être considéré comme un faits divers banal va prendre sous la plume de Léonor de Récondo, une toute autre dimension. Car Victoire, la femme délaissée, va se rapprocher de Céleste. L’une et l’autre vont découvrir que leur corps peut être autre chose qu’un outil de travail, qu’il peut aussi être vecteur d’émotions : « L’amour est là, où il ne devrait pas être, au deuxième étage de cette maison cossue, protégé par la pierre de tuffeau et ses ardoises trop bien alignées, protégé par cette pensée bourgeoise qui jusque là les contraignaient, et qui, maintenant leur offre un écrin. »
Pour quelques instants, le désir balaie la morale. Victoire décide d’adopter l’enfant, se remet au piano, part à Paris s’acheter une toilette et se fait accompagner par Céleste.
Mais cette liberté nouvelle est menacée. Le poids des conventions, le regard des autres, l’impossibilité de vraiment s’émanciper vont conduire au drame.
Mais au-delà de ce récit, c’est pour son style qu’il faut se plonger dans ce roman. Léonor de Récondo cisèle ses phrases, les travaille et retravaille jusqu’à ce que sa petite musique soit parfaitement harmonieuse. C’est bien simple, il est très difficile de ne pas quitter le livre jusqu’à la fin. Et il ne s’agit pas ici d’une formule. A l’image de cette clairière vers laquelle Céleste part se réfugier, on trouve dans ces pages une beauté envoûtante.
Le travail de l’écrivain
Ce fut un véritable plaisir de rencontrer l’auteur lors de son passage à Mulhouse. En présentant «Amours», elle a aussi parlé de son travail d’écrivain qui, chez elle, complète sa passion pour la musique (elle est violoniste) : « Je n’écris le livre que lorsqu’il est complet dans ma tête. Mais le travail en amont est très important. Je me documente beaucoup. J’ai lu beaucoup d’ouvrages sur cette période, sur la domesticité ainsi que des recueils de lettres, ce qui me permet de m’imprégner du sujet. Je mets aussi plusieurs mois à incarner mes personnages et, quand la structure est là, j’écris. Je ne rédige qu’un chapitre par jour, e qui explique aussi qu’ils soient relativement courts et qu’ils aient presque tous la même longueur. En revanche, je retravaille beaucoup le texte. Je veux que ma phrase soit fluide, que la lecture soit harmonieuse. »
Extrait
« C’est un feu de joie, ils sont tous excités de voir les flammes s’élever. Même Huguette, qui avait du mal à cacher son désaccord tant cette idée lui paraissait saugrenue, se prend à sourire. C’est la première à applaudir lorsque Victoire, dans un geste énergique, lance un corset dans le feu.
– Ah vraiment, bravo, madame ! Vous faites bien. Vous allez enfin pouvoir respirer !
– Et je vais surtout pouvoir m’habiller toute seule !
Pierre observe Victoire. Il réalise que cette femme si élégante qui, d’une certaine manière régit leurs vies, est à la merci des mains de sa femme. Comme une enfant, chaque matin, elle a besoin d’elle pour se vêtir. Leurs existences à tous sont finalement étrangement imbriquées, c’est ce qu’il comprend tandis qu’elle jette un deuxième corset dans un grand éclat de rire. Ils sont tous dépendants les uns des autres, chacun à sa manière, liés aux us et coutumes, liés à leur rang social. »
« Sous les tuiles en ardoise de la maison bourgeoise, quatre personnes sont couchées, seul l’enfant dort. Les autres gardent les yeux grands ouverts. Chacun dans sa pièce, chacun dans sa solitude profonde, hanté par des rêves, des désirs, des espoirs qui ne se rencontrent pas, qui se cognent au murs tapissés, aux taffetas noués d’embrasses – métrages de tissu qui absorbent les soupirs, pour n’en restituer qu’un écho ouaté. » (p. 218)
Une fin de course trop rapide...
J'imagine assez bien le roman de Léonor de Recondo adapté dans une mise en scène à la Chabrol. Le cadre et le contexte s'y prêtent, mêlant l'atmosphère gris plomb que diffusent les valeurs corsetées de la petite bourgeoisie provinciale du début du XXème à la sulfureuse aventure qui, impliquant une maîtresse et sa domestique, fait tomber les barrières sociales et défie les lois morales.
La domestique, c'est Céleste. Issue d'une famille si nombreuse qu'elle ne sait plus combien elle compte de frères et soeurs (sa mère elle-même ayant tendance à confondre certains de ses enfants), la jeune fille remercie chaque jour la Sainte Vierge d'être entrée au service du couple Boisvaillant, et de gagner ainsi dignement sa vie. Céleste est une âme simple, et attention, ce terme n'a rien de péjoratif... humble, consciencieuse et discrète, il ne lui viendrait pas à l'esprit de remettre en cause l'existence et les contraintes que lui imposent sa condition. Elle subit ainsi avec silence et résignation les douloureuses visites que lui impose tous les trois mois environ le maître de maison pour assouvir de soudains besoins naturels, annoncées par le grincement des marches de l'escalier menant à sa petite chambre...
Victoire aussi vient, dans une moindre mesure, d'une famille nombreuse -de sept enfants-, composée au grand désespoir de ses parents, uniquement de filles... Autant dire que caser l'une d'entre elles avec le riche notaire Boisvaillant a représenté une aubaine ! Et si Victoire n'est pas pauvre comme Céleste, elle est néanmoins femme, et à ce titre elle a accepté sans broncher le mariage arrangé par ses parents avec cet homme qu'elle n'avait jamais rencontré. Elle aurait pu après tout tomber sur pire parti que ce quadragénaire plutôt paisible et conciliant, très occupé par un emploi qui le passionne. C'est pourquoi elle aussi fait contre mauvaise fortune bon coeur lorsque son époux, pas trop souvent d'ailleurs, l'invite à remplir ses devoirs conjugaux. Le but de l'opération, qu'elle considère comme un "enchevêtrement immonde", est surtout de pourvoir la famille Boisvaillant d'un héritier, mission à laquelle Anselme a échoué lors d'un premier mariage qui l'a laissé veuf. Malheureusement, avec sa seconde épouse également, ses tentatives restent vaines...
Aussi, lorsque Céleste tombe enceinte de son patron, et, désespérée car persuadée de perdre sa place, l'avoue trop tard pour que la faiseuse d'ange puisse y remédier, la docile Victoire prend la situation en main : le couple Boisvaillant adoptera l'enfant. Céleste conservera son emploi, mais devra accepter de se détacher du petit être à venir... L'enfant né -par chance un garçon-, l'assurance de Victoire vacille, mais elle refuse de laisser paraître la moindre faiblesse. Entre fébrilité et mélancolie, à la fois incapable de prendre le bébé dans ses bras et refusant que quiconque l'approche, elle le laisse dépérir...
Je ne vous en dis pas plus, car c'est ensuite que cela commence vraiment...
En tissant les rapports surprenants qu'en viennent à entretenir ses personnages dont les existences sont imbriquées les unes ou autres, à la fois soudées par le lien que constitue l'enfant et alimentées par les désirs et les frustrations, Leonor de Recondo célèbre l'amour comme la clé d'une émancipation féminine passant par la découverte des corps et du plaisir, dont Céleste la bien-nommée, avec sa jeunesse féconde et sa bienveillance un peu naïve, devient le symbole.
"Amours" est ainsi l'histoire d'une libération, d'une rébellion contre les diktats d'une société machiste et hypocritement puritaine, mais d'une rébellion qui s'exprime dans la douceur et la sensualité, dans la quête éblouie d'une volupté jusqu'alors interdite.
Porté par l'écriture fluide et élégante de l'auteure, le récit se déroule tout seul... Ça s'est même mis à filer un peu trop vite à mon goût : passés les premiers épisodes de l'histoire, où l'on découvre avec curiosité les interactions entre les personnages et l'évolution de leurs relations, arrive un moment où le manque d'épaisseur, notamment de l'intrigue, fait retomber notre intérêt. Les événements se précipitent avec un arrière-goût de mélodrame, le dénouement, devenu prévisible, semble survenir trop tôt... On aimerait retourner en arrière, retrouver la sensualité et la liberté des passages précédents, parce qu'on a l'impression que l'auteure s'y est davantage appliquée que dans ces derniers chapitres que l'on trouverait presque bâclés...
Dommage...
Nous sommes en 1908. Victoire est mariée depuis cinq ans avec Anselme de Boisvaillant. Rien ne destinait cette jeune fille de son temps, précipitée dans un mariage arrangé avec un riche notaire et que les choses du sexe plongent dans l’effarement, à prendre en mains sa destinée. Surtout pas son trouble face à l’inévitable question de l’enfant qui ne vient pas. Sa détermination se montre pourtant sans faille lorsque la petite bonne de dix-sept ans, Céleste, tombe enceinte : cet enfant sera celui du couple, l’héritier Boisvaillant tant attendu.
Comme elle l’a déjà fait dans le passé, la maison aux murs épais s’apprête à enfouir le secret de famille. Mais Victoire ne sait comment s’y prendre avec le nourrisson. Personne n’a le droit d’y toucher et Anselme est prié de s’installer sur un lit de camp dans son étude. Le petit Adrien dépérit dans le couffin glissé sous le piano dont sa mère, qui a bien du mal à s’inventer dans ce rôle, martèle inlassablement les touches.
Céleste comprend ce qui se joue là, et décide de porter secours à l’enfant à qui elle a donné le jour. Quand une nuit Victoire s’éveille seule, ses pas la conduisent vers la chambre du deuxième étage…
Attention coup de cœur! J’ai tout simplement dévoré, adoré ce roman magnifique, sublime et si délicat!
Léonor de Récondo nous fait vivre une très belle histoire d’amour à travers Victoire et Céleste: deux femmes opposées au départ que le destin va pourtant rapprocher.
Tout commence en 1908. Victoire est une bourgeoise qui vit avec Anselme, notaire de la ville dans laquelle ils habitent. Tout a l’air d’aller pour le mieux. Victoire possède une grande maison, elle reçoit, elle s’habille à la dernière mode et pourtant… Après quatre années de mariage, Victoire n’a pas réussi à tomber enceinte. Elle ne satisfait pas son mari qui rêve d’une descendance. Quand elle apprend que Céleste, leur petite bonne est enceinte d’Anselme, elle voit l’enfant à venir comme une bénédiction.
D’abord rivales, les deux femmes vont se rapprocher de plus en plus sous couvert de l’amour de leur enfant Adrien. Puis les choses vont évoluer petit à petit. A travers Céleste, Victoire va prendre conscience de son corps, de ses désirs et de ses envies. Un peu à la manière de Flaubert, l’auteur décrit le quotidien étriquée de Victoire, simple bourgeoise qui s’ennuie, engluée dans son morne quotidien pour qui la chair est bien triste. D’Anselme, Victoire ne connaît que les assauts brutaux et bien trop rapides. Son corps n’est qu’un vulgaire réceptacle dans lequel doit germer la vie. Avec Céleste, Victoire va apprendre le désir et découvrir un corps qu’elle aperçoit pour la première fois en entier nu alors qu’elle a plus de vingt ans! Ce corps caché qu’on répugne à montrer nu, Victoire apprend à le connaître.
Léonor de Récondo décrit tout en douceur et en délicatesse cette découverte du corps de l’autre, du plaisir charnel et de l’amour physique. Sa plume est belle, simple et à la fois très délicate. Elle suggère beaucoup et n’est jamais vulgaire dans ses propos. Elle manie aussi l’humour avec grâce quand il s’agit de décrire la maladresse d’Anselme.
On suit l’histoire de Victoire et Céleste avec passion en se doutant qu’un jour ou l’autre, elles seront découvertes. La fin du roman m’a bouleversée et j’ai eu du mal à quitter ces personnages auxquels je m’étais attachée.
Amours est une belle découverte, un roman coup de cœur tout en grâce et en finesse.
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