Jours tranquilles en Palestine
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l’avis des lecteurs
J’ai gagné ce livre lors de la dernière MC Babélio, sur le site il affiche 250 pages mais il en compte presque le double. C’est la reprise de chroniques publiées il y a plusieurs années par trois auteurs et concernant les trois principales villes palestiniennes. L’idée de les republier vient de l’actualité, pour expliquer que la guerre en cours et le massacre perpétré par le Hamas ont des racines très anciennes, que l’on a tendance à oublier. Si ma génération a espéré la paix avec les accords d’Oslo en 1993 (j’avais trente ans), les plus jeunes ignorent souvent cette histoire. De plus ce conflit donne lieu à des positions très tranchées en Europe où il est importé en ce moment avec notamment une explosion des actes antisémites. Vu la complexité du sujet, j’ai décidé de rédiger ma chronique après la lecture de chaque partie pour en tirer l’essentiel.
Ramallah : Gilles Kraemer a été directeur du centre culturel franco-allemand de novembre 2004 à septembre 2007. Tout au long de son mandat il a publié des billets sur le net racontant sa vie dans la ville occupée. Je pense que sur le moment ces petits articles étaient très intéressants, ils le sont toujours, mais publiés à la suite, malgré des notes qui expliquent les évènements politiques du moment, il est difficile d’en tirer l’essentiel. On se perd souvent dans les détails de sa vie et ses galères administratives. Il arrive à la mort de Yasser Arafat, la ville est calme et multi culturelle. Les musulmans et les chrétiens vivent en paix depuis des siècles sur ces terres, il y a une intense vie culturelle. Toutefois la région est colonisée et occupée, on construit un mur qui sépare les terres agricoles qui sont souvent expropriées. Les islamistes ne sont pas représentés, l’Autorité Palestinienne gère la ville de son mieux et la population est plutôt modérée. Au fil des évènements, l’occupation se durcit, la population est de plus en plus harcelée, notamment par des checkpoints très rapprochés et tatillons. Les habitants passent de trois à cinq heures dans les barrages tous les jours. En 2006, les élections législatives sont remportées par le Hamas à Gaza, Israël, l’UE et les USA mettent immédiatement toute la région sous blocus. Les fonctionnaires ne sont plus payés, l’économie est au point mort et tout manque, la guerre civile menace. Gaza vit sous la houlette des islamistes, mais Ramallah reste modérée. La police s’effondre peu à peu et la délinquance s’installe, car si les marchandises ne passent presque plus.la drogue, les armes et d’autres trafics prospèrent. Concernant l’armée israélienne, l’auteur souligne les brimades gratuites auxquelles s’adonnent de très jeunes soldats souvent venus des ex-pays de l’Est. Les jeunes font deux ans (les filles) ou trois ans (les garçons) de service militaire obligatoire dans les territoires occupés, ils sont mal préparés, débordés et enclins aux abus de pouvoir. L’aviation franchit très souvent le mur du son en pleine nuit au dessus de la Palestine ou du Liban, parfois toutes les heures, ce qui ne sert qu’à effrayer les populations, sans compter de nombreux bombardements et la détention administrative sans procès ni justification pour une durée pouvant aller jusqu’à six mois. L’auteur souligne aussi que la presse occidentale dans son ensemble ne couvre pas le conflit de manière pertinente et impartiale, préférant le sensationnalisme.
Gaza : Karim Lebhour : L’auteur est un journaliste français qui travaille pour Radio France International. Il suit l’actualité de Gaza de 2007 à 2010. Pour moi c’est la partie la plus intéressante, elle présente un point de vue plus politique, les deux autres auteurs s’exprimant plus sur le plan culturel, même si la culture a une dimension politique, surtout dans un pays en guerre. Lors des élections législatives, le Hamas prend le pouvoir en 2007 dans la bande de Gaza. Ils refusent les frontières de 1967 au contraire du Fatah qui règne en Cisjordanie. Israël est fâché du résultat et impose un blocus presque total, bien plus sévère que celui de Cuba. Les gens ne peuvent plus sortir de ce tout petit territoire de 40 km sur 8, les marchandises ne peuvent plus circuler hormis une trentaine de produits autorisés. Le riz l’est mais pas les pâtes ni le jus de fruit par exemple, la liste est aberrante. Rapidement tout manque, la production économique s’arrête. Ne pouvant plus rien importer, les habitants creusent des tunnels vers l’Egypte pour acheter de quoi ravitailler leur famille. Gaza devient un cachot à ciel ouvert, l’accès à la mer est toujours plus restreint, en violation des accords d’Oslo. Les pêcheurs finissent par élever du poisson dans des piscines en plastique. Le Hamas et le Fatah se livrent une guerre interne sans merci, remportée par les islamistes qui imposent de plus en plus leur marque sur la société dans la bande de Gaza. L’armée israélienne fera plusieurs incursions sanglantes et totalement disproportionnée, les morts s’accumulent. C’est surtout la classe moyenne instruite qui a été laminée par la crise économique. Les habitants de cette région sont les descendants des exilés de 1948 et 1967, ce qui explique leur animosité contre Israël, les habitants de Cisjordanie sont plus modérés. L’auteur a une thèse intéressante : qu’Israël ne cherche pas à éliminer le Hamas, mais plutôt à le laisser végéter et faire de ce territoire minuscule, surpeuplé et sans aucun débouché le futur pseudo Etat palestinien avec une population laminée et désespérée, manquant de tout. L’auteur raconte de nombreux abus israéliens.
Mohamed Kacimi : Gaza et Jérusalem-Est : Pour moi la partie la moins intéressante de cet ouvrage. L’auteur est un dramaturge algérien. Il raconte un atelier de théâtre avec des étudiants à Gaza où ils ont joué des extraits de Musset et le montage d’une de ses pièces, Des roses et du jasmin à Jérusalem Est, au théâtre national palestinien en 2015. La pièce raconte l’histoire de deux familles du nazisme à 1967, l’une juive, l’autre palestinienne, du drame de la Shoah à la guerre de 1967. Il raconte les innombrables chicanes de l’administration israélienne pour permettre à tous les acteurs de se réunir, car ils sont dispersés dans les territoires palestiniens, mais aussi la forte opposition des autorités palestiniennes de tous bords et celle des acteurs qui refusent de présenter les Juifs comme victimes. Après beaucoup de tractations, de modifications et de désespoir de l’auteur, ce sera un succès. Il raconte aussi l’emprise des islamistes sur les mentalités à Jérusalem, comme à Gaza. contrairement à la Cisjordanie beaucoup plus ouverte.
Dans l’ensemble ce livre est passionnant et éclaire bien les origines de la guerre actuelle, qui n’est sans doute pas la dernière entre le Hamas et l’extrême-droite israélienne. La couverture est aussi très parlante pour dénoncer l’enfermement subi par ce peuple. Un grand merci à Babélio.
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